Économie et Statistique n° 412 - 2008 La relation entre le niveau du salaire perçu et les transitions d'emploi à emploi en France - Flux d'emploi et de main-d'œuvre en France : un réexamen - Les effets incitatifs de la prime pour l'emploi : une évaluation difficile
Flux d'emploi et de main-d'œuvre en France : un réexamen
Claude Picart
Les flux d'emploi et de main-d'œuvre sont au cœur des analyses récentes du marché du travail. L'ampleur des flux bruts d'emploi (créations + destructions), au regard des flux nets (créations - destructions), a contribué au renouveau des analyses schumpetériennes en termes de destruction créatrice. Il était jusqu'à présent admis que les flux bruts d'emploi sont du même ordre de grandeur dans des pays aussi différents que la France et les États-Unis, ce qui va à l'encontre du lien attendu entre protection de l'emploi et réallocations. Les flux de main-d’œuvre font l’objet d’interprétations divergentes entre ceux qui y voient, dans le cadre de modèles d’appariement, un simple prolongement des flux d’emploi et ceux qui soulignent leur spécificité. La présente étude utilise la possibilité de suivre les salariés sur deux ans dans les DADS pour corriger la mesure des flux d'emploi des flux artificiels engendrés par les changements d'identifiant des établissements. Cette correction réduit de moitié les flux d'emploi qui se révèlent ainsi nettement moins importants en France qu'aux États-Unis. La même source permet d'étudier sur un champ quasi exhaustif la relation entre flux d'emploi et flux de main-d’œuvre. Les rotations ou excès des flux de main-d'œuvre sur les flux d'emploi, apparaissent plus liés à des caractéristiques sectorielles qu'aux flux d'emplois. Leur ampleur, révisée à la hausse par cette étude, est plus le signe d'un certain dualisme du marché du travail que de la vigueur du processus de destruction créatrice. À des secteurs offrant des emplois stables, des salaires élevés, attractifs et caractérisés par de faibles rotations s’opposent des secteurs où la rotation est intense, avec de bas salaires et davantage de jeunes. Des flux nets de salariés s’observent du premier groupe de secteurs vers le second, le déficit de ce dernier étant compensé par l’embauche de personnes sans emploi.
Economie et Statistique
No 412
Paru le :01/10/2008