Les auto-entrepreneurs de 2010 : situation initiale, situation en 2013 et en 2015 Enquête SINE auprès des auto-entrepreneurs - Insee Résultats
Il est recommandé d’utiliser systématiquement les résultats de la dernière enquête disponible, quelles que soient les informations recherchées (profil des entreprises, taux de démarrage, taux de pérennité, etc.).
En effet, le dispositif SINE permet de suivre sur cinq ans une cohorte d’entreprises créées une année donnée. Dans ce but trois interrogations sont menées : l'année de la création, trois ans après et cinq ans après. Les résultats obtenus à la fin de chaque enquête font l’objet de traitements basés sur des sources administratives. Certaines informations concernant notamment des cessations d’activité peuvent être déclarées et donc enregistrées tardivement. Elles sont alors prises en compte avec retard dans les résultats de l’enquête SINE.
Les résultats de la troisième vague utilisant le maximum d'information doivent être considérés comme les résultats définitifs de l’ensemble des trois interrogations de la cohorte donnée.
Créations et créateurs d'entreprises sous le régime de l'auto-entrepreneur Enquête SINE auprès des auto-entrepreneurs immatriculés en 2010
Frédéric Barruel, Nadine Penaud, Stéphane Thomas, pôle national Démographie des entreprises et des établissements, Insee
Résumé
Près de 191 000 immatriculations d'auto-entrepreneurs ont été enregistrées dans le répertoire Sirene au cours du premier semestre 2010. Ils se déclarent sous le régime de l'auto-entrepreneur pour assurer leur propre emploi et créer leur propre entreprise, notamment les chômeurs (un auto-entrepreneur sur trois). Pour la moitié d'entre eux, le secteur d'activité de leur entreprise n'est pas celui de leur métier principal. Pour 85 % des auto-entrepreneurs ayant démarré leur activité, il s'agit d'une activité permanente et pour plus de la moitié d'entre eux de leur activité principale, notamment dans le secteur de la construction. Leur clientèle est diversifiée, souvent constituée de particuliers. Ils travaillent peu en sous-traitance. Pour réaliser leur projet, ils ont disposé au démarrage de peu de moyens financiers et de peu d'aides sociales. Deux nouveaux auto-entrepreneurs sur trois sont des hommes, mais les femmes sont plus diplômées. Ces auto-entrepreneurs sont principalement présents dans quatre secteurs d'activité : les activités de soutien aux entreprises (conseil) (25 %), le commerce de gros et de détail (21 %), les services aux ménages (17 %) et la construction (15 %). Parmi ceux qui ont démarré leur activité, 63 % souhaitent la développer, 18 % la maintenir tandis que ceux qui l'ont arrêtée considèrent que le projet n'était pas viable (33 %) ou pas adapté au régime de l'auto-entrepreneur (25 %).
Pourquoi veulent-ils créer une auto-entreprise ?
Le principal avantage du régime de l'auto-entrepreneur est de simplifier les procédures
D'après ses utilisateurs, le régime de l'auto-entrepreneur possède des avantages manifestes. Seuls 2 % d'entre eux n'y voient aucun avantage. Le principal avantage de ce régime est de simplifier les procédures, notamment le paiement des charges (67 % des auto-entrepreneurs), l'inscription simple et facile (57 %) et la gestion comptable simplifiée (52 %). Deux autres avantages sont moins souvent cités par les auto-entrepreneurs : le taux d'imposition attractif (40 % des auto-entrepreneurs) et les formalités de déclaration gratuites (38 %). Le classement des avantages est le même pour les hommes et les femmes, et ne dépend en général ni de la situation préalable de l'auto-entrepreneur, ni du secteur d'activité dans lequel est créée l'entreprise. Toutefois, les auto-entrepreneurs du secteur de l'information et de la communication classent l'inscription simple et facile en premier.
Le régime de l'auto-entrepreneur est principalement choisi pour assurer son propre emploi et créer sa propre entreprise
Les deux raisons principales du choix du régime de l'auto-entrepreneur sont d'assurer son propre emploi (44 % des auto-entrepreneurs) et créer sa propre entreprise (43 %).
Pour les anciens chômeurs, la première raison prend encore plus d'importance : 66 % d'entre eux la choisissent.
Suivent ensuite développer une activité de complément (35 %) et tester un projet d'entreprise (29 %).
