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Insee Analyses Grand Est · Décembre 2023 · n° 172
Insee Analyses Grand EstUne immigration plus nombreuse, plus familiale et plus diverse qu’il y a cinquante ans dans le Grand Est

Thibaut Martini, Sylvain Moreau, Mireille Salomon (Insee)

Depuis 1968, la population immigrée du Grand Est a augmenté de 47 %. Stable depuis 1975, l’immigration est à nouveau en hausse dans les années 2000, une tendance similaire mais moins prononcée qu’en France métropolitaine. En 2018, les origines sont beaucoup plus diverses, avec près d’un immigré sur deux né en Afrique ou en Asie. Dans la région, la part de l’immigration européenne est plus élevée que la moyenne nationale, avec davantage de natifs des pays frontaliers et de l’est du continent. Parmi les immigrés, 43 % résident dans les départements alsaciens, soit une part deux fois plus élevée qu’en 1968. À l’inverse, la proportion d’immigrés régresse en Moselle, moins concernée par les vagues d’immigration récentes. Majoritairement masculine il y a cinquante ans, la population immigrée est aujourd’hui aussi féminisée que le reste de la population. Davantage en couple avec enfants ou en famille monoparentale, les immigrés ont ainsi des modes de cohabitation et des caractéristiques socio-démographiques plus proches de celles de la population résidente qu’auparavant.

Insee Analyses Grand Est
No 172
Paru le :Paru le19/12/2023
>Une immigration plus nombreuse dans le Grand Est
Publication rédigée par :Thibaut Martini, Sylvain Moreau, Mireille Salomon (Insee)

Le Grand Est reste une terre d’immigration comme 50 ans auparavant

Qu’il soit de nationalité française ou , près d’un habitant de la région sur dix est . Avec 164 000 personnes supplémentaires en cinquante ans, la population immigrée a augmenté un peu plus rapidement que l’ensemble de la population du Grand Est. La part des immigrés dans la population s’accroît ainsi de 2,2 points depuis 1968, pour s’établir à 9,2 % en 2018.

Le Grand Est se place au cinquième rang des régions métropolitaines pour le nombre comme pour la proportion d’immigrés, soit des positions comparables à celles de 1968. En 2018, cette hiérarchie n’est plus dominée par Provence-Alpes-Côte d’Azur, seule région où la population immigrée s’accroît moins vite que la population résidente. Au premier rang figure l’Île-de-France où près d’un habitant sur cinq est immigré. Cette région regroupe à elle-seule près de 38 % des immigrés résidant en métropole, alors que le Grand Est n’en rassemble que 8 % en 2018. Le poids de la région s’est réduit, puisqu’il atteignait près de 11 % il y a un demi-siècle. La croissance de la population immigrée est en effet bien moins soutenue à l’est du pays, anciennes terres d’immigration, que dans les régions situées à l’ouest (figure 1).

Le visage de l’immigration s’est également transformé au cours de cette période. En 1968, les immigrés venaient principalement d’Italie dans neuf des dix départements du Grand Est. Leur présence correspondait à des vagues anciennes de migration, pour des motifs principalement économiques, interrompues par la seconde guerre mondiale. Cinquante ans après, les Algériens sont les plus nombreux, dans le Grand Est comme dans les autres régions situées à l’est de la France. À l’ouest, l’origine prédominante n’est plus l’Espagne, mais le Portugal, le Maroc ou encore la Grande-Bretagne.

Figure 1Nombre d’immigrés en France métropolitaine par région et pays d’origine le plus fréquent

