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Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine · Juillet 2024 · n° 153
Insee Analyses Nouvelle-AquitaineServices à la personne : deux salariés sur trois travaillent uniquement pour des particuliers employeurs en Nouvelle-Aquitaine

Virginie Fabre, Magali Julé (Insee), Olivier Dufour, Eric Cléron, DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités)

En 2019, 110 000 salariés travaillent dans les services à la personne en Nouvelle-Aquitaine. Ils représentent 5 % de l’emploi salarié, ce qui place la Nouvelle-Aquitaine en tête des régions de France métropolitaine. Les volumes de travail sont faibles, la main-d’œuvre féminine et plutôt âgée. L’emploi direct prédomine. Ainsi, les deux tiers des salariés sont employés uniquement par des particuliers employeurs tandis que 27 % le sont par des organismes de services à la personne et 7 % par les deux à la fois.

Les salariés de particuliers employeurs réalisent des temps de travail réduits générant de faibles revenus. Par conséquent, ils multiplient le nombre d’employeurs. Avec un volume de travail plus important, les revenus salariaux annuels sont supérieurs dans les organismes malgré un salaire horaire moindre.

L’activité de ces organismes se développe grâce aux entreprises privées. Les associations demeurent toutefois le principal employeur, avec une activité plus orientée vers l’assistance aux personnes âgées ou dépendantes.

Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine
No 153
Paru le :Paru le11/07/2024
Services à la personne : deux salariés sur trois travaillent uniquement pour des particuliers employeurs en Nouvelle-Aquitaine.
Publication rédigée par :Virginie Fabre, Magali Julé (Insee), Olivier Dufour, Eric Cléron, DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités)

La Nouvelle-Aquitaine, au premier rang pour les services à la personne

En 2019, au cours de la semaine de référence, 110 000 salariés travaillent dans le secteur des services à la personne (SAP) en Nouvelle-Aquitaine. Les services à la personne recouvrent plusieurs activités, exercées au domicile des particuliers, qui facilitent la vie quotidienne des familles et l’accompagnement des enfants en bas âge, des personnes fragiles, âgées ou handicapées (pour comprendre).

Les services à la personne représentent 5 % de l’emploi salarié (contre 4 % en France métropolitaine). La région est donc au premier rang de l’Hexagone, suivie de près par l’Occitanie. Toutefois, l’ensemble des postes occupés par les salariés du secteur ne correspond qu’à 42 000 emplois en annuel.

À l’échelle départementale, le poids des services à la personne varie en fonction du tissu économique et de la démographie des territoires. Le recours à ces services est plus important dans les territoires où la proportion de personnes âgées est la plus forte. C’est le cas dans la Creuse et la Dordogne où la part des SAP dans l’emploi salarié est la plus élevée, soit respectivement 7 % et 6 % (figure 1). Dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques, cette part est également importante. C’est dans les Deux-Sèvres et la Gironde que la part des SAP dans l’emploi salarié est la plus faible, autour de 4 %.

Figure 1Nombre de salariés et part dans l’emploi salarié total des services à la personne (SAP) par département en 2019 en Nouvelle-Aquitaine

