La périurbanisation se poursuit dans l’aire urbaine de Saint-Lô mais l’activité marque le pas

Michel Moisan (Insee)

La population de l’aire urbaine de Saint-Lô continue de croître, mais uniquement dans la couronne périurbaine. En revanche, l’emploi recule, notamment dans le secteur marchand. La prédominance du tertiaire se renforce. Vieillissement de la population dans la ville centre et installation des "urbains-ruraux" au-delà même des limites de l’aire urbaine se conjuguent et conduisent à l’accroissement des distances entre domicile et lieu de travail.

Insee Flash Basse-Normandie
No 14
Paru le :Paru le19/12/2014
Michel Moisan (Insee)
Insee Flash Basse-Normandie No 14- Décembre 2014

Avec 52 400 habitants, l’aire urbaine de Saint-Lô est la quatrième de Basse-Normandie. Sa population a augmenté d’un peu plus de 0,3 % par an entre 2006 et 2011, soit un peu plus rapidement qu’entre 1999 et 2006. Cette croissance démographique est le seul fait de la couronne périurbaine, le pôle urbain perdant quant à lui des habitants. La situation est cependant différente dans les deux principales communes du pôle urbain : à Saint-Lô, la population décroît (- 0,8 % par an), tandis que la commune voisine, Agneaux, gagne de la population (+ 0,5 % par an). Dans ce pôle urbain, la part des habitants ayant 60 ans ou plus atteint 27,7 % (23,2 % en 2006).

Dans la couronne urbaine, la population est plus jeune. Les naissances y sont plus nombreuses que les décès. De plus, cette couronne urbaine attire de nouveaux habitants. Au total, la croissance de la population s’accélère, atteignant + 1,1 % entre 2006 et 2011. Il y a 35 ans, pour 100 habitants dans le pôle urbain, 80 vivaient dans la couronne. En 2011, pour 100 habitants dans le pôle urbain, 119 sont installés dans la couronne.

Figure_1Variation de la population entre 2006 et 2011 (en hab.)

Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2011

L’emploi recule

La population active a reculé dans un contexte de récession qui a brisé la croissance de l’emploi dans le secteur marchand. Entre 2006 et 2011, l’emploi a même baissé de 2,4 %. L’industrie, le secteur le plus exposé, a perdu 300 emplois (soit - 12 %, contre - 9 % en Basse-Normandie). La "vieille industrie" (textile, habillement, bois-papier, imprimerie...) a particulièrement souffert. En revanche, la carrosserie industrielle, le point fort du centre Manche et du sud Manche, tient bon. La construction a résisté, elle aussi, puis s’est enfoncée dans un marasme qui se prolonge encore.

Les services aux entreprises, les activités financières et le transport ont réduit eux aussi leur activité et leurs effectifs. Seules les activités informatiques émergent, avec CEV et SB Alliance Informatique. Dans les services aux particuliers, les situations sont diverses. L’emploi progresse dans le cœur de l’industrie touristique, hôtels, cafés et restaurants. En revanche, les particuliers-employeurs ont moins recours aux services rendus au domicile, au moins pour ce qui concerne les travaux déclarés.

Au final, la part du secteur non marchand progresse, passant de 38 % des emplois en 2006 à presque 40 % en 2011 (contre moins de 32 % en Basse-Normandie), confortant le profil de Saint-Lô, ville préfecture à vocation tertiaire. Si les effectifs ont baissé dans l’administration (y compris l’enseignement), ils ont crû notablement dans la santé et l’action sociale, les besoins étant en augmentation, par exemple pour l’accueil des personnes âgées et la garde des enfants. L’Hôpital Mémorial France Etats-Unis est le plus important employeur de l’aire urbaine (1 450 salariés) avec les services du Conseil général.

