Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur · Avril 2024 · n° 127

Une forte progression du taux d’emploi des seniors entre 2008 et 2019

En 2019, 1,04 million de personnes âgées de 55 à 70 ans résident en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ces seniors représentent 20 % de la population régionale. Plus de la moitié (53 %) sont des femmes. Du fait de l’arrivée dans cette tranche d’âge des générations nombreuses du baby-boom d’une part, de la féminisation de l’emploi, de l’allongement des études ou encore des réformes du régime des retraites d’autre part, le poids des seniors dans la population active a sensiblement augmenté sur la dernière décennie. Leur part est ainsi passée de 12,4 % en 2008 à 17,9 % en 2019. Celle des 60-70 ans a même doublé sur la période progressant de 3,3 % en 2008 à 6,6 % en 2019.

En 2019, 404 000 seniors sont ainsi actifs dans la région, dont 359 000 en emploi et 45 000 se déclarant chômeurs. Entre 55 et 70 ans, six sur dix sont inactifs : la moitié des seniors (524 000) sont retraités ou préretraités, et un sur dix (111 000) est dans une autre situation d’inactivité hors retraite (femme ou homme au foyer par exemple). Près de 2 % des seniors de la région cumulent emploi et retraite, une proportion comparable à la France métropolitaine et en légère hausse depuis 2008. L’âge à partir duquel la part de retraités parmi les seniors de la région devient majoritaire est de 62 ans en 2019, soit deux ans de plus qu’en 2008 (figure 1). Ce décalage, fortement lié au relèvement progressif sur la période de l’âge légal de départ à la retraite (de 60 à 62 ans) et à l’allongement des durées de cotisation, se constate également en France de province. La réforme des retraites promulguée en avril 2023 vise un nouveau recul de l’âge d’ouverture des droits de 62 à 64 ans à l’horizon 2030. Elle pourrait entraîner des changements similaires de comportements d’activité des seniors (encadré).

En 2019, 35 % des seniors de Provence-Alpes-Côte d’Azur sont en emploi, soit plus d’un senior sur trois (figure 2). Ce taux d’emploi, équivalent à celui observé en moyenne en France métropolitaine, est supérieur de deux points à celui de France de province (33 %). La différence avec cette dernière s’explique essentiellement par le taux d’emploi plus élevé dans la région des 60 à 64 ans (32 % contre 26 %), notamment des hommes, et dans une moindre mesure par celui des 65 à 70 ans (7 % contre 5 %). Les seniors de la région partent ainsi en moyenne plus tard à la retraite : à 62 ans, 58 % des seniors sont retraités ou préretraités contre 70 % des seniors de France de province. Cette situation contraste avec celle des 15-54 ans dont le taux d’emploi régional est inférieur à la moyenne française (65 % dans la région contre 68 % en France de province) du fait d’un taux d’activité moindre et d’un chômage plus élevé.

Le taux d’emploi des seniors de Provence-Alpes-Côte d’Azur a fortement progressé entre 2008 et 2019 passant de 27 % à 35 %, soit 118 000 seniors en emploi supplémentaires. Le taux d’emploi des 15 à 54 ans est lui resté relativement stable sur la période autour de 65 %. Si en moyenne plus d’un senior sur trois de la région est en emploi, les femmes le sont moins souvent que les hommes. Cet écart tend toutefois à se réduire légèrement du fait de l’arrivée à ces âges de générations de femmes plus fréquemment actives que les précédentes. Il demeure néanmoins plus marqué qu’en France de province : 32 % des femmes seniors et 37 % des hommes seniors de la région sont en emploi en 2019, contre 31 % des femmes seniors et 34 % des hommes seniors de France de province.

La progression du taux d’emploi des seniors sur la dernière décennie a concerné toutes les classes d’âge. En 2019, 68 % des seniors de 55 à 59 ans (soit 229 000 personnes) sont en emploi contre 55 % en 2008. De façon encore plus marquée, près du tiers (104 000) des seniors de 60 à 64 ans de la région travaillent désormais (contre 18 % en 2008). Enfin, le taux d’emploi des 65 à 69 ans (27 000 seniors en emploi en 2019) est passé de 4 % à 7 % sur la période. Si le taux d’emploi diminue au fil des âges, les décrochages les plus importants sont constatés à 60 ans et 62 ans, coïncidant avec la majorité des départs en préretraite ou retraite.

Les comportements de maintien dans l’emploi des seniors varient fortement selon leur catégorie socioprofessionnelle (figure 3). À 62 ans, près de la moitié des cadres et professions intellectuelles supérieures, des agriculteurs exploitants ou des artisans, commerçants et chefs d’entreprise de la région sont encore en emploi en 2019. Près du quart d’entre eux le sont encore à l’âge de 65 ans. Professions intermédiaires, employés et ouvriers tendent à quitter le marché du travail plus tôt. Ainsi, à l’âge de 62 ans, moins de trois sur dix sont encore en emploi (respectivement 30 %, 26 % et 21 %). La fin de carrière ne relève pas forcément d’une transition immédiate de l’emploi vers la retraite et peut passer par des périodes de chômage ou d’inactivité, en particulier pour les ouvriers et les employés [Flamand, 2023 ; pour en savoir plus (4)]. Plus généralement, ces différences de comportement entre catégories socioprofessionnelles peuvent s’expliquer par différentes raisons, parfois combinées : début de carrière tardif après des études longues (surtout pour les cadres), carrière hachée, choix ou nécessité financière de prolonger sa carrière, etc.