Certains n'en sont pas à leur première tentative de création d'une entreprise. En effet, un peu moins d'un nouvel auto-entrepreneur sur quatre a déjà créé ou repris une entreprise avant 2010.
Une rupture dans leur parcours professionnel
Avant de créer leur auto-entreprise, une majorité d'auto-entrepreneurs étaient salariés du secteur privé ou chômeurs
Avant de créer leur auto-entreprise, 32 % des auto-entrepreneurs étaient salariés stables du secteur privé et 30 % au chômage (18 % depuis moins d'un an et 12 % depuis plus d'un an). 11 % étaient sans activité professionnelle et 6 % avaient un statut salarié privé précaire (intérimaires, en contrat à durée déterminée, intermittents du spectacle). Le reste des auto-entrepreneurs étaient salariés de la fonction publique, étudiants ou retraités.
La création d'une auto-entreprise n'implique pas nécessairement l'abandon d'une précédente activité. Elle peut constituer une activité complémentaire ou un essai, pour des personnes en activité. Le caractère principal ou secondaire de l'activité que les créateurs accordent à leur auto-entreprise en est l'illustration.
Ainsi, pour les salariés qui ont décidé de créer une auto-entreprise, il s'agit le plus souvent d'une activité secondaire (pour 9 salariés du secteur public sur 10 et 6 salariés du secteur privé sur 10). Pour ces créateurs, l'activité d'auto-entrepreneur vient vraisemblablement en complément d'une activité salariée qu'ils conservent.
À l'inverse, pour les trois quarts des personnes qui étaient à leur compte avant la création, l'activité d'auto-entrepreneur est déclarée principale, le nouveau statut d'auto-entrepreneur constituant probablement une opportunité.
La situation est très différente pour celles et ceux qui n'avaient pas d'emploi au moment de la création. Pour 80 % des chômeurs et près de 90 % des personnes sans activité avant la création, l'auto-entreprise est une activité principale ; c'est la population des auto-entrepreneurs qui créent leur propre entreprise pour assurer leur propre emploi.
D'un secteur à l'autre, la situation des auto-entrepreneurs avant la création de leur auto-entreprise est très différente. Ainsi, les auto-entrepreneurs qui créent dans les secteurs de la construction et de la restauration étaient plus souvent au chômage que les autres (respectivement 34 % et 35 %) ; dans le secteur de la construction, ils avaient aussi plus souvent un statut précaire (11 %) avant la création.
C'est parmi les auto-entrepreneurs du secteur de l'enseignement, de la santé et de l'action sociale que la proportion de salariés de la fonction publique est la plus importante (15 %).
La moitié des auto-entrepreneurs ont créé leur entreprise dans un secteur d'activité différent de leur métier de base
48 % des auto-entrepreneurs ont choisi ce statut pour créer leur auto-entreprise dans un secteur d'activité différent de leur métier principal, bien que l'expérience acquise dans ce métier principal dépasse, pour certains, trois ans, voire dix. C'est en particulier le cas pour 65 % des créateurs dans le commerce.
À l'inverse, pour 75 % des nouveaux auto-entrepreneurs de la construction et 62 % de l'information et de la communication, le secteur d'activité choisi correspond à leur métier de base.
Parmi les auto-entrepreneurs anciennement salariés, il y a davantage de techniciens que dans la population française
Parmi les auto-entrepreneurs qui exerçaient une activité salariée avant la création de leur auto-entreprise, 34 % étaient employés, 24 % ouvriers et 21 % cadres ; ces proportions sont proches de celles observées dans la population française âgée de 15 ans ou plus : respectivement 32 %, 25 % et 21 % (graphique 1).
En revanche, 13 % des auto-entrepreneurs précédemment salariés étaient techniciens, alors que la proportion de ceux-ci dans la population française active s'élève à moins de 5 %. A contrario, seulement 9 % des auto-entrepreneurs précédemment salariés avaient une autre profession intermédiaire (agents de maîtrise, contremaîtres ou VRP), contre 16 % dans la population française active.
graphiqueGraphique 1 - Répartitions des auto-entrepreneurs précédemment salariés et de l'ensemble de la population selon la catégorie socioprofessionnelle (avant immatriculation pour les auto-entrepreneurs)
Champ : auto-entreprises immatriculées au cours du premier semestre 2010 dont l'auto-entrepreneur était salarié avant sa déclaration ; population âgée de 15 ans ou plus résidant en France métropolitaine hors inactifs, résultats 2009 en moyenne annuelle.