Nombre d’immigrés en France métropolitaine par région et pays d’origine le plus fréquent - Lecture : en 1968, 345 600 immigrés résident dans le Grand Est. Leur origine la plus fréquente est italienne. En 2018, les immigrés sont 509 400. Leur origine la plus fréquente est algérienne.
Code région Nom région Nombre d’immigrés 1968 Nombre d’immigrés 2018 Pays le plus fréquent en 1968 Pays le plus fréquent en 2018
11 Île-de-France 940 396 2 414 575 Espagne Algérie
24 Centre-Val de Loire 66 196 188 374 Portugal Portugal
27 Bourgogne-Franche-Comté 126 044 197 496 Italie (y compris Saint-Marin et Vatican) Maroc
28 Normandie 53 360 150 738 Espagne Algérie
32 Hauts-de-France 294 180 336 211 Pologne Algérie
44 Grand Est 345 628 509 419 Italie (y compris Saint-Marin et Vatican) Algérie
52 Pays de la Loire 19 824 156 171 Espagne Maroc
53 Bretagne 11 848 125 801 Espagne Grande-Bretagne (y compris Irlande du nord)
75 Nouvelle-Aquitaine 168 692 386 323 Espagne Portugal
76 Occitanie 349 772 534 720 Espagne Maroc
84 Auvergne-Rhône-Alpes 421 384 773 845 Italie (y compris Saint-Marin et Vatican) Algérie
93 Provence-Alpes-Côte d'Azur 420 760 548 556 Italie (y compris Saint-Marin et Vatican) Algérie
94 Corse 20 200 33 588 Italie (y compris Saint-Marin et Vatican) Maroc
  • Lecture : en 1968, 345 600 immigrés résident dans le Grand Est. Leur origine la plus fréquente est italienne. En 2018, les immigrés sont 509 400. Leur origine la plus fréquente est algérienne.
  • Champ : population immigrée résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, Saphir, recensements de la population de 1968 à 2018, exploitations complémentaires.

Figure 1Nombre d’immigrés en France métropolitaine par région et pays d’origine le plus fréquent

  • Lecture : en 1968, 345 600 immigrés résident dans le Grand Est. Leur origine la plus fréquente est italienne. En 2018, les immigrés sont 509 400. Leur origine la plus fréquente est algérienne.
  • Champ : population immigrée résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, Saphir, recensements de la population de 1968 à 2018, exploitations complémentaires.

Comme en 1968, deux tiers des immigrés de la région sont concentrés dans trois départements. Il s’agit du Bas-Rhin, de la Moselle et du Haut-Rhin. Ces départements sont également les seuls dans lesquels la part des immigrés dans la population résidente dépasse la moyenne nationale. La proportion d’immigrés est en effet sensiblement plus faible dans l’Aube et la Marne (respectivement 7,8 % et 6,6 %) malgré la proximité de l’Île-de-France où les flux migratoires ont été très intenses dans l’intervalle. Dans la Meuse, la Haute-Marne et les Vosges, le nombre comme la part des immigrés dans la population résidente restent limités. Dans les Ardennes, département en déprise démographique comme les trois précédents, la place de l’immigration a reculé avec la désindustrialisation : les immigrés ne représentent plus que 5,8 % de la population en 2018, soit 3 points de moins que la moyenne régionale, alors que ces parts étaient identiques en 1968.

Figure 2Évolution du nombre d’immigrés selon le lieu de résidence entre 1968 et 2018

(indice base 100 en 1968)
Évolution du nombre d’immigrés selon le lieu de résidence entre 1968 et 2018 ((indice base 100 en 1968))
Année Grand Est France de province France métropolitaine
1968 100 100 100
1975 117,2 116,6 120,0
1982 115,5 117,5 124,7
1990 110,6 116,5 128,6
1999 111,1 117,3 133,0
2008 129,0 140,1 161,9
2013 135,6 152,9 176,6
2018 147,4 171,5 196,3
  • Champ : population immigrée résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, Saphir, recensements de la population de 1968 à 2018, exploitations complémentaires.

Figure 2Évolution du nombre d’immigrés selon le lieu de résidence entre 1968 et 2018

  • Champ : population immigrée résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, Saphir, recensements de la population de 1968 à 2018, exploitations complémentaires.

L’immigration repart à la hausse dans les années 2000

Entre 1968 et 2018, la population immigrée a augmenté de 0,8 % en moyenne par an dans le Grand Est (figure 2), un rythme un peu moins élevé qu’en France métropolitaine (+1,4 % par an). La hausse n’est cependant pas continue, avec des inflexions au milieu des années 70 et au tournant du millénaire.

