Séances 2014-2015 du séminaire inégalités

L'Insee et la statistique publique
Dernière mise à jour le : 26/06/2015

Séance thématique : ségrégation et discrimination - 7 novembre 2014

Discussion introduite par : Patrick Simon (Ined)

Nouvelle évaluation de la ségrégation spatiale des immigrés, 1968-2007

Jean-Louis Pan Ké Shon (Crest-Lsq, Insee) & Gregory Verdugo (Banque de France)

Résumé :

L'étude examine les tendances de long terme de la ségrégation spatiale des immigrés en France entre 1968 à 2007. Durant cette période, la proportion d'immigrés a augmenté et leurs origines se sont diversifiées. Malgré cela, les niveaux moyens de la ségrégation spatiale sont restés modérés. Le nombre d'« enclaves » d'immigrés a augmenté mais la concentration moyenne a diminué par la réduction du nombre de quartiers (IRIS) fortement concentrés et ceux abritant peu d'immigrés. Il n'existe pas de quartiers mono-ethniques, ni de ghettos. De nombreux migrants vivent dans des quartiers faiblement concentrés.

Présentation (pdf, 173 Ko )

Effets de quartier, discrimination territoriale et accès à l'emploi

Mathieu Bunel (Université de Bourgogne, Lédi, Tepp), Yannick L'Horty & Pascale Petit (Université Paris-Est, Erudite, Tepp)

Résumé :

L'objet de cette étude est de mesurer la discrimination à l'embauche à l'encontre des jeunes en Île-de-France en raison du lieu de résidence en considérant plusieurs échelles spatiales de façon à distinguer l'effet de la réputation du département, celui de la localité et celui du quartier. L'évaluation est réalisée sur données de testing. On s'intéresse aux discriminations pour deux professions en tension du secteur de la restauration; pour chacune, nous avons construit 6 candidatures fictives de jeunes hommes, similaires en tous points à l'exception de la caractéristique testée : le lieu de résidence. Entre octobre 2011 et février 2012, nous avons envoyé 2988 candidatures en réponse à 498 offres d'emploi localisées en Ile-de-France. L'étude consiste en une exploitation statistique et économétrique des réponses à ces envois.

Présentation (pdf, 1 Mo )

Contributivité et redistribution du système français de retraite sur cycle de vie - 16 janvier 2015

Présentation par : Yves Dubois et Anthony Marino (Insee)

Discutante : Carole Bonnet (Ined)

Résumé :

Dans cette étude, nous nous proposons de mesurer les degrés de contributivité et de redistribution du système de retraite français, en estimant notamment le rendement pour différentes générations et différents types d'assurés. Cela implique de prendre en compte pour les individus ou cohortes considérés, à la fois pour la période de carrière et celle de retraite, les dimensions monétaires (niveau de prélèvement et niveau de pension) et de durée (durée de cotisation et durée de service). Dans cette optique, nous utilisons le modèle de microsimulation dynamique Destinie 2, qui permet de projeter à long terme les montants de pension. Nous considérons deux indicateurs de rendement : le taux de rendement interne et le taux de récupération. Nous décomposons ce dernier pour mettre en lumière les dimensions d'effort contributif et de redistribution.

D'un point de vue intergénérationnel, nous comparons le rendement pour chaque cohorte en soulignant sa sensibilité à trois déterminants : (1) le taux de croissance ; (2) le partage de la vie entre scolarité, activité et retraite ; et enfin (3) le niveau de prélèvement. S'agissant plus particulièrement du niveau de prélèvement, la diversification du financement du système de retraite nous a conduit à considérer la majeure partie des ressources indirectes, en plus des seules cotisations. Au sein d'une même génération, le système de retraite présente également des disparités de rendement que nous nous proposons de mesurer. Certaines peuvent être indirectement dues au système de retraite, via par exemple les différences d'espérance de vie. D'autres s'expliquent directement par des règles propres à la législation en matière de retraites, comme les droits familiaux et conjugaux.