Source : Insee, enquête auto-entrepreneurs 2010, enquêtes emploi du 1er au 4e trimestres 2009.
Dans le secteur de la construction, 60 % des nouveaux auto-entrepreneurs sont des anciens ouvriers tandis que dans le secteur de l'information et de la communication, 43 % sont des anciens cadres et 24 % des anciens techniciens (soit plus que dans les autres secteurs). Hormis les ouvriers et les cadres, les répartitions des catégories socioprofessionnelles varient assez peu d'un secteur d'activité à l'autre.
Comment ils travaillent
Ils travaillent souvent en semaine, à leur domicile personnel ou chez leurs clients
Parmi les auto-entrepreneurs qui ont démarré leur activité, plus des trois quarts travaillent en semaine, quatre sur dix le week-end ou pendant les vacances et près d'un quart avant ou après un autre emploi (graphique 2). Dans le secteur de la construction, ils travaillent plus souvent en semaine (85 %) tandis que dans celui du commerce, la moitié travaillent le week-end ou pendant les vacances.
graphiqueGraphique 2 - Répartition des auto-entrepreneurs ayant démarré leur activité selon le mode de travail et le secteur d'activité
Note : pour chaque secteur, le total est supérieur à 100 % ; en effet, plusieurs réponses étaient possibles dans le questionnaire.
Champ : auto-entreprises immatriculées au cours du premier semestre 2010.
Source : Insee, enquête auto-entrepreneurs 2010.
Les auto-entrepreneurs travaillent avec des charges horaires hebdomadaires moyennes allant de moins de 8 heures à plus de 32 heures. Il y a à peu près autant d'auto-entrepreneurs travaillant plus de 16 heures que d'auto-entrepreneurs travaillant moins de 16 heures, en moyenne par semaine.
Dans la construction, beaucoup d'auto-entrepreneurs consacrent un grand nombre d'heures chaque semaine à leur auto-entreprise. Par contre, dans l'enseignement, la santé et l'action sociale, plus de la moitié accordent à leur auto-entreprise moins de 8 heures par semaine, en moyenne.
Les auto-entrepreneurs exercent leur activité essentiellement à leur domicile personnel (41 %) ou chez le client (41 %). 9 % d'entre eux sont non-sédentaires (commerce, restauration) et seuls 8 % utilisent un local dédié à leur activité ou une adresse professionnelle.
Les auto-entrepreneurs travaillant dans l'information et la communication, et ceux de l'industrie privilégient leur domicile personnel (respectivement 75 % et 65 %). Par contre, ceux de la construction travaillent presque exclusivement chez leur clientèle (85 %). En proportion, les non-sédentaires (ambulants...) sont un peu plus nombreux dans les secteurs du commerce et de la restauration (près d'un tiers). Enfin, dans l'hébergement et la restauration, ainsi que dans l'enseignement, la santé et l'action sociale, près d'un auto-entrepreneur sur quatre utilise un local dédié à son activité ou une adresse professionnelle.
L'activité d'auto-entrepreneur est souvent permanente et constitue une activité principale pour plus d'un auto-entrepreneur sur deux
Pour 84 % des auto-entrepreneurs ayant démarré une activité, celle-ci est permanente. Pour plus de 55 % d'entre eux, leur auto-entreprise constitue leur activité principale. Cette proportion atteint même 70 % dans le secteur de la construction.
Les auto-entrepreneurs ayant déclaré un chiffre d'affaires en 2010 réalisent un chiffre d'affaires mensuel moyen de plus de 1 000 euros (cette moyenne est calculée en rapportant le chiffre d'affaires déclaré à la durée effective d'activité).
Le chiffre d'affaires mensuel moyen est le plus élevé dans les secteurs de la restauration (1 460 euros) et de la construction (1 310 euros). Il est le plus faible dans les secteurs de l'enseignement, de la santé et de l'action sociale (725 euros), de l'industrie (720 euros) et des services aux ménages (690 euros). Enfin, il s'élève à 1 190 euros dans les activités de soutien aux entreprises (conseil), 970 euros dans l'information et la communication ainsi que dans le commerce.
Il est à noter que le chiffre d'affaires, à lui seul, ne préjuge pas des revenus retirés de l'activité : il faut considérer les coûts engagés qui peuvent varier fortement d'un secteur à un autre.
