Insee Flash Mayotte · Décembre 2023 · n° 166

Une fécondité toujours élevée Bilan démographique 2022 à Mayotte, premiers éléments sur 2023

En 2022, 10 770 enfants sont nés de mères domiciliées à Mayotte, soit un nouveau niveau record (figure 1).

C’est ainsi 160 bébés de plus qui naissent par rapport à 2021 (+1,5 %) et 1 590 de plus qu’en 2020 (+17 %), année où les naissances avaient légèrement baissé en lien avec la crise sanitaire de la Covid-19.

Depuis 2015, le nombre de naissances se situe à un niveau nettement plus élevé qu’à la fin des années 2000 et qu’au début des années 2010 (7 100 en moyenne entre 2007 et 2012).

En 2022, 970 personnes résidant à Mayotte sont décédées, soit 170 de moins qu’en 2021, année fortement marquée par l’épidémie de Covid-19. Le nombre de décès est plus élevé qu’en 2019 (+180 décès, soit +23,2 %), en lien avec la croissance démographique du territoire et l’épidémie de Covid-19 toujours présente en 2022.

En 2022, le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, augmente de nouveau pour atteindre +9 800, soit un nouveau record.

En 2022, comme chaque année depuis 2016, 75 % des mères ayant des enfants sont de nationalité étrangère (68 % de naissances de mères comoriennes, 6 % de mères malgaches et 1 % du reste du monde principalement d’Afrique de l’Est), 25 % étant de nationalité française (figure 2).

Celles-ci portent la forte fécondité, qui s’élève à 4,7 enfants par femme. Mayotte est ainsi le département français où la fécondité est la plus élevée, bien supérieure à celle dans l’Hexagone (1,8), La Réunion (2,5) et même la Guyane (3,4).

En 2022, les naissances de mères de nationalité comorienne baissent légèrement (-1,2 % soit -90 naissances). A contrario, les naissances de mères malgaches, qui avaient déjà sensiblement augmenté en 2021, croissent encore en 2022 (+28 %, soit +150  naissances). Les naissances de mères de nationalité française augmentent également légèrement (+3,6 % soit +90 naissances).

Par ailleurs, la moitié des pères ayant un enfant sont de nationalité étrangère, principalement comorienne. Au final, 55 % des nouveau-nés de 2022 ont au moins un parent français et naissent ainsi français (figure 3). Si cette part est comparable aux années précédentes (entre 54 % et 58 % entre 2016 et 2021), elle est bien plus faible qu’en 2014 (72 %).

En 2022, l’âge moyen des mères s’élève à 28 ans, soit 3 ans de moins qu’au niveau national. Les pères sont quant à eux plus âgés (34 ans en moyenne), en lien avec un écart d’âge entre conjoints plus élevé à Mayotte qu’au niveau national [Merceron et Touzet,2020 ; pour en savoir plus (6)].

En 2022, 470 enfants sont nés de mères mineures soit 4,4 %, dont 110 de mères de 15 ans ou moins. La part de naissances de mères mineures est stable depuis 2019. Elle est nettement plus élevée qu’à La Réunion (1,6 %) et que dans l’Hexagone (0,3 %), mais moindre qu’en Guyane (4,8 %).

À Mayotte, en 2022, 730 naissances ont eu lieu hors d’une maternité, soit 7 % des naissances. C’est moins qu’en 2021 (910 naissances, soit 9 % des naissances), mais bien plus qu’en 2020 (450 naissances, soit 5 % des naissances). Dans sept cas sur dix, ces mères ont toutefois bénéficié de l’assistance d’un médecin ou d’une sage-femme. Les accouchements hors maternité sont bien plus fréquents à Mayotte qu’ailleurs en France, que ce soit dans l’Hexagone (0,8 %), à La Réunion (1,8 %) ou en Guyane (0,7 %).

En 2022, comme les années précédentes, la maternité de Mamoudzou concentre le plus grand nombre de naissances : 6 860 enfants y sont nés, soit 64 % des naissances de l’année. C’est un peu moins qu’en 2021 (66 %) et qu’entre 2018 et 2020 (69 %).

Par ailleurs, en 2022, 300 mères domiciliées à Mayotte accouchent hors du département, soit davantage qu’en 2020 et 2021, années marquées par la crise sanitaire et des restrictions de déplacements (figure 4). Ce nombre retrouve son niveau de 2019. La moitié de ces mères accouchent à La Réunion et l’autre moitié dans l’Hexagone. Les naissances hors du département restent cependant un phénomène marginal : elles ne concernent que 3 % des naissances en 2022. Elles sont cependant plus fréquentes pour les mères françaises domiciliées à Mayotte (11 % des naissances).

Entre 2019 et 2022, les décès augmentent bien plus à Mayotte que dans l’Hexagone (+23,2 % contre +9,8 %). Cette hausse est moins marquée qu’à La Réunion (+26 %), mais reste supérieure à celles observées aux Antilles et en Guyane (entre +16 % et +17 %). Il faut rappeler que, en lien avec le pic de l’épidémie de Covid-19 à Mayotte, la mortalité était beaucoup plus élevée en 2021 (+47 % par rapport à 2019) qu’en 2022.

En 2022, l’espérance de vie s’établit à 75 ans pour les femmes et à 72 ans pour les hommes, en net retrait par rapport à 2019 : -1 an pour les femmes et -3 ans pour les hommes. Elle est également éloignée des standards nationaux (85,2 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes).

La population de Mayotte étant nettement plus jeune que celle de l’Hexagone, le nombre de décès rapportés à l’ensemble de la population reste bien plus faible. Ainsi, le taux de mortalité est trois fois plus faible à