Nombre de salariés et part dans l’emploi salarié total des services à la personne (SAP) par département en 2019 en Nouvelle-Aquitaine
Code géographique Département Part de salariés (en %) Nombre de salariés
01 Ain 3,3 7 999
02 Aisne 4,1 7 624
03 Allier 5,2 5 927
04 Alpes-de-Haute-Provence 5,5 3 085
05 Hautes-Alpes 4,0 2 000
06 Alpes-Maritimes 4,8 19 831
07 Ardèche 4,0 4 617
08 Ardennes 4,3 3 899
09 Ariège 5,5 2 716
10 Aube 4,0 2 769
11 Aude 5,9 6 786
12 Aveyron 4,7 4 441
13 Bouches-du-Rhône 3,7 29 234
14 Calvados 4,7 12 683
15 Cantal 4,7 2 322
16 Charente 5,1 6 347
17 Charente-Maritime 5,4 12 177
18 Cher 4,5 4 776
19 Corrèze 5,0 4 207
20 Corse 4,2 4 935
21 Côte-d'Or 3,5 7 223
22 Côtes-d'Armor 4,4 9 409
23 Creuse 7,1 2 496
24 Dordogne 6,4 8 628
25 Doubs 3,4 6 188
26 Drôme 4,1 7 842
27 Eure 4,0 9 387
28 Eure-et-Loir 3,8 6 353
29 Finistère 4,1 13 609
30 Gard 4,6 11 583
31 Haute-Garonne 3,8 22 679
32 Gers 6,0 3 955
33 Gironde 4,2 27 956
34 Hérault 4,8 19 820
35 Ille-et-Vilaine 3,4 15 038
36 Indre 5,1 3 898
37 Indre-et-Loire 4,6 10 783
38 Isère 3,4 17 798
39 Jura 3,4 3 172
40 Landes 5,8 8 764
41 Loir-et-Cher 5,0 6 100
42 Loire 3,8 10 546
43 Haute-Loire 3,9 3 235
44 Loire-Atlantique 3,5 21 214
45 Loiret 3,3 8 979
46 Lot 6,4 3 581
47 Lot-et-Garonne 5,1 5 728
48 Lozère 4,0 1 010
49 Maine-et-Loire 3,9 12 591
50 Manche 5,2 9 620
51 Marne 3,5 7 456
52 Haute-Marne 4,4 2 617
53 Mayenne 3,3 3 909
54 Meurthe-et-Moselle 3,4 8 464
55 Meuse 3,8 2 379
56 Morbihan 4,3 11 826
57 Moselle 4,0 13 050
58 Nièvre 5,2 3 399
59 Nord 3,7 35 086
60 Oise 2,9 9 556
61 Orne 5,3 5 012
62 Pas-de-Calais 4,3 23 003
63 Puy-de-Dôme 3,8 9 529
64 Pyrénées-Atlantiques 5,6 13 838
65 Hautes-Pyrénées 5,8 4 545
66 Pyrénées-Orientales 4,9 7 391
67 Bas-Rhin 3,5 15 668
68 Haut-Rhin 3,7 9 614
69 Rhône 3,5 27 715
70 Haute-Saône 3,5 3 018
71 Saône-et-Loire 4,5 8 890
72 Sarthe 4,2 9 112
73 Savoie 3,2 5 717
74 Haute-Savoie 3,3 9 148
75 Paris 4,6 48 887
76 Seine-Maritime 4,1 19 711
77 Seine-et-Marne 2,4 15 148
78 Yvelines 3,9 24 954
79 Deux-Sèvres 4,1 5 891
80 Somme 4,4 9 108
81 Tarn 5,6 7 499
82 Tarn-et-Garonne 4,7 4 339
83 Var 5,3 19 740
84 Vaucluse 4,4 8 938
85 Vendée 3,9 10 280
86 Vienne 4,6 7 388
87 Haute-Vienne 4,9 6 416
88 Vosges 3,4 4 371
89 Yonne 4,2 5 068
90 Territoire de Belfort 3,4 1 687
91 Essonne 2,8 16 590
92 Hauts-de-Seine 4,5 34 496
93 Seine-Saint-Denis 4,2 28 961
94 Val-de-Marne 3,7 23 502
95 Val-d'Oise 3,2 17 494
  • Champ : Ensemble des salariés exerçant dans les services à la personne au cours d’une semaine moyenne.
  • Sources : Insee, Déclaration sociale nominative (DSN) et Particuliers employeurs anonymisés (PEA) 2019 ; Direction Générale des Entreprises, Nova 2019 (extranet de l’Agence nationale des services à la personne).

Figure 1Nombre de salariés et part dans l’emploi salarié total des services à la personne (SAP) par département en 2019 en Nouvelle-Aquitaine

  • Champ : Ensemble des salariés exerçant dans les services à la personne au cours d’une semaine moyenne.
  • Sources : Insee, Déclaration sociale nominative (DSN) et Particuliers employeurs anonymisés (PEA) 2019 ; Direction Générale des Entreprises, Nova 2019 (extranet de l’Agence nationale des services à la personne).

Un secteur avec de faibles volumes de travail, plutôt féminisé et âgé

Les revenus salariés des SAP sont faibles dans la région comme en France métropolitaine. En 2019, la moitié des salariés employés uniquement dans ce secteur gagnent moins de 7 400 euros brut annuels. Les trois quarts perçoivent un salaire inférieur à 15 200 euros, soit 28 % de moins qu’un salarié à temps complet touchant le Smic (21 200 euros).

