Courrier des statistiques N5 - 2020

Le numéro N5 ne pouvait ignorer le caractère spécifique de 2020 : il commence donc par un article du directeur général de l’Insee sur l’adaptation de l’institut, de ses méthodes, au contexte exceptionnel de la crise sanitaire. Le Courrier s’intéresse ensuite à des sujets structurants de gouvernance, à travers l’Autorité de la statistique publique, qui tire un bilan de dix années d’existence, et l’expérience récente du Comité du label de la statistique publique.

Comment produire des données utiles à la décision publique ? Avec une représentation cartographique d’une grande souplesse, le carroyage permet de mieux appréhender la réalité des territoires. Avec une communication adaptée, les indicateurs de valeur ajoutée des lycées répondent au besoin d’évaluation et de pilotage interne, comme aux attentes des citoyens et des médias. Avec un modèle de microsimulation dynamique sur les retraites, Prisme accompagne le législateur qui veut faire évoluer la réglementation.

Enfin, le dernier article soulève une question simple : qu’est-ce qu’une donnée ? Exploiter ce matériau constitue le cœur de métier du statisticien, mais en mesure-t-il bien toutes les dimensions ?

Courrier des statistiques
Paru le :Paru le31/12/2020
Odile Rascol, rédactrice en chef, Insee
Courrier des statistiques- Décembre 2020
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Présentation du numéro

Odile Rascol, rédactrice en chef, Insee

Même si le Courrier des statistiques n’a pas vocation à être adhérent à l’actualité, ce deuxième numéro de l’année 2020 ne pouvait pas passer à côté : comment fonctionne un institut national statistique en temps de crise sanitaire ? Au-delà du fonctionnement interne à l’Insee, forcément particulier en période de confinement, il était important que son directeur général Jean-Luc Tavernier témoigne de la manière dont l’institut s’est adapté pour jouer pleinement son rôle dans le débat public : produire de nouvelles statistiques, innover dans l’exploitation de nouvelles sources, dans les méthodes d’élaboration du diagnostic conjoncturel, faire preuve d’agilité. Ces maîtres mots des orientations stratégiques de l’Insee ont pris une saveur particulière en 2020.

Avec les deux articles suivants, le Courrier s’intéresse à des sujets structurants pour la gouvernance du service statistique public (SSP) français. Dominique Bureau revient ainsi sur l’Autorité de la statistique publique, qu’il préside, et dresse un bilan des dix années écoulées depuis sa création. Avec l’ASP, la tradition d’indépendance du SSP, tant dans la production que la diffusion de ses données, bénéficie d’un cadre réglementaire conforme aux engagements européens, et d’une instance chargée de contrôler son application. Cette exigence s’étend désormais au champ des statistiques publiques élaborées par d’autres organismes ayant des missions de service public. Nicole Roth et Marc Christine détaillent le rôle du Comité du label dans la labellisation de ces statistiques. Ils rappellent aussi le mode d’intervention du Comité sur le champ plus traditionnel des enquêtes de la statistique publique. L’ASP et le Comité du label travaillent ainsi de concert, pour garantir le respect des standards de qualité méthodologique et de transparence du Code de bonnes pratiques européen. À l’ère du numérique et de l’explosion des data, les défis de la « qualification » des statistiques prennent toute leur importance.

L’article suivant s’intéresse autant aux données qu’à une manière de les valoriser : le carroyage. Cette technique permet une visualisation cartographique originale de statistiques issues de données individuelles. Valérie Darriau décrit comment le chargé d’études à l’Insee, comme le cartographe dans une collectivité locale, peuvent ainsi se placer au plus près des besoins d’études des acteurs du débat public local. L’expérience française ouvre des perspectives mais soulève aussi de redoutables problématiques d’interprétation et de garantie du secret.

L’article de Franck Evain sur les indicateurs de valeur ajoutée des lycées, se penche sur la manière dont un service statistique ministériel travaille sa communication pour améliorer le « bon usage » des indicateurs qu’il produit. Car quand la réponse aux besoins de pilotage interne d’une administration débouche sur le développement de données d’évaluation, ces données intéressent alors aussi bien le citoyen que les médias : l’exemple des IVAL permet de mesurer les écueils d’une communication mal maîtrisée, et les avantages à prendre les devants dans ce domaine.

Le numéro N4 avait largement développé la thématique des modèles de microsimulation. L’article de Bryan Bellanger et Samuel Goujon apporte une nouvelle contribution à la connaissance de ces modèles de plus en plus utilisés. Avec Prisme, le modèle dynamique développé à la Cnav sur les régimes de retraite, les auteurs ne se limitent pas à une présentation technique : ils abordent les atouts d’un modèle développé au sein d’un régime de retraite avec la proximité de la sphère métier. Le modèle, qui a été progressivement étendu à tous les régimes de retraite, permet aujourd’hui d’éclairer le législateur en période de réforme, ce qui était encore récemment à l’ordre du jour en France, jusqu’à ce qu’une autre actualité nous rattrape.

Enfin, Pascal Rivière revient sur une question au cœur du métier de statisticien, en apparence simple : qu’est-ce qu’une donnée ? Pour travailler efficacement des données, il faut savoir comment les caractériser, les appréhender dans leur environnement, et plus généralement ne pas omettre d’explorer chaque facette de ce matériau si divers. Avec cet article, l’auteur nous encourage à prendre de la distance avec l’objet du quotidien des statisticiens.