Jusqu’au recensement de 1975, le nombre d’immigrés croît de façon marquée, dans le Grand Est comme en moyenne métropolitaine (+2,3 % et +2,6 % par an). Cette hausse répond au fort besoin de main-d’œuvre d’une économie en croissance soutenue depuis l’après-guerre. Il s’agit principalement d’une immigration de travail, majoritairement masculine, comme dans les « trente glorieuses », où les flux migratoires s’inscrivent le plus souvent dans le cadre d’accords bilatéraux avec les pays d’origine, ou font l’objet de régularisation a posteriori.

Durant les deux décennies suivantes, l’immigration devient plus familiale et plus durable, en raison du ralentissement économique et du décret de 1976 réglementant le regroupement familial. Les phases d’assouplissement et de durcissement de la politique migratoire se succèdent ensuite au gré des alternances politiques. Ainsi le nombre d’immigrés se stabilise entre les recensements de 1975 et 1999, dans la région comme au plan national. Il décroît même légèrement dans le Grand Est, à l’instar d’autres régions du nord-est de la France (Hauts-de-France, Bourgogne-France-Comté) ou de la Corse. Il progresse à un rythme modéré dans les régions plus au sud, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie ou Provence-Alpes-Côte d’Azur. Globalement, la population immigrée est stable en France de province et augmente à l’échelle de la France métropolitaine, sous l’effet de la hausse sensible en Île-de-France (+1,2 % par an en moyenne).

Au cours des deux dernières décennies, l’immigration repart à la hausse dans un contexte économique globalement plus favorable. Elle est également entretenue par les importants flux de réfugiés consécutifs aux conflits au Moyen-Orient ou dans les Balkans. Ainsi, entre 1999 et 2018, la population immigrée croît au rythme de 1,5 % par an dans le Grand Est et de 2,1 % par an en moyenne au niveau métropolitain. Les régions de l’ouest et l’Île-de-France ont toujours des évolutions plus marquées que celles de l’est, sans pour autant que l’immigration ait un poids équivalent dans la population.

Des origines plus diverses et plus lointaines qu’il y a 50 ans

En un demi-siècle, les origines des immigrés se sont profondément diversifiées (figure 3). Les natifs d’Europe ne représentent plus qu’un immigré sur deux, contre six immigrés sur sept en 1968. En 2018, un peu plus d’un immigré sur deux est né en Afrique ou en Asie (respectivement 34 % et 17 %). La proportion d’immigrés issus des pays de l’Europe des quinze s’est réduite, les immigrations italienne, polonaise et espagnole reculant nettement. L’immigration portugaise augmente dans la région comme au plan métropolitain, avec une hausse très marquée entre 1968 et 1975 : un an après la révolution des œillets, les immigrés portugais sont ainsi trois fois plus nombreux qu’en 1968. Ces vagues anciennes en provenance de l’ouest de l’Europe n’ont pas été compensées par des flux des autres pays européens. L’élargissement européen a en effet eu peu d’impact et les flux migratoires sont davantage liés aux conflits qu’a connus l’est du continent. Enfin, l’immigration issue d’Amérique ou d’Océanie reste très minoritaire comme cinquante ans auparavant.

Figure 3Répartition des immigrés du Grand Est par continent d’origine depuis 1968

(en %)
Répartition des immigrés du Grand Est par continent d’origine depuis 1968 ((en %)) - Lecture : en 1968, 69 % des immigrés du Grand Est sont nés en Europe des 15, en Suisse, en Norvège ou à Monaco. Les immigrés originaires de ces mêmes pays représentent 33 % de l’ensemble des immigrés résidant dans la région en 2018.
Continent 1968 1975 1999 2018
Amérique et Océanie 0,5 0,6 1,3 2,3
Asie 0,7 3,5 15,1 17,2
Afrique 13,8 22,5 28,5 33,8
Europe des 15, Suisse, Norvège et Monaco 69,1 60,7 46,9 32,8
Autres pays européens 15,9 12,6 8,2 14,0
  • Lecture : en 1968, 69 % des immigrés du Grand Est sont nés en Europe des 15, en Suisse, en Norvège ou à Monaco. Les immigrés originaires de ces mêmes pays représentent 33 % de l’ensemble des immigrés résidant dans la région en 2018.
  • Champ : immigrés résidant dans le Grand Est.
  • Source : Insee, Saphir, recensements de la population de 1968 à 2018, exploitations complémentaires.