Employés et ouvriers quittant plus tôt le marché du travail, leur part dans l’emploi des seniors baisse significativement au fil des âges. Elle passe de 43 % des seniors en emploi entre 55 et 59 ans à un tiers (33 %) pour ceux âgés de 65 à 70 ans. À l’inverse, la part des artisans, commerçants et chefs d’entreprise est multipliée par deux passant de 10 % à 20 %. In fine, les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent, entre 65 et 70 ans, le quart des seniors en emploi (19 % entre 55 et 59 ans).

Quelle que soit leur catégorie socioprofessionnelle, les seniors de la région tendent à se maintenir dans l’emploi un peu plus longtemps qu’en France de province. Par ailleurs, la structure socioprofessionnelle de l’emploi régional peut également expliquer pour partie le taux d’emploi relativement élevé des seniors de 60 ans ou plus en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ainsi, les ouvriers, qui quittent généralement plus tôt le marché du travail, sont moins présents dans la région qu’en France de province. Inversement, cadres et professions intellectuelles supérieures, qui partent plus tard à la retraite, sont en proportion légèrement plus nombreux.

Les seniors représentent 18,7 % de l’emploi régional en 2019 (figure 4). Plus de trois seniors en emploi sur dix de la région travaillent dans les seuls secteurs des « activités pour la santé humaine », de « l’administration publique » et de « l’hébergement médico-social et social et action sociale sans hébergement » (contre 26 % chez les 15 à 54 ans). Cette concentration de l’emploi des seniors est également observée au niveau national. De ce fait, au sein de ces secteurs, plus d’un emploi sur cinq est exercé par un senior. Cette sur-représentation est toutefois encore plus marquée dans les secteurs de l’« agriculture », des « télécommunications » et des « activités immobilières » où les seniors représentent plus du quart de la main d’œuvre.

En termes de sur-représentation des seniors, certains métiers se distinguent particulièrement. Près de quatre médecins (et assimilés) sur dix de la région sont ainsi des seniors. C’est le cas également de trois aides à domicile ou ménagères sur dix et de près d’un agent d’entretien sur quatre, des métiers par ailleurs majoritairement exercés par des femmes. Enfin, plus du quart des agents administratifs de catégorie B de la fonction publique et des agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons de la région sont des seniors.

Plus avancés dans leur carrière, les seniors occupent plus fréquemment que leurs cadets des postes qualifiés. Ils sont plus souvent cadres ou exercent plus fréquemment des professions intellectuelles supérieures que les 15 à 54 ans de la région (19 % contre 15 %) et sont moins souvent ouvriers ou employés (44 % contre 55 %). Ainsi, les seniors salariés de la région sont globalement mieux rémunérés : ils perçoivent en 2019 un salaire horaire net moyen de 16 € contre 14 € pour les 15 à 54 ans (figure 5). Comme leurs cadettes, les femmes seniors occupent des postes moins qualifiés que leurs homologues masculins. Elles sont plus souvent employées ou ouvrières que les hommes seniors (53 % contre 36 %) et moins souvent cadres et professions intellectuelles supérieures (14 % contre 24 %).

Artisans, commerçants, chefs d’entreprise et professions intellectuelles supérieures étant surreprésentés chez les seniors, la part de non-salariés dans l’emploi y est plus élevée : 21 % des seniors en emploi de la région sont non-salariés contre 13 % pour les 15 à 54 ans. Sous-représentées dans ces catégories socioprofessionnelles, les femmes seniors sont deux fois moins souvent non-salariées que les hommes. Temps partiel et multiactivité sont également plus fréquents chez les seniors, en particulier chez les femmes. Dans la région, trois femmes seniors sur dix en emploi travaillent à temps partiel, une sur quatre cumulant plusieurs emplois.

Dans la région, plus d’un senior actif sur dix (11 %) en 2019 est chômeur au sens du recensement de la population contre 15 % parmi les 15-54 ans. Les femmes seniors le sont légèrement plus souvent que les hommes : 12 % contre 11 %. Entre 2008 et 2019, cette part de chômeurs a augmenté de plus d’un point chez les seniors, comme chez leurs cadets. Elle tend à s’accentuer aux âges proches des départs en retraite et à se résorber sensiblement ensuite : 11 % des seniors de 55 à 59 ans sont chômeurs au sens du recensement contre 13 % des 60 à 64 ans et 7 % des 65 à 70 ans. S’ils sont moins souvent au chômage, les seniors connaissent toutefois plus de difficultés à retrouver un emploi. Au 31 décembre 2019, plus de trois seniors sur dix demandeurs d’emploi en fin de mois de la région le sont depuis trois ans ou plus contre 16 % pour l’ensemble des demandeurs d’emploi.