Bilan économique 2014 : Une timide reprise

En 2014, la croissance de l'économie française est faible : le produit intérieur brut progresse de 0,2 %. Dans ce contexte, la convalescence de l'économie du Nord-Pas-de-Calais s'est poursuivie et la reprise est timide. Les effectifs de l'emploi salarié principalement marchand ont continué de baisser, mais moins fortement qu'en 2013. Conséquence de la nouvelle dégradation de l'état du marché du travail, le chômage progresse et concerne 13,0 % de la population active régionale fin 2014. La construction, l'industrie et le commerce sont les secteurs économiques de la région qui ont le plus souffert de ces pertes d'emplois. Plusieurs indicateurs laissent toutefois entrevoir une reprise de l'économie nordiste. Les difficultés des entreprises ont été moindres en 2014 avec un recul des défaillances d'entreprises. Les créations d'entreprises ont été plus dynamiques. Les signes d'embellie proviennent principalement du secteur tertiaire : le rebond de l'emploi intérimaire se confirme tandis que l'emploi dans ce secteur se maintient bien. Le transport de marchandises à l'intérieur de la région connaît un regain d'activité et la croissance britannique très vive a stimulé l'activité portuaire et le trafic transmanche.

Insee Conjoncture Nord-Pas-de-Calais
Paru le :Paru le29/05/2015
Christophe DUFOSSÉ, Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt
Insee Conjoncture Nord-Pas-de-Calais- Mai 2015
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Agriculture : 2014, année en demi-teinte pour l’agriculture régionale

Christophe DUFOSSÉ, Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt

En 2014, les rendements et la qualité des principales productions végétales de la région sont moyens par rapport à 2013. Les rendements et la hausse des surfaces de pommes de terre provoquent l’effondrement des cours de ces produits. Les cours du blé et de la betterave sont également en baisse notable. À l’inverse, la production et le prix du lait poursuivent leur redressement. Ces évolutions de prix différenciées expliquent en partie la baisse des résultats des exploitations agricoles régionales et, à l’opposé, une amélioration du revenu des exploitations laitières.

Insee Conjoncture Nord-Pas-de-Calais

No 5

Paru le :29/05/2015

Rendement normal des céréales, pommes de terre en excédent et récolte de betteraves élevée

L’année 2013 s’est terminée dans la douceur avec des températures supérieures à la normale, une absence de gel et des précipitations excédentaires pour la première partie de l’année 2014. Cette météo va profiter aux principales cultures, y compris celles implantées au printemps. La récolte des céréales qui commence précocement, traîne ensuite en longueur et localement ne se termine qu’en septembre, avec des conséquences sur la qualité des grains. Les rendements en céréales sont équivalents à la moyenne des cinq dernières années alors que ceux des pommes de terre et betteraves sont plus importants. La récolte régionale en céréales à paille (blé et orges) est la même qu’en 2013, année de plus forts rendements, en raison de surfaces cultivées plus importantes en 2014 (figure 1).

Figure 1 Évolution des quantités produites par rapport à 2013

  • Source Statistique agricole annuelle 2013-2014

Entre 2013 et 2014, le cours du blé tendre a baissé de 21 %, s’établissant autour de 200 € par tonne. Les prix des céréales reviennent au niveau de l’année 2012. Cette baisse des cours est en partie compensée par des rendements finalement corrects et une qualité du grain plutôt meilleure que ne laissaient craindre les prévisions (figure 2).

Figure 2 Prix du blé classe 1 FOB Rouen (majorations mensuelles comprises)

  • Source : cotations FranceAgrimer.

La production de colza chute avec une diminution des surfaces (– 10 %), et un rendement plus faible. En revanche, 425 000 tonnes de betteraves ont été produites en plus grâce à la combinaison d’une augmentation des surfaces et d’un rendement élevé qui atteint 93 tonnes à l’hectare, soit 7 % de plus qu’en 2013.