Figure 3Répartition des immigrés du Grand Est par continent d’origine depuis 1968

  • Lecture : en 1968, 69 % des immigrés du Grand Est sont nés en Europe des 15, en Suisse, en Norvège ou à Monaco. Les immigrés originaires de ces mêmes pays représentent 33 % de l’ensemble des immigrés résidant dans la région en 2018.
  • Champ : immigrés résidant dans le Grand Est.
  • Source : Insee, Saphir, recensements de la population de 1968 à 2018, exploitations complémentaires.

Entre 1968 et 2018, les migrations vers le Grand-Est se sont intensifiées et diversifiées, dans un contexte de mondialisation accrue avec davantage d’échanges de biens et de mobilités des personnes. En 1968, près de 80 % provenaient de cinq pays : Italie, Allemagne, Algérie, Pologne et Espagne. Un demi-siècle plus tard, les cinq origines les plus répandues ne regroupent plus que la moitié des immigrés. Derrière les Algériens, Marocains et Turcs figurent aux deuxième et troisième rangs, alors que ces deux origines étaient au-delà du cinquième.

La diversification des origines n’est cependant pas spécifique au Grand Est. Elle est d’ailleurs plus accentuée à l’échelon métropolitain où 60 % des immigrés sont natifs d’Afrique ou d’Asie, contre 35 % d’Europe. La relative persistance d’une immigration européenne dans la région s’explique en premier lieu par sa position frontalière. Ainsi, plus d’un tiers des immigrés d’origine allemande résident dans le Grand Est, pour la plupart en Moselle ou dans les départements alsaciens, limitrophes de leur pays de naissance. L’immigration d’Europe orientale est également plus présente qu’au plan national. Hier massivement d’origine polonaise, elle est aujourd’hui issue des pays d’ex-Yougoslavie ou d’ex-URSS. Enfin, l’immigration d’origine turque est beaucoup plus forte et contribue à la proportion plus importante de l’immigration asiatique.

Les femmes sont désormais majoritaires parmi les immigrés

En 2018, la part de femmes dans la population immigrée est très proche de celle dans la population générale. Les femmes immigrées sont ainsi plus nombreuses que les hommes, en raison de leur espérance de vie supérieure. Cette situation contraste avec celle de 1968 où la population immigrée était majoritairement masculine (56 %). La féminisation de l’immigration, similaire dans la région et à l’échelle nationale, s’amorce au milieu des années 70 avec le regroupement familial. Elle ne cesse de se renforcer jusqu’au début des années 2010, les femmes devenant majoritaires dans la population immigrée à partir des années 2000. Cette transition d’une immigration principalement de travail à une immigration plus familiale s’accompagne dans un premier temps d’une baisse du taux d’emploi dans un contexte économique défavorable. Le taux d’emploi se stabilise à partir de la fin des années 90, à un niveau toutefois un peu moins élevé dans le Grand Est qu’en moyenne nationale. Les modes de cohabitation des immigrés ont également évolué en un demi-siècle. La part des individus vivant en couple ou en famille monoparentale augmente sensiblement après le décret sur le regroupement familial (46 % en 1968, 51 % en 2018). Parallèlement, les individus vivant hors ménages ordinaires, par exemple dans des foyers de travailleurs, sont moins nombreux. Avec le vieillissement des immigrés des vagues les plus anciennes, davantage de personnes vivent seules. Ce sont majoritairement des femmes âgées, d’origine européenne. La population immigrée se rapproche ainsi du reste de la population résidente par son taux d’emploi, sa proportion de femmes et son mode de cohabitation.

