Insee Analyses Pays de la LoireÉconomie sociale et solidaire : davantage ancrée dans la région, notamment les associations

Guillaume Coutard, Valérie Deroin, Pierre Loizeau, Insee

En 2014, dans les Pays de la Loire, 165 000 salariés travaillent dans les associations, les coopératives, les mutuelles et les fondations, familles historiques de l’économie sociale et solidaire (ESS). Ils représentent 13,1 % des salariés de la région et la positionnent au deuxième rang au niveau national. Le secteur associatif y est plus implanté : un salarié ligérien sur dix travaille dans une association. Deux activités concentrent les effectifs : l’action sociale et l’enseignement. Les coopératives sont également plus présentes dans la région. Les conditions d’emploi et les salaires diffèrent selon les familles de l’ESS. L’emploi est davantage féminisé, notamment dans certaines professions. L’ESS doit faire face au renouvellement de ses salariés et à l’évolution des besoins des populations.

Insee Analyses Pays de la Loire
No 52
Paru le :Paru le03/10/2017
Guillaume Coutard, Valérie Deroin, Pierre Loizeau, Insee
Insee Analyses Pays de la Loire No 52- Octobre 2017

Si les activités de l’économie sociale et solidaire (ESS) sont variées, les acteurs se rassemblent autour de valeurs communes centrées sur un projet collectif. Le périmètre de cette étude se limite aux quatre familles historiques, définies à partir de leur statut juridique : les associations, les coopératives, les mutuelles et les fondations (définitions).

En 2014, dans les Pays de la Loire, 15 400 établissements relèvent de l’ESS. Ils emploient 165 000 salariés, soit 13,1 % des salariés ligériens (figure 1). Cette part place la région au deuxième rang, juste derrière la Bretagne.

Économie de services de proximité, l’ESS est moins exposée aux pertes d’emplois que les secteurs industriels. Entre 2008 et 2014, l’emploi salarié augmente plus vite dans l’ESS que dans le reste de l’économie (respectivement + 5,7 % contre + 0,4 % hors ESS dans la région). Cependant, des défis apparaissent, comme le remplacement des départs à la retraite et le maintien ou le développement d’activités adaptées aux besoins des populations sur l’ensemble du territoire. Adoptée en mars 2017 par le conseil régional, la chambre régionale de l’ESS (CRESS) et l’État, la Stratégie régionale de l’économie sociale et solidaire en Pays de la Loire a vocation à favoriser et coordonner le développement de l’ESS et ses initiatives sur le territoire ligérien.

Figure 1L’emploi salarié ESS davantage ancré en Loire-Atlantique et en Maine-et-LoirePart des salariés de l’ESS dans l’emploi salarié total par EPCI au 31 décembre 2014 (%)

