Insee Première · Octobre 2024 · n° 2021

À Wallis-et-Futuna, la population a diminué d’un quart en vingt ans

Entre le 24 juillet et le 19 août 2023, 11 151 personnes ont été recensées à Wallis-et-Futuna (8 088 à Wallis et 3 063 à Futuna). Territoire d’outre-mer depuis 1961 et collectivité d’outre-mer depuis 2003, Wallis-et-Futuna est découpé en trois circonscriptions qui sont chacune un royaume coutumier : Alo et Sigave dans l’île de Futuna et Uvéa dans l’île de Wallis, elle-même subdivisée en trois districts : Hahake, Hihifo et Mua  (figure 1).

Depuis 2003, ces îles françaises du Pacifique sont confrontées à une diminution de leur population sous l’effet d’une forte émigration des jeunes en âge de poursuivre des études universitaires ou de travailler. Cette diminution a été particulièrement marquée entre 2003 et 2013 (-2,0 % en moyenne par an), puis elle s’est atténuée entre 2013 et 2023 (-0,9 % par an)  (figure 2). La majeure partie des habitants (72,5 %) réside à Wallis qui a la densité de population la plus importante des deux îles habitées (104 habitants par km² contre seulement 48 habitants par km² à Futuna). Au cours des vingt dernières années, la population a baissé de 25,4 %, mais la baisse de la population a été deux fois moins prononcée à Wallis qu’à Futuna (respectivement -19,7 % contre -37,1 %).

L’évolution d’une population dépend du solde naturel et du solde migratoire. À Wallis-et-Futuna, l’accroissement naturel a été divisé par cinq en vingt ans. Si le solde des naissances sur les décès est très légèrement excédentaire, le déficit migratoire explique la baisse de la population. Ainsi, entre les recensements de 2018 et 2023, l’accroissement naturel est de 42 personnes en moyenne par an. Il contribue ainsi à hauteur de 0,4 % à l’accroissement annuel moyen de la population, contre 0,7 % entre 2013 et 2018 (80 personnes par an) et 1,5 % sur la période 1996-2003 (218 personnes par an)  (figure 3). En revanche, le solde migratoire apparent est déficitaire depuis 1969 (sauf durant la période de 1976 à 1983). Il a contribué à la baisse de la population durant les cinq dernières années (-1,1 % par an en moyenne), mais de manière moins forte qu’auparavant (-3,2 % par an en moyenne entre 2003 et 2008).

En 2023, huit habitants sur dix sont nés à Wallis-et-Futuna (80,7 % contre 85,2 % en 2003) et un sur dix est né en Nouvelle-Calédonie (10,1% contre 8,2 % en 2003). Les natifs de la métropole représentent 6,3 % des habitants contre 4,5 % en 2003. La part des résidents nés dans un autre département ou territoire ultramarin ou encore à l’étranger est faible et reste stable (2,9 % en 2023). Parmi les personnes nées hors du territoire, 42,4 % s’y sont installées entre 2018 et 2023.

À Wallis-et-Futuna, la population vieillit. Depuis vingt ans, la part des moins de 20 ans a diminué de façon continue de 13,5 points et ne représente plus que 30,6 % de la population en 2023  (figure 4). À l’inverse, près de deux habitants sur dix sont âgés de 60 ans ou plus en 2023 et cette part a doublé durant la même période (19,1 % en 2023 contre seulement 8,9 % en 2003). L’âge médian est ainsi passé progressivement de 23 ans en 2003 à 38 ans en 2023. Le vieillissement de la population est plus marqué sur l’île de Futuna, avec un âge médian de 41 ans en 2023 alors qu’il est de 37 ans à Wallis.

Ce vieillissement résulte du déficit de la population âgée entre 20 et 40 ans, conjugué à une baisse de la natalité et une hausse de l’espérance de vie à la naissance. Le taux de natalité diminue nettement entre 2003 et 2023 et atteint 10,3 naissances pour mille habitants en 2023 (contre 19,4 ‰ en 2003). Les femmes sont en proportion plus nombreuses en 2023 qu'en 2003, mais elles ont en moyenne 1,7 enfant contre 2,7 enfants vingt ans plus tôt, passant ainsi sous le seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme). Par ailleurs, l’espérance de vie des Wallisiens et des Futuniens a augmenté de quatre années entre 2003 et 2023. L’espérance de vie des femmes reste supérieure à celle des hommes, mais l’écart s’est réduit entre 2018 et 2023. Ainsi, en 2023, l’espérance de vie des hommes est de 76 ans (contre 73 ans en 2018) et celle des femmes est de 81 ans (contre 80 ans en 2018).