En ce qui concerne la pomme de terre, une nouvelle augmentation des surfaces de 5 % et du rendement de 20 % par rapport à 2013 ont contribué à une augmentation de la production de 450 000 tonnes. La commercialisation de la récolte de 2014 s’est réalisée sur une base de prix fluctuant autour de 60 € la tonne contre 250 € la tonne en moyenne pour la campagne précédente en sortie d’exploitation. En 2014, la pomme de terre industrielle de variété Bintje se négocie en moyenne à 15 € la tonne contre 105 € l’année précédente.

Difficultés dans le secteur de la viande bovine avec un net affaiblissement des cours

Viande bovine : déséquilibre entre offre et demande

Les abattages de bovins ont augmenté de 3 % dans la région notamment pour la catégorie jeunes bovins. L’offre devenant supérieure à la demande, les cours fléchissent nettement, de 11 % en moyenne par rapport à ceux de l’année précédente.

Néanmoins, les effets d’un marché moins porteur sont en partie compensés par des charges d’alimentation moins élevées : la baisse du coût des aliments liée au prix des céréales et une bonne production fourragère permettent de diminuer les coûts de production de l’élevage.

Les volumes d’abattage de porcs dans la région sont orientés à la baisse. Le marché européen des produits porcins s’est trouvé encombré suite à l’embargo sanitaire décrété par la Russie. Le prix moyen du porc charcutier est inférieur de 12 centimes par kilogramme par rapport à celui de 2013.

Le secteur laitier est épargné grâce à une légère augmentation de la production et du prix de commercialisation.

Le prix moyen du lait sur l’année 2014 est supérieur de 5 % à celui de 2013 et s’établit à 374 € / 1 000 litres contre 353 € l’année précédente. Les livraisons de lait progressent également : 14 millions d’hectolitres sont livrés en 2014 soit une augmentation de 850 000 hectolitres.

La valeur de la production de lait et produits laitiers croît de plus de 11 %. Jusqu’en septembre, la collecte du lait de vache est croissante par rapport aux mêmes mois de l’année 2013. En effet, les conséquences de l’embargo russe ne sont pas encore palpables et la bonne orientation des prix incite les producteurs à produire davantage. Par ailleurs, le prix des aliments pour vaches laitières est en retrait et le climat est favorable à la pousse de l’herbe (figure 3).

Figure 3 Productions en milliers d'hectolitres et prix du lait en 2013 et 2014

  • Source : enquête mensuelle laitière.

Une bonne nouvelle pour les producteurs : le prix des intrants baisse de 2,5 %

La diminution des prix amorcée en 2013 se poursuit. C’est surtout la chute du prix des carburants qui est la plus marquée avec un retour à un niveau inférieur à celui de 2010. Ceci a un effet conjoint sur le prix des engrais et des amendements. Seul le poste des semences et plants augmente. Dans l’ensemble, l’indice général des prix des moyens de production agricole (IPAMPA) baisse de deux points par rapport à 2013 et retrouve son niveau de 2012 (figure 4).

Figure 4 Moyennes annuelles de l'indice des prix d'achat des moyens de production agricole

  • Source : indice des prix d'achat des moyens de production agricole (IPAMPA) Nord Pas-de-Calais , Indice IPAMPA base 100 en 2010.

Les revenus agricoles seraient en baisse en 2014

Après la baisse des revenus agricoles constatée en 2013, la conjoncture générale reste peu favorable aux exploitations régionales. Dans le Nord-Pas-de-Calais, le résultat courant avant impôt (RCAI) par actif non salarié des moyennes et grandes exploitations baisserait de 34 % en 2014 pour s’établir à 23 800 €. Cette baisse, plus importante que celle observée au niveau national, amènerait le RCAI régional en dessous de la moyenne nationale, situation inédite depuis 2004. L’élevage laitier est l’un des rares secteurs pour lequel le revenu des producteurs s’améliore.