Insee Analyses Centre-Val de Loire · Janvier 2024 · n° 109

Les ménages résidant dans les communes densément peuplées sont relativement plus exposés aux particules en suspension en Centre-Val de Loire

En 2019, les concentrations annuelles moyennes en particules en suspension PM₁₀ et PM_2,5 sont inférieures aux seuils réglementaires actuels sur l’ensemble de la région Centre‑Val de Loire (figure 1). De plus, seul un ménage sur mille vit dans un environnement dont la concentration en PM₁₀ est au‑dessus de la valeur limite préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (15 µg/m³). En revanche, l’intégralité des ménages de la région est exposée à des concentrations en PM_2,5 supérieures aux recommandations de l’OMS. Pour 11,7 % des ménages de la région (11,5 % de la population), cette concentration en PM_2,5 est même supérieure au seuil de risque d’exposition (9 µg/m³) associé à la limite proposée par l’Union européenne pour 2030.

Parmi les ménages présentant un risque d’exposition aux particules fines PM_2,5 en 2030, 64,2 % d’entre eux résident dans un territoire densément peuplé au sens de la grille communale de densité. En comparaison, un quart de l’ensemble des ménages de la région est domicilié dans une zone densément peuplée. De même, les ménages résidant dans les pôles des aires d’attraction des villes (AAV) sont relativement plus concernés par la pollution aux particules fines : alors que ces pôles ne rassemblent que 39,5 % des ménages de la région, 73,3 % des ménages exposés à une concentration supérieure à 9 µg/m³ y demeurent. Ceci est directement lié à l’origine des émissions. En Centre‑Val de Loire en 2019, 60 % des émissions de particules PM_2,5 sont issues du secteur résidentiel, le chauffage majoritairement (32 % en ce qui concerne les PM₁₀), contre 21 % du secteur agricole et 11 % des transports routiers.

Les pôles des aires d’attraction des villes situés dans la moitié nord de la région abritent les ménages les plus exposés en proportion aux particules fines PM_2,5 (figure 2). En particulier, 44,7 % des ménages habitant dans le pôle de Chartres sont exposés à une concentration annuelle supérieure à 9 µg/m³. Les ménages résidant à proximité de l’Île‑de‑France sont également davantage concernés par cette pollution. Ainsi, parmi les ménages de la région résidant dans la couronne de l’aire d’attraction de la ville de Paris, 16,2 % sont exposés à des concentrations supérieures à 9 µg/m³, soit 4,7 points de plus que la moyenne régionale.

Sur l’ensemble des ménages de la région, un ménage sur dix a un niveau de vie inférieur à 12 242 euros (1^er décile). Parmi ces ménages les plus modestes, 16,0 % d’entre eux sont exposés à une concentration moyenne annuelle en PM_2,5 supérieure à 9 µg/m³, contre 10,3 % parmi les ménages faisant partie du dernier décile de niveau de vie (figure 3). Cette situation peut s’expliquer par une surreprésentation des ménages modestes dans les communes densément peuplées. Ainsi, parmi les ménages appartenant à ce premier décile de niveau de vie de la région, un sur trois vit dans une commune densément peuplée selon les critères de la grille de densité communale, alors que ces territoires denses ne regroupent qu’un quart de l’ensemble des ménages résidant en Centre‑Val de Loire. Une fois mis de côté ces différences de densité de population, l’exposition aux particules fines ne varie pas de façon perceptible selon les écarts de niveau de vie.

Les enfants et les individus âgés sont deux catégories de population vulnérables à la pollution de l’air (encadré 1). Dans la région, 12,6 % des jeunes de moins de 18 ans sont exposés à une concentration en PM_2,5 supérieure à 9 µg/m³. Parmi les enfants de 2 ans ou moins, cette part atteint même 13,7 %, soit 10 100 d’entre eux. Les populations jeunes résident donc plus fréquemment dans une zone plus polluée par les particules fines que l’ensemble de la population de la région. Ceci reflète la répartition des plus jeunes sur le territoire, 26,5 % des jeunes de moins de 2 ans vivent en effet dans une commune densément peuplée, contre 23,7 % de l’ensemble de la population.