Les couples vivant uniquement avec leurs enfants au domicile familial ne représentent plus que 30,1 % des ménages en 2023 (contre 44,9 % en 2003). Les ménages complexes, composés de plusieurs noyaux familiaux, sont devenus moins fréquents et représentent désormais moins d’un ménage sur trois (32,2 % en 2023 contre 45,1 % en 2003). À l’inverse, la part de couples sans enfants (ou ayant des enfants ne vivant pas au domicile familial) a considérablement augmenté et atteint 16,9 % des ménages contre 4,2 % en 2003. La part des personnes vivant seules a également nettement augmenté : 14,0 % des ménages en 2023 contre 7,8 % en 2003. Les familles monoparentales restent peu nombreuses et leur part est stable depuis 2018 (6,7 % des ménages).

La taille moyenne des ménages a ainsi fortement diminué en 20 ans : en 2023, les ménages sont composés de 3,6 personnes en moyenne (contre 4,8 en 2003). Cette dynamique résidentielle, observée sur les deux îles, conduit à une augmentation du nombre de résidences principales malgré la baisse de la population (+0,4 %, moyenne annuelle entre 2018 et 2023).

En vingt ans, la part d’habitants sans diplôme à Wallis-et-Futuna a fortement diminué, passant de 65,6 % en 2003 à 45,1 % en 2023. À l’inverse, la proportion des bacheliers et des diplômés du supérieur a doublé. Ainsi en 2023, 16,2 % des 25 ans ou plus détiennent comme plus haut diplôme le baccalauréat contre 6,0 % en 2003, 6,6 % ont un diplôme de premier cycle universitaire contre 2,7 % en 2003 et 6,4 % sont diplômés du deuxième ou troisième cycle universitaire contre 4,5 % en 2003.

En 2003, les femmes bachelières étaient plus nombreuses que les hommes (7,0 % contre 5,1 %). Cette tendance se poursuit en 2023 : 18,9 % des femmes détiennent le baccalauréat contre 13,2 % des hommes. Les femmes ont plus souvent un diplôme post bac que par le passé, 13,2 % des femmes en 2023 contre seulement 5,3 % en 2003. Cette part dépasse, pour la première fois en 2023, la part des hommes diplômés du supérieur (12,8 %). Cependant, les femmes détiennent un peu moins souvent de diplôme de deuxième cycle universitaire que les hommes.

En 2023, 60,1 % des habitants âgés de 15 à 64 ans sont en emploi  (figure 5). Le marché du travail est divisé entre les activités classiques et les activités dites « annexes » qui s’inscrivent dans la culture wallisienne et futunienne du partage et de l’échange mais aussi de la vente d’une partie de la production. Dans ce contexte, les personnes « en emploi » incluent celles qui se déclarent sans emploi lors du recensement, mais qui déclarent pratiquer une activité annexe dont une partie de la production est vendue. Ces dernières représentent 17,9 % des personnes en emploi. La majorité d’entre elles pratique l’artisanat (53,9 %) ou l’agriculture (24,0 %). Les petits commerces et la pêche sont plus marginalement représentés.

Les disparités territoriales et de genre face à l’emploi persistent. À Wallis, 63,0 % des personnes en âge de travailler sont en emploi contre 52,6 % à Futuna. Par ailleurs, le taux d’emploi des hommes reste supérieur à celui des femmes (respectivement 63,1 % contre 57,3 %) même si cet écart s’est réduit de 2,4 points en vingt ans. Il varie également selon les âges : si 72,2 % des personnes âgées de 25 à 54 ans sont en emploi, seulement 30,6 % des 15-24 ans occupent un emploi, en lien notamment avec l’allongement des études, et 50,8 % des 55-64 ans. Les plus diplômés sont plus souvent en emploi : 71,4 % des titulaires d’un baccalauréat âgés de 15 à 64 ans sont en emploi contre 49,4 % de ceux ayant un diplôme du secondaire (BEPC, CAP, BEP). En 2023, 75,4 % des personnes en emploi travaillent à temps plein : c’est le cas de 79,1 % des hommes et 71,8 % des femmes. La situation diffère entre les deux îles. À Futuna, 58,9 % des personnes en emploi exercent leur activité à temps plein contre 81,0 % à Wallis. L’activité annexe, considérée comme une activité partielle, est plus importante à Futuna : parmi les personnes en emploi, 31,2 % pratiquent une activité annexe ayant généré des revenus contre 13,4 % à Wallis.

