Insee Flash Mayotte · Avril 2025 · n° 187

Forte baisse des naissances Bilan démographique 2024 à Mayotte

En 2024, 8 910 enfants sont nés de mères domiciliées à Mayotte, soit 1 370 de moins qu’en 2023 (-13,3 %). Les naissances baissent ainsi fortement, après avoir déjà reculé l’année précédente. Le niveau atteint en 2024 est inférieur à celui de l’année 2020, en pleine crise sanitaire de la Covid-19. Il est également le moins élevé depuis une décennie (7 310 en 2014). Néanmoins, le nombre de naissances se situe depuis 2015 à un niveau nettement plus élevé qu’autour des années 2010 (7 100 en moyenne entre 2007 et 2012).

Dans un contexte national de baisse de la fécondité, Mayotte est également concerné. En 2024, la fécondité chute à Mayotte, pour atteindre 3,6 enfants par femme. Pour la première fois depuis qu’il est mesuré, l’indicateur conjoncturel de fécondité passe au-dessous des 4 enfants par femme. Néanmoins, Mayotte fait toujours figure d’exception, avec une fécondité qui reste bien plus élevée qu’au niveau national (1,6 enfant par femme dans l’Hexagone). Mayotte reste le département français où la fécondité est la plus élevée, devant la Guyane (3,1 enfants par femme) et La Réunion (2,1 enfants par femme).

La baisse de la fécondité concerne toutes les tranches d’âges, mais touche davantage les âges où la fécondité est la plus forte. Ainsi, pour les femmes âgées de 25 à 34 ans, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) baisse nettement : de 2,2 enfants par femme en 2021 à 1,7 en 2024. Si l’ICF recule aussi pour les plus jeunes mères comme pour les plus âgées, il reste néanmoins élevé : 1,1 enfant pour les femmes de 15 à 24 ans contre 0,2 dans l’Hexagone, et 0,8 enfant pour celles de 35 à 50 ans contre 0,4 dans l’Hexagone.

Comme chaque année depuis 2016, les trois quarts des mères ayant accouché en 2024 sont de nationalité étrangère.

Il s’agit principalement de mères de nationalités comorienne (65 %) et malgache (7 %) (figure 1). Les mères d’autres nationalités sont largement minoritaires (1,5 %) ; il s’agit principalement de mères originaires de l’Afrique des Grands Lacs.

En 2024, la baisse des naissances concerne aussi bien les mères françaises que les mères étrangères. Néanmoins, cette diminution est plus forte pour les mères de nationalité étrangère : -15 % contre -8 % pour les mères françaises.

Par ailleurs, la moitié des pères ayant eu un enfant dans l’année sont de nationalité étrangère (4 720 soit 53 %), très majoritairement de nationalité comorienne (4 480).

En 2024, 54 % des nouveau-nés ont au moins un parent français et 19 % ont deux parents français (figure 2). Si ces parts sont comparables aux années précédentes elles sont bien plus faibles qu’en 2014 : 72 % avec au moins un parent français et 28 % avec deux parents français. Ainsi, le nombre d’enfants nés de deux parents de nationalité étrangère a augmenté sur la période : ils représentaient 28 % des naissances en 2014 contre 46 % en 2024.

En 2024, l’âge conjoncturel moyen à l’accouchement s’élève à 29 ans à Mayotte, soit 2,2 ans de moins que dans l’Hexagone. Cet âge est stable depuis 2014.

En 2024, 420 enfants sont nés de mères mineures soit 4,7 % des naissances. Cette proportion reste plus élevée qu’à La Réunion (1,7 %) et que dans l’Hexagone (0,3 %), mais légèrement moindre qu’en Guyane (4,9 %). Les naissances de mères mineures continuent à baisser en 2024 (430 en 2023). C’est particulièrement le cas chez les mères les plus jeunes : -11 % parmi celles âgées de moins de 16 ans par rapport à 2023 (100 mères de moins de 16 ans en 2024). Cependant, ces naissances très précoces restent plus fréquentes à Mayotte qu’ailleurs : 20 % des naissances de mères de moins de 16 ans en France sont domiciliées sur l’île . En Guyane, cette part est un peu moindre (17 % soit 90 naissances).