Plus familiale, l’immigration est également plus durable que cinquante ans auparavant. La population immigrée du Grand Est est âgée de 46 ans en moyenne, contre 42 ans en 1968. Elle reste plus âgée que l’ensemble de la population, les plus jeunes étant moins nombreux (figure 4). C’est une conséquence de la définition de l’immigration, puisqu’on ne naît pas immigré mais on le devient après son arrivée en France. Le vieillissement de la population immigrée est cependant moins accentué que celui de la population générale : en 1968, la première était plus âgée que la seconde de 9 ans en moyenne, mais de seulement 4 ans en 2018. La structure d’âge actuelle ressemble davantage à celle de la population totale. Si la part des jeunes reste sensiblement plus faible, 8 % en 2018, l’écart est moins marqué qu’en 1968 : -13 points contre -24 points. Les immigrés sont aujourd’hui moins surreprésentés dans les âges actifs. Quant aux seniors de plus de 65 ans, leur proportion est similaire dans les populations immigrée et non immigrée.

Figure 4Évolution de la structure d’âge des immigrés et de la population du Grand Est entre 1968 et 2018

(en %)
Évolution de la structure d’âge des immigrés et de la population du Grand Est entre 1968 et 2018 ((en %)) - Lecture : en 1968, 10,5 % des immigrés ont moins de 18 ans, contre 8,4 % dans la population générale.
Année Âge Moins de 18 ans De 18 à 39 ans De 40 à 64 ans 65 ans ou plus
1968 Immigrés 10,5 36,9 39,4 13,2
Population générale 33,4 30,0 25,7 10,9
2018 Immigrés 8,4 29,9 41,1 20,7
Population générale 20,8 26,1 33,3 19,9
  • Lecture : en 1968, 10,5 % des immigrés ont moins de 18 ans, contre 8,4 % dans la population générale.
  • Champ : population résidant dans le Grand Est en 1968 et 2018.
  • Source : Insee, Saphir, recensements de la population de 1968 à 2018, exploitations complémentaires.

Figure 4Évolution de la structure d’âge des immigrés et de la population du Grand Est entre 1968 et 2018

  • Lecture : en 1968, 10,5 % des immigrés ont moins de 18 ans, contre 8,4 % dans la population générale.
  • Champ : population résidant dans le Grand Est en 1968 et 2018.
  • Source : Insee, Saphir, recensements de la population de 1968 à 2018, exploitations complémentaires.

Davantage d’immigrés dans les départements alsaciens

En 50 ans, le centre de gravité de l’immigration régionale s’est déplacé du sillon lorrain vers la plaine d’Alsace. En 1968, un immigré du Grand Est sur deux vivait en Moselle ou en Meurthe-et-Moselle, et moins d’un sur cinq dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin (12 % et 10 %). En 2018, les deux départements alsaciens regroupent 43 % des immigrés de la région, le Bas-Rhin devançant la Moselle (respectivement 25 % et 22 %). L’immigration a augmenté dans les deux départements alsaciens, y compris dans les années 80 et 90 (figure 5), tandis qu’elle stagnait ou baissait dans les huit autres départements de la région. Plus dynamiques démographiquement, ces deux départements sont également ceux où s’installent plus volontiers les immigrés des vagues les plus récentes. C’est notamment le choix de trois immigrés turcs sur cinq ou d’une majorité des immigrés d’ex-Yougoslavie ou d’ex-URSS.

Singularité de la Moselle, le nombre d’immigrés n’y progresse plus dès le recensement de 1968, et recule fortement après celui de 1975, dans le contexte d’une forte désindustrialisation et du vieillissement des immigrés issus de vagues plus anciennes. Si 40 % des immigrés italiens du Grand Est résident dans ce département, comme en 1968, ceux-ci ne représentent plus que 8 % des immigrés de la région, contre 35 % cinquante ans auparavant.

Figure 5Part des immigrés dans la population des départements du Grand Est entre 1968 et 2018

(en %)
Part des immigrés dans la population des départements du Grand Est entre 1968 et 2018 ((en %))
Département 1968 1975 1999 2018
Moselle 12,3 11,8 9,8 10,8
Bas-Rhin 4,3 6,1 8,1 11,2
Haut-Rhin 7,3 9,0 9,2 12,2
Autres départements 5,7 6,6 5,2 6,8
Grand Est 7,0 7,8 7,1 9,2
  • Champ : immigrés résidant dans le Grand Est.
  • Source : Insee, Saphir, recensements de la population de 1968 à 2018, exploitations complémentaires.