L’emploi salarié ESS davantage ancré en Loire-Atlantique et en Maine-et-Loire
Nombre de salariés de l'ESS Part des salariés de l'ESS (en %)
CC des Hauts du Perche 442 34,7
CC du Kreiz-Breizh (Cckb) 1 358 32,7
CC Terres de Perche 952 30,5
CC de la Région de Blain 1 057 25,3
CC des Sources de l'Orne 667 25
CC Sud Retz Atlantique 1 654 24,4
CC Lamballe Terre et Mer 4 055 24,2
CC du Pays de Pontchâteau Saint-Gildas-des-Bois 1 435 23,9
CC de la Région de Nozay 614 23,3
CC des Vallées du Clain 972 21,9
CA du Niortais 12 535 21,8
CC Charente-Arnoult-Cœur de Saintonge 412 21,5
CC de Brocéliande 607 21,1
CC Aunis Sud 1 229 20,2
CC du Pays de Dol et de la Baie du Mont-Saint-Michel 937 20,2
CC Montfort Communauté 1 056 19,9
CC des Forêts du Perche 319 19,7
CC du Bocage Mayennais 947 19,7
CA La Roche-sur-Yon 9 816 19,7
CC Domfront Tinchebray Interco 765 19,4
CC du Pays de Redon 3 021 19,3
CC du Civraisien en Poitou 1 031 19,2
CC de Parthenay-Gâtine 1 995 19,1
CA Mauges Communauté 5 982 18,8
CC du Sud Est du Pays Manceau 583 18,8
CC de la Baie du Cotentin 1 242 18,7
CC du Bassin de Mortagne-au-Perche 810 18,1
CA Saint-Lô 5 536 18,1
CA Guingamp-Paimpol Armor-Argoat 3 495 18
CC Vals de Saintonge 2 105 17,8
CA Saint-Brieuc Armor 10 744 17,7
CC Roi Morvan Communauté 936 17,6
CA Clisson Sèvre et Maine 2 214 17,5
CC du Pays d'Ancenis 3 430 17,3
CA Dinan 3 952 17,1
CC Loir-Lucé-Bercé 1 008 16,8
CA Fougères 2 921 16,8
CC Estuaire et Sillon 1 535 16,8
CC de l'Ile d'Oléron 966 16,7
CU d'Alençon 4 099 16,7
CC du Val d'Orne 205 16,6
CC du Cellois, Cœur du Poitou, Mellois et du Val de Boutonne 1 602 16,4
CC de l'Ile de Noirmoutier 406 16,1
CC Loches Sud Touraine 2 062 16
CC Centre Morbihan Communauté 1 746 15,9
CC de Ploërmel Communauté 1 942 15,7
CA Pornic Agglo Pays de Retz 1 717 15,7
CU Angers Loire Métropole 19 093 15,7
CC Cœur de Sologne 494 15,6
CC du Pays de Loiron 510 15,6
CC Vienne et Gartempe 1 395 15,4
CC Loire Layon Aubance 1 612 15,4
CA Saumur Val de Loire 4 192 15,4
CC des Pays de l'Aigle 1 132 15,3
CC Bretagne Porte de Loire Communauté 998 15,3
CC du Castelrenaudais 602 15,3
CA de Saintes 3 179 15,2
CC Aunis Atlantique 530 15,1
CC Sèvre et Loire 1 651 15,1
CC Pontivy Communauté 2 394 15
CC Liffré-Cormier Communauté 821 14,7
CC du Pays Loudunais 684 14,7
CC Pays de Fontenay-Vendée 1 444 14,5
CC de Gâtine et Choisilles - Pays de Racan 381 14,5
CA Flers 2 519 14,4
CC Vendée, Sèvre, Autise 341 14,4
CC Baugeois Vallée 1 063 14,3
CC Maine Cœur de Sarthe 400 14,2
CC Bretagne Romantique 941 14,2
CC des Vallées du Haut-Anjou 969 14,1
CC Andaine - Passais 499 14
CC Au Pays de la Roche aux Fées 831 14
CC du Pays des Achards 596 14
CA Mont-Saint-Michel-Normandie 3 481 13,9
CA de Laval 6 525 13,9
CC Châteaubriant-Derval 1 597 13,8
CC Haut Val de Sèvre 1 216 13,6
CA Golfe du Morbihan – Vannes 8 020 13,6
CC du Val d'Ille-Aubigné 971 13,6
CC Val de Gâtine 477 13,5
CC Coutances Mer et Bocage 1 524 13,4
CA Lorient 8 257 13,3
CC Touraine Ouest Val de Loire 786 13,3
CC Anjou Bleu Communauté 1 342 13,3
CC du Pays Fléchois 851 13,3
CC Auray Quiberon Terre Atlantique 2 637 13,2
CC Moutierrois Talmondais 620 13,2
CA de la Presqu'île de Guérande Atlantique (Cap Atlantique) 2 395 13,1
CA du Bocage Bressuirais 2 826 13
CC Pays de Chantonnay 841 13
CC de Bléré Val de Cher 408 12,9
CU Le Mans Métropole 12 365 12,7
CA Rochefort Océan 2 116 12,4
CC Le Gesnois Bilurien 603 12,4
CC Côte d'Émeraude 913 12,4
CC de Saint-Méen Montauban 694 12,3
CA Vitré Communauté 3 480 12,2
CC de la Champagne Conlinoise et du Pays de Sillé 333 12,2