Figure_2Répartition des habitants par tranche d'âge en % dans l'aire urbaine de Saint-Lô

%
Répartition des habitants par tranche d'âge en % dans l'aire urbaine de Saint-Lô (%)
Aire urbaine Pôle urbain Couronne périurbaine
Moins de 20 ans 24 22 26
20 à 59 ans 51 51 51
60 ans et plus 25 28 23
  • Source : Insee, recensements de la population 2011

Figure_2Répartition des habitants par tranche d'âge en % dans l'aire urbaine de Saint-Lô

  • Source : Insee, recensements de la population 2011

Plus de commerces et de services de proximité en périphérie

La périurbanisation entraîne un lent déplacement des emplois du centre vers la périphérie. L’emploi a baissé de 3,2 % dans le pôle urbain et crû de 0,5 % dans la couronne urbaine. C’est un mouvement modeste qui ne remet pas en cause la prédominance du centre dans l’offre d’emplois tertiaires : les hôpitaux, les services du Conseil général et la grande distribution sont implantés à Saint-Lô ou à Agneaux. Toutefois, l’emploi tertiaire a crû de 11 % entre 2006 et 2011 dans la couronne, alors qu’il baissait de 2 % dans le pôle urbain. Dans la couronne, l’emploi tertiaire représente 55 % des emplois en 2011 contre 50 % en 2006. L’agriculture et l’industrie y offrent près de 30 % des emplois, contre 35 % en 2006. Dans le pôle urbain, agriculture et industrie sont réduits à la portion congrue (8 % des emplois), face à un secteur tertiaire prédominant (86 % des emplois). Cette structure d’emploi est plus favorable à  l’insertion des femmes dans le monde du travail.

Dans un contexte de réduction du nombre d’emplois dans le pôle urbain, les déplacements domicile-travail s’accroissent. Les habitants de la couronne sont presque aussi nombreux qu’en 2006 (près de 9 000) à rejoindre leur lieu de travail soit dans le pôle urbain soit dans sa couronne, mais bien plus nombreux à s’être éloignés de l’aire urbaine : 3 730 en 2011 contre 3 280 cinq ans auparavant. Inversement, malgré la baisse de l’offre dans l’aire urbaine, le nombre d’emplois occupés par des non-résidents de l’aire urbaine augmente. La proportion des emplois occupés par ces actifs a priori les plus éloignés de leur lieu de travail (huit fois sur dix il s’agit d’emplois situés dans le pôle urbain) passe de 31 % en 2006 à 34 % en 2011.

Figure_3Taux annuels moyens de variation 1999-2006 et 2006-2011 (en %)

Taux annuels moyens de variation 1999-2006 et 2006-2011 (en %)
Population en 2011 Taux annuel moyen de variation (%)
1999-2006 2006-2011
Ensemble de l'aire urbaine de Saint-Lô 52 374 + 0,28 + 0,34
Variation due au solde naturel + 0,30 + 0,26
Variation due au solde des entrées-sorties - 0,02 + 0,08
Pôle urbain 23 890 - 0,50 - 0,57
Variation due au solde naturel + 0,18 0,00
Variation due au solde des entrées-sorties - 0,68 - 0,57
Couronne urbaine 28 484 + 1,04 + 1,15
Variation due au solde naturel + 0,42 + 0,49
Variation due au solde des entrées-sorties + 0,62 + 0,66
  • Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2011

Figure_4L'emploi par secteurs détaillés en 2011

L'emploi par secteurs détaillés en 2011
Aire urbaine de Saint-Lô Basse-Normandie
Effectif % %
Agriculture, sylviculture et pêche 825 3,3 5,4
Industrie 2 343 9,3 16,1
dont Agroalimentaire 456 1,8 3,9
Automobile et autres transports 361 1,4 2,6
Textile, habillement, bois, papier, imrpimerie 345 1,4 1,8
Chimie, pharmacie, plastiques, caoutchouc 290 1,1 1,8
Construction 1 942 7,7 7,9
Commerce 3 503 14,0 12,8
Services marchands 6 478 25,7 25,9
dont Services aux entreprises 2 069 8,2 8,4
Services aux particuliers 1 972 7,8 9,2
dont Hébergement et restauration 650 2,6 3,8
Transports et entreposage 873 3,5 4,0
Activités financières, assurance 837 3,3 2,3
Services non marchands 10 016 39,9 31,8
dont Administration publique 3 664 14,6 8,7
Santé 2 362 9,4 7,1
Hébergement médico-social et action sociale 2 237 8,9 8,6
Enseignement 1 753 7,0 7,4
Ensemble 25 107 100,0 100,0
  • Source : Insee, recencement de la population 2011, exploitation complémentaire

Définitions

Les aires urbaines permettent d'analyser les zones d'influence des villes en terme d'emplois. Ce sont des ensembles de communes constitués par un pôle urbain de plus de 10 000 emplois et par les communes formant sa couronne dont au moins 40 % des actifs occupés travaillent dans le pôle ou dans les communes attirées par celui-ci.

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