Trois auto-entrepreneurs sur quatre utilisent un ordinateur avec un accès à l'internet, mais ils réalisent peu de ventes en ligne
Dans le cadre de leur activité, près de trois auto-entrepreneurs sur quatre utilisent un ordinateur et ils disposent presque systématiquement d'un accès à l'internet. Seuls 6 % des auto-entrepreneurs qui utilisent un ordinateur n'en possèdent pas.
Cette proportion s'élève toutefois à 40 % dans le secteur de la restauration. Par contre, c'est dans le secteur de l'information et de la communication, et celui des activités de soutien aux entreprises (conseil) que l'usage de l'ordinateur avec l'internet est le plus répandu (respectivement 95 % et 86 %).
Moins d'un auto-entrepreneur sur trois possède un site internet, ouvert ou en construction. Ils sont à peine plus de 10 % dans le secteur de la construction. Le site internet sert essentiellement à présenter l'entreprise (23 % des auto-entrepreneurs) et peu (7 %) s'en servent pour vendre en ligne ; dans le secteur du commerce, cette proportion atteint tout de même 21 %.
Avec des clients nombreux, souvent des particuliers, les auto-entrepreneurs réalisent peu de sous-traitance ; mais, pour certains, elle est primordiale
Une majorité de nouveaux auto-entrepreneurs travaillent pour une clientèle diversifiée, notamment dans le secteur du commerce : deux auto-entrepreneurs sur trois ont au moins trois clients (34 % en ont de trois à dix et 30 % plus de dix). Par contre, dans les secteurs des activités de soutien aux entreprises (conseil) ou de l'information et de la communication, près de 60 % des auto-entrepreneurs n'ont qu'un ou deux clients. Pour 60 % des auto-entrepreneurs, la clientèle principale est constituée de particuliers avec lesquels ils réalisent l'essentiel de leur chiffre d'affaires. Pour d'autres (30 %), la clientèle est constituée d'entreprises et de comités d'entreprises, et pour 5 % des auto-entrepreneurs, les clients sont des administrations et des organismes publics ou parapublics. Enfin, 4 % travaillent principalement avec leurs anciens employeurs.
La sous-traitance est peu fréquente. Plus de 80 % des auto-entrepreneurs n'effectuent aucune sous-traitance ; mais, en revanche, pour plus de 10 % d'entre eux, elle est leur ressource principale. En particulier, 34 % des auto-entrepreneurs du secteur de la construction exécutent des travaux de sous-traitance, au contraire de la restauration où seuls 6 % des auto-entrepreneurs réalisent de tels travaux.
Une démarche souvent solitaire et complexe
Avec peu de moyens financiers et peu d'aides sociales, la moitié des auto-entrepreneurs ont monté leur projet sans l'aide de personne
Pour plus de quatre auto-entrepreneurs sur dix, la création d'une entreprise n'a nécessité aucun moyen financier au démarrage. Cette proportion atteint la moitié dans les secteurs de l'information et de la communication, des activités de soutien aux entreprises (conseil), de l'enseignement, de la santé et de l'action sociale.
Près d'un quart des auto-entrepreneurs ont eu besoin de moins de 1 000 euros pour démarrer et un autre quart ont utilisé entre 1 000 et 8 000 euros.
Seuls 6 % des auto-entrepreneurs ont eu recours à un budget de démarrage de plus de 8 000 euros, même si dans le secteur de l'hébergement et de la restauration, cette proportion s'élève à plus de 16 %.
48 % des auto-entrepreneurs ont monté leur projet seuls sans aucun appui, aussi bien en termes de soutiens financier et logistique que de conseil et d'information. 21 % ont fait appel à une structure dédiée à la création d'entreprises (chambres de commerce et d'industrie), 20 % à une personne autre que le conjoint et 14 % à leur conjoint.
En 2010, 69 % des auto-entrepreneurs n'ont bénéficié d'aucun dispositif d'aide sociale. Presque un auto-entrepreneur sur trois a bénéficié de l'aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d'entreprise (Accre), dont notamment près de deux chômeurs sur trois.
Les auto-entrepreneurs ont rencontré des difficultés d'information et d'accompagnement
21 % des nouveaux auto-entrepreneurs n'ont éprouvé aucune difficulté particulière lors de la création de leur entreprise.
Cependant, si la principale difficulté rencontrée est d'établir un contact avec la clientèle (pour 27 % des nouveaux auto-entrepreneurs), près d'un quart ont aussi rencontré diverses difficultés d'information et d'accompagnement : connaître la législation en vigueur (24 %), effectuer seul les démarches (23 %), obtenir des renseignements, demander des conseils ou des formations (23 %).