CA de Blois Agglopolys 5 553 12,1
CC du Pays de Craon 873 12,1
CC du Grand Châteaudun 1 369 12,1
CC Terres de Montaigu, Cc Montaigu-Rocheservière 2 086 12,1
CC du Pays de Pouzauges 933 12,1
CA du Choletais 5 087 12
CC Beauce Val de Loire 453 11,9
CC de l'Oust à Brocéliande Communauté 1 425 11,9
CA du Cotentin 6 395 11,9
CC du Haut-Poitou 824 11,9
CC Touraine-Est Vallées 1 056 11,9
CC du Bassin de Marennes 384 11,9
CC du Pays des Herbiers 1 587 11,9
Nantes Métropole 36 581 11,8
CC Vallons de Haute-Bretagne Communauté 828 11,7
CA du Pays de Saint-Malo (Saint-Malo Agglomération) 3 345 11,7
CC Argentan Intercom 1 169 11,6
CC des Vallées d'Auge et du Merlerault 439 11,6
CC de la Vallée de la Haute-Sarthe 119 11,5
CC Océan Marais de Monts 526 11,5
CA Lannion-Trégor Communauté 2 710 11,4
Rennes Métropole 24 772 11,4
CC de Grand Lieu 1 009 11,4
CC d'Erdre et Gesvres 1 409 11,4
CC du Pays de la Châtaigneraie 581 11,4
CC du Pays de Mortagne 989 11,3
CC Arc Sud Bretagne 609 11,2
CU Tour(S) Plus 14 358 11,2
CC de Vie et Boulogne 1 151 11,1
CC de l'Ernée 516 11,1
CC Orée de Bercé - Belinois 296 11
CA Grand-Poitiers 9 570 10,9
CC Touraine Vallée de l'Indre 1 063 10,9
CC du Pays de Château-Gontier 974 10,8
CC de la Haute-Saintonge 1 684 10,7
CC Chinon, Vienne et Loire 1 129 10,7
CC Loudéac Communauté - Bretagne Centre 1 809 10,6
CC Leff Armor Communauté 537 10,6
CC Cœur de Beauce 520 10,6
CA de la Rochelle 6 834 10,5
CC Sud Vendée Littoral 1 237 10,3
CC Challans-Gois Communauté 1 369 10,2
CC du Pays de Meslay-Grez 276 10,2
CC Questembert Communauté 472 10,2
CA de la Région Nazairienne et de l'Estuaire (Carene) 4 911 10,1
CC de Belle-Ile-en-Mer 131 10,1
CC Mayenne Communauté 1 177 10
CA Chartres Métropole 4 950 9,9
CC du Pays de Saint Gilles-Croix-de-Vie 1 079 9,7
CA du Pays Châtelleraudais 2 397 9,7
CC de Granville, Terre et Mer 1 148 9,4
CC Côte Ouest Centre Manche 485 9,3
CA Royan Atlantique 1 738 9,3
CC de Sablé-sur-Sarthe 1 226 9,3
CC du Pays de Saint-Fulgent - les Essarts 1 008 9,2
CC Haute Sarthe Alpes Mancelles 328 9,1
CC du Sud-Estuaire 615 9,1
CC du Thouarsais 991 9,1
CC Touraine Val de Vienne 413 9
CC de la Sologne des Étangs 112 9
CA Les Sables d'Olonne 1 294 8,9
CA Territoires Vendômois 1 446 8,9
CC du Bonnevalais 262 8,9
CC du Perche 564 8,8
CC Val-de-Cher-Controis 1 024 8,6
CC Maine Saosnois 523 8,5
CC des Vallées de la Braye et de l'Anille 364 8,5
CC de la Sologne des Rivières 223 8,5
CC Anjou Loir et Sarthe 546 8,4
CA du Pays de Dreux 2 159 8,2
CC du Pays de Châteaugiron 675 8,2
CC du Val d'Amboise 699 8,1
CC Cœur du Perche 134 8,1
CC des Terres du Val de Loire 72 8,1
CC des Coëvrons 559 8
CC Couesnon Marches de Bretagne 395 7,8
CC du Mont des Avaloirs 290 7,4
CC Loué - Brûlon - Noyen 271 7,3
CC de Blavet Bellevue Océan 250 7,3
CC de l'Ile de Ré 317 7,2
CC de Gémozac et de la Saintonge Viticole 127 6,6
CC du Romorantinais et du Monestois 526 5,9
CC Entre Beauce et Perche 208 5,9
CC des Collines du Perche Normand 224 5,9
CC du Perche et Haut Vendômois 88 5,7
CC de Villedieu Intercom 217 5,7
CC Sud Sarthe 248 5,7
CC Airvaudais-Val du Thouet 118 5,6
CC des Portes Euréliennes d'Ile de France 686 5,6
CC des Collines du Perche 77 5,6
CC du Pays Fertois et du Bocage Carrougien 49 5,2
CC du Val de Sarthe 229 5
CC du Pays de l'huisne Sarthoise 501 4,9
CC du Grand Chambord 122 2,7
CC Poher Communauté 1 0,8
CC du Pays Houdanais (C.C.P.H.) 3 0,7
  • Champ : établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) en géographie au 1er janvier 2017.
  • Source : Insee, Connaissance locale de l’appareil productif (Clap) 2014.