Un temps de travail réduit explique cette moindre rémunération, et ce malgré le cumul d’emplois dans le secteur (figure 2). Les salariés des SAP effectuent en moyenne 40 % des 1 880  d’un temps complet. Deux salariés sur trois travaillent moins d’un équivalent mi-temps (moins de 1 000 heures) et pratiquement la moitié, moins d’un quart de temps (moins de 500 heures).

Figure 2Les caractéristiques des salariés des services à la personne en 2019 en Nouvelle-Aquitaine

Les caractéristiques des salariés des services à la personne en 2019 en Nouvelle-Aquitaine - Lecture : 110 000 salariés travaillent pour les services à la personne en moyenne chaque semaine en 2019.
Type de salariés Nombre de salariés Part des femmes (en %) Part des 55 ans ou plus (en %) Revenu salarial horaire brut médian par poste (en euros) Nombre d’heures moyen dans l’année par salarié Part des salariés travaillant également hors services à la personne (en %)
Salariés des particuliers employeurs 81 000 85,5 44 14,3 530 29,5
Salariés des organismes de services à la personne 38 000 94,0 26 11,3 945 10,0
Ensemble des salariés des services à la personne 110 000 87,5 38 14,1 745 24,5
  • Note : Un salarié peut être à la fois un salarié d’un particulier employeur et un salarié d’un organisme de services à la personne. La somme du nombre de salariés des particuliers employeurs et des organismes des services à la personne est donc supérieure au nombre total de salariés des services à la personne. Statistique au lieu de résidence des salariés.
  • Lecture : 110 000 salariés travaillent pour les services à la personne en moyenne chaque semaine en 2019.
  • Champ : Ensemble des salariés exerçant dans les services à la personne au cours d’une semaine moyenne.
  • Sources : Insee, base tous salariés 2019, Particuliers employeurs anonymisés (PEA) 2019 ; Direction Générale des Entreprises, Nova 2019 (extranet de l’Agence nationale des services à la personne), redressements Dares.

Par ailleurs, la multi-activité chez les salariés des SAP est répandue : un quart de ces employés travaillent également dans des activités hors services à la personne, comme en France métropolitaine. Ceci est sans doute un moyen de réduire les risques liés à la perte d’un emploi et de remédier au volume insuffisant de travail (encadré 1).

Les métiers des SAP sont fréquemment occupés par des femmes et des salariés plutôt âgés. Près de neuf salariés sur dix sont des femmes. De plus, 38 % des salariés ont plus de 55 ans (8 % ont 65 ans ou plus) contre 17 % de l’ensemble des salariés tous secteurs confondus. A contrario, les jeunes sont moins nombreux : 18 % ont moins de 35 ans, contre 29 % pour l’ensemble des salariés.

Deux tiers des salariés travaillent pour un particulier employeur dont la moitié pour au moins trois

Les salariés des services à la personne sont, soit employés directement par un ou des particuliers, soit par l’intermédiaire d’un organisme de services à la personne (OSP) qui facture la prestation aux particuliers. Ils peuvent aussi cumuler ces deux types d’employeurs. En Nouvelle-Aquitaine, 67 % travaillent uniquement pour des particuliers employeurs, 27 % pour des OSP et 7 % cumulent les deux.

L’emploi direct entre un salarié et un particulier reste donc prédominant. Avec plus de 250 000 particuliers employeurs, la Nouvelle-Aquitaine se situe au deuxième rang après l’Île-de-France. En 2019, 81 000 salariés exercent une activité avec un contrat les reliant à un ou plusieurs employeurs. Près des deux tiers des salariés ont plusieurs particuliers employeurs : 16 % en ont deux, 48 % trois ou plus dont 25 % exerçant simultanément auprès de six ou plus.

Les salariés des particuliers employeurs disposent d’un niveau de rémunération plutôt faible. La moitié gagne moins de 4 500 euros brut annuels en 2019 du fait de leur activité dans les services à la personne. Les trois quarts perçoivent un salaire brut inférieur à 10 800 euros sur l’année, soit 10 400 euros de moins qu’un salarié à temps complet touchant le Smic. La moitié des salariés des OSP gagnent plus de 10 400 euros brut annuels et un quart perçoivent plus de 16 800 euros.