Le règlement des formalités administratives n'apparaît pas comme une difficulté importante pour les auto-entrepreneurs (18 %), contrairement aux autres créateurs d'entreprises.
Fixer le prix des produits et des prestations est également une difficulté pour 23 % des auto-entrepreneurs.
En revanche, trouver les moyens pour réaliser un projet, notamment son financement (11 %), l'assurance (8 %), le local (4 %), les relations avec la banque pour l'obtention d'un découvert (3 %) ou pour ouvrir un compte (3 %), est ressenti comme moins problématique.
Les femmes auto-entrepreneuses, plus présentes dans les secteurs des activités de soutien aux entreprises (conseil) et des services aux ménages et moins dans celui de la construction, ont été confrontées plus souvent que les hommes aux difficultés des auto-entrepreneurs de ces secteurs. Elles ont déclaré un peu plus souvent avoir rencontré des difficultés de contact et d'information, mais moins souvent des difficultés pour obtenir des moyens nécessaires à leurs projets.
Le principal inconvénient du régime de l'auto-entrepreneur est de ne pouvoir déduire du chiffre d'affaires les investissements, la TVA et les charges
16 % des auto-entrepreneurs ont déclaré ne voir aucun inconvénient au régime de l'auto-entrepreneur. Cette proportion est presque la même d'un secteur d'activité à un autre, de 15 % dans le secteur de la construction à 20 % dans celui de l'enseignement, de la santé et de l'action sociale. En revanche, pour 47 % d'entre eux, notamment pour les auto-entrepreneurs de la construction, du commerce, de la restauration et de l'industrie, un des principaux inconvénients du régime de l'auto-entrepreneur est de ne pouvoir déduire du chiffre d'affaires les investissements, la TVA ou les charges.
Par ailleurs, pour 36 % d'entre eux, les seuils des chiffres d'affaires fixés par le dispositif pour pouvoir bénéficier du régime de l'auto-entrepreneur sont trop bas, notamment pour les auto-entrepreneurs des secteurs de la construction (49 %), des activités de soutien aux entreprises (conseil) (42 %), de l'information et de la communication (45 %).
Enfin, 30 % des créateurs estiment que le régime de l'auto-entrepreneur souffre d'un manque d'information ou d'une personne référente, 24 % que les cotisations sociales ne devraient pas être calculées sur le chiffre d'affaires et 8 % souhaitent que des opérations avec l'Union européenne soient possibles.
Seuls 18 % des auto-entrepreneurs considèrent comme un inconvénient majeur le fait que le régime de l'auto-entrepreneur soit peu compatible avec l'embauche de salariés.
Les secteurs qui les attirent
Quatre secteurs d'activité concentrent les créations d'auto-entreprises : les activités de soutien aux entreprises (conseil), le commerce, les services aux ménages et la construction
La plupart des nouveaux auto-entrepreneurs créent leur auto-entreprise dans l'un des quatre secteurs d'activité suivants : les activités de soutien aux entreprises (conseil) (25 %), le commerce (21 %), les services aux ménages (17 %) et la construction (15 %) (graphique 3).
En revanche, d'autres secteurs d'activité comme l'enseignement, la santé et l'action sociale (8 %), l'information et la communication (6 %), l'industrie (4 %), l'hébergement et la restauration (2 %) attirent moins de nouveaux auto-entrepreneurs.
En comparaison avec les poids relatifs des micro-entrepreneurs et des actifs occupés dans les différents secteurs d'activité, les auto-entrepreneurs sont plus présents dans les activités de soutien aux entreprises (conseil) et dans les activités de services aux ménages. Pour une très large majorité des autres secteurs, le poids des auto-entrepreneurs est soit similaire à celui des micro-entrepreneurs (construction, commerce), soit plus faible (graphique 3).
graphiqueGraphique 3 - Répartitions des auto-entrepreneurs, des micro-entreprises et des actifs occupés selon le secteur d'activité
Champ : auto-entreprises immatriculées au cours du premier semestre 2010 ; micro-entreprises du secteur marchand non agricole en 2009 ; actifs occupés en France hors secteur agricole, en 2008.
Source : Insee, enquête auto-entrepreneurs 2010, Lifi 2009, Esane 2009, recensement de la population 2008 (France y compris DOM, exploitation complémentaire).