Figure 1L’emploi salarié ESS davantage ancré en Loire-Atlantique et en Maine-et-LoirePart des salariés de l’ESS dans l’emploi salarié total par EPCI au 31 décembre 2014 (%)

  • Champ : établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) en géographie au 1er janvier 2017.
  • Source : Insee, Connaissance locale de l’appareil productif (Clap) 2014.

Un salarié ligérien sur dix travaille dans une association

Les associations employeuses sont davantage présentes dans la région qu’en moyenne de province. Cela explique en grande partie le fort ancrage de l’ESS : 10,2 % des salariés ligériens travaillent dans une association, contre 9,0 % en province (figure 2). Comme dans les autres régions, les associations constituent le vivier de l’emploi salarié de l’ESS. Avec 13 000 établissements, elles emploient 127 600 salariés. Ceci correspond à 106 000 équivalents temps plein (ETP), soit 75 % des effectifs ETP de l’ESS. L’action sociale et l’enseignement constituent le cœur des activités associatives : près des trois quarts des salariés des associations y sont employés, souvent au sein de grands établissements.

Essentiel au fonctionnement des structures, le bénévolat participe également au dynamisme des activités des associations, des mutuelles et des coopératives. En France, plus de 21 millions de personnes se déclarent membres d’au moins une association en 2013, soit plus de quatre personnes sur dix de 16 ans ou plus. Adhérer à une association et pratiquer du bénévolat sont liés : parmi les membres d’associations, 44 % sont bénévoles contre seulement 7 % des non-adhérents. Dans les Pays de la Loire, quatre associations sur cinq n’ont pas de salarié.

Au-delà de leur poids dans l’économie locale, les associations offrent une grande variété de services et s’adressent à tous les publics. Les activités d’accompagnement social et d’éducation sont majoritaires mais 11 % des salariés des associations travaillent aussi dans la santé et les activités sportives, culturelles et de loisirs.

Figure 2Associations et coopératives captent le plus d'emploisEmploi salarié au 31 décembre 2014 et évolution entre 2008 et 2014

Associations et coopératives captent le plus d'emplois
Effectifs salariés (en nombre) Part des effectifs salariés (en %) Évolution 2008/2014 (en %)
Pays de la loire Pays de la Loire Province Pays de la Loire Province
Économie sociale et solidaire (ESS) 164 980 13,1 11,6 5,7 5,1
dont associations 127 650 10,2 9,0 5,4 4,6
dont coopératives 27 460 2,2 1,6 0,5 -0,6
dont mutuelles 7 890 0,6 0,7 27,5 16,9
dont fondations 1 980 0,2 0,3 37,8 32,5
Hors ESS 1 089 980 86,9 88,4 0,4 -1,6
dont privé 820 110 65,3 62,2 1,2 -1,2
dont public 269 800 21,5 26,3 -1,7 -2,8
Ensemble 1 254 960 100,0 100,0 1,1 -0,9
  • Source : Insee, Clap 2008 et 2014.

Davantage de coopératives qu’en province mais moins de mutuelles

Les coopératives (de crédit, agricoles et centrales d’achats) sont également plus présentes dans les Pays de la Loire : avec 27 500 salariés, elles emploient 2,2 % des salariés ligériens contre 1,6 % en province. Si, comme ailleurs, les banques coopératives rassemblent le plus de salariés, leur poids est inférieur à celui de province (respectivement 45 % et 53 % de l’emploi des coopératives). En revanche, les centrales d’achats sont davantage répandues parmi les autres coopératives ligériennes. Ces structures en réseau permettent de mutualiser les achats, notamment sur des territoires élargis, comme par exemple Système U Centrale Régionale Ouest et la Société Coopérative d’Approvisionnement de l’Ouest.

