Insee Flash Grand Est · Juillet 2024 · n° 95

Dans le Grand Est, un actif entrant sur quatre arrive de l’étranger

Entre début 2019 et début 2020, plus de 135 00 actifs ont déménagé en France métropolitaine en provenance de l’étranger, soit 7 000 actifs de plus qu’au cours de l’année 2013 (+5,5 %). La région Grand Est attire 8,5 % d’entre eux, soit 11 000 personnes (+8,6 % par rapport à 2013). Le Grand Est se situe au quatrième rang des régions les plus attractives pour les actifs venant de l’étranger, derrière les régions Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie (où emménagent respectivement 33 %, 15 % et 9 % de ces actifs).

Dans le Grand Est, 26 % des actifs qui emménagent dans la région en 2019 arrivent de l’étranger ; ce chiffre place la région en deuxième position après l’Île-de-France, qui affiche la plus forte proportion avec 33 % d’installations (figure 1). À l’inverse, la Normandie, les Pays de la Loire et le Centre-Val de Loire accueillent proportionnellement moins d’actifs venant de l’étranger (entre 8 % et 11 %).

Les actifs arrivant de l’étranger pour emménager en France métropolitaine proviennent le plus souvent de pays frontaliers : Royaume-Uni, Espagne, Belgique, Suisse, Italie et Allemagne. Un tiers des arrivants résidaient auparavant dans ces pays. Le Maroc, l’Algérie, les États-Unis et le Canada font également partie des dix pays de provenance les plus fréquents.

Les arrivants des pays frontaliers privilégient souvent une région limitrophe pour leur installation. Ainsi, deux entrants sur trois en provenance du Luxembourg viennent habiter dans le Grand Est ; la moitié des actifs arrivant de Suisse s’installent en Auvergne-Rhône-Alpes ; et deux tiers des actifs venant de Belgique s’établissent dans les Hauts-de-France ou le Grand Est. L’Allemagne se place en 9^e position des pays de provenance des actifs, et 32 % des entrants allemands emménagent dans la région.

Dans le Grand Est, deux actifs arrivant de l’étranger sur cinq viennent des quatre pays frontaliers de la région (Allemagne, Belgique, Luxembourg, Suisse). Ils s’installent majoritairement dans les douze zones d’emploi frontalières : ils représentent 80 % des actifs entrants venant de l’étranger dans les zones d’emploi de Sedan et de Forbach, 70 % dans celles de Thionville et de Saint-Louis, 68 % dans celles de Charleville-Mézières et Saint-Avold, et 62 % dans celles de Sarreguemines et d’Haguenau (figure 2).

Ils emménagent plutôt dans les zones proches de leur pays de provenance. Dans les zones d’emploi de Forbach, Sarreguemines et Haguenau, ces nouveaux arrivants viennent en majorité d’Allemagne. Dans la zone d’emploi de Sedan, 70 % arrivent de Belgique. Dans celle de Thionville, 53 % vivaient auparavant au Luxembourg, et enfin dans celle de Saint-Louis, 48 % habitaient en Suisse.

Les nouvelles arrivées de l’étranger sont de plus en plus nombreuses : près de 1 000 arrivées supplémentaires dans le Grand Est par rapport à 2013. Leur part parmi les actifs entrants est en hausse de 2,0 points (de 24 % à 26 %), c’est la progression la plus forte après la région Île-de-France (+2,6 points). Cette part croît ou reste stable également dans les autres régions de France métropolitaine, à l’exception de la Corse où elle diminue.

En 2019, le nombre d’actifs en provenance du Luxembourg augmente de moitié par rapport à 2013, témoignant d’une attractivité accrue de la région pour les travailleurs de ce pays, à mettre en parallèle avec le prix du foncier. Une tendance à la hausse est également observée pour les arrivées de Suisse et de Belgique, mais elle est plus modérée. Les arrivées d’Allemagne restent stables (figure 3).

Le nombre d’actifs en provenance des pays non frontaliers s’accroît également. En 2019, deux arrivants de l’étranger sur dix proviennent d’un pays du reste de l’Union européenne. Leur part diminue de 5 points entre 2013 et 2019, contrairement à la part des actifs en provenance des autres pays du monde, qui augmente de presque 4 points. Parmi ces derniers, 9,2 % arrivent du Maroc, d’Algérie ou de Tunisie, 3,2 % du Royaume-Uni et 2,3 % des États-Unis. Plus des trois quarts des entrants non frontaliers résident dans les zones d’emploi de Strasbourg, Nancy, Mulhouse, Metz, Reims, Colmar et Troyes.

Parmi les actifs qui résidaient dans l’un des quatre pays frontaliers et qui se sont installés dans le Grand Est, 64 % travaillent à l’étranger en 2020, soit 9 points de plus qu’en 2014.

Ce phénomène est particulièrement marqué pour les actifs arrivant du Luxembourg : huit sur dix travaillent à l’étranger et cette part a progressé de 8 points depuis 2014. De même, plus de six entrants sur dix en provenance de Suisse ou d’Allemagne occupent un emploi hors de France.

Entre 2014 et 2020, la part des chômeurs parmi les actifs arrivant de l’étranger est passée de 30 % à 27 %. Les actifs originaires de pays non frontaliers sont plus sévèrement touchés par le chômage : 39 % sont à la recherche d’un emploi.

En provenance de Suisse, la moitié des actifs sont de nationalité française et un sur cinq de nationalité suisse. Près de la moitié de ceux arrivant de Belgique sont de nationalité belge et un peu moins de la moitié sont français. Pour les actifs qui habitaient en Allemagne, plus de la moitié sont allemands et un tiers sont français. Enfin, parmi les actifs arrivant du Luxembourg, 18 % sont luxembourgeois, 29 % sont portugais, et 39 % sont français.