En revanche, relativement plus nombreux dans les territoires ruraux, les ménages dont le référent fiscal est âgé de 65 ans ou plus sont moins exposés aux PM_2,5 sur leur lieu de résidence. Seuls 10,2 % d’entre eux dépassent le seuil de risque d’exposition de 2030 (9 µg/m³).

La forte pollution de l’air ne se limite pas aux territoires densément peuplés. Certaines zones dédiées aux activités agricoles ou industrielles, situées en dehors des centres urbains, présentent également des concentrations élevées en particules en suspension, mais affectent un nombre moins grand d’habitants. Les activités de combustion et le trafic de poids lourds associé au transport de marchandises sur les sites industriels peuvent expliquer la présence de PM_2,5. Les activités spécifiques de certaines zones industrielles peuvent également être émettrices de particules en suspension : sidérurgie, incinération, chaufferie.

Les concentrations en particules en suspension localement les plus élevées sont mesurées à proximité du réseau autoroutier régional (A10 ; A11 ; A71 ; A20) et certains tronçons routiers du réseau national (N154 ; N12). Parmi les 7,7 % des ménages de la région vivant à 100 mètres ou moins d’un axe du réseau routier primaire, 20,1 % sont exposés à des concentrations supérieures à 9 µg/m³ en particules en suspension PM_2,5, contre 11,7 % de l’ensemble des ménages du Centre‑Val de Loire. Les populations fragiles vivant à proximité du réseau routier primaire sont donc plus susceptibles d’être affectées par cette pollution. Ainsi, 23,9 % des enfants de 2 ans ou moins résidant à moins de 100 mètres de ce réseau, soit 1 300 enfants, sont exposés à une pollution de l’air en particules fines PM_2,5 dont la concentration est supérieure à 9 µg/m³. De même, 15,6 % des ménages dont le référent fiscal est âgé de 65 ans ou plus sont dans ce cas.

Les centres urbains, en particulier ceux de la moitié nord de la région en raison de leur proximité avec l’Île-de-France, sont caractérisés par des concentrations élevées en particules en suspension PM_2,5. Les concentrations les plus importantes y sont localisées à proximité des axes routiers associés à un trafic dense. En considérant uniquement les ménages résidant à moins de 100 mètres du réseau routier primaire, la proportion de ceux d’entre eux exposés à plus de 9 µg/m³ est ainsi élevée dans les départements les plus urbanisés ou du nord de la région : le Loiret, l’Eure-et-Loir et l’Indre-et-Loire (respectivement 42,0 %, 36,6 % et 26,5 %). Cette part est moindre dans le Loir-et-Cher (4,6 %), et surtout dans les départements ruraux du sud de la région : le Cher (1,2 %) et l’Indre (0,9 %). Toutefois, les territoires exposés à de fortes concentrations en PM_2,5 ne coïncident pas exactement avec les zones les plus densément peuplées au sein des centres urbains de Tours, d’Orléans, de Chartres et de Montargis (figure 4).

Dans les plus grands pôles de la région qui concentrent les emplois, de nombreux navetteurs utilisent un véhicule personnel. Ces navettes domicile‑travail participent à la pollution aux particules fines. Dans huit pôles de la région, plus de 20 % des ménages sont exposés au-delà du seuil de 9 µg/m³ en PM_2,5. Dans ceux de Brou, Chartres, Saint-Aignan, Montargis et Vendôme, la proportion de navetteurs utilisant un véhicule personnel à moteur dépasse 65 % de la population en emploi. Cette part de navetteurs est plus faible dans les pôles d’Orléans, Tours et Nogent-le-Rotrou.