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Insee Analyses Normandie · Décembre 2024 · n° 135
Insee Analyses NormandieAvec 3 339 000 habitants en 2022, la Normandie compte 3 000 habitants de plus qu’en 2016

Babacar Diop, Bruno Mura (Insee)

Au 1er janvier 2022, la population normande s’élève à 3 339 000 habitants. Par rapport à 2016, le nombre d’habitants est resté quasi-stable dans la région, avec seulement 3 000 habitants supplémentaires, alors que dans le même temps, la population française progresse de 2,1 %. Cette stabilité en Normandie succède à une période de faible croissance démographique dans la région entre 2011 et 2016. Le solde migratoire apparent devient positif sur la période récente (+1 250 habitants en moyenne par an entre 2016 et 2022) alors que le solde naturel devient lui négatif (-730 habitants en moyenne par an). Le Calvados est le seul département normand où la croissance démographique se poursuit nettement. La population est stable en Seine-Maritime, dans l’Eure et la Manche. Dans l’Orne, le recul démographique s’intensifie.

Insee Analyses Normandie
No 135
Paru le :Paru le19/12/2024

En 2022, 3 100 Normands de plus qu’en 2016

Au 1er janvier 2022, la population normande atteint 3 339 000 habitants et maintient la région au 10e rang métropolitain. Avec seulement 3 100 habitants de plus qu’en 2016, la Normandie est confrontée à une quasi-stabilité de sa population sur la période 2016-2022 (+500 habitants par an et 0,0 % en moyenne annuelle). Si ce manque de vitalité démographique touche l’ensemble des régions limitrophes de l’Île-de-France (figure 1), il maintient la région dans une position singulière par rapport à la dynamique de la France métropolitaine (+0,4 % en moyenne par an, soit 1 377 000 habitants de plus qu’en 2016). Cette croissance nationale est portée par l’Île-de-France (+0,4 % par an) et les régions occidentales et méridionales (entre +0,5 % et +0,8 % par an).

Les principales poches de croissance démographique dans la région se situent autour des pôles de Rouen, sur les plateaux est et nord de l’agglomération notamment, et de Caen, sur la quasi-totalité de la périphérie proche de la ville centre (figure 5). À l’inverse, on observe une large zone de forte déprise démographique au sein d’un triangle reliant Lisieux, Bernay et Flers ainsi que dans une grande partie de l’Orne et du sud-est de la Manche. Plus généralement, les communes les plus dynamiques sur le plan démographique sont celles situées dans les (+0,7 % en moyenne par an) tandis que la population est plutôt stable dans l’ensemble de l’espace rural et les grands centres urbains. La baisse se poursuit dans les centres urbains intermédiaires (-0,2 % par an) et s’accentue dans les petites villes (-0,5 % par an).

Figure 1Évolution de la population française entre 2016 et 2022, par région métropolitaine

(en %)
Évolution de la population française entre 2016 et 2022, par région métropolitaine ((en %))
Code région Région Taux de variation de la population entre 2016 et 2022
11 Île-de-France 2,2
24 Centre-Val de Loire 0,1
27 Bourgogne-Franche-Comté -0,5
28 Normandie 0,1
32 Hauts-de-France -0,1
44 Grand Est 0,1
52 Pays de la Loire 3,8
53 Bretagne 3,5
75 Nouvelle-Aquitaine 3,0
76 Occitanie 4,7
84 Auvergne-Rhône-Alpes 3,1
93 Provence-Alpes-Côte d'Azur 3,0
94 Corse 6,3
  • Sources : Insee, Recensements de la population 2016 et 2022.

Figure 1Évolution de la population française entre 2016 et 2022, par région métropolitaine

  • Sources : Insee, Recensements de la population 2016 et 2022.

Le nombre d’habitants reste donc quasiment stable sur la période 2016-2022 en Normandie après avoir faiblement augmenté entre 2011 et 2016 (+4 200 habitants par an, soit +0,1 % en moyenne par an). Le très léger accroissement sur la période 2016-2022 est grevé par le devenu négatif (-730 habitants en moyenne par an contre +6 900 entre 2011 et 2016 ; figure 3). À l’inverse, la contribution du à l’évolution globale de la population normande devient positive sur la période récente : +1 250 habitants en moyenne par an entre 2016 et 2022 contre -2 730 lors de la période précédente. C’est principalement dans la tranche d’âge des personnes âgées de 55 à 70 ans que les arrivées sont plus nombreuses que les départs ; inversement, les jeunes âgés de 15 à 24 ans sont plus nombreux à quitter la région qu’à la rejoindre. Ces migrations résidentielles s’effectuent essentiellement en provenance ou à destination des régions voisines, notamment l’Île-de-France [Alleaume et al. 2024 ; pour en savoir plus (2)].

