Insee Première · Août 2024 · n° 2008

Portrait des nouveaux quartiers prioritaires de la politique de la ville en France métropolitaine

La politique de la ville est une politique de cohésion urbaine et de solidarité, nationale et locale, envers les quartiers défavorisés et leurs habitants. Elle se déploie sur des territoires infra-urbains appelés « Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville » (QPV) (encadré). Ces quartiers sont caractérisés par un écart de développement économique et social marqué avec le reste des agglomérations dans lesquelles ils sont situés ; ils sont définis par le revenu médian de leurs habitants par unité de consommation, plus faible que dans le reste des unités urbaines environnantes.

Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ont été créés par la loi Lamy de 2014. Le périmètre des QPV de France métropolitaine a été actualisé pour la première fois en 2024 ; en Outre-mer, les périmètres seront mis à jour en 2025. 1 362 quartiers en France métropolitaine bénéficient ainsi de la politique de la ville au 1^er janvier 2024, contre 1 296 sur la période précédente (2014-2023). En 2024, les QPV se répartissent désormais sur tous les départements de France métropolitaine, avec en moyenne 14 QPV par département. La répartition des quartiers est cependant hétérogène sur le territoire, allant d’un seul QPV dans plusieurs départements (les Hautes-Alpes, le Cantal, la Creuse, le Gers, le Lot et la Lozère) à 94 QPV dans le Nord.

5,3 millions de personnes vivent dans un quartier prioritaire de France métropolitaine délimité selon le nouveau zonage de 2024, soit 8 % de la population, contre 7 % dans les anciens QPV. Si les QPV comptent en moyenne 3 900 habitants, 90 % d’entre eux en ont moins de 7 570, et les 10 % restants regroupent 2,13 millions de personnes. Parmi les 137 QPV les plus peuplés comptant plus de 7 570 habitants, 57 se trouvent dans l’aire d’attraction de la ville de Paris et 58 appartiennent à une unité urbaine de plus de 200 000 habitants hors Paris. La Seine-Saint-Denis est, de loin, le département où la part d’habitants concernés par la géographie prioritaire est la plus élevée : 42 % de ses habitants résident dans un QPV (figure 1) ; ce département abrite d’ailleurs le QPV le plus peuplé (132 500 habitants), celui-ci s’étendant sur les communes d’Aubervilliers, La Courneuve et Saint-Denis. Vient ensuite le Val-d’Oise, où 18 % des habitants vivent en QPV. À l’opposé, environ 1 % des habitants du Lot, de la Haute-Loire, de la Vendée et des Hautes-Alpes vivent en QPV.

Les habitants des QPV ont en moyenne 35 ans, contre 41 ans dans les environnements urbains, c’est-à-dire le reste de l’unité urbaine dans laquelle se situe le QPV (figure 2). Ainsi, 39 % des habitants des QPV ont moins de 25 ans, contre 30 % dans les environnements urbains. À l’inverse, la part des personnes de 60 ans ou plus y est plus faible : 18 %, contre 26 % dans les environnements urbains.

Les personnes étrangères et immigrées représentent respectivement 23 % et 28 % de la population des QPV. Ces parts sont 2,8 et 2,5 fois plus élevées que dans les environnements urbains.

Dans les QPV comme dans les environnements urbains, quatre ménages sur dix sont des personnes vivant seules. Dans les QPV, ces personnes seules sont moins jeunes : 12 % ont entre 20 et 29 ans, contre 18 % dans les environnements urbains. Cette moindre proportion de jeunes parmi les personnes seules peut notamment s’expliquer par une décohabitation familiale moins forte en QPV. En effet, 37 % des jeunes de 20 à 29 ans vivent chez leurs parents en QPV, contre 27 % dans les environnements urbains.

La proportion de familles monoparentales en QPV est près de deux fois plus élevée que dans les environnements urbains : 17 % contre 9 % (figure 3). Dans neuf cas sur dix, une femme est à la tête de la famille monoparentale. À l’inverse, les couples sans enfant sont 1,9 fois moins nombreux dans les QPV, tandis que les couples avec enfants sont présents dans des proportions similaires (24 % des ménages en QPV et 22 % dans les environnements urbains). Les ménages dont la personne de référence est étrangère sont plus souvent des couples avec enfants (37 %) et moins souvent des familles monoparentales (14 %).

Dans les QPV, quatre familles avec enfants sur dix ont un seul enfant, contre cinq sur dix dans les environnements urbains. À l’inverse, 26 % des familles avec enfants ont 3 ou 4 enfants, contre 15 % dans les environnements urbains. Cette plus forte présence des familles nombreuses contribue à expliquer la part élevée de jeunes de moins de 25 ans en QPV.

