Insee Première · Mars 2025 · n° 2044

Une photographie du marché du travail en 2024 L'emploi des jeunes se replie, celui des seniors continue d'augmenter

En moyenne sur l’année 2024, parmi les personnes de 15 à 64 ans vivant en France (sources), 68,8 % sont en emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) (figure 1). L’emploi au sens du BIT inclut les personnes ayant travaillé au moins une heure pendant une semaine donnée et les personnes ayant un emploi mais n’ayant pas travaillé pendant cette semaine‑là pour un certain nombre de raisons (congés, arrêt maladie, chômage partiel, congé maternité, etc.).

Le taux d’emploi des 15‑64 ans augmente de 0,5 point en 2024, après déjà trois années de hausses consécutives (+0,3 point en 2023). Il atteint ainsi un nouveau plus haut niveau depuis que l’Insee le mesure (1975).

Porté notamment par un essor de l’alternance, le taux d’emploi des jeunes avait fortement augmenté en 2021 (+3,4 points) puis 2022 (+2,4 points), avant de ralentir en 2023 (+0,3 point). En 2024, le taux d’emploi des 15‑24 ans se replie de 0,6 point (figure 2). Il s’établit à 34,4 %, encore 5,6 points au-dessus de son précédent point bas de 2020.

Stable en 2023, le taux d’emploi des 25‑49 ans augmente de 0,3 point en 2024. Il atteint 82,7 %, son plus haut niveau depuis 2008. Le taux d’emploi des seniors, en hausse ininterrompue depuis 2009, continue d’augmenter en 2024 : +1,5 point pour les 50‑64 ans sur un an, portant à 8,8 points la hausse sur la dernière décennie. Il s’établit ainsi à 68,4 %, son nouveau plus haut niveau depuis 1975. Notamment, le taux d’emploi des 60-64 ans accélère : il progresse de 3,4 points en 2024, après 2,8 points en 2023, sous l’effet principalement de la mise en œuvre de la réforme des retraites de 2023.

L’écart de taux d’emploi entre hommes et femmes, qui s’est globalement réduit en cinquante ans (passant de 30,0 points en 1975 à 5,4 points en 2024), s’accentue légèrement : parmi les personnes âgées de 15 à 64 ans, le taux d’emploi augmente un peu plus fortement pour les hommes (+0,6 point par rapport à 2023) que pour les femmes (+0,3 point).

En 2024, 13,3 % des personnes occupant un emploi exercent en tant qu’indépendant, qu’il s’agisse de non‑salariés classiques, de micro‑entrepreneurs ou de chefs d’entreprise salariés (figure 3). Le statut d’indépendant est plus répandu parmi les hommes (15,7 %) et les 50 ans ou plus (16,3 %). Un peu plus d’un quart des indépendants sont micro‑entrepreneurs, cette part étant plus élevée parmi les jeunes. Après avoir reculé de 0,2 point en 2023, la proportion d’indépendants dans l’emploi rebondit de 0,4 point en 2024. Elle se situe 1,2 point au-dessus de son niveau de 2019 et atteint son plus haut niveau depuis 1999.

Le salariat reste la forme d’emploi largement majoritaire, notamment dans le cadre d’emplois à durée indéterminée : en 2024, 72,9 % des personnes en emploi sont en CDI ou fonctionnaires, une part quasi stable sur un an (‑0,1 point). Pour la deuxième année consécutive, la part cumulée des emplois à durée limitée (CDD, intérim) dans l’emploi total recule : -0,3 point en 2024 après -0,5 point en 2023. À 9,5 %, elle s’établit 0,7 point en-deçà de son niveau d’avant-crise sanitaire.

Parmi l’ensemble des personnes occupant un emploi, les femmes sont plus fréquemment que les hommes en emploi salarié à durée indéterminée ainsi qu’en CDD ; elles sont en revanche moins souvent intérimaires, en alternance ou en stage.