Du fait de la place de l’agriculture dans le tissu local, les coopératives agricoles sont aussi très actives : elles emploient près de 6 000 salariés dans les Pays de la Loire. Elles relèvent du commerce de gros, comme par exemple Terrena et la Coopérative des Agriculteurs de Mayenne, ou encore de l’industrie agroalimentaire.

Ces structures de l’ESS évoluent : les banques coopératives et les coopératives agricoles élargissent leur action au-delà de l’ESS en créant ou achetant des filiales qui ont le statut de sociétés de capitaux.

Localisées dans les grandes agglomérations, les mutuelles regroupent des services non financiers comme les assurances, les complémentaires de santé ou les établissements d’accueil médico-social. Elles contribuent moins qu’en province à l’emploi ESS (4,8 % des salariés ESS contre 5,7 %).

Également moins contributrices à l’emploi ESS local, les fondations œuvrent pour des services de santé, d’action sociale, d’enseignement et de recherche. Les salariés sont regroupés dans quelques grands établissements.

Une implantation marquée de l’action sociale en dehors des pôles urbains

Avec 62 200 salariés, l’action sociale (hors santé) est le premier employeur de l’ESS dans la région, soit 36,5 % des salariés (figure 3). Elle offre des services variés : aide à domicile, hébergement, dispositifs pour la petite enfance, actions vers des publics spécifiques (personnes handicapées, enfants ou familles en difficultés, toxicomanes, etc.) ou encore de l’aide par le travail. La quasi-­totalité des structures d’action sociale sont des associations. Elles sont plus présentes dans les territoires ruraux où les activités sont moins diversifiées et davantage axées sur les services à la population : dans douze intercommunalités, aux limites administratives avec la Bretagne et la Normandie et au sud du Maine-et-Loire, plus de la moitié des salariés de l’ESS travaillent dans l’action sociale. Cette part atteint 71 % dans la Communauté de Communes du Bocage Mayennais, EPCI où un quart de la population a plus de 65 ans (contre 17 % en moyenne régionale).

Entre 2008 et 2014, l’emploi salarié dans l’action sociale augmente de 11,7 % (+ 6 300 salariés), évolution comparable à celle de province. L’accueil des personnes âgées participe pour un tiers à cette hausse, en lien avec le vieillissement de la population. Les Pays de la Loire s’inscrivent dans un contexte spécifique : la région dispose de la plus forte capacité d’accueil des 75 ans ou plus en établissement, avec 155 places pour 1 000 personnes contre 124 en province (y compris maisons de retraite privées et publiques, hors ESS). Au sein de l’ESS régionale, l’accueil des personnes âgées participe à 18 % de l’emploi de l’action sociale contre 11 % en province. À l’inverse, l’aide à domicile représente 17 % de l’emploi de l’action sociale contre 19 % en province, en lien avec un maintien à domicile des personnes âgées moins fréquent dans la région.

Figure 3Action sociale et enseignement : une répartition différente dans les Pays de la LoireRépartition des salariés de l’ESS selon le domaine d’activité au 31 décembre 2014 (en %)

Action sociale et enseignement : une répartition différente dans les Pays de la Loire
Province Pays de la Loire
Action sociale 42,3 36,5
Enseignement 14,6 21,5
Activités financières et d'assurance 10,9 10,1
Santé 7,0 4,6
Activités sportives, culturelles et de loisirs 5,0 4,9
Autres activités 20,2 22,4
  • Source : Insee, Clap 2014.

Figure 3Action sociale et enseignement : une répartition différente dans les Pays de la LoireRépartition des salariés de l’ESS selon le domaine d’activité au 31 décembre 2014 (en %)

  • Source : Insee, Clap 2014.

L’enseignement associatif : une spécificité du Grand Ouest

L’enseignement constitue le deuxième domaine d’activité de l’ESS, soit 21,5 % des effectifs salariés des Pays de la Loire. Cette activité est particulièrement développée dans la région : comme en Bretagne, son poids est supérieur de 7 points à celui de province. La tradition éducative de l’ESS est ancienne : enseignement initial, formation continue, éducation populaire, périscolaire, etc. L’enseignement est dispensé au sein d’écoles privées ou de maisons familiales rurales pour tout type de disciplines. Dans les Pays de la Loire, 35 500 salariés travaillent dans l’enseignement au sein de l’ESS : ils incluent les personnels administratifs, les enseignants du privé mais aussi ceux détachés du public.

