Insee Focus · Novembre 2024 · n° 340

Des écarts de taux d’emploi entre femmes et hommes souvent plus marqués dans les DOM que dans l’Hexagone

Dans les DOM comme dans l’Hexagone, les femmes de 15 à 64 ans sont moins souvent en emploi que les hommes, en moyenne de 2021 à 2023 (Figure 1). Les écarts sont fortement marqués à Mayotte (13 points, soit 24 % pour les femmes, contre 37 % pour les hommes) et en Guyane (10 points, respectivement 38 % et 48 %), où les taux d’emploi sont aussi les plus faibles. L’écart est moins élevé à La Réunion (7 points), proche de celui observé dans l’Hexagone (5 points) mais avec des taux d’emploi nettement plus bas (46 % pour les femmes et 53 % pour les hommes contre respectivement 66 % et 71 % en France hors DOM). Aux Antilles, les écarts sont encore plus faibles : 3 points en Guadeloupe et 2 points en Martinique. Ce moindre emploi des femmes a pour principale contrepartie une inactivité plus fréquente que chez les hommes dans tous les territoires. La part de chômeurs parmi les 15 à 64 ans est similaire chez les hommes et les femmes.

Dans les DOM comme en France hors DOM, le taux d’emploi augmente avec le niveau de diplôme et les écarts entre femmes et hommes se réduisent. Dans la majorité des territoires, ils atteignent ou dépassent 10 points pour les personnes peu ou pas diplômées alors qu’ils sont inférieurs à 4 points chez les diplômés du supérieur.

Entre 25 et 49 ans, les taux d’emploi sont les plus élevés et les écarts entre femmes et hommes sont aussi les plus marqués : 8 points de moins pour les femmes dans l’Hexagone, de 9 à 11 points aux Antilles et à La Réunion, 16 points en Guyane et à Mayotte. Les femmes sont plus souvent inactives et, particulièrement dans les DOM, plus souvent que les hommes dans le halo autour du chômage. Aux Antilles et à La Réunion, 15 % des femmes entre 25 et 49 ans sont dans ce halo, contre 10 % des hommes ; en Guyane et à Mayotte, ce sont 30 % des femmes contre 20 % des hommes. Dans les DOM hors Mayotte (faute de données équivalentes à Mayotte), cela résulte d’une part plus élevée de femmes que d’hommes déclarant vouloir travailler mais ne pas être disponibles et/ou ne pas rechercher d’emploi activement pour cause de garde d’enfants ou d’un proche.

Entre 25 et 49 ans, les femmes sans enfant à charge sont aussi souvent en emploi que les hommes dans la même situation, voire plus à La Réunion. Dès la présence d’un enfant à charge, les taux d’emploi des femmes sont moins élevés que ceux des hommes dans tous les territoires et les écarts sont plus marqués dans les DOM que dans l’Hexagone quel que soit le nombre d’enfants.

En présence d’un enfant ou de deux de plus de 3 ans, 61 à 65 % des femmes entre 25 et 49 ans aux Antilles et à La Réunion travaillent, soit environ 20 points de moins que les hommes à situation équivalente (Figure 2). En Guyane, l’écart est similaire malgré des taux d’emploi plus faibles. L’écart est deux fois moins marqué dans l’Hexagone (10 points), avec un taux d’emploi des femmes de même situation familiale plus élevé (83 %). En présence de deux enfants dont le plus jeune a moins de 3 ans ou d’au moins trois enfants, les taux d’emploi des femmes chutent à 65 % en France hors DOM, 50 % en Martinique, moins de 40 % en Guadeloupe et à La Réunion, et moins de 30 % en Guyane. À l’inverse, les taux d’emploi des hommes varient peu en fonction de la situation familiale aux Antilles et dans l’Hexagone et les écarts augmentent donc. Ils atteignent 36 à 43 points dans les DOM hors Mayotte et 25 points dans l’Hexagone.

La part des mères en emploi est plus basse si elles ont la charge de leur(s) enfant(s) seules plutôt qu’en couple. Aux Antilles et à La Réunion, en présence d’un enfant, le taux d’emploi des mères de famille monoparentale est de 4 à 8 points moins élevé que celui des mères en couple. En outre, plus leur nombre d’enfants est élevé, plus l’écart est marqué. Lorsqu’elles ont deux enfants de plus de 3 ans, l’écart entre mères de famille monoparentale et mères en couple dans ces territoires est de 15 à 21 points, et à partir de deux enfants dont un en bas âge, l’écart dépasse 25 points (respectivement 9 et 15 points dans l’Hexagone). En Guyane, les taux d’emploi restent proches entre mères seules ou en couple.

Entre 2021 et 2023, aux Antilles, à La Réunion et dans l’Hexagone, les taux d’emploi des hommes de 50 à 64 ans baissent nettement, par rapport à ceux de 25 à 49 ans. À La Réunion et dans l’Hexagone, les taux d’emploi des femmes baissent dans des proportions comparables et des écarts subsistent entre hommes et femmes. Aux Antilles, en revanche, les taux d’emploi des femmes se maintiennent et les écarts diminuent fortement. En Guyane et à Mayotte, les taux d’emploi après 50 ans varient peu par rapport à ceux des 25-49 ans.

Le taux d’emploi entre 50 et 64 ans baisse avec des départs à la retraite et une hausse des problèmes de santé empêchant l’activité professionnelle. La part de retraités sans emploi après 50 ans est plus élevée dans l’Hexagone que dans les DOM : 17 % des hommes et 15 % des femmes de 50-64 ans se déclarent à la retraite et sont sans emploi dans l’Hexagone, contre 6 à 10 % des hommes et 5 à 7 % des femmes dans les DOM hors Mayotte. Inversement, dans les DOM, davantage de seniors déclarent ne pas pouvoir travailler en raison de problèmes de santé. Dans les DOM hors Mayotte, les personnes sans emploi se déclarant en incapacité de travailler pour cause de handicap ou problème de santé durable représentent de 10 à 12 % des 50-64 ans, contre 8 % dans l’Hexagone. Ces problèmes affectent dans les mêmes proportions femmes et hommes, sauf en Guadeloupe où les hommes sont plus concernés.

Dans les DOM comme en France métropolitaine, les femmes travaillent plus souvent à temps partiel que les hommes, quels que soient l’âge et le nombre d’enfant(s) (Figure 3). Dans l’Hexagone, 26 % des femmes de 25 à 64 ans travaillent à temps partiel, soit 19 points de plus que les hommes. Aux Antilles et en Guyane, cette proportion varie de 18 % à 22 %, soit 10 à 14 points de plus que les hommes. À La Réunion, les femmes comme les hommes sont plus souvent à temps partiel que dans les autres territoires, et l’écart est plus élevé : 32 % des femmes et 12 % des hommes. À Mayotte au contraire, le temps partiel est moins fréquent : 10 % des femmes en emploi de 25 à 64 ans contre 4 % des hommes.

Les femmes sont également plus souvent en sous-emploi que les hommes (Figure 4). De 10 % à 14 % des femmes en emploi de 25 à 64 ans sont en sous-emploi dans les DOM hors Mayotte, contre 5 % à 9 % des hommes.

Dans les DOM hors Mayotte, les écarts entre femmes et hommes sur la part de temps partiel et de sous-emploi s’observent pour les 25-49 ans comme pour les 50-64 ans, quel que soit le nombre d’enfants à charge, et également chez les personnes sans enfant. Toutefois, ils s’accentuent pour les 25-49 ans quand le nombre d’enfants augmente.