Figure 2Évolution de la population par département entre 2011 et 2022

Évolution de la population par département entre 2011 et 2022
Département Nombre de communes Population au 1er janvier 2011 Population au 1er janvier 2016 Population au 1er janvier 2022 Taux de variation annuel moyen 1/1/2011-1/1/2016 Taux de variation annuel moyen 1/1/2016-1/1/2022
Calvados 528 684 709 693 679 704 605 0,26 0,26
Eure 585 588 111 602 825 601 305 0,50 -0,04
Manche 445 500 084 498 362 496 815 -0,07 -0,05
Orne 385 290 891 285 308 276 144 -0,39 -0,54
Seine-Maritime 708 1 251 282 1 255 755 1 260 205 0,07 0,06
  • Sources : Insee, Recensements de la population 2011, 2016 et 2022.

Figure 2Évolution de la population par département entre 2011 et 2022

  • Sources : Insee, Recensements de la population 2011, 2016 et 2022.

La croissance démographique perdure dans le Calvados

Deuxième département le plus peuplé de Normandie avec 705 000 habitants au 1er janvier 2022, le Calvados se situe au 34e rang des départements métropolitains. Sur la période 2016-2022, c’est le seul département normand à bénéficier d’une croissance significative de sa population (+0,3 % en moyenne par an, soit environ 1 800 habitants supplémentaires en moyenne par an). En volume, cette hausse moyenne annuelle se poursuit au même rythme qu’au cours de la période 2011-2016. Elle est uniquement due au solde migratoire apparent qui a été multiplié par cinq par rapport à la période 2011-2016 (+2 200 habitants en moyenne par an contre +500 précédemment ; figure 3). Le solde naturel est, quant à lui, devenu légèrement négatif (-400 habitants par an après +1 300).

Figure 3Contribution des soldes naturels et migratoires à l’évolution annuelle moyenne de la population entre 2016 et 2022

Contribution des soldes naturels et migratoires à l’évolution annuelle moyenne de la population entre 2016 et 2022 - Note de lecture : Dans l’Orne, entre 2016 et 2022, le taux de variation annuel moyen est de -0,5 %. Il résulte d’une contribution du solde naturel de -0,4 % et d’une contribution du solde migratoire de -0,1 %.
Zonage Contribution du solde naturel (en point de %) Contribution du solde migratoire apparent (en point de %) Taux de variation annuel moyen 2016-2022 (en %)
Calvados -0,1 0,3 0,3
Seine-Maritime 0,1 -0,1 0,1
Eure 0,1 -0,2 0,0
Manche -0,3 0,3 -0,1
Orne -0,4 -0,1 -0,5
Normandie 0,0 0,0 0,0
France métropolitaine 0,2 0,2 0,4
  • Avertissement : Les taux de variation sont arrondis au plus près de leurs valeurs réelles. La somme des contributions dues aux soldes naturels et migratoires peut être de fait légèrement différente du taux de variation de la population. On parle de hausse si le taux de variation de la population est supérieur ou égal à 0,2 %, de baisse si le taux est inférieur ou égal à -0,2 %, de stabilité relative si le taux est égal à -0,1 %, 0,0 % ou 0,1 %.
  • Note de lecture : Dans l’Orne, entre 2016 et 2022, le taux de variation annuel moyen est de -0,5 %. Il résulte d’une contribution du solde naturel de -0,4 % et d’une contribution du solde migratoire de -0,1 %.
  • Sources : Insee, Recensements de la population 2016 et 2022 ; État civil.

Figure 3Contribution des soldes naturels et migratoires à l’évolution annuelle moyenne de la population entre 2016 et 2022

  • Avertissement : Les taux de variation sont arrondis au plus près de leurs valeurs réelles. La somme des contributions dues aux soldes naturels et migratoires peut être de fait légèrement différente du taux de variation de la population. On parle de hausse si le taux de variation de la population est supérieur ou égal à 0,2 %, de baisse si le taux est inférieur ou égal à -0,2 %, de stabilité relative si le taux est égal à -0,1 %, 0,0 % ou 0,1 %.
  • Note de lecture : Dans l’Orne, entre 2016 et 2022, le taux de variation annuel moyen est de -0,5 %. Il résulte d’une contribution du solde naturel de -0,4 % et d’une contribution du solde migratoire de -0,1 %.
  • Sources : Insee, Recensements de la population 2016 et 2022 ; État civil.