La spécificité du Grand Ouest s’explique par la plus forte présence des organismes de gestion des établissements catholiques (OGEC), sous statut associatif. Elle est encore plus marquée dans les Pays de la Loire qu’en Bretagne. Dans les structures d’enseignement relevant du champ de l’ESS, six salariés sur dix travaillent dans un OGEC, contre quatre sur dix en Bretagne. Entre 2008 et 2014, le nombre d’OGEC baisse légèrement mais les effectifs restent stables. Ceci reflète notamment le regroupement d’établissements pour couvrir l’ensemble du cycle d’éducation.

L’enseignement dans l’ESS est davantage représenté en Vendée (en particulier l’enseignement initial) : 26 % de l’emploi ESS en 2014 contre, à l’inverse, 15 % dans la Sarthe. La part de l’enseignement varie selon les territoires. Au niveau local, l’implantation d’un seul établissement regroupant un collège et un lycée peut fortement influer.

Loisirs et culture, santé, finance et assurance : effectifs aussi en hausse

Entre 2008 et 2014, l’emploi salarié progresse dans les activités sportives, culturelles et de loisirs (+ 47 % contre + 14 % en province). La hausse est particulièrement sensible en 2014 (+ 37 %), année de mise en place de la réforme des rythmes scolaires qui encourage les activités périscolaires. Dans la culture et les loisirs, les effectifs doublent sur cette période. Les activités sportives, culturelles et de loisirs rassemblent 8 100 salariés en 2014. Quelques grands établissements, comme Nantes action périscolaire, l’Accoord à Nantes ou l’Office municipal de la jeunesse de Saint-Nazaire, côtoient des petits clubs locaux.

Les effectifs salariés du secteur de la santé, essentiellement des établissements hospitaliers et des réseaux de médecins ou d’infirmiers, sont moins présents dans l’ESS régionale qu’en moyenne de province. Mais ils augmentent aussi davantage qu’en province entre 2008 et 2014 pour atteindre 7 600 salariés dans la région. Le Pôle Régional du Handicap dans la Sarthe et Les Capucins à Angers comptent plus de 300 salariés.

Entre 2008 et 2014, le nombre de salariés dans les activités financières et d’assurance augmente de 3,3 % comme en province. Un salarié de l’ESS sur dix travaille dans ces activités. Celles-ci sont essentiellement concentrées dans les cinq grandes agglomérations de la région où sont implantés les sièges sociaux (Caisse régionale du Crédit Agricole et Caisse régionale de Crédit Mutuel Atlantique notamment). Dans l’agglomération de Laval, un salarié de l’ESS sur cinq est concerné, en lien avec la présence de la Macif. Les trois quarts des salariés des activités financières et d’assurance travaillent dans des banques coopératives. Le quart restant travaille dans des assurances mutualistes.

Des statuts d’emploi différents selon les familles et les activités

Si la forme dominante de contrat reste le contrat à durée indéterminée (CDI), les autres formes d’emploi sont plus fréquentes dans l’ESS que dans l’ensemble de l’économie. La part des CDI augmente avec la taille des établissements, hormis dans les mutuelles régionales où elle est plus élevée dans les établissements de moins de 10 salariés.

La part des contrats à durée déterminée (CDD) est en moyenne supérieure à celle de l’ensemble de l’économie locale (15 % des postes, soit + 2 points). Les formes d’emploi sont différentes selon les familles. Les mutuelles et fondations comptent davantage de postes en CDD (respectivement 20 % et 19 %). Mais elles proposent les parts les plus faibles (4 %) en ce qui concerne les autres types de contrats (contrats aidés, contrats d’apprentissage, intérim). À l’inverse, les associations affichent la part la plus forte d’autres contrats, en lien notamment avec les contrats aidés. Ces derniers contribuent à 6 % de l’emploi dans les associations, contre 2 % dans les mutuelles et 4 % dans les fondations. Destinés aux publics les plus éloignés du marché du travail, les contrats aidés se rencontrent plutôt dans les activités sociales sans hébergement.