Île-de-France : davantage de créations d'auto-entreprises dans les activités de soutien aux entreprises (conseil)
En Île-de-France, la proportion de créations d'auto-entreprises dans le secteur des activités de soutien aux entreprises (conseil) est beaucoup plus importante que dans les autres régions (36 % contre moins de 25 % en province). Il en est de même pour le secteur de l'information et de la communication (10 % contre moins de 5 % en province). Ce secteur est, en Île-de-France, le quatrième secteur pour les créations d'auto-entreprises, avant celui de la construction.
Des auto-entrepreneurs plus jeunes et plus diplômés que l'ensemble des actifs
Parmi les auto-entrepreneurs, une majorité d'hommes mais des femmes plus diplômées
66 % des auto-entrepreneurs sont des hommes. Cependant, parmi les auto-entrepreneurs les plus diplômés, les femmes sont plus nombreuses ; elles représentent presque la moitié des auto-entrepreneurs ayant un diplôme plus élevé que « bac + 3 » (43 %).
Le secteur de la construction est très largement masculin (97 % d'hommes), ainsi que celui de l'information et de la communication (85 %). Les femmes sont plus présentes dans les services aux ménages et dans l'enseignement, la santé et l'action sociale où elles représentent plus de la moitié des nouveaux auto-entrepreneurs.
Les auto-entrepreneurs les plus diplômés (diplôme supérieur à « bac + 2 ») sont deux fois plus présents que l'ensemble des auto-entrepreneurs dans les secteurs des activités de soutien aux entreprises (conseil) (41 %), de l'enseignement, la santé et l'action sociale (16 %) et de l'information et de la communication (11 %).
Les auto-entrepreneurs les moins diplômés s'orientent vers le commerce et la construction. Ainsi, les titulaires d'un brevet sont 1,5 fois plus nombreux, en proportion, dans le commerce (33 %) et la construction (21 %) ; les titulaires d'un CAP ou d'un BEP sont deux fois plus nombreux dans la construction (30 %) que pour l'ensemble des auto-entrepreneurs.
Parmi les auto-entrepreneurs, les femmes choisissent plus fréquemment que les hommes les secteurs des services aux ménages (25 %), de l'enseignement, la santé et l'action sociale (12 %), de l'industrie (6 %). À l'inverse, les hommes choisissent plus fréquemment que les femmes les secteurs de la construction (22 %) et de l'information et de la communication (8 %) (graphique 4).
Plus de 90 % des auto-entrepreneurs sont français, près de 5 % sont étrangers de l'Union européenne et moins de 5 % étrangers hors Union européenne.
graphiqueGraphique 4 - Répartition des auto-entrepreneurs, hommes et femmes, selon le secteur d'activité
Champ : auto-entreprises immatriculées au cours du premier semestre 2010.
Source : Insee, enquête auto-entrepreneurs 2010.
Les auto-entrepreneurs sont plus diplômés que la population française
Les auto-entrepreneurs sont plus diplômés que la population française : 24 % ont un diplôme universitaire du deuxième ou troisième cycle ou d'une école d'ingénieur, 14 % un diplôme de l'enseignement supérieur du premier cycle, 20 % un baccalauréat (général ou technologique) ou un brevet supérieur, 23 % un CAP, un BEP ou un brevet de compagnon, 19 % ont au plus un brevet des collèges (graphique 5).
graphiqueGraphique 5 - Répartitions des auto-entrepreneurs et de la population non scolarisée selon le diplôme le plus élevé
Champ : auto-entreprises immatriculées au cours du premier semestre 2010 ; population âgée de 15 à 65 ans résidant en France métropolitaine et non scolarisée, en 2008.
Source : Insee, enquête auto-entrepreneurs 2010, recensement de la population 2008 (France métropolitaine, exploitation principale).
Les auto-entrepreneurs sont plus jeunes que l'ensemble des actifs
Créer son entreprise sous le statut d'auto-entrepreneur concerne des personnes de tous les âges.
42 % des créateurs d'auto-entreprises ont entre 20 et 34 ans (33 % pour l'ensemble de la population active) (graphique 6). La classe d'âge la plus fréquente est celle des 25 à 29 ans (17 %). Toutefois, même peu nombreux (8 %), les auto-entrepreneurs de 60 ans ou plus sont en proportion plus importante que dans la population active.
graphiqueGraphique 6 - Répartitions par âge des auto-entrepreneurs et des actifs
Champ : auto-entreprises immatriculées au cours du premier semestre 2010 ; actifs âgés de 15 à 65 ans résidant en France y compris les DOM.