Caen, commune la plus peuplée du département, gagne 3 000 habitants par rapport à 2016 et atteint les 108 400 habitants au 1er janvier 2022 (figure 4). Elle se situe au 3e rang des communes normandes, derrière Le Havre et Rouen. Sur la période 2016-2022, sa population augmente en moyenne de 500 habitants par an, alors qu’elle baissait de 680 habitants par an au cours de la période 2011-2016. Cette hausse provient essentiellement de l’amélioration du solde migratoire qui, de négatif au cours de la période 2011-2016 (-1 000 habitants en moyenne par an), est devenu positif (+410 habitants par an entre 2016 et 2022). Le solde naturel reste, quant à lui, à peine positif (+90 habitants par an). La population des principales communes à proximité de Caen varie peu par rapport à 2016 : Hérouville-Saint-Clair, deuxième commune la plus peuplée du département, perd 230 habitants, Colombelles en gagne 250 et Cormelles-le-Royal 410. Cependant, les plus fortes progressions du département concernent deux communes voisines de Caen, Bourguébus (+5,0 % par an entre 2016 et 2022, soit 650 habitants de plus qu’en 2016) et Carpiquet (+4,8 % par an et +800 habitants). Près de Caen également, l’augmentation de population apparaît substantielle à Mondeville (+480) et surtout à Fleury-sur-Orne (+790).

Parmi les 140 communes de plus de 1 000 habitants du département du Calvados en 2022, plus de la moitié bénéficient d’une augmentation significative de leur population (c’est-à-dire d’une croissance supérieure ou égale à +0,2 % par an) et plus du tiers subissent un recul démographique (soit une baisse supérieure ou égale à -0,2 % par an ; figure 5). Parmi ces dernières, les plus fortes baisses concernent trois communes de la Côte Fleurie : Houlgate (-2,7 % par an, soit au total 290 habitants de moins qu’en 2016), Honfleur (-2,2 % par an, -980 habitants), Villers-sur-Mer (-1,7 % par an, -260 habitants) et une de la Côte de Nacre, Saint-Aubin-sur-Mer (-2,0 % par an, -280). Le recul est également important à Condé-en-Normandie (-1,7 % par an, -650 habitants), limitrophe de l’Orne.

Figure 4Population et évolution moyenne de la population des départements et des communes de plus de 15 000 habitants entre 2011 et 2022

Population et évolution moyenne de la population des départements et des communes de plus de 15 000 habitants entre 2011 et 2022
Zone géographique Population au 1er janvier 2022 Rang régional de la commune, rang du département et de la région en France métropolitaine 2022 Taux de variation annuel moyen de la population (en %) Évolution annuelle moyenne de la population (en nombre)
2011-2016 2016-2022 2011-2016 2016-2022
Seine-Maritime (708 communes) 1 260 209 17 0,1 0,1 895 742
Le Havre 166 462 1 -0,4 -0,4 -761 -648
Rouen 116 331 2 -0,3 0,9 -287 1 036
Sotteville-lès-Rouen 29 039 6 0,2 0,0 62 8
Saint-Étienne-du-Rouvray 28 653 7 0,4 0,0 116 -7
Dieppe 28 599 8 -1,0 -0,6 -308 -168
Le Grand-Quevilly 25 954 9 1,0 0,0 252 10
Le Petit-Quevilly 21 935 13 0,1 -0,2 16 -33
Mont-Saint-Aignan 20 188 14 -0,4 1,1 -78 207
Fécamp 17 961 18 -0,4 -0,8 -73 -156
Elbeuf 15 774 20 -0,4 -0,8 -59 -122
Montivilliers 15 671 21 -0,5 -0,3 -80 -45
Calvados (528 communes) 704 595 34 0,3 0,3 1 794 1 819
Caen 108 398 3 -0,6 0,5 -678 499
Hérouville-Saint-Clair 22 473 12 1,2 -0,2 268 -38
Lisieux 19 540 15 -1,0 -0,6 -218 -127
Vire Normandie 17 411 19 -0,9 0,0 -163 -2
Eure (585 communes) 601 307 42 0,5 0,0 2 943 -253
Évreux 48 335 5 -0,2 -0,2 -92 -94
Vernon 24 841 11 -0,9 0,8 -213 189
Louviers 18 347 17 0,9 -0,2 168 -32
Manche (445 communes) 496 808 52 -0,1 -0,1 -344 -259
Cherbourg-en-Cotentin 78 028 4 -0,4 -0,4 -323 -341
Saint-Lô 19 352 16 0,1 0,3 17 65
Orne (385 communes) 276 147 74 -0,4 -0,5 -1 117 -1 527
Alençon 25 667 10 -0,1 -0,3 -34 -77
Normandie (2 561 communes) 3 339 066 10 0,1 0,0 4 170 523
France métropolitaine (34 806 communes) 65 846 255 /// 0,4 0,4 279 690 229 577
  • /// : Sans objet.
  • Avertissement : On parle de hausse si le taux de variation de la population est supérieur ou égal à 0,2 %, de baisse si le taux est inférieur ou égal à -0,2 %, de stabilité relative si le taux est égal à -0,1 %, 0,0 % ou 0,1 %.
  • Sources : Insee, recensements de la population 2011, 2016 et 2022.

