Insee Flash Guyane · Avril 2024 · n° 187

La Guyane, lanterne rouge des licences sportives en 2022

En 2022, la Guyane compte 310 établissements sportifs agréés par les fédérations françaises. Ensemble, ils délivrent 21 200 licences sportives soit 71 licences pour 1000 habitants. Parmi elles, neuf sur dix sont délivrées par des fédérations olympiques. Si toutes les régions ultramarines occupent le bas du classement (en moyenne 100 licences pour 1000 habitants, contre 159 en France métropolitaine), la Guyane est de loin la moins pourvue en structures sportives agréées (clubs) et la moins licenciée des régions françaises. Ajoutés au déficit de structures, les difficultés économiques de la population ainsi que le manque d’installations et équipements sportifs expliquent le faible nombre de licences dans la région. En effet, la population guyanaise connaît le niveau de vie le plus bas de France après Mayotte, avec un taux de pauvreté de 53,0 % (14,0 % en France métropolitaine) [Raimbaud et al. 2020 ; pour en savoir plus (1)], ce qui constitue un frein à l’accès aux activités sportives. Le coût de la licence ajouté à celui du matériel nécessaire (vêtements, chaussures…) peuvent conduire certains ménages guyanais à renoncer à pratiquer dans des structures sportives officielles. En 2018, 45 % des Guyanais déclaraient se priver notamment d’un loisir régulier par manque de moyens financiers [Reif 2020; pour en savoir plus (2)]. En outre, le taux d'équipement sportif en Guyane en 2021 est nettement inférieur (1,5 pour 1000 habitants) à celui de la France métropolitaine (2,6 ‰). De plus, l’isolement géographique d’une partie de la population rend les déplacements longs et coûteux et peut également limiter la participation à des activités sportives.

Le football, en tant que sport populaire et très médiatisé, attire un grand nombre de licenciés, en Guyane comme partout en France (figure 1). Dans la région, il occupe la première place avec 27,7 % des licences délivrées, dépassant largement les 19,9 % observés en France hexagonale. Viennent ensuite, le handball (8,0 % des licences sportives), la natation (6,3 %), le basketball (6,0 %) et le judo (5,8 %). Ensemble, ces cinq sports regroupent plus de la moitié des licences sportives émises en Guyane. Le canoë-kayak et l’aïkido, sont deux disciplines qui se distinguent dans la région avec un nombre de licences délivrées pour 1000 habitants au moins deux fois supérieur à celui de la France métropolitaine.

En Guyane, comme dans les autres régions françaises, les femmes souscrivent moins de licences sportives que les hommes. En 2022, les fédérations guyanaises délivrent 45 licences pour 1000 femmes et 99 pour 1000 hommes, en diminution par rapport à 2017 (respectivement 57 et 126). Parmi les 56 fédérations sportives enregistrées en Guyane, seulement neuf comptent plus de femmes licenciées que d’hommes. Les sports les plus féminisés sont l'équitation (78 % de femmes parmi les licenciés), la gymnastique (77 %) et le sauvetage et secourisme (68 %). À l’inverse, les sports les moins féminisés sont le ball-trap (6 %), le football (10 %), la pêche sportive (11 %), et l’aéronautique (13 %). En termes de licences délivrées, les disciplines les plus prisées par les femmes sont le handball (800 licences), la natation (670) et l’équitation (630). À tout âge, la part de licences détenues par des femmes est inférieure à celle des hommes (figure 2). Cet écart est plus faible pour les moins de 5 ans (44 % de licences de cette tranche d’âge sont féminines) et s’avère plus important pour les détenteurs de licences âgés de plus de 65 ans (25 %).

Six licences sportives sur dix sont souscrites par des jeunes de moins de 20 ans en Guyane, contre cinq sur dix dans l’Hexagone. Pour autant, dans cette tranche d’âge, le nombre de licences pour 1000 habitants y est trois fois plus faible. Le football demeure le sport favori de presque tous les âges. Seuls les licenciés les plus jeunes (moins de 5 ans) pratiquent plus souvent le judo, la natation et la gymnastique, tandis que les plus âgés (65 ans et plus) se dirigent principalement vers le cyclisme et le tir.

Entre 2019 et 2021, toutes les régions de France ont enregistré une diminution du nombre de licences sportives délivrées. Les restrictions sanitaires liées à la COVID-19 ont en effet entraîné une diminution de l’offre et de la demande d’activités sportives en raison des limitations sur les événements et les rassemblements sociaux. En 2022,toutes les régions françaises observent un rebond du nombre de licences délivrées, à l’exception de la Guyane, de la Guadeloupe et de la Martinique où la baisse persiste (figure 3). La levée des premières restrictions, plus tardives dans ces régions, s’est accompagnée d’une obligation vaccinale temporaire dans beaucoup d’activités sportives. Selon la Caisse nationale d’assurance maladie, en janvier 2022, 27 % des Guyanais ont un schéma vaccinal initial terminé, contre 78 % de l’ensemble des Français. La moindre couverture vaccinale en Guyane a pu constituer un frein à la reprise d’activités sportives et de fait à la souscription de licences.

Entre 2017 et 2022, la Guyane a perdu 3 300 licences sportives, soit une baisse de 14 %, alors que sur la même période, la population des moins de 20 ans a augmenté de 8 %. Le football a perdu le plus grand nombre de licences (-1 000), suivi du handball (-580) et de l’athlétisme (-420).