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Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Juillet 2024 · n° 146
Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes8 % du parc automobile de la ZFE de Grenoble interdit à la circulation en 2024

Aline Labosse, Aude Lécroart, Séverine Mugnier, Christelle Thouilleux (Insee)

Au 1er janvier 2024, la réglementation relative à la zone à faibles émissions mobilité (ZFE‑m) pour les véhicules particuliers est entrée en vigueur dans la métropole de Grenoble. Elle vise à améliorer la qualité de l’air dans l’agglomération grenobloise en interdisant la circulation et le stationnement des véhicules les plus polluants. 8 % du parc automobile de la zone est concerné. Cette part est plus importante dans certains territoires de la ZFE, moins favorisés économiquement. Plus d’un actif en emploi sur deux circulant dans la ZFE de Grenoble déclare utiliser une voiture pour ses trajets domicile-travail. Les cadres, les professions intermédiaires et les couples avec enfants sont les plus nombreux à utiliser leur véhicule pour se rendre au travail, entraînant une participation accrue aux émissions de gaz à effet de serre.

Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes
No 146
Paru le :Paru le16/07/2024

Un enjeu de santé publique majeur

Afin de lutter contre la pollution émise par le trafic routier et accélérer la transition vers des modes de transport plus durables, les lois d’orientation des mobilités (2019) et climat et résilience (2021) fixent un cadre et des obligations pour la mise en place de zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m). Même si la qualité de l’air s’améliore globalement en France, elle reste un enjeu de santé publique majeur, en particulier dans les grandes agglomérations. Les restrictions de circulation et de stationnement dans les ZFE-m sont définies par les collectivités en fonction des types de véhicules (particuliers et/ou professionnels) et du .

Pour le parc des véhicules particuliers, neuf métropoles françaises sont concernées dont deux en Auvergne-Rhône-Alpes : Lyon et Grenoble. Cette dernière est considérée comme un « territoire de vigilance », les seuils réglementaires de qualité de l’air n’y étant plus dépassés depuis 2020.

À l’exception de quelques axes routiers exemptés, la ZFE de Grenoble s’étend sur le territoire de treize communes de l’agglomération : Échirolles, Eybens, Fontaine, Gières, Grenoble, La Tronche, Le Pont-de-Claix, Meylan, Saint-Égrève, Saint-Martin-le-Vinoux, Saint-Martin-d’Hères, Seyssinet-Pariset et Seyssins.

Connaître le parc automobile des véhicules particuliers de la ZFE et la population concernée a pour principal objectif de mieux appréhender les politiques publiques à mettre en place pour faire face à ces nouvelles réglementations environnementales.

8 % de véhicules particuliers interdits depuis le 1er janvier 2024

Au 1er janvier 2023, près de 160 000 véhicules particuliers circulaient dans les communes de la ZFE pour environ 170 000 ménages, soit moins d’un véhicule par ménage (0,9 véhicule par ménage) contre 1,3 au niveau régional. Plus d’un ménage sur quatre ne possède pas de voiture, un sur deux est équipé d’un seul véhicule et un sur cinq l'est de deux véhicules ou plus.

Au 1er janvier 2024, les véhicules particuliers les plus polluants (non classés ou classés Crit’Air 4 et 5) n’ont plus le droit de circuler et de stationner dans la ZFE de 7h00 à 19h00 du lundi au vendredi. Cela concerne au plus 12 500 véhicules (sources), soit 8 % du parc total de la ZFE. Ces catégories de véhicules correspondent à 10 % du parc total au niveau régional.

Un parc de véhicules plus concerné à Saint-Martin-d'Hères, Échirolles, Fontaine et Le Pont-de-Claix

La part de véhicules interdits diffère selon les communes (figure 1). Si tous les territoires sont concernés, quatre d’entre eux ont, en particulier, une proportion de véhicules interdits supérieure à celle de l’ensemble de la ZFE de Grenoble. Ainsi, 10 % des véhicules ne peuvent plus circuler ni stationner à Saint-Martin-d’Hères, tout comme 9 % des véhicules à Échirolles, Fontaine et Le Pont-de-Claix. Sur ces territoires, où le niveau de vie des habitants est en moyenne peu élevé, l’enjeu des collectivités locales et de l’État est double : accompagner les propriétaires de véhicules peu aisés à changer d’équipement et aménager le territoire avec la prolongation de la ligne du tramway D ou la poursuite du réseau Chronovélo dans l’agglomération par exemple.