Source : Insee, enquête auto-entrepreneurs 2010, recensement de la population 2008.
Les nouveaux auto-entrepreneurs de 2010 sont âgés d'un peu plus de 38 ans, en moyenne (38 ans et 9 mois pour les hommes, 38 ans et 6 mois pour les femmes).
Les nouveaux auto-entrepreneurs du secteur de l'information et de la communication sont en moyenne plus jeunes que les autres (34 ans et 5 mois). Au contraire, dans l'éducation, la santé et l'action sociale, ils sont plus âgés (41 ans et 7 mois).
Plus de 60 % des auto-entrepreneurs sont en couple (contre un peu plus de 50 % des Français de 20 à 65 ans).
Ceux qui ont continué souhaitent majoritairement développer leur activité tandis que ceux qui ont arrêté expliquent leur échec par la non-viabilité du projet ou par l'inadéquation du régime avec leur situation
Parmi les auto-entrepreneurs qui ont démarré leur activité et qui ne l'ont pas arrêtée, 63 % comptent la développer alors que 18 % envisagent de la maintenir à son niveau actuel.
26 % souhaitent la continuer en complément de leur activité principale (36 % parmi ceux qui sont, de plus, salariés).
Seuls 19 % pensent adopter un régime différent de celui de l'auto-entrepreneur.
Parmi les auto-entrepreneurs ayant cessé leur activité, les raisons qui expliqueraient la cessation sont d'abord la non-viabilité du projet (pour près d'un tiers), suivie de l'inadéquation du régime de l'auto-entrepreneur à leur situation (pour un quart). Pour 15 % d'entre eux, leur chiffre d'affaires était trop faible pour continuer leur activité, 13 % avaient une autre activité dont l'emploi du temps n'était pas compatible avec le régime de l'auto-entrepreneur. En revanche, le manque de financement et plus généralement de moyens n'est cité que par 8 % d'entre eux. Ces proportions varient assez peu d'un secteur d'activité à un autre.
Près de 50 % des auto-entrepreneurs qui ont cessé leur activité exercent à nouveau leur précédente activité, plus de 25 % recherchent un emploi, 19 % adoptent un autre statut et 7 % reprennent leurs études.
Définitions
Population résidant en France métropolitaine, hors inactifs et « sans activités professionnelles » en 2009, résultats en moyenne annuelle, d'après l'enquête emploi de l'Insee.
Sources
Système d'information sur les nouvelles entreprises / SINE
Le monde des entreprises est en perpétuel renouvellement. Des entreprises nouvelles voient le jour tandis que d'autres disparaissent ou sont reprises. Pour suivre les nouvelles entreprises au cours du temps et disposer d'informations sur leurs créateurs, les montages de projets ou encore les difficultés rencontrées les premières années d'existence, l'Insee a créé un Système d'information sur les nouvelles entreprises (Sine). Ce dispositif vise à étudier de façon permanente et régulière la naissance et la vie des jeunes entreprises.
Le dispositif Sine comporte deux volets : une enquête sur les auto-entreprises et l'autre sur les entreprises « classiques ».
Cet Insee Résultats présente les résultats tirés d'une cohorte d'auto-entreprises créées au premier semestre 2010, actives au 30 septembre 2010.
La fiche descriptive de l'enquête SINE est disponible dans la rubrique « Définitions, méthodes et qualité »
graphiqueCalendrier de l'enquête Sine auto-entrepreneurs
Pérennité à N années
Pour les auto-entrepreneurs ayant démarré leur activité, être pérenne, c’est être encore actif N années après l'immatriculation. Par exemple, un auto-entrepreneur immatriculé au premier trimestre 2010, ayant démarré son activité avant la fin de l’année 2010 et encore actif au premier trimestre 2015 est considéré comme pérenne à cinq ans. Le terme « pérennité » est donc ici exclusivement réservé aux auto-entrepreneurs ayant démarré.
En revanche, si on rapporte le fait d’être actif N années après l’immatriculation à l’ensemble des auto-entrepreneurs (ayant démarré leur activité ou non), on parle de proportion d’auto-entrepreneurs encore actifs sous ce régime à N années.
