Insee Focus · Novembre 2024 · n° 339

Les naissances en 2023 Une baisse d’une ampleur inédite depuis la fin du baby-boom

En 2023, 677 800 bébés sont nés en France (figure 1). Cela représente une baisse de 48 200 naissances par rapport à 2022, soit ‑6,6 %, après ‑2,2 % entre 2021 et 2022, sachant que 2021 avait été marquée par un rebond des naissances [Papon, 2023]. Il s’agit d’une diminution d’une ampleur inédite depuis la fin du baby-boom au milieu des années 1970. Même en 1983 et 1993, années de fort repli dans un contexte de mauvaise conjoncture économique, la baisse avait été moins forte (respectivement ‑5,8 % et ‑4,3 %).

Contrairement aux baisses de 1983 ou 1993, celle de 2023 s’inscrit de plus dans une tendance de long terme. Depuis 2010, après plusieurs années de forte natalité (826 800 naissances en moyenne sur 2006-2010 en France hors Mayotte), les naissances reculent chaque année, à l’exception du rebond de 2021. Cependant, la baisse s’est fortement accentuée en 2023. Sur le champ géographique constant de la France hors Mayotte, la baisse annuelle n’avait jamais dépassé 2,6 % depuis 2010 et l’évolution annuelle moyenne entre 2010 et 2022 était de ‑1,3 %. Au total, le nombre de naissances en 2023 est inférieur de 19,8 % à celui observé en 2010. Depuis 2015, le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants, qu’elles soient âgées de 20 à 39 ans ou de 15 à 49 ans, est stable, de sorte que le recul des naissances ces dernières années traduit avant tout un recul de la fécondité [Papon, 2024].

Sur les neuf premiers mois de 2024, la baisse des naissances se poursuit, mais à un rythme moindre qu’en 2023 : comparé aux neuf premiers mois de 2023, et en tenant compte du fait que 2024 est une année bissextile, le nombre de naissances diminue de 2,7 % (figures 2a et 2b).

Pour la première fois depuis 2010, la baisse des naissances entre 2022 et 2023 concerne les mères de tous âges, y compris les plus âgées (figure 3) : ‑4,2 % pour les mères âgées de 35 à 39 ans et ‑5,0 % pour celles âgées d’au moins 40 ans. Sur les neuf premiers mois de l’année 2024, les naissances continuent de baisser pour les mères de 35 à 39 ans, tandis qu’elles se stabilisent pour celles d’au moins 40 ans. Auparavant, avec le report de l’âge à la maternité, les naissances de mères de 35 ans ou plus augmentaient.

Pour les mères de 25 à 34 ans, âges auxquels le taux de fécondité est plus élevé, les naissances reculent plus qu’en moyenne : ‑7,4 % pour les mères âgées de 25 à 29 ans et ‑8,6 % pour celles âgées de 30 à 34 ans. Cette baisse de 2023 est nettement plus prononcée que celle observée en moyenne chaque année depuis 2010.

Pour les mères de moins de 25 ans, les naissances continuent de diminuer en 2023, au même rythme que depuis 2010.

Au total, la part des mères plus âgées augmente, conséquence de ces évolutions différenciées. En 2023, les naissances de mères d’au moins 35 ans représentent 28 % des naissances (dont 7 % pour celles d’au moins 40 ans), contre 21 % en 2010 (dont 4 % pour celles d’au moins 40 ans). La majorité des bébés naissent de mères âgées de 25 à 34 ans (60 % en 2023, 63 % en 2010).

Entre 2022 et 2023, les naissances baissent dans tous les types de communes de résidence de la mère (figure 4).

Elles diminuent davantage dans les communes rurales, qu’elles relèvent du périurbain (‑9,1 %) ou non (‑8,4 %). Les communes rurales, qui concentrent environ un quart des naissances, étaient les seules à ne pas avoir vu leur nombre de naissances baisser entre 2019 et 2022. Ces territoires connaissaient les diminutions les plus fortes avant la crise sanitaire, entre 2015 et 2019.

À l’inverse, dans les grands centres urbains (Paris ou hors Paris), la baisse des naissances entre 2022 et 2023 (‑5 %) est légèrement plus faible que sur l’ensemble du territoire. Dans ces zones, qui concentrent 45 % des naissances, le nombre de naissances avait fortement diminué entre 2019 et 2022, alors que le recul des naissances y était plus modéré qu’ailleurs entre 2015 et 2019.

Dans les communes urbaines de densité intermédiaire (28 % des naissances), la baisse des naissances en 2023 est similaire à celle observée sur l’ensemble de la France. C’était aussi le cas entre 2015 et 2019 ; elles avaient en revanche un peu moins baissé entre 2019 et 2022.

Au total, sur l’ensemble de la période de 2015 à 2023, les naissances diminuent avec une ampleur comparable quel que soit le type de commune.

Entre 2022 et 2023, le nombre de naissances diminue dans toutes les régions de France. Les DOM, où les naissances étaient en légère hausse entre 2015 et 2019, sont aussi concernés, même si la baisse est moins prononcée qu’en France métropolitaine (‑3,0 %).

Dans l’ensemble de l’Union européenne (UE) à 27 pays, 3,7 millions de bébés sont nés en 2023, soit 5,5 % de moins qu’en 2022 (figure 5). Le nombre de naissances recule dans la plupart des pays de l’UE (22 sur 27), avec une ampleur plus ou moins forte selon les pays. En France, la baisse est un peu plus marquée que la moyenne européenne en 2023, alors qu’elle avait été moins forte entre 2019 et 2022.

En 2023, la baisse des naissances s’accentue dans l’ensemble des pays de l’ouest de l’UE (dont la France et l’Allemagne font partie), passant de ‑1,3 % en moyenne par an entre 2019 et 2022 à ‑5,7 % entre 2022 et 2023. La baisse s’accentue également dans les pays de l’est de l’UE, où elle était déjà de forte ampleur depuis 2019 : ‑4,5 % en moyenne par an entre 2019 et 2022, puis ‑9,3 % entre 2022 et 2023. Dans les pays du nord, et surtout du sud de l’UE, la baisse des naissances entre 2022 et 2023 s’inscrit dans une tendance de plus long terme.

Au total, entre 2019 à 2023, le nombre de naissances diminue de 12 % dans l’ensemble de l’Union : ‑9 % dans le sud et l’ouest de l’UE (‑10 % en France), ‑11 % dans le nord de l’UE, et ‑21 % dans l’est de l’UE. Dans la quasi-totalité des pays de l’UE, et plus particulièrement dans les pays du nord de l’UE, cette baisse des naissances traduit avant tout un recul de la fécondité. Dans les pays du sud et de l’est de l’UE, elle provient aussi d’une baisse du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants : depuis 2019, le nombre de femmes âgées de 15 à 49 ans diminue dans ces pays, alors qu’il est stable dans l’UE de l’ouest et du nord.

En 2022, dernière année pour laquelle cet indicateur est disponible, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) en France (1,79) était le plus élevé de l’UE à 27, et donc supérieur à la moyenne de l’UE (1,46). Trois pays de l’est de l’UE avaient, après la France, la fécondité la plus élevée avec des indicateurs conjoncturels compris entre 1,6 et 1,7 : la Roumanie, la Bulgarie et la République tchèque. L’Espagne et Malte avaient à l’inverse la fécondité la plus basse au sein de l’Union européenne (ICF inférieur à 1,2).