Dans un contexte de baisse des naissances, de plus en plus de femmes domiciliées sur l’île accouchent hors du département. Ainsi, en 2024, 410 bébés sont nés hors de Mayotte alors que leurs mères y sont domiciliées, soit 4,6 % des naissances (figure 3). Le nombre de naissances hors département continue donc de croître (100 naissances de plus qu’en 2023), pour atteindre le niveau le plus important depuis que ce phénomène est mesuré (2014). La moitié de ces mères accouchent à La Réunion et l’autre moitié dans l’Hexagone.

Cette situation concerne davantage les mères françaises domiciliées à Mayotte pour lesquelles 15,2 % des naissances ont lieu hors du département contre 0,7 % pour les mères étrangères. Pour les mères françaises, il s’agit d’une hausse notable (+4 points par rapport à 2023).

Néanmoins, accoucher sur l’île reste la norme. Parmi les trois maternités de l’île, celle de Mamoudzou continue d’accueillir le plus grand nombre de naissances : 6 140 enfants y sont nés, soit 69 % des naissances de l’année comme en 2023.

Toutefois, sur l’île, les accouchements hors maternité sont fréquents. En 2024, 670 naissances ont lieu hors d’une maternité, soit 7,5 % des naissances.

En 2024, 1 010 personnes domiciliées à Mayotte sont décédées, soit légèrement plus qu’en 2023 (+5 %, soit 50 décès de plus). Ce nombre total de décès correspond aux déclarations de décès auprès des services de l’état civil (Pour comprendre).

Entre 2019 et 2024, les décès augmentent bien plus à Mayotte que dans l’Hexagone :+30 % contre +4,7 %. Cette hausse est bien plus importante qu’à La Réunion (+15 %) et que dans les autres départements et régions d’outre-mer. Elle s’explique principalement par la plus forte croissance de la population à Mayotte et une augmentation relative du nombre de seniors.

Le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, s’établit à +7 900 en 2024. Sous l’effet de la baisse des naissances et de la hausse des décès, il recule pour la deuxième année consécutive et atteint son niveau le moins élevé depuis 2014 (+6 720) (figure 4).

L’Insee gère le Répertoire national d’identification des personnes physiques (RNIPP) conformément au décret n° 82-103 du 22 janvier 1982. D’après ce décret, les communes doivent transmettre à l’Insee les informations dès qu’un acte d’état civil est dressé sur le territoire français. Des délais légaux de transmission sont prévus, qui peuvent être allongés en situation particulière, par exemple avec les circonstances exceptionnelles liées au passage du cyclone Chido à Mayotte.

Les statistiques d’état civil sur les naissances et les décès sont issues d’une exploitation des informations que les mairies transmettent à l’Insee. À Mayotte, ces données sont diffusées annuellement depuis 2014.

Sont présentées ici les naissances domiciliées à Mayotte, c’est-à-dire les naissances de mères qui résident à Mayotte. Ce nombre diffère légèrement des naissances enregistrées (qui ont eu lieu sur l’île). Ainsi, une vingtaine de bébés sont nés à Mayotte en 2024, alors que les mères n’y vivent pas ; à l’inverse, 410 naissances sont domiciliées à Mayotte alors qu’elles sont survenues en dehors de l’île.

Les naissances domiciliées sont privilégiées aux naissances enregistrées, car elles permettent une meilleure appréhension des évolutions démographiques d’un territoire.

Les décès comptabilisés par l’Insee sont ceux enregistrés en mairie et transmis à l’Insee. Conformément aux dispositions des articles 78 à 92 du Code civil, les décès sont enregistrés dans la commune où ils sont survenus (et non dans la commune de domicile du défunt). Sont présentés ici, les décès ventilés au lieu de résidence du défunt.

Un acte de décès doit être établi pour toute personne décédée, quelle que soit sa nationalité, son statut administratif (régulier ou irrégulier), y compris si la personne ne peut pas être identifiée (décès sous X) et quel que soit le temps écoulé entre le décès et la découverte du corps. Les décès comptabilisés par l’Insee sont par ailleurs des décès toutes causes confondues. En effet, les informations relatives aux décès dont est destinataire l’Insee ne comprennent pas les causes de décès.