Figure 1Part des véhicules interdits au 1er janvier 2024 dans les communes de la ZFE et de la métropole de Grenoble

(en %)
Part des véhicules interdits au 1er janvier 2024 dans les communes de la ZFE et de la métropole de Grenoble ((en %)) - Lecture : Depuis le 1er janvier 2024, 5 % des véhicules immatriculés à Meylan n’ont plus le droit de circuler ou stationner dans la ZFE.
Code commune de résidence Libellé Périmètre de la ZFE Part de véhicules interdits au 1er Janvier 2024
38151 Échirolles Oui 9,3
38158 Eybens Oui 6,3
38169 Fontaine Oui 8,8
38179 Gières Oui 6,5
38185 Grenoble Oui 8,2
38229 Meylan Oui 4,6
38317 Le Pont-de-Claix Oui 9,3
38382 Saint-Égrève Oui 6,7
38421 Saint-Martin-d'Hères Oui 9,8
38423 Saint-Martin-le-Vinoux Oui 7,9
38485 Seyssinet-Pariset Oui 6,4
38486 Seyssins Oui 6,3
38516 La Tronche Oui 6,5
38057 Bresson Non 4,8
38059 Brié-et-Angonnes Non 6,8
38068 Champagnier Non 6,4
38071 Champ-sur-Drac Non 7,7
38111 Claix Non 5,3
38126 Corenc Non 4,4
38150 Domène Non 7,0
38170 Fontanil-Cornillon Non 6,4
38187 Le Gua Non 11,7
38188 Herbeys Non 6,5
38200 Jarrie Non 6,2
38235 Miribel-Lanchâtre Non 7,1
38252 Montchaboud Non 7,5
38258 Mont-Saint-Martin Non 5,6
38271 Murianette Non 8,7
38277 Notre-Dame-de-Commiers Non 8,2
38279 Notre-Dame-de-Mésage Non 7,3
38281 Noyarey Non 6,2
38309 Poisat Non 6,5
38325 Proveysieux Non 6,3
38328 Quaix-en-Chartreuse Non 6,7
38364 Saint-Barthélemy-de-Séchilienne Non 12,3
38388 Saint-Georges-de-Commiers Non 8,9
38436 Saint-Paul-de-Varces Non 7,0
38445 Saint-Pierre-de-Mésage Non 8,9
38471 Le Sappey-en-Chartreuse Non 7,8
38472 Sarcenas Non 6,8
38474 Sassenage Non 6,2
38478 Séchilienne Non 11,6
38524 Varces-Allières-et-Risset Non 5,0
38528 Vaulnaveys-le-Bas Non 9,7
38529 Vaulnaveys-le-Haut Non 5,9
38533 Venon Non 8,4
38540 Veurey-Voroize Non 6,2
38545 Vif Non 8,1
38562 Vizille Non 9,2
  • Lecture : Depuis le 1er janvier 2024, 5 % des véhicules immatriculés à Meylan n’ont plus le droit de circuler ou stationner dans la ZFE.
  • Source : SDES, répertoire RSVERO au 1er janvier 2023.

Figure 1Part des véhicules interdits au 1er janvier 2024 dans les communes de la ZFE et de la métropole de Grenoble

  • Lecture : Depuis le 1er janvier 2024, 5 % des véhicules immatriculés à Meylan n’ont plus le droit de circuler ou stationner dans la ZFE.
  • Source : SDES, répertoire RSVERO au 1er janvier 2023.

Plus d’un actif en emploi sur deux circule en voiture pour ses trajets domicile-travail dans la ZFE

Au 1er janvier 2020, 336 000  circulent dans la ZFE. La moitié d’entre eux déclare utiliser majoritairement une voiture, un camion ou une fourgonnette pour se rendre au travail (figure 2). Les résidents qui travaillent dans la ZFE sont un peu moins nombreux à emprunter ces moyens de transport (45 %), car ils bénéficient d’un réseau de transports en commun dense. Parmi ceux qui quittent la ZFE (27 000 actifs), près des trois quarts roulent en voiture, ainsi que six sur dix parmi ceux qui entrent dans la zone (113 000 actifs).

