Économie et Statistique n° 417-418 - 2008 Patrimoine : développements récents

Economie et Statistique
Paru le :Paru le01/06/2009
Luc Arrondel et Hector Calvo Pardo
Economie et Statistique- Juin 2009
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Les Français sont-ils prudents ? Patrimoine et risque sur le marché du travail

Luc Arrondel et Hector Calvo Pardo

« Constituer une réserve contre les circonstances imprévues », voilà comment Keynes (1936) commençait sa liste des « huit motifs principaux, ou raisons de caractère subjectif, qui poussent les individus à s'abstenir de dépenser leur revenu ». Cette épargne de précaution — notamment contre les aléas des ressources futures — modélisée trente ans plus tard par Leland (1968), Sandmo (1970) ou Drèze et Modigliani (1972) et renouvelée par Kimball (1993), a toujours été une des motivations principales avancées pour expliquer l'accumulation du patrimoine, à côté de la préparation de la retraite et de la transmission intergénérationnelle. La quantification de la prudence des épargnants face au risque de revenu futur a fait l'objet d'une abondante littérature empirique, cependant loin d'aboutir à un consensus. Pour résumer, d'un côté les méthodes de simulation calibrant (sur données réelles de revenu) des modèles théoriques de cycle de vie pour expliquer l’épargne des ménages aboutissent à un chiffre de l'ordre de 50 % pour la part du patrimoine de précaution dans le total, alors que de l'autre, les travaux économétriques proposent une fourchette allant de 1 % à 20 %. Ces dernières évaluations semblent plus raisonnables puisqu’en d’autres termes, quantifier le motif de précaution au-delà de 50 % signifierait que la moitié des inégalités de patrimoine pourrait être expliquée uniquement par la prudence des épargnants. L'objectif de notre travail est de quantifier le motif de précaution des épargnants français face à des risques portant sur leurs revenus futurs à partir des données de l'enquête Patrimoine 2004 de l'Insee. Les mesures de ces aléas sont subjectives, directement anticipées par un membre du ménage pour les cinq années futures. Elles concernent soit la probabilité de perdre son emploi, soit les évolutions possibles du revenu. Au final, le motif d'épargne de précaution apparaît limité chez les Français. Bien qu'elle dépende de la nature de la richesse envisagée, de

Economie et Statistique

No 417-418

Paru le :01/06/2009