Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine · Mars 2024 · n° 145

Emplois sportifs en Nouvelle-Aquitaine : une progression marquée mais une féminisation en retard

En 2020, 28 350 emplois sont liés au sport en Nouvelle-Aquitaine (figure 1). Dans la région, 39 % de ces emplois sont occupés par des femmes (10 920 emplois), contre 40 % sur l’ensemble du territoire national (pour comprendre).

La Nouvelle-Aquitaine rassemble ainsi un dixième de l’emploi sportif féminin du pays, se positionnant au quatrième rang après l’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les emplois sportifs féminins implantés en Nouvelle-Aquitaine représentent 1 % de l’ensemble des emplois féminins de la région, comme au niveau national.

Les femmes sont minoritaires dans la plupart des activités liées au sport. Néanmoins, dans les emplois liés à l’enseignement de disciplines sportives, la parité est atteinte. Il s’agit par exemple de cours dispensés par des professeurs indépendants ou des entraîneurs, les professeurs d’éducation physique et sportive du ministère de l’Éducation nationale étant exclus du champ. Elles sont ainsi 1 910 à exercer dans cette activité, soit 51 % des emplois.

Bien que les femmes n’y soient pas majoritaires, ce sont les activités des clubs de sport qui concentrent le plus d’emplois sportifs occupés par des femmes (3 230 femmes). Il s’agit des activités des associations sportives : clubs de football, natation, boxe, etc. Dans ces activités, la féminisation atteint 40 % des emplois.

Dans les 28 350 emplois liés au sport, « moniteur, éducateur sportif, sportif professionnel » est le principal métier. En Nouvelle-Aquitaine, ce sont 4 220 femmes qui sont monitrices-éducatrices sportives ou sportives professionnelles. Femmes ou hommes, la plupart exercent dans des activités des clubs de sport, ou dans l’enseignement de disciplines sportives. Les autres travaillent dans divers secteurs non sportifs comme l’administration publique ou les activités récréatives et de loisirs.

Moins fréquentes, d’autres professions supports étoffent le secteur sportif : vendeuse en habillement et articles de sport (770 femmes), employée administrative (350 femmes), secrétaire (350 femmes), agente et hôtesse d’accueil et d’information hors hôtellerie (340 femmes), employée des services comptables ou financiers (200 femmes), etc. Ces professions moins spécifiques au sport sont toutefois essentielles pour l’organisation et le fonctionnement des établissements liés au sport et des activités sportives du public.

Entre 2014 et 2020, le nombre de femmes occupant un emploi lié au sport augmente fortement en Nouvelle-Aquitaine, passant de 9 630 à 10 920 femmes (figure 2). Cette hausse ne concerne pas que les femmes, elle est même plus prononcée chez les hommes (+15 % contre +13 % pour les femmes). Par conséquent, même si le nombre de femmes dans les emplois liés au sport augmente dans la région, la féminisation des emplois sportifs ne progresse pas.

Toutefois, après les Pays de la Loire, la Nouvelle-Aquitaine est la deuxième région où le nombre de femmes occupant un emploi lié au sport augmente le plus. Cette hausse est deux fois supérieure à l’évolution nationale. Elle est par ailleurs trois fois supérieure à celle de l’ensemble des emplois féminins néo-aquitains.

La Gironde, la Creuse et la Charente sont les départements néo-aquitains où le nombre de femmes occupant un emploi lié au sport a le plus progressé entre 2014 et 2020 (respectivement +31 %, +27 %, +19 %). Dans les autres départements, l’évolution reste en deçà de la moyenne régionale et le nombre de femmes baisse même dans les Deux-Sèvres et à degré moindre dans le Lot-et-Garonne.

En Nouvelle-Aquitaine, les emplois de moniteur-éducateur sportif sont particulièrement en plein essor, notamment pour les femmes (+35 % contre +21 % pour les hommes). En conséquence, la part des femmes dans ce métier progresse et atteint 35 % en 2020.

En distinguant les différentes activités du secteur sportif, celle de l’enseignement de disciplines sportives est la plus dynamique. Entre 2014 et 2020, le nombre de femmes augmente de 71 %, ce qui est nettement supérieur à l’évolution chez les hommes. Les femmes deviennent ainsi majoritaires dans ces activités.

Cependant, dans les activités des clubs de sport, le nombre de femmes diminue (-11 %) alors que celui des hommes progresse légèrement. Par conséquent, la féminisation de ces activités s’amenuise de 3,8 points.

La Gironde, les Pyrénées-Atlantiques, la Charente-Maritime et les Landes concentrent les deux tiers des emplois féminins liés au sport. La Gironde en rassemble à elle seule un tiers (figure 3). À l’inverse, peu de femmes exercent dans la Creuse ou en Corrèze. Cette dichotomie entre les départements littoraux et les autres reflète l’implantation régionale des emplois sportifs. Parmi les monitrices-éducatrices sportives, la même concentration existe : les deux tiers d’entre elles exercent dans les quatre départements littoraux.