Entre 2018 et 2023, le marché de l’emploi à Wallis-et-Futuna a principalement varié sous l’effet d’un changement du statut des agents des services publics en fonction publique territoriale en 2022 qui a favorisé les recrutements. Le poids de l’emploi public sur le territoire a augmenté de 4,9 points en cinq ans. Plus de la moitié des emplois (hors activités annexes) sur le territoire sont publics (administration publique, enseignement, santé et action sociale), 52,9 % en 2023 contre 48,0 % en 2018. En 2023, le secteur privé représente 34,9 % de l’emploi sur le territoire et l’emploi indépendant, 11,9 %.

Le taux de chômage au sens du recensement est de 8,2 % en 2023 (contre 15,2 % en 2003). Toutefois, cet indicateur est à relativiser car dans le contexte local où le marché de l’emploi et les dispositifs d’accompagnement à la recherche d’emploi sont limités, des personnes en âge de travailler peuvent se déclarer comme « inactives » ou comme « personnes au foyer » parce qu’elles ne font pas de démarches officielles pour trouver un emploi. Ainsi, 10,1 % des personnes qui se sont déclarées au foyer ou autres inactifs lors du recensement ont également déclaré être disponibles immédiatement pour occuper un emploi si l’opportunité se présente.

Les jeunes de moins de 25 ans sont les plus touchés par le chômage, 29,9 % au sens du recensement contre 6,0 % pour les 25 à 54 ans. Il est quasi nul chez les plus de 55 ans (0,9 %). La moitié des chômeurs a déclaré avoir déjà exercé une activité salariée par le passé. Le chômage est plus important chez les hommes (9,1 %) que chez les femmes (7,4 %) et les écarts entre les deux îles se réduisent au fil du temps (8,9 % à Futuna contre 8,0 % à Wallis en 2023).

Les ménages sont de plus en plus connectés à Internet et disposent des outils de communication nécessaires pour y accéder. En 2023, 89,2 % des ménages disposent au moins d’un téléphone portable (contre 69,5 % en 2018) ; le réseau mobile n’est arrivé sur le territoire qu’en 2015. La part des ménages équipés d’au moins un ordinateur fixe ou portable a baissé en cinq ans, passant de 47,3 % en 2018 à 42,6 % en 2023, après avoir fortement augmenté (15,0 % en 2003). Malgré cette légère baisse de l’équipement en ordinateur, la connexion des ménages aux services Internet a particulièrement accéléré entre 2018 et 2023. Cette hausse est le résultat d’une révision à la baisse des prix des forfaits Internet appliqués sur le territoire depuis le mois de juillet 2018. Plus de la moitié des ménages (51,4 %) utilisent la 4G pour se connecter à Internet et 27,5 % disposent de l’ADSL. Ainsi plus de sept ménages sur dix (72,5 %) disposent en 2023 d’une connexion à Internet contre un peu moins de quatre ménages sur dix en 2018 (37,0 %). Cependant, une inégalité demeure entre les deux îles avec 77,2 % des ménages connectés à Wallis et 59,9 % des ménages à Futuna.

À Wallis-et-Futuna, près de neuf habitants sur dix (89,0 %) sont propriétaires de leur logement. La plupart des résidences principales sont des maisons individuelles modernes ou des bâtiments de type moderne (93,2 %), constructions en dur par opposition à l’habitat traditionnel avec toit en paille, appelé falé. L’équipement et le confort des logements s’améliorent. En 2023, presque tous les ménages sont alimentés en eau à l’intérieur de leur habitation (95,9 % en 2023 contre 80,9 % en 2003). Le niveau d’équipement en appareils électroménagers de base s’améliore également. 84,9 % des ménages disposent d’un réfrigérateur (contre 61,7 % en 2003), près de neuf sur dix d’une machine à laver (85,7 % en 2023 contre 56,6 % en 2003) et 46,2 % d’un climatiseur (contre 13,5 % en 2003).