Une féminisation rattachée à l’activité

Dans l’ESS, 66 % des postes sont occupés par des femmes, soit 20 points de plus que dans l’ensemble de l’économie locale. Certaines familles sont davantage féminisées : la part des femmes est plus élevée dans les mutuelles (78 %), où les postes d’employés administratifs sont surreprésentés. À l’opposé, dans les coopératives, les postes d’ouvriers sont plus fréquents et majoritairement occupés par des hommes (43 % de femmes).

Le temps partiel est plus fréquent dans l’ESS que hors ESS (40 % dans la région contre 21 % hors ESS). Cette situation est accentuée pour les femmes de l’ESS des Pays de la Loire : 48 % des salariées sont à temps partiel (contre 44 % en province).

Les différences les plus fortes se manifestent entre activités. Quand une femme sur cinq travaille à temps partiel dans les banques coopératives, près de neuf sur dix le sont dans l’aide à domicile. Dans ce secteur, le temps partiel est très répandu, en lien notamment avec les contraintes techniques et organisationnelles du métier (morcellement des interventions, déplacements nombreux, pénibilité, etc.).

Des écarts de salaires selon les professions, comme dans le privé

Les niveaux des salaires de l’ESS et ceux du secteur privé sont comparables : les salaires horaires nets médians atteignent 10,8 euros dans l’ESS et 10,9 euros dans le secteur privé. Les salaires varient en fonction du niveau de poste, dans l’ESS comme dans le secteur privé : les cadres et professions intermédiaires sont davantage rémunérés que les employés. Mais dans le secteur privé de la région, les ouvriers ont un salaire horaire net médian supérieur aux employés (10,1 euros contre 9,4 euros). La différence est inversée dans l’ESS, à l’avantage des employés.

Ces métiers d’employés sont davantage présents dans l’ESS : avec 68 800 emplois, ils représentent 42 % des salariés (contre 31 % dans le secteur privé).

La loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire vise à limiter les écarts entre les sommes versées aux salariés ou dirigeants les mieux rémunérés et la rémunération annuelle perçue par un salarié à temps complet au Smic (rapport de 1 à 10 maximum). Entre les familles de l’ESS, les différences sont marquées. Dans les coopératives, le salaire horaire net médian (figure 4) est supérieur de 3 euros à celui des associations (13,1 euros contre 10,1 euros). Des activités différentes et une part plus élevée de cadres et de postes à temps complet dans les coopératives expliquent cet écart. Si l’amplitude entre les hauts et les bas salaires est moindre dans les associations, les 10 % de postes les mieux payés restent cependant les plus bas de toutes les familles.

Figure 4Des écarts de salaires plus resserrés dans les associationsDispersion des salaires horaires nets dans les Pays de la Loire en 2014 (en euros)

Des écarts de salaires plus resserrés dans les associations - Lecture : dans les coopératives, la rémunération horaire nette des 10 % des postes les mieux rémunérés est supérieure à 22,1 euros tandis que celle des 10 % les moins rémunérés est inférieure à 8,9 euros ; et la moitié des postes est rémunérée moins de 13,1 euros.
9e décile Médiane 1er décile
Coopératives 22,1 13,1 8,9
Mutuelles 21,5 12,1 8,5
Associations 16,6 10,1 7,3
Fondations 16,2 10,4 8,1
Ensemble ESS 18,1 10,8 7,4
Hors ESS, privé 19,6 10,8 8
  • Champ : postes non annexes.
  • Lecture : dans les coopératives, la rémunération horaire nette des 10 % des postes les mieux rémunérés est supérieure à 22,1 euros tandis que celle des 10 % les moins rémunérés est inférieure à 8,9 euros ; et la moitié des postes est rémunérée moins de 13,1 euros.
  • Source : Insee, Déclarations annuelles de données sociales (DADS) 2014.

Figure 4Des écarts de salaires plus resserrés dans les associationsDispersion des salaires horaires nets dans les Pays de la Loire en 2014 (en euros)

  • Champ : postes non annexes.
  • Lecture : dans les coopératives, la rémunération horaire nette des 10 % des postes les mieux rémunérés est supérieure à 22,1 euros tandis que celle des 10 % les moins rémunérés est inférieure à 8,9 euros ; et la moitié des postes est rémunérée moins de 13,1 euros.
  • Source : Insee, Déclarations annuelles de données sociales (DADS) 2014.