La stabilité prévaut en Seine-Maritime

Avec 1 260 000 habitants en 2022, la Seine-Maritime, département le plus peuplé de Normandie, concentre 38 % de la population régionale. Elle se maintient au 17e rang national des départements les plus peuplés. La population seinomarine augmente à peine sur la période 2016-2022 (+0,1 % en moyenne par an, soit +740 habitants en moyenne par an) comme au cours de la période 2011-2016 (+0,1 %, +900 habitants ; figure 4). Cette relative stabilité est le produit de deux mouvements opposés (figure 3) : d’une part, le solde naturel reste encore positif, mais se réduit nettement (+1 600 habitants en moyenne par an après +4 120 au cours de la période précédente) ; d’autre part, le solde migratoire demeure légèrement négatif, mais moins fortement que précédemment (-860 habitants en moyenne par an après -3 220).

Le Havre est la commune la plus peuplée de Normandie avec 166 500 habitants en 2022. La population de la commune continue de décroître sur la période 2016-2022 (-3 900 habitants par rapport à 2016) à un rythme proche de celui de la période 2011-2016 (-760 habitants en moyenne par an contre -650), suivant un mouvement observé depuis près d’un demi-siècle. Le déficit migratoire reste élevé (-920 habitants en moyenne par an), même s’il s’est réduit par rapport à la période précédente (-1 510 par an). Dans le même temps, l’excédent naturel a été divisé par trois (+270 habitants en moyenne par an sur la période 2016-2022). Les communes situées aux alentours, comme Sainte-Adresse, Montivilliers, Gonfreville-l’Orcher ou Harfleur, sont désormais, elles aussi, touchées par un déficit migratoire et perdent également des habitants.

Rouen, deuxième commune la plus peuplée de la région, compte 6 200 habitants de plus qu’en 2016 et atteint 116 300 habitants au 1er janvier 2022. La commune connaissait une diminution de sa population de 290 habitants en moyenne par an entre 2011 et 2016. Entre 2016 et 2022, le mouvement s’inverse avec une progression moyenne de 1 040 habitants par an. Le solde naturel et le solde migratoire contribuent chacun pour moitié à cette croissance. La population des grandes communes voisines situées au sud de Rouen, comme Sotteville-lès-Rouen et Saint-Étienne-du-Rouvray, respectivement sixième et septième communes les plus peuplées de Normandie, est stable sur la période récente. Les deux communes les plus importantes des plateaux nord et est de Rouen, Mont-Saint-Aignan et Bois-Guillaume, connaissent une croissance très dynamique (respectivement +1 240 et +940 habitants par rapport à 2016).

Parmi les 189 villes de plus de 1 000 habitants en 2022 situées en Seine-Maritime, plus de quatre sur dix sont en croissance significative (figure 5). Les plus fortes progressions concernent Fontenay (+8,4 % par an, soit 680 habitants de plus qu’en 2016) au nord du Havre, Rogerville (+4,4 % par an, +390 habitants) près du Pont de Normandie et Isneauville (+4,3 % par an, +830 habitants) au nord de Rouen. Parmi ces communes de plus de 1 000 habitants, quatre sur dix connaissent un recul de leur population (évolution inférieure ou égale à -0,2 % par an). Les plus fortes baisses sont localisées sur la Côte d’Albâtre : Étretat (-2,3 % par an), Le Tréport (-1,7 % par an) et Sassetot-le-Mauconduit (-1,5 % par an). Deux autres grandes villes côtières perdent près d’un millier d’habitants par rapport à 2016 ; il s’agit de Dieppe (-1 010, soit -0,6 % par an) et Fécamp (-940 habitants et -0,8 % par an).