Figure 5Part des immigrés dans la population des départements du Grand Est entre 1968 et 2018

  • Champ : immigrés résidant dans le Grand Est.
  • Source : Insee, Saphir, recensements de la population de 1968 à 2018, exploitations complémentaires.

Encadré - Deux immigrés sur trois sont de nationalité étrangère

Dans le Grand Est, les immigrés représentent 9,2 % de la population (figure 6). Tous sont nés étrangers à l’étranger, mais un peu moins des deux tiers sont toujours de nationalité étrangère : les Français par acquisition représentent ainsi 3,4 % des habitants de la région. Les étrangers qui ne sont pas immigrés, autrement dit les étrangers nés en France, sont peu nombreux et ne représentent que 0,8 % de la population régionale.

Figure 6Étrangers et immigrés résidant dans le Grand Est en 2018

Étrangers et immigrés résidant dans le Grand Est en 2018
Statut Effectif Part dans la population (en %)
Immigré 509 400 9,2
Étranger 363 200 6,5
Étranger né à l'étranger 319 200 5,7
Français par acquisition né à l'étranger 190 200 3,4
Étranger né en France 44 000 0,8
Population totale 5 551 700 100
  • Source : Insee, Saphir, recensement de la population 2018, exploitations complémentaires.

Figure 6Étrangers et immigrés résidant dans le Grand Est en 2018

  • Source : Insee, Saphir, recensement de la population 2018, exploitations complémentaires.
Publication rédigée par :Thibaut Martini, Sylvain Moreau, Mireille Salomon (Insee)
Publication rédigée par :Thibaut Martini, Sylvain Moreau, Mireille Salomon (Insee)

Sources

Les résultats sont issus de l’exploitation historique des recensements de la population. La base Saphir (Système d’analyse de la population par l’historique des recensements) est un fichier de données harmonisées des recensements réalisés depuis 1968, permettant leur comparaison ainsi que des analyses sur longue période. Dans cette étude sur 50 ans, le dernier recensement mobilisé est celui de 2018, dernier millésime non impacté par l’épidémie de Covid-19.

Définitions

Immigré

Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l’Intégration, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Les personnes nées Françaises à l’étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. Certains immigrés ont pu devenir Français, les autres restant étrangers. Les populations étrangère et immigrée ne se recoupent que partiellement : un immigré n’est pas nécessairement étranger et réciproquement, certains étrangers sont nés en France (essentiellement des mineurs). La qualité d’immigré est permanente : un individu continue à appartenir à la population immigrée même s’il devient Français par acquisition. C’est le pays de naissance, et non la nationalité à la naissance, qui définit l’origine géographique d’un immigré.

Étranger

Un étranger est une personne qui réside en France et ne possède pas la nationalité française, soit qu’elle possède une autre nationalité (à titre exclusif), soit qu’elle n’en ait aucune (c’est le cas des personnes apatrides). Les personnes de nationalité française possédant une autre nationalité (ou plusieurs) sont considérées en France comme françaises. Un étranger n’est pas forcément immigré, il peut être né en France (les mineurs notamment). La nationalité française peut être attribuée à la majorité lorsqu’un enfant est né en France de deux parents étrangers, c’est le « droit du sol ». Pour cela, il doit résider en France à la date de ses 18 ans et avoir sa résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d’au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans. L’enfant peut cependant obtenir la nationalité française avant sa majorité par déclaration.

Pour en savoir plus

Moreau S., Hédoux J., Fournier G., « Les immigrés davantage présents dans les pôles et aux frontières du Grand Est », Insee Flash Grand Est no 79, septembre 2023.

Immigrés et descendants d’immigrés, coll « Insee Références », édition 2023.

Benoît Ourliac B., Lê J., « 50 ans d’immigration en 50 secondes chrono », août 2021, insee.fr.

Grcic S., Kelhetter D., Rivière S., « Les immigrés vivent plus souvent le long de la frontière et dans les grands pôles urbains », Insee Analyses Grand Est no 14, juillet 2016.