Économie et Statistique n° 464-465-466 - 2013 Inégalités et discriminations : questions de mesure - Approches indirectes : la discrimination comme composante inexpliquée des inégalités - L'approche expérimentale : l'apport du testing - Approches subjectives : mesurer la discrimination ressentie

Economie et Statistique
Paru le :Paru le10/04/2014
Pascale Petit, Emmanuel Duguet, Yannick L’Horty, Loïc du Parquet et Florent Sari
Economie et Statistique- Avril 2014
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Discrimination à l'embauche : les effets du genre et de l'origine se cumulent-ils systématiquement ?

Pascale Petit, Emmanuel Duguet, Yannick L’Horty, Loïc du Parquet et Florent Sari

Cette étude évalue la discrimination à l'embauche à l'encontre des jeunes en Île-de-France à travers deux dimensions : l'effet du genre et l'effet de l'origine (française, maghrébine, africaine subsaharienne et asiatique). Elle est réalisée sur données expérimentales de testing selon un protocole permettant d'examiner les effets croisés de ces deux dimensions. On s'intéresse aux discriminations pour une profession qualifiée et en tension, les informaticiens de niveau Bac + 5, pour laquelle les discriminations devraient a priori être très réduites. Pour cette profession, nous avons construit huit profils fictifs de candidats à l'emploi, similaires en tous points à l'exception des sources potentielles de discrimination. Entre début février et début avril 2009, nous avons envoyé 2 424 candidatures en réponse à 303 offres d'emploi. L'étude consiste en une exploitation statistique et économétrique des résultats de ces envois. Nous trouvons de fortes discriminations à l'embauche à la fois selon le genre et selon l'origine. Quelle que soit leur origine, les femmes ont une probabilité plus faible d'accéder à un entretien d'embauche. Quel que soit leur genre, les français d'origine étrangère ont une probabilité plus faible d'accéder à un entretien d'embauche. Cela est vrai pour tous les profils à une exception près, les femmes d'origine asiatique, qui ont une probabilité plus forte que les autres femmes d'être invitée à un entretien d'embauche et qui ont également une probabilité plus forte que les hommes d'origine asiatique d'accéder à l'emploi. Nos résultats tendent à montrer que le cumul de plusieurs facteurs de discriminations ne conduit pas nécessairement à une stricte addition des pénalités.

Economie et Statistique

No 464-465-466

Paru le :10/04/2014