Présentation (pdf, 550 Ko )

Voir aussi : Indicateurs de rendement du système de retraite français, Document de travail n° G2015/02, février 2015

Séance thématique « Inégalités entre les femmes et les hommes » - 13 février 2015

Discutante : Hélène Périvier (Ofce et Sciences-Po PRESAGE)

Analyse croisée des inégalités sexuées, sociales et territoriales dans les quartiers de la politique de la ville et les « territoires ruraux fragilisés »

Romain Sabathier (Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes)

Résumé :

Le rapport EGAliTER du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes, remis le 19 juin 2014 au Gouvernement, contribue à dresser un diagnostic statistique des inégalités entre les femmes et les hommes à l'échelle de deux types de territoires - les zones urbaines sensibles et les « territoires ruraux fragilisés ». Ce diagnostic chiffré, complété par une analyse qualitative à partir de la littérature existante et de plus de 40 auditions, fait ressortir des inégalités femmes-hommes renforcées et/ou spécifiques dans ces territoires. Le diagnostic s'articule autour de trois champs prioritaires : l'emploi ; l'espace public, la citoyenneté et les violences de genre ; l'accès aux droits et aux services. Le manque de données chiffrées à la fois sexuées et territorialisées a constitué une limite à ce travail, en particulier concernant les territoires ruraux.

Trajectoires d'activité des immigré-e- s récemment arrivé-e-s

Virginie Jourdan et Gérard Bouvier (DSED)

Résumé :

Les analyses transversales de l'insertion professionnelle des immigrés montrent des processus différents pour les hommes et les femmes, mais rencontrent vite des limites. Notre analyse rappellera les principaux faits stylisés. L'analyse longitudinale des trajectoires professionnelles pendant trois ans des nouveaux migrants, avec les données d'ELIPA, suivra. Si une part importante des femmes se porte sur le marché du travail, une part notable reste au foyer. Ces différentes trajectoires et alternances de situations seront présentées. À la différence des hommes, le projet familial impacte le parcours professionnel des nouvelles migrantes, avec notamment un comportement de fécondité original dont on proposera une première analyse.

Inégalités salariales femmes-hommes et parenté : l'apport des données appariées employeur-employé - 13 mars 2015

Présentation par : Lionel Wilner (Insee-Crest)

Discutante : Dominique Meurs (Paris-Ouest Nanterre EconomiX et Ined)

Résumé :

La littérature en économie du travail a documenté l'existence d'une perte de salaire horaire pour les mères suite à la naissance d'un enfant ; les pères, quant à eux, bénéficieraient d'une prime. Plusieurs éléments d'explication ont été avancés pour comprendre ces différences de salaire horaire associées à la parenté : la perte de capital humain relative au congé maternité, l'hétérogénéité individuelle inobservée (les caractéristiques intrinsèques des parents les conduiraient à percevoir des rémunérations particulières), un appariement endogène entre entreprises et salariés (les parents pourraient travailler dans des entreprises offrant des salaires spécifiques) ou encore la discrimination (y compris des réallocations de travail au sein des entreprises).

Cette étude se propose de caractériser de tels écarts dans le secteur privé en France entre 1995 et 2011, en s'appuyant sur l'appariement du panel tous salariés avec l'échantillon démographique permanent. Elle se fonde sur une modélisation qui introduit des effets-fixes entreprises et individus dans les déterminants du salaire horaire, et de manière générale qui tient compte au maximum des diverses explications précédentes. Elle s'attache notamment à éliminer l'hypothèse d'un appariement endogène entre employeurs et employés, selon laquelle les parents travailleraient dans des entreprises offrant des perspectives salariales moins favorables. Elle conclut à des pertes nettes de l'ordre de 3 % par enfant chez les femmes, contre des écarts non significatifs chez les hommes. Ces différences résiduelles s'apparenteraient à de la discrimination genrée.

Séance thématique : arrêts de travail, salaires et trajectoires professionnelles - 17 avril 2015

Discutant : Thomas Coutrot (Dares)

Comprendre les différences entre hommes et femmes de recours aux arrêts de travail

Claire Marbot (Drees), Catherine Pollak (Drees)

Résumé :

L'objectif de cet article est d'analyser les différences de recours aux arrêts de travail liés à la santé entre hommes et femmes en France. En mobilisant des données administratives sur les indemnités journalières versées aux salariés du régime général par l'assurance maladie, il dresse un état des lieux du recours aux arrêts de travail pour raison de santé en 2011 chez les hommes et les femmes selon leur âge (maladie, ATMP, maternité et paternité). L'écart de nombre moyen de jours d'arrêt entre hommes et femmes est ensuite décomposé afin d'en isoler la part expliquée par les grossesses et la part expliquée par les écarts de salaires. Les résultats indiquent que les femmes ont en moyenne 4,5 jours d'arrêts maladie de plus que les hommes par an. Les grossesses expliquent la quasi-totalité de ces écarts avant 35 ans (et 42 % des écarts au total). Pour les salariés de plus de 40 ans, la faible représentation des femmes dans les emplois les mieux rémunérés explique la moitié des écarts. L'écart varie selon le niveau de salaire, il est quasiment nul parmi les 25 % de salariés les mieux rémunérés.