La population n’augmente plus dans l’Eure

En 2022, avec 601 000 habitants, l’Eure reste le troisième département normand le plus peuplé et se situe au 42e rang au niveau métropolitain. Par rapport à 2016, la population euroise est stable (250 habitants de moins en moyenne par an) alors qu’elle progressait rapidement entre 2011 et 2016 (+2 940 habitants par an). Comme d’autres départements limitrophes de l’Île-de-France (Marne, Oise, Aisne et Eure-et-Loir), l’Eure subit un déficit migratoire (-960 habitants par an ; figure 3). Le solde naturel, historiquement soutenu dans le département, a été divisé par trois par rapport à la période précédente (+710 habitants par an contre +2 220).

Évreux, commune la plus peuplée du département, se situe au 5e rang régional avec 48 300 habitants au 1er janvier 2022, soit 560 de moins qu’en 2016 (figure 4). Sa population continue de diminuer faiblement entre 2016 et 2022 (-0,2 % et -90 habitants en moyenne par an) exactement au même rythme qu’entre 2011 et 2016. Comme au cours de la période précédente, le solde naturel reste légèrement positif (+210 habitants en moyenne par an) et le solde migratoire négatif (-310 par an).

La moitié des 132 communes de l’Eure ayant plus de 1 000 habitants sont concernées par une diminution significative de leur population (c’est-à-dire avec une baisse inférieure ou égale à -0,2 % par an ; figure 5). Pour une douzaine d’entre elles, le recul atteint ou dépasse -1 % en moyenne par an, comme notamment Verneuil d’Avre et d’Iton (-1,9 % par an), Le Val d'Hazey (-1,2 % par an) et Bernay (-1,0 % par an). Dans un peu plus du tiers des communes de plus de 1 000 habitants, la population augmente significativement. Pour une vingtaine de ces communes, la croissance annuelle est même supérieure à 1 % par an, comme à Bourg-Achard (+1,3 %) et à Grand Bourgtheroulde (+1,2 %).

La stabilité se confirme dans la Manche

Peuplée de 497 000 habitants au 1er janvier 2022, la Manche est le quatrième département normand par sa population et le 52e au niveau métropolitain. Entre 2016 et 2022, la population de la Manche a peu varié (-0,1 % et -260 habitants en moyenne par an), comme entre 2011 et 2016 (-340 habitants par an). Cette quasi-stabilité résulte d’un solde naturel négatif qui s’est accentué sur la période (-1 520 habitants par an entre 2016 et 2022, après -330 par an sur la période précédente) et d’un solde migratoire devenu nettement positif (+1 260 habitants par an) alors qu’il était nul entre 2010 et 2015 (figure 3).

Cherbourg-en-Cotentin est de loin la commune la plus peuplée du département avec 78 000 habitants en 2022 et la quatrième au niveau régional (figure 4). La commune est confrontée à un recul démographique qui se poursuit sur la période 2016-2022 au même rythme que sur la période 2011-2016 (respectivement -340 et -320 habitants en moyenne par an). À un solde migratoire négatif (-210 habitants en moyenne par an) s’ajoute désormais un solde naturel devenu négatif (-140 habitants en moyenne par an). La population de Saint-Lô, deuxième ville du département avec 19 350 habitants en 2022, est stable par rapport à 2016 (390 habitants supplémentaires).

Parmi les communes du département de plus de 1 000 habitants (101 en 2022), plus de quatre sur dix connaissent une hausse significative de leur population (c’est-à-dire une hausse supérieure ou égale à 0,2 % par an) et autant sont en déprise démographique (figure 5). La croissance dépasse 1 % par an dans dix de ces villes, notamment à Saint-Pair-sur-Mer, située au sud de Granville, et Agon-Coutainville, située à l’est de Coutances (+1,3 % par an chacune). Le recul est supérieur à 1 % par an dans une douzaine de communes, dont Saint-Hilaire-du-Harcouët, Sainte-Mère-Église (-1,1 %) et Saint-Sauveur-Villages (-1,5 %).