Les habitants des QPV louent leur résidence principale dans 85 % des cas, soit 1,9 fois plus souvent que dans les environnements urbains. Neuf habitants sur dix vivent en appartement, ce qui n’est le cas que de six habitants des environnements urbains sur dix. En lien avec leur plus forte précarité, 62 % des ménages vivant dans les QPV déclarent occuper un logement appartenant à un organisme HLM, contre 14 % dans les environnements urbains.

En QPV, un ménage sur sept habite un logement suroccupé, soit 2,5 fois plus que dans les environnements urbains. La suroccupation plus marquée en QPV peut s’expliquer à la fois par moins de pièces par logement (3,2 pièces en moyenne en QPV, contre 3,6 dans les environnements urbains) et davantage de personnes par ménage (2,4 personnes en moyenne par ménage en QPV, contre 2,1).

Un quart des couples avec enfants en QPV vivent dans un logement suroccupé, soit 2,8 fois plus que dans les environnements urbains. Si 43 % des familles nombreuses (ayant 3 enfants ou plus) et 54 % des ménages complexes avec noyau familial vivent dans un logement suroccupé, soit respectivement 1,9 et 1,7 fois plus que dans les environnements urbains, ce n’est le cas que de 3 % des couples sans enfant. Enfin, 23 % des familles monoparentales habitent un logement suroccupé, soit 1,4 fois plus que dans les environnements urbains.

Les habitants des QPV sont en moyenne moins diplômés : 44 % déclarent n’avoir aucun diplôme, contre 23 % des habitants des environnements urbains. À l’inverse, seuls 17 % d’entre eux disent avoir un diplôme de niveau bac+2 ou supérieur, contre 39 % de la population des environnements urbains.

Parmi les personnes déclarant un diplôme inférieur au baccalauréat, les différences de qualification entre les hommes et les femmes sont moins marquées en QPV que dans les environnements urbains. Dans les environnements urbains, les hommes sont plus souvent titulaires d’un diplôme qualifiant et moins souvent sans diplôme : 24 % des hommes déclarent un niveau CAP/BEP et 21 % se déclarent sans diplôme, contre respectivement 18 % et 25 % chez les femmes. C’est également le cas dans les QPV, mais les hommes comme les femmes se déclarent plus souvent sans diplôme que titulaires d’un CAP/BEP : 27 % des hommes vivant en QPV déclarent un niveau CAP/BEP, et 41 % se déclarent sans diplôme ; 21 % des femmes en QPV déclarent être titulaires d’un CAP/BEP et 46 % être sans diplôme. Parmi les personnes déclarant un diplôme du baccalauréat ou plus, hommes et femmes sont diplômés dans les mêmes proportions, en QPV comme dans les environnements urbains.

Dans les QPV, la scolarisation des jeunes est moins fréquente, en lien avec des sorties plus précoces du système éducatif : seuls 60 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans sont scolarisés, contre 70 % dans les environnements urbains. Les femmes de 15 à 24 ans sont plus souvent en études que les jeunes hommes, en QPV (62 % contre 58 %) comme dans les environnements urbains (72 % contre 67 %). Plus d’un quart des jeunes âgés de 16 à 25 ans en QPV ne sont ni en emploi ni en études, soit deux fois plus que les habitants du même âge des environnements urbains.

La moindre qualification des habitants des QPV se répercute sur le marché de l’emploi. Le taux d’emploi au sens du recensement de la population y est nettement plus faible que dans les environnements urbains (figure 4). En effet, moins de la moitié des habitants des QPV disent occuper un emploi, contre les deux tiers des habitants des environnements urbains. Le taux d’emploi est encore plus faible pour les femmes et les étrangers dans les QPV (environ 40 %). Ce taux d’emploi plus bas en QPV découle d’une part, d’un taux de chômage au sens du recensement de la population 2,3 fois plus élevé que dans les environnements urbains, et d’autre part, d’un taux d’activité moindre : deux personnes sur trois sont actives dans les QPV, contre trois sur quatre dans les environnements urbains. Par ailleurs, lorsque les habitants des QPV sont en emploi, leur situation sur le marché du travail est plus précaire que celle des habitants des environnements urbains : 23 % des habitants des QPV en emploi ont un contrat à durée limitée, contre 13 % dans les environnements urbains.

Les catégories socioprofessionnelles de l’emploi actuel des habitants des QPV, ou du dernier emploi occupé pour les personnes au chômage, diffèrent également : 38 % d’entre eux sont des employés et 35 % des ouvriers, contre seulement 27 % et 16 % des habitants des environnements urbains (figure 5). Au contraire, la part d’artisans et de cadres est plus faible dans les QPV : 11 %, contre 29 % dans les environnements urbains.