Figure 2Nombre et part d’actifs en emploi utilisant un véhicule et circulant dans la ZFE de Grenoble

Nombre et part d’actifs en emploi utilisant un véhicule et circulant dans la ZFE de Grenoble
Localisation Nombre total d’actifs en emploi Actifs en emploi déclarant utiliser un véhicule particulier
Nombre d’actifs en emploi Part dans la population active en emploi (en %)
Habitant dans la ZFE 143 000 73 000 51
Travaillant dans la ZFE 116 000 52 000 45
Travaillant en dehors de la ZFE 27 000 20 000 74
Habitant hors de la ZFE et travaillant dans la ZFE 193 000 113 000 59
Ensemble circulant dans la ZFE de Grenoble 336 000 186 000 55
  • Source : Insee, Recensement de la population 2020.

Les professions intermédiaires et les cadres sont les plus nombreux à se déplacer en voiture

Parmi les actifs en emploi qui circulent dans la ZFE, ceux qui exercent une profession intermédiaire sont les plus nombreux à se rendre au travail en voiture (environ 56 000 actifs), devant les cadres (46 000). Si les ouvriers sont un peu moins nombreux à utiliser leur voiture (31 000), ils représentent 68 % de leur catégorie. La part des artisans, commerçants et chefs d’entreprise est un peu plus élevée (73 %), mais les déplacements de ces derniers impliquent 2,5 fois moins de véhicules. Les cadres, en proportion, sont ceux qui utilisent le moins la voiture pour aller travailler (48 % d’entre eux), tout comme les employés (50 %).

Les actifs avec enfants sont les plus concernés par les restrictions de circulation

Près d’un actif en emploi sur deux utilisant son véhicule pour circuler dans la ZFE pour ses trajets domicile-travail vit au sein d’un couple avec enfants, loin devant les couples sans enfants (22 %) et les ménages d’une seule personne (18 %). Les parents actifs sont aussi ceux qui recourent plus fréquemment à la voiture pour leur trajet domicile-travail, en comparaison avec les autres types de ménage. Ce mode de transport est sans doute plus flexible pour déposer ou récupérer les enfants dans des structures d’accueil (crèche, école, activités extrascolaires...).

Par ailleurs, les jeunes sont ceux qui prennent le moins la voiture pour se rendre au travail : 45 % des 15-29 ans choisissent ce mode de transport, contre 60 % des quadragénaires. Cela peut être lié à une moindre capacité d’achat, à une résidence située dans un milieu plus urbain, mieux desservi par les transports en commun, mais aussi à des comportements propres à cette génération.

Davantage de véhicules concernés au 1er janvier 2025

Au 1er janvier 2025, l’interdiction de circulation et de stationnement s’étendra aux véhicules particuliers classés Crit’Air 3. La réglementation s’appliquerait alors à 46 000 véhicules supplémentaires au maximum. Près de trois véhicules sur dix de la ZFE (29 %) seraient alors interdits. Dans la région, la part de véhicules classés Crit'Air 3 ou plus représenterait 30 % du parc. La part de véhicules concernés atteindrait le tiers des véhicules à Saint-Martin-d’Hères, Échirolles et Le Pont-de-Claix.

Publication rédigée par :Aline Labosse, Aude Lécroart, Séverine Mugnier, Christelle Thouilleux (Insee)

Sources

Les données d’immatriculation proviennent du répertoire statistique des véhicules routiers(RSVERO) au 1er janvier 2023 du Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Il recense les véhicules routiers en circulation (hors deux ou trois roues), immatriculés sur le territoire français et en règle vis-à-vis du contrôle technique.

Les données sur les équipements des ménages et les modes de transport des actifs en emploi proviennent du Recensement de la population 2020 de l’Insee.

Définitions

Certificat qualité de l’air, Crit’Air : vignette indiquant la classe environnementale du véhicule. Elle dépend du type de véhicule, de sa motorisation et de la norme européenne d’émissions polluantes qu’il respecte. Les véhicules non classés sont les plus polluants, ceux ayant une classe « E » sont les plus propres (véhicules électriques ou à hydrogène). Les autres s’échelonnent du Crit’Air « 1 » (les moins polluants) à « 5 » (les plus polluants).

Population active en emploi : elle comprend, au sens du Recensement de la population, les personnes qui déclarent être dans l’une des situations suivantes : exercer une profession (salariée ou non), même à temps partiel ; aider une personne dans son travail (même sans rémunération) ; être apprenti, stagiaire rémunéré ; être chômeur tout en exerçant une activité réduite ; être étudiant ou retraité mais occupant un emploi.

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