Toutefois, c’est dans les Deux-Sèvres que les emplois liés au sport sont les plus féminisés. Les femmes y restent minoritaires mais occupent 45 % de ces emplois. La Corrèze et la Dordogne arrivent ensuite. En Gironde, la part des femmes est de 41 %. Le taux de féminisation est plus faible dans le Lot-et-Garonne (35 %), et en Charente-Maritime où elles ne sont plus qu’un tiers à occuper un emploi lié au sport.

Dans la seule ville de Bordeaux, il existe 900 emplois féminins dans le sport, soit un douzième de l’ensemble des emplois féminins sportifs de la région. Elle est la 7^e ville française, devancée par Lille ou Toulouse et précédant Montpellier ou Nantes. Toutefois, le taux de féminisation y est de 35 %, soit quatre points en deçà du taux régional.

Dans le secteur de l’organisation de la pratique sportive (comprenant notamment l’activité des clubs de sport et l’enseignement de disciplines sportives), c’est également dans le département des Deux-Sèvres que les femmes sont les plus nombreuses en proportion, et majoritaires (52 %). La Gironde se positionne au deuxième rang (46 %).

Parmi la profession de moniteur-éducateur sportif qui comprend 35 % de femmes, les monitrices-éducatrices sportives sont davantage présentes en Charente-Maritime (39 %), en Corrèze puis en Gironde. Leur proportion dans la Vienne est la plus faible (29 %).

Hormis au-delà de 60 ans, les femmes sont toujours moins nombreuses que les hommes dans le secteur sportif et ce, dès le début de la vie active (figure 4).

Les emplois sportifs sont majoritairement occupés par des vingtenaires et trentenaires, avec un pic avant trente ans. À ces âges, l’écart entre les femmes et les hommes est le plus marqué : les femmes y sont deux fois moins nombreuses que les hommes.

Si le nombre d’hommes décroît à partir de 30 ans dans les emplois liés au sport, celui des femmes reste constant. Ainsi, l’écart entre femmes et hommes se réduit au fil des âges. La part des femmes passe par exemple de 34 % entre 25 et 29 ans à 40 % entre 45 et 49 ans.

Pour la profession de moniteur-éducateur sportif, l’écart entre hommes et femmes est encore plus marqué. En particulier, pour les plus jeunes actifs (15-40 ans), la part des femmes est de 30 %.

Parmi les emplois liés au sport, les femmes sont plus souvent en CDI que les hommes (respectivement 77 % et 73 %) (figure 5). Pour la seule profession de moniteur-éducateur sportif, la part des femmes en CDI est même supérieure de 9 points à celle des hommes (72 % des femmes sont en CDI).

Le non-salariat est toutefois particulièrement développé dans le secteur sportif, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. En effet, 19 % des femmes sont non salariées (11 % dans l’ensemble des emplois régionaux) et 20 % des hommes (19 % dans l’ensemble des emplois). Les monitrices-éducatrices sportives sont 36 % à être non salariées (27 % chez les hommes).

Par ailleurs, le temps partiel est aussi une forme d’emploi plus courante que dans l’emploi régional parmi les emplois sportifs, en particulier chez les femmes. Un tiers des femmes exerçant dans le secteur sportif occupent un emploi à temps partiel, soit deux fois plus que pour les hommes. Le temps partiel est encore plus fréquent pour la profession de moniteur et éducateur sportif : 23 % pour les hommes et 39 % pour les femmes.

Plus de la moitié des emplois dans le secteur sportif sont des professions intermédiaires tant pour les femmes que pour les hommes. Néanmoins, les femmes ont plus souvent des postes d’employés que les hommes (28 % contre 10 %) et à l’inverse, les hommes sont plus souvent ouvriers. Peu de postes de cadres sont proposés dans les emplois du sport, et les femmes le sont un peu moins que les hommes. Pourtant, les femmes sont davantage diplômées (Bac ou plus) parmi les personnes occupant un emploi sportif.

La méthodologie retenue pour cette étude, en concertation avec l’Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire (Injep), est une approche qui croise le secteur avec le métier.

Le champ de l’étude comprend ainsi les emplois de 11 secteurs d’activités identifiés dans le champ du sport, auxquels sont ajoutés les emplois de la profession liée au sport  « moniteurs et éducateurs sportifs, sportifs professionnels ».

Pour l’approche activités, ces 11 secteurs retenus sont répartis en 2 groupes :

L’approche métier permet de compléter ce périmètre avec les « moniteurs et éducateurs sportifs, sportifs professionnels » (code 424A de la nomenclature des professions - profession réglementée pour ce qui concerne les moniteurs/éducateurs) ayant un emploi dans un autre secteur que les 11 définis précédemment, par exemple l’administration publique, les activités récréatives et de loisirs... Ces emplois constituent le groupe « Autres activités ».

Les professeurs d’éducation physique et sportives du ministère de l’Éducation nationale sont exclus du champ de l’étude car le métier de « Professeurs agrégés et certifiés de l'enseignement secondaire » ne permet pas d’identifier la matière enseignée. Ils sont 3 430 d’après les données des Rectorats de Nouvelle-Aquitaine.