Les 15‑24 ans en emploi occupent nettement plus rarement que leurs aînés un emploi à durée indéterminée (41,6 %, contre 76,1 % des 25 ans ou plus) : ils suivent fréquemment un cursus professionnalisant (29,2 % d’entre eux sont en alternance ou en stage) et sont plus souvent en contrat à durée limitée.

La hausse tendancielle du niveau moyen de qualification des emplois se poursuit. En 2024, les cadres représentent 23,0 % des personnes en emploi, soit 0,5 point de plus qu’en 2023. Depuis 2019, la part des cadres dans l’emploi dépasse celle des ouvriers, qui diminue de nouveau en 2024 (-0,7 point, à 18,0 %, majoritairement du fait de la baisse de la part d’ouvriers peu qualifiés). Au début des années 1980, les ouvriers étaient presque quatre fois plus nombreux que les cadres.

Les femmes occupent plus souvent que les hommes des postes d’employés (38,8 % contre 11,6 %) alors que les hommes sont plus fréquemment ouvriers (28,2 % contre 7,2 %). Surtout, au sein des employés et des ouvriers, les femmes exercent plus souvent des emplois peu qualifiés (45,6 % d’entre elles, contre 30,9 % d’entre eux). La part de cadres, quant à elle, reste plus élevée parmi les hommes que parmi les femmes (25,4 % contre 20,4 %). Les 15‑24 ans occupant déjà un emploi sont majoritairement employés ou ouvriers (63,0 %) ; seuls 9,2 % sont cadres.

Par ailleurs, l’ensemble des personnes en emploi âgées de 15 ans ou plus sont en moyenne de plus en plus diplômées : en 2024, 47,2 % d’entre elles ont obtenu un diplôme du supérieur (bac+2 et au-delà), soit 4,4 points de plus qu’en 2019.

En 2020, les périodes de confinement et le recours massif au chômage partiel dans de nombreux secteurs d’activité avaient fait chuter la durée hebdomadaire de travail par emploi, de 6,0 %. En hausse très nette les deux années suivantes (+3,0 % en 2021, +2,2 % en 2022) puis modérée en 2023 (+0,3 %), cette durée se stabilise en 2024 (‑0,1 %), atteignant 31,2 heures hebdomadaires ; elle reste ainsi légèrement inférieure à son niveau de 2019 (‑1,0 %).

En 2024, 18,2 % des salariés ont télétravaillé au moins un jour par semaine, soit -0,6 point par rapport à l’année 2023. Cette part diminue particulièrement parmi les cadres (-2,3 points) qui restent toutefois près de la moitié à télétravailler (48,4 %). Davantage encadrée que lors de la crise sanitaire, via la négociation d’accords collectifs dans le secteur privé ou l’application de mesures spécifiques à la fonction publique, la pratique du télétravail demeure ancrée dans les habitudes professionnelles : parmi les salariés télétravailleurs, 36,4 % y ont recouru un jour par semaine, 39,0 % deux jours et 24,6 % trois jours ou plus, ces parts ayant peu varié sur un an. En 2024, la grande majorité des télétravailleurs (80,3 %, +1,9 point) sont satisfaits de leur nombre de jours hebdomadaires de télétravail.

En 2024, 17,6 % des personnes en emploi travaillent à temps partiel, soit 0,2 point de plus qu’en 2023 (figure 4). Entre 2017 et 2022, la part de personnes en emploi à temps partiel avait diminué continûment, passant de 19,4 % à 17,2 %, avant de se stabiliser en 2023. En hausse de 0,3 point, la part des femmes travaillant à temps partiel s’élève à 26,8 % en 2024 et reste trois fois plus forte que celle des hommes (8,7 %, +0,1 point). La part des personnes en emploi à temps partiel atteint jusqu’à 41,5 % parmi les employés peu qualifiés et est plus élevée parmi les 15‑24 ans (22,0 %) et les 50 ans ou plus (21,5 %).