L'effet des arrêts maladie sur les trajectoires professionnelles

Thomas Barnay (Créam - Université de Rouen), Julie Favrot (BETA - Université de Lorraine), Catherine Pollak (Drees)

Résumé :

Cette étude analyse l'effet des arrêts maladie sur la dynamique des trajectoires professionnelles. Elle mobilise des données administratives de carrière et de dépenses de santé des salariés affiliés au Régime général (panel Hygie 2005-2008). Une typologie est mise en œuvre pour caractériser les transitions entre cinq états (emploi sans arrêt, emploi avec peu d'arrêts, emploi avec arrêts longs, chômage et inactivité). Le recours à un modèle multinomial dynamique à effets fixes permet d'estimer l'effet des épisodes d'arrêt maladie sur le chômage et l'inactivité d'une année à l'autre en distinguant la dépendance d'état de l'hétérogénéité inobservée. Les résultats indiquent que mes risques de chômage et d'inactivité augmentent à la suite d'arrêts maladie lorsqu'ils dépassent 30 jours par an et ce de façon similaire pour les hommes et les femmes. Les salariés semblent anticiper ces risques de pénalités en limitant leur recours aux arrêts à la suite d'épisodes de chômage ou d'inactivité.

Logiques et dynamiques inégalitaires des conditions de vie au sein de l'UE (2010-2012). Une approche par l'analyse des données structurées - 22 mai 2015

Présentation par : Frédéric Lebaron (Université de Versailles - Saint-Quentin)

Discutant : Étienne Pénissat (Université de Lille 2, CERAPS)

Résumé :

À partir d'une exploitation secondaire des données de l'enquête européenne sur les conditions de vie (EU-SILC) entre 2010 et 2012, on étudie les logiques et les dynamiques inégalitaires des conditions de vie au sein de l'Union européenne, en se concentrant sur les rapports entre « groupes socio-économiques » tels qu'ils sont définis dans la nouvelle nomenclature ESeG.

L'approche consiste à construire un espace multidimensionnel des conditions de vie à l'aide de l'analyse des correspondances multiples (ACM) spécifique et d'étudier ensuite la structuration du nuage des individus à partir de plusieurs facteurs : pays, groupe socioéconomique (aux niveaux I et II), croisement pays X groupe. L'étude fait apparaître, outre la force des différences nationales et entre groupes (les premières étant plus prononcées), l'importance des interactions entre les facteurs pays et groupe, visualisées grâce à l'analyse des données structurées. Ces interactions conduisent à récuser l'utilisation mécaniste et indifférenciée de l'une ou l'autre de ces deux variables, qui sont par ailleurs liées entre elles.

Les logiques inégalitaires sont plus prononcées dans les pays d'Europe centrale et orientale que dans les pays nordiques et de l'Ouest, aussi bien s'agissant du niveau global de la qualité de vie que des différences entre environnements urbains et ruraux. La dynamique des conditions de vie entre 2010 et 2012 révèle par ailleurs des évolutions spécifiques, concentrées dans certains groupes socio-économiques au sein de certains pays.

La mobilité des niveaux de vie - 19 juin 2015

Présentation par : Jérôme Accardo (Insee)

Discutant : Nicolas Ruiz (Ocde)

Résumé :

Les indicateurs de niveaux de vie usuellement publiés (niveau de vie moyen ou médian, mesures d'inégalité, taux de pauvreté, etc.) se réfèrent au niveau de vie annuel des individus. Or, d'une année à l'autre, le niveau de vie d'un individu change. À partir des données en panel de l'enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV), l'étude documente sur la période 2004-2011 l'ampleur de ces changements et son effet de court et long terme sur la mesure des inégalités de niveau de vie, effet que la littérature désigne par le terme de mobilité. On précise en quoi cette approche éclaire l'analyse normative de l'évolution de la distribution des niveaux de vie.

Présentation (pdf, 614 Ko )