L’Orne perd de plus en plus d’habitants

Avec 276 000 habitants, l’Orne reste le département le moins peuplé de Normandie et se situe au 74e rang au niveau métropolitain. La population ornaise se réduit à un rythme qui s’accentue : -0,5 % et -1 530 habitants en moyenne par an entre 2016 et 2022, contre -0,4 % et -1 120 habitants par an entre 2011 et 2016. Le déficit du solde naturel a presque été multiplié par trois au cours de la dernière période (-1 120 habitants en moyenne par an contre -400 pendant la période précédente). Le déficit migratoire reste quant à lui légèrement déficitaire (-410 habitants par an entre 2016 et 2022 et -710 habitants entre 2011 et 2016 ; figure 3).

À Alençon, commune la plus peuplée du département avec 25 700 habitants en 2022, le nombre d’habitants est relativement stable, seulement 460 de moins qu’en 2016, soit -0,3 % par an (figure 4) et la commune reste au 10e rang de la région. Les deux autres communes les plus peuplées du département, Argentan et Flers, continuent de perdre quelques habitants au rythme de -0,5 % par an.

Dans le département de l’Orne, toutes les villes de plus de 1 000 habitants (61 en 2022) perdent des habitants entre 2016 et 2022, excepté cinq d’entre elles dont Sées, Bagnoles de l’Orne Normandie et Écouché-les-Vallées (figure 5).

Figure 5Évolution annuelle moyenne de la population communale entre 2016 et 2022

  • Les données de la carte sont dans le fichier de données en téléchargement.
  • Avertissement : On parle de hausse si le taux de variation de la population est supérieur ou égal à 0,2 %, de baisse si le taux est inférieur ou égal à -0,2 %, de stabilité relative si le taux est égal à -0,1 %, 0,0 % ou 0,1 %.
  • Sources : Insee, recensements de la population 2016 et 2022.
Publication rédigée par :Babacar Diop, Bruno Mura (Insee)

Sources

Cette étude s’appuie sur les populations communales, dites « populations municipales de référence », issues des recensements de la population réalisés par l’Insee, en partenariat avec les communes, en date de référence au 1er janvier 2022, au 1er janvier 2016 et au 1er janvier 2011. Du fait de la pandémie, l’enquête de recensement n’a pu se dérouler en 2021, aussi pour cinq ans les évolutions se mesurent sur un pas de six ans.

La population municipale est définie par le décret no 2003-485 publié au Journal officiel du 8 juin 2003, relatif au recensement de la population. Elle comprend les personnes ayant leur résidence habituelle (au sens du décret) sur le territoire de la commune, que ce soit dans un logement, une communauté, une habitation mobile, un établissement pénitentiaire, etc. ainsi que les personnes sans-abri recensées sur le territoire de la commune. Les données de population au 1er janvier 2022 dans les limites territoriales au 1er janvier 2024 seront officielles dès leur authentification par décret. Elles entrent en vigueur au 1er janvier 2025.

Les statistiques de l’état civil sur les naissances et les décès sont issues d’une exploitation des informations transmises par les mairies à l’Insee et permettent de préciser les évolutions.

Définitions

La grille communale de densité permet de classer les communes en fonction du nombre d’habitants et de la répartition de ces habitants sur leur territoire. Plus la population est concentrée et nombreuse, plus la commune est considérée comme dense. Elle permet ainsi de distinguer les communes densément peuplées dénommées « grands centres urbains », les communes de densité intermédiaire (au sein desquelles on distingue les « centres urbains intermédiaires », les « ceintures urbaines » et les « petites villes ») et les communes rurales. Les communes densément peuplées et les communes de densité intermédiaire constituent l'espace urbain et sont appelées « communes urbaines ».

Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période.

Le solde migratoire apparent approche la différence entre le nombre de personnes entrées sur un territoire donné et le nombre de personnes qui en sont sorties, au cours de la période considérée. Il est obtenu par différence entre la variation totale de la population au cours de la période considérée et le solde naturel.

Pour en savoir plus

(1) Chataignon P., « Les populations de référence des communes au 1ᵉʳ janvier 2022 – La baisse du solde naturel entraîne une moindre croissance de la population française », Insee Focus no 346, décembre 2024.

(2) Alleaume F., Horvais A-S., Jerrari K., Pesin C., « L’attractivité de la Normandie, entre influences francilienne et littorale », Insee Analyses Normandie no 129, octobre 2024.

(3) Balcone T., Diop B., « 11 000 habitants de moins en Normandie depuis 2015 », Insee Analyses Normandie no 119, décembre 2023.

(4) Gosselin S., Hurard C., « Entre 2014 et 2020, la population de Normandie diminue », Insee Analyses Normandie no 109, décembre 2022.