En 2024, 4,3 % des personnes en emploi sont en situation de sous‑emploi. Le sous‑emploi inclut essentiellement des personnes à temps partiel souhaitant travailler davantage et disponibles pour le faire, ainsi que des personnes au chômage partiel, dont le nombre avait fortement augmenté durant la crise sanitaire. Alors que le temps partiel amorce une hausse, le sous-emploi se stabilise en 2024 (-0,1 point par rapport à 2023) après trois années de baisse. Il s’établit 1,5 point en-deçà de son niveau d’avant-crise sanitaire, à son plus bas niveau depuis 1992.

Le sous‑emploi concerne davantage les employés peu qualifiés (12,3 % en 2024), les jeunes (6,9 %) et les femmes (6,1 %).

En moyenne en 2024, 7,4 % des personnes actives sont au chômage au sens du BIT, presque comme en 2022 (7,3 %) et 2023 (7,4 %) (figure 5). Après avoir diminué de manière continue entre 2015 et 2022, le taux de chômage se situe 2,9 points sous son pic de 2015 et à son niveau de 2008.

En 2024, 1,7 % des personnes actives sont au chômage depuis au moins un an. Ce taux de chômage de longue durée s’établit 0,1 point en‑deçà de son niveau de 2023, et 0,6 point au-dessous de celui de 2019. Le chômage de longue durée concerne 23,3 % de l’ensemble des chômeurs, une proportion qui s’élève jusqu’à 40,6 % parmi les chômeurs de 50 ans ou plus, contre 8,6 % parmi ceux de 15-24 ans et 24,0 % parmi les 25‑49 ans.

En moyenne en 2024, 4,5 % des personnes âgées de 15 à 64 ans appartiennent au halo autour du chômage : elles souhaitent travailler, mais ne satisfont pas tous les critères en matière de recherche d’emploi ou de disponibilité pour être considérées comme chômeuses au sens du BIT (figure 6). Sous l’effet de la crise sanitaire, cette part avait bondi pour atteindre 5,4 % en 2020. Elle s’est repliée en 2021 et fluctue depuis lors modérément : en baisse de 0,2 point en 2024, elle retrouve son niveau de 2022.

Quasi stable sur l’année (+0,1 point), la part des 15-24 ans dans le halo atteint 7,3 % en 2024, soit 1,4 point de plus qu’en 2019. Ce surcroît est entièrement porté par les jeunes encore en études, probablement en lien avec un souhait maintenant plus fréquent parmi eux d’avoir un emploi en alternance. Pour les autres tranches d’âges en revanche, la part de personnes dans le halo est moindre qu’en 2019.

Les femmes relèvent plus souvent que les hommes du halo (5,1 % contre 4,0 %), alors qu’elles sont moins souvent qu’eux au chômage (part de 5,3 % contre 5,9 %). Moins fréquemment dans le halo (2,9 %), les seniors sont aussi les moins exposés au risque de chômage : la part de chômage s’élève à 3,6 % pour les 50‑64 ans, contre 5,6 % pour l’ensemble des personnes de 15 à 64 ans et jusqu’à 7,9 % pour les 15‑24 ans.

Au total, en cumulant chômage et halo autour du chômage, en moyenne en 2024, 10,1 % des 15‑64 ans sont sans emploi et souhaitent travailler, soit -0,1 point par rapport à 2023 et -0,6 point par rapport à son niveau d’avant-crise sanitaire. Cette proportion atteint jusqu’à 15,3 % parmi les 15-24 ans (+0,7 point sur un an, essentiellement du fait de la hausse de la part de chômage).

En 2024, le taux d’activité des personnes de 15 à 64 ans est en moyenne sur l’année de 74,4 %, soit 0,5 point de plus qu’en 2023 (figure 2). Comme le taux d’emploi, il atteint un nouveau plus haut niveau depuis que l’Insee le mesure au sens du BIT (1975).

En 2024, le taux d’activité des femmes de 15 à 64 ans est de 71,5 % quand celui des hommes est de 77,5 %, soit une différence de 6,0 points. Cet écart en défaveur des femmes était de 9,8 points en 2004 et de 20,6 points en 1984.