Insee Analyses Ile-de-France · Décembre 2023 · n° 179

Plus de 45 millions d’heures de travail pour livrer les ouvrages olympiques

Pour et à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 (JOP), dans l’ensemble de la France, soixante-dix ouvrages et aménagements pérennes sont engagés et constitueront un héritage pour les populations : réhabilitation d’équipements sportifs, opérations d’aménagements de terrains, construction de bâtiments… La supervision de ces réalisations a été confiée à la Société de livraison des ouvrages olympiques (SOLIDEO) (encadré 1). Cette étude vise à évaluer le volume et la nature des emplois nécessaires en France pour mener à bien un tel projet, et ce, en détaillant les différentes branches d’activité mobilisées. Environ 45,4 millions d’heures de travail seront au total générées par ces emplois. L’étude distingue deux types d’emploi : d’une part, l’emploi qualifié ici de « première ligne » car il est généré directement par le commanditaire des projets d’infrastructure (25,8 millions d’heures de travail) et d’autre part, l’emploi dit des « lignes arrières » car il est créé par la demande d’intrants aux secteurs d’approvisionnement en aval (19,6 millions d’heures de travail).

Les chantiers étant majoritairement localisés en Île-de-France, les établissements de première ligne et leurs salariés le sont aussi : 71 % de ces emplois y sont situés (figure 1). Au cœur des Jeux, la Seine-Saint-Denis et ses établissements emploient 11 % des travailleurs directement impliqués dans la livraison des ouvrages. Les établissements des départements des Yvelines et des Hauts-de-Seine concentrent également de nombreux emplois de première ligne (25 % à eux deux), en raison de l’implantation de grandes entreprises associées au projet. En raison de sa proximité géographique avec les établissements installés dans le nord de la région parisienne, l’Oise est le département de province qui héberge le plus de salariés (3 %). Néanmoins, certaines réalisations font appel à des savoir-faire spécifiques qui relèvent d’établissements situés sur tout le territoire national. Selon les estimations réalisées par l’Insee, plus d’un quart des salariés impliqués sur ces chantiers résident en province avec une répartition territoriale qui reflète la géographie économique de la France.

Les investissements réalisés pour ou à l’occasion des JOP génèrent une activité directe d’entreprises en France. Celle-ci est estimée à 25,8 millions d’heures de travail accomplies depuis 2017 par les unités de première ligne afin de réaliser dans les temps le programme de livraison des ouvrages olympiques. Cela représente l’équivalent de 15 500 personnes travaillant à temps plein sur un an. Le plus fort de l’activité s’observe en 2022 avec 7,6 millions d’heures travaillées, soit plus de 4 500 équivalents temps plein (ETP) (figure 2).

La plus grande partie de ces heures relève d’activités de construction. Avec 19,3 millions d’heures de travail estimées entre le lancement et la fin des travaux, cette branche concentre près des trois quarts du volume horaire total de première ligne (figure 3). Les activités liées à l’architecture et à l’ingénierie sont également fortement impliquées. Ces deux branches sont, de très loin, les plus mobilisées : elles représentent conjointement près de 87 % du volume de travail directement commandité par la maîtrise d’ouvrage. En début de processus (en 2019 et avant), les travaux d’études concentrent plus de la moitié de l’activité directe, alors qu’ils ne représentent plus que 10 % de la main-d’œuvre dans la phase intensive de réalisation.

Pour livrer les ouvrages olympiques, les établissements de première ligne font appel à d’autres structures. Par exemple, pour réaliser leurs aménagements, les établissements de construction passent commande à des unités spécialisées dans le transport, le béton, le bois, la peinture ou des services d’ingénierie. Ces unités ont, elles aussi, des relations en chaînes clients-fournisseurs avec d’autres établissements (pour comprendre). Situées sur tout le territoire national, ces structures ainsi mobilisées forment un ensemble représentant les « lignes arrières » des maîtres d’ouvrage et contribuent indirectement à la livraison des ouvrages olympiques.

Entre 2017 et la fin des travaux, le volume d’heures travaillées dans ces établissements des « lignes arrières » est estimé à plus de 19,6 millions, soit l’équivalent de 12 300 équivalents temps plein. La répartition par branche est différente de celle des établissements dits de première ligne. Si la construction concentre 75 % du volume de travail en première ligne avec 19,3 millions d’heures, cette branche représente 21 % du volume des lignes arrières avec 4 millions d’heures et demeure l’activité principale avec des travaux de plomberie, d’électricité, d’isolation, de menuiserie… D’un bout à l’autre du processus de livraison des ouvrages olympiques, les études techniques d’ingénierie ou d’architecture sont mobilisées. Presque autant qu’en première ligne, elles représentent 2,8 millions d’heures de travail indirect. Les activités industrielles du bois, du plastique ou de la métallurgie jouent un rôle fondamental dans le déroulement du projet, et alimentent les chantiers à l’arrière avec 2,1 millions d’heures (près de 11 % du total). Les activités logistiques de commerce et celles des transports et entreposage, essentielles à la coordination des travaux et au fonctionnement en réseau des entreprises, regroupent respectivement 2 et 1 million(s) d’heures de travail, soit au total environ 16 % du volume indirectement travaillé, quasiment autant que les activités de services administratifs et de soutien (19 %). Des activités tertiaires sont également nécessaires, notamment, celles qui sont financières et d’assurance, avec plus de 767 milliers d’heures, soit 4 % du total. Même si leurs contributions globales en volume horaire sont moindres, pour livrer ces ouvrages, toutes les branches de l’économie française sont nécessaires au bon fonctionnement du chantier. Les services de restauration alimentent quotidiennement les travailleurs et ont recours aux produits issus de l’agriculture. Les services liés à la communication permettent également de partager les informations indispensables dans une société interdépendante.