Définitions
Le régime de l'« auto-entrepreneur » s'applique depuis le 1er janvier 2009 aux personnes physiques qui créent ou possèdent déjà une entreprise individuelle pour exercer une activité commerciale, artisanale ou libérale (hormis certaines activités exclues), à titre principal ou complémentaire, et dont l'entreprise individuelle remplit les conditions du régime fiscal de la micro-entreprise et qui opte pour exercer en franchise de TVA.
Il offre des formalités de création d'entreprises allégées ainsi qu'un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l'impôt sur le revenu. L'auto-entrepreneur bénéficie :
- d'un régime micro-social simplifié ;
- d'une dispense d'immatriculation au registre du commerce et des sociétés (RCS) pour les commerçants, ou au répertoire des métiers (RM) pour les artisans ; toutefois, l'auto-entrepreneur qui crée une activité artisanale à titre principal, doit s'inscrire au RM.
- d'une exonération de TVA ;
- et sur option, d'un régime micro-fiscal simplifié (versement libératoire de l'impôt sur le revenu) et d'une exonération de la cotisation foncière des entreprises pendant 3 ans à compter de la date de création.
Les professions libérales relevant de la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d'assurance vieillesse (CIPAV) et créateurs d'activité à compter du 1er janvier 2009 peuvent également bénéficier du statut d'auto-entrepreneur. Depuis janvier 2011, l'auto-entrepreneur peut bénéficier du statut de l'EIRL (entrepreneur individuel à responsabilité limitée) en affectant à son activité professionnelle un patrimoine spécifique séparé de son patrimoine personnel. Il conserve toutefois le régime fiscal et social forfaitaire lié au régime de l'auto-entreprise.
Une création d'entreprise correspond à la mise en œuvre d'une nouvelle combinaison de facteurs de production avec pour restriction qu'aucune autre entreprise ne soit impliquée dans cet évènement.
Les créations d’entreprises sont en fait des créations d’unités légales. On parle néanmoins de créations d’entreprises en raison de la spécificité de la situation au moment de la création. En effet, au moment de son immatriculation, il n’est pas possible de déterminer si une unité légale est indépendante ou appartient à un groupe. Par défaut, au moment de la création, toute entité est donc indépendante et considérée comme une entreprise.
La statistique mensuelle des créations d'entreprises est constituée à partir du dispositif SIDE (Système d’information sur la démographie d’entreprises). Ce dispositif est alimenté à partir de données du répertoire Sirene, enrichies d’éléments provenant du répertoire statistique Sirus.
Les créations d'entreprises correspondent aux unités légales du répertoire Sirene qui enregistrent un début d'activité relevant de l'un des cas suivants :
- l'immatriculation d'une nouvelle unité légale avec création d'une nouvelle combinaison de facteurs de production ;
- le cas où l'entrepreneur redémarre une activité après une interruption de plus d'un an (il n'y a pas de nouvelle immatriculation mais reprise de l'ancien numéro Siren, en général pour un entrepreneur individuel) ;
- le cas où l'entrepreneur redémarre une activité après une interruption de moins d'un an, mais avec changement d'activité ;
- la reprise par une unité légale nouvellement immatriculée de tout ou partie des activités et facteurs de production d'une autre unité légale, lorsqu'il n'y a pas de continuité économique entre la situation du cédant et celle du repreneur.
On considère qu'il n'y a pas continuité économique de l'unité légale si, parmi les trois éléments suivants concernant son siège, au moins deux sont modifiés lors de la reprise : l'unité légale contrôlant l'établissement siège, l'activité économique et la localisation.
Depuis les données relatives à janvier 2009, à la suite de la mise en place du régime de l'auto-entrepreneur (renommé micro-entrepreneur, à compter du 19 décembre 2014), les statistiques de créations d'entreprises incluent les demandes de créations enregistrées dans Sirene au titre de ce régime. Ce dénombrement n'inclut pas les entrepreneurs déjà en activité avant le 1er janvier 2009 et qui avaient demandé, à titre dérogatoire au plus tard le 31 mars 2009, à bénéficier du régime micro-social et du versement fiscal libératoire en 2009.
La statistique de créations d'entreprises couvre l'ensemble des activités marchandes hors agriculture.
Depuis le 1er janvier 2007, la notion de création d'entreprise s'appuie sur un concept harmonisé au niveau européen pour faciliter les comparaisons.
Pour en savoir plus
« Fiches thématiques - Structure du système productif - Les entreprises en France », Insee Références - Édition 2016
« Créateurs d’entreprises : avec l’auto-entreprenariat, de nouveaux profils », Insee Première n° 1487, février 2014