Le salaire horaire est plus élevé pour les employés de particuliers employeurs que pour ceux des OSP (14,3 euros brut de l’heure contre 11,7 euros). C’est donc le plus faible temps de travail qui explique le moindre revenu des salariés de particuliers employeurs. Les salariés de particuliers employeurs travaillent en moyenne 530 heures sur une année tous contrats particuliers employeurs confondus, alors qu’un salarié des OSP exerce en moyenne 945 heures. Ces faibles temps de travail accentuent leur pluriactivité : 30 % travaillant en dehors du secteur contre 10 % des employés des organismes.

En cumulant plusieurs emplois, les salariés de particuliers employeurs travaillent donc à plusieurs adresses. Les trois quarts exercent en dehors de leur commune de résidence ; un quart effectue plus de 30 minutes de trajet entre leur domicile et celui de l’employeur le plus éloigné de chez eux. À cela s’ajoutent les déplacements de chez un particulier à un autre, ce qui peut augmenter considérablement le temps de trajet quotidien.

En tête des organismes de services à la personne, le milieu associatif privilégie l’assistance aux personnes âgées ou dépendantes

En Nouvelle-Aquitaine, 1 500 OSP emploient 38 000 salariés en 2019. Ces organismes peuvent prendre plusieurs formes : une entreprise privée (59 % des OSP), une association (32 %), ou un organisme public. Cependant, les associations concentrent 48 % des postes salariés du secteur. Le milieu associatif domine largement dans le Lot-et-Garonne et la Creuse, il est minoritaire dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.

Le volume annuel moyen pour un salarié varie de 795 heures dans les OSP qui sont des entreprises, à 980 heures dans les associations, et atteint 1 200 heures dans les organismes publics. Les interventions de salariés auprès des personnes âgées ou dépendantes représentent deux tiers des heures rémunérées des OSP, soit légèrement plus qu’en France métropolitaine (63 %) (figure 3). En deuxième position, l’activité de ménage représente 25 % des heures prestataires.

Les activités diffèrent selon le type d’organisme. Les associations et les organismes publics sont plutôt orientés vers l’assistance aux personnes âgées ou dépendantes (73 % des heures prestataires) et le ménage (respectivement 25 % et 30 % des heures prestataires). Les entreprises privées concentrent plutôt les activités de garde d’enfants, le jardinage et bricolage et le soutien scolaire.

En quelques années, l’offre de services à la personne a augmenté à la fois en nombre d’établissements et en volume d’activité (nombre d’heures rémunérées) (encadré 2).

Figure 3La répartition des heures prestataires des établissements d’OSP (organisme de services à la personne)

(en %)
La répartition des heures prestataires des établissements d’OSP (organisme de services à la personne) ((en %))
Type d’organisme de services à la personne Assistance aux personnes âgées ou dépendantes Ménage Garde d’enfants Jardinage/bricolage Soutien scolaire Autres
Ensemble des organismes en France métropolitaine 62,7 26,1 4,8 4 0,1 2,2
Ensemble des organismes en Nouvelle-Aquitaine 64,8 26 3,5 4 0,1 1,6
Organismes publics 73,1 23,2 0 0,1 0 3,6
Associations 72,5 24,6 0,4 1,7 0 0,8
Entreprises 48,8 29,8 10 9,6 0,2 1,6
  • Note : Un établissement peut proposer plusieurs activités.
  • Champ : Établissements d’OSP ayant des salariés en poste au cours de l’année 2019, dont le nombre d’heures prestataires est strictement positif.
  • Sources : Insee, Déclaration sociale nominative (DSN) 2019 ; Direction Générale des Entreprises, Nova (extranet de l’Agence nationale des services à la personne) 2019.

Figure 3La répartition des heures prestataires des établissements d’OSP (organisme de services à la personne)

  • Note : Un établissement peut proposer plusieurs activités.
  • Champ : Établissements d’OSP ayant des salariés en poste au cours de l’année 2019, dont le nombre d’heures prestataires est strictement positif.
  • Sources : Insee, Déclaration sociale nominative (DSN) 2019 ; Direction Générale des Entreprises, Nova (extranet de l’Agence nationale des services à la personne) 2019.