Remplacement des salariés et développement d’emplois : des défis

Comme dans les autres régions, l’économie des Pays de la Loire doit faire face au vieillissement de ses salariés et de ses habitants. Dans l’ESS, 25 % des salariés ont plus de 50 ans, contre 22 % hors ESS. Par ailleurs, cette part augmente entre 2008 et 2014 (+ 4 points dans l’ESS et + 6 points hors ESS). La structure par âge des salariés de l’ESS diffère aux âges extrêmes. Les moins de 26 ans sont en proportion moins nombreux dans l’ESS qu’en dehors (respectivement 14 % et 17 %). Assurer le renouvellement des salariés de l’ESS constitue un enjeu, d’autant plus que certains métiers font face à des difficultés de recrutement.

Outre le remplacement des départs en retraite, le vieillissement de la population génère des besoins accrus de services. Entre 2008 et 2014, les effectifs salariés augmentent dans l’accueil des personnes âgées, la santé et certaines mutuelles qui gèrent l’accueil et l’hébergement médico-­social de jeunes enfants et personnes âgées.

S’ils sont actuellement relativement marginaux, d’autres secteurs se développent. Les effectifs salariés du commerce dans l’ESS des Pays de la Loire augmentent de 5,9 % entre 2008 et 2014 pendant que ceux de province baissent de 5,5 %. Le commerce de détail contribue à 60 % de la hausse de ces effectifs. Cette évolution semble suivre des tendances de consommation comme celle, bien qu’encore secondaire, des coopératives et du commerce de proximité de produits biologiques.

Si leur nombre reste modeste (350 salariés en 2014), le nombre de salariés de collecte et traitement des déchets a plus que doublé entre 2008 et 2014. Les changements de pratiques en matière de tri et de collecte pourraient générer des embauches.

Partenariat

Cette étude est issue d’un partenariat entre l’Insee, la Direccte (Paula Legeaye, Anne-Lise Marciau, Yann Sicamois) et la CRESS (Céline Durand, Karine Fenies-Dupont) des Pays de la Loire. Ont aussi participé le conseil régional des Pays de la Loire (Anne Marchand et Cédric Poissonnet) et la DRDJSCS (Anne Picard-Cosker et Raphaëlle Marie).

Pour comprendre

La loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 définit officiellement le périmètre de l’économie sociale et solidaire (ESS). Elle inclut une nouvelle catégorie, les entreprises de l’ESS adhérant aux principes suivants : un but social autre que le seul partage des bénéfices ; une lucrativité encadrée avec des bénéfices majoritairement consacrés au maintien et au développement de l’activité ; une gouvernance démocratique et participative.

Le périmètre de cette étude est restreint aux quatre familles traditionnelles : associations, coopératives, mutuelles et fondations employeuses. En sont exclus les administrations publiques, les organisations patronales et consulaires, les syndicats de salariés et les organisations politiques ou religieuses. L’étude porte sur les établissements employeurs des secteurs marchands et non marchands, ayant eu au moins une activité au cours de l’année 2014. Sont cités dans l’étude, les premiers établissements en termes d’effectifs salariés.

Sources

  • Clap (Connaissance locale de l’appareil productif) fournit des statistiques localisées sur les établissements et les effectifs salariés au 31 décembre ;
  • les DADS (Déclarations annuelles de données sociales) caractérisent l’emploi salarié au lieu de travail. Un poste correspond au cumul des périodes d’emploi d’un salarié dans un même établissement. Un salarié peut occuper plusieurs postes dans des établissements différents. Sont pris en compte les postes non annexes, soit les postes dont le volume de travail et le niveau de rémunération atteignent un certain seuil.

Pour en savoir plus

Fenies-Dupont K. et Teyssier M., Ouvrir dans un nouvel ongletBilan de l’emploi 2015, Les Publications de l’Observatoire CRESS Pays de la Loire n° 28, décembre 2016.

D’Isanto A. et Reynaert L., Neuf associations sur dix fonctionnent sans salarié, Insee Première, n° 1587, mars 2016.

Bisault L. et Deroyon J., L’économie sociale, des principes communs et beaucoup de diversité, Insee Première n° 1522, novembre 2014.

Kerdommarec L. et al., L’économie sociale des Pays de la Loire face au vieillissement de ses salariés, Insee Pays de la Loire, Étude, n° 94, février 2011.