Encadré 1 – L’aide à domicile ou ménagère : un secteur en tension

En Nouvelle-Aquitaine, fin décembre 2023, 6 662 demandeurs d’emploi étaient inscrits à France Travail à la recherche d’un poste dans les secteurs d’aide à domicile ou aide ménagère. Ces demandeurs d’emploi sont presque exclusivement des femmes (93 %). La majorité d’entre eux (56 %) sont inscrits en catégorie B ou C. Le demandeur occupe donc déjà un emploi à temps partiel et cherche à augmenter son temps de travail. Près des deux tiers (64 %) des demandeurs possèdent un niveau de diplôme inférieur au bac.

En 2023, 18 202 offres pour un emploi d’aide à domicile ou aide ménagère sont déposées à France Travail en Nouvelle-Aquitaine. Parmi elles, 81 % proposent des CDI, 18 % des CDD, le reste étant de l’intérim.

L’offre d’emploi se concentre dans les départements les plus urbains. La Gironde totalise ainsi près de 40 % des offres d’emploi régionales dans ces secteurs, alors qu’elle ne représente que 23 % des demandeurs d’emploi dans ces mêmes secteurs.

Les tensions sur le marché du travail s'accroissent en 2022 pour ces métiers et sont devenues très fortes ces dernières années. Parmi les caractéristiques observées par la Dares pouvant expliquer ces fortes tensions de recrutement figurent le manque de main-d’œuvre disponible, la demande d'aides à domicile et d’aides ménagères ayant considérablement augmenté ces dernières années avec le vieillissement de la population. Les conditions de travail contraignantes, notamment des horaires irréguliers, des déplacements fréquents, et parfois des situations complexes liées à la santé et au bien-être des personnes qu'elles assistent expliquent également en partie des tensions croissantes. L’inadéquation géographique, c’est-à-dire un écart important entre d’un côté l’offre et de l’autre la demande d’emploi sur le territoire considéré est également avancée. En effet, les aides à domicile et aides ménagères doivent souvent se déplacer pour travailler, ce qui peut être un frein, surtout en zone rurale. Tous ces facteurs, parallèlement à la hausse de la demande, impliquent une pénurie d’aides à domicile et aides ménagères et donc des tensions croissantes dans ces métiers.

Cette hausse des tensions sur le marché du travail des aides à domicile et aides ménagères s’observe dans tous les départements néo-aquitains, avec les mêmes caractéristiques explicatives. Par ailleurs, la Creuse et les Deux-Sèvres se distinguent aussi par une non-durabilité de l’emploi (moins d’offres durables, d’offres à temps complet), et la Gironde par une intensité d’embauche importante.

Encadré 2 – Parmi les organismes de services à la personne, moins d’organismes publics, plus d’entreprises privées

Le nombre d’organismes de services à la personne (OSP) augmente de 15 % entre 2015 et 2019. Tous les départements de la région sont concernés, notamment la Charente-Maritime (+35 %), et plus légèrement la Creuse (+2 %).

La hausse des entreprises privées (+23 %) et en particulier celle des micro-entrepreneurs (+32 %) porte cette augmentation des OSP. À l’inverse, les associations et les organismes publics reculent (respectivement -12 % et -16 %).

Outre leur nombre plus important, l’activité des entreprises privées et des micro-entrepreneurs est en forte croissance (respectivement +45 % et +46 % d’heures rémunérées). Toutefois, les entreprises privées concentrent 31 % des heures effectuées dans le secteur des services aux personnes et les micro-entrepreneurs n’en réalisent que 1 % en 2019.

Les associations demeurent le principal employeur parmi l’ensemble des différents organismes avec 50 % des heures rémunérées en 2019. Pourtant, associations comme organismes publics sont en perte de vitesse parmi les OSP (respectivement -14,5 % et -9 % des heures réalisées entre 2015 et 2019).

Au total, en quatre ans, l’activité des OSP est plutôt stable en Nouvelle-Aquitaine (- 0,1 %), alors qu’elle est plus dynamique en France métropolitaine (+3 %). La hausse de l’activité dans les entreprises privées et celle des micro-entrepreneurs suffit à compenser la baisse dans les associations et les organismes publics.

Publication rédigée par :Virginie Fabre, Magali Julé (Insee), Olivier Dufour, Eric Cléron, DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités)

Pour comprendre

Les différentes activités des services à la personne

Les services à la personne recouvrent 26 activités, exercées au domicile des particuliers, qui facilitent la vie quotidienne des familles et l’accompagnement des enfants en bas âge, des personnes fragiles, âgées ou handicapées. Le champ retenu des services à la personne dans cette publication est celui du plan Borloo modifié par le décret n° 2016-1895 du 28 décembre 2016. On peut regrouper ces activités en trois catégories :

  • les services de la vie courante : entretien de la maison, travaux ménagers, petits travaux de jardinage et de bricolage ou encore promenade des animaux de compagnie ;
  • les services aux familles : garde d’enfants à domicile, accompagnement d’enfants, soutien scolaire à domicile ou encore collecte et livraison à domicile de linge repassé ;
  • les services aux personnes dépendantes : aide aux personnes âgées ou handicapées, accompagnement des personnes en dehors de leur domicile ou aide aux personnes présentant une invalidité temporaire.

Les services à la personne peuvent être exercés selon deux modalités :

  • l’embauche directe d’un salarié par un particulier, appelé alors « particulier employeur » ;
  • le recours à un « organisme de services à la personne ». C’est alors généralement l’organisme qui emploie l’intervenant chargé de réaliser la prestation chez son client. Ces organismes peuvent être des associations comme l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural), des entreprises privées ou des organismes publics comme les centres communaux ou intercommunaux d’action sociale.

La période d’observation, la semaine de référence

Dans les services à la personne, le nombre de salariés travaillant au domicile des particuliers est marqué par une forte saisonnalité. Le choix d’une période de référence d’une semaine s’explique par le fait que cette durée est suffisamment longue pour avoir une mesure robuste de l’emploi, tout en étant suffisamment courte pour une approche correcte de la multi-activité dans le secteur. La troisième semaine de mars a été retenue car elle constitue un point haut dans l’activité annuelle des services à la personne. Sauf mention contraire, les données, dont la référence est à la troisième semaine de mars, prennent en compte l’ensemble des postes de l’année 2019 des salariés des SAP ayant une activité SAP au cours de cette semaine.

Trois sources sont mobilisées dans cette étude. La base de données issue du système d’information Nova recense l’ensemble des organismes déclarés et/ou agréés pour exercer des activités de services à la personne et actifs dans l’année. Elle est croisée avec la base Tous salariés (BTS) pour identifier et étudier les salariés des organismes de services à la personne intervenant au domicile des ménages. Le fichier Particuliers employeurs périodes anonymisées (PEA) permet quant à lui d’étudier les salariés employés directement par les ménages.

Publication rédigée par :Virginie Fabre, Magali Julé (Insee), Olivier Dufour, Eric Cléron, DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités)

Sources

France Travail-Dares

Définitions

Équivalent temps plein (ETP) : Un salarié des services à la personne est considéré à temps plein s’il travaille 40 heures par semaine. Il s’agit du temps de travail pour un temps plein défini dans les conventions collectives du secteur (convention collective nationale des entreprises de services à la personne, convention collective nationale des salariés du particulier employeur). Au total, après déduction des cinq semaines de congés payés annuels, un équivalent temps plein s’élève à 1 880 heures de travail annuelles.

Heures rémunérées : Pour les salariés des organismes (source DADS), le nombre d'heures correspond au nombre d'heures salariées rémunérées, hors heures improductives (formations, réunions, déplacements) du fait du calage sur Nova. Pour les salariés de particuliers employeurs (source PEA), les heures rémunérées correspondent aux heures travaillées, majorées de 10 % au titre des congés payés.

Pour en savoir plus

(1) Fabre V., « En 2023, le déficit naturel se réduit en Nouvelle-Aquitaine mais reste élevé », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine no 110, avril 2024.

(2) Borey G., Warmoës J. (Insee), Beltzung M., Lefebvre M. (Dares), « En moyenne, 4 % de l’emploi salarié total dans les services à la personne et jusqu’à 6 % dans le Sud-Ouest », Insee Première no 1981, janvier 2024.

(3) Dares, « Ouvrir dans un nouvel ongletL'activité des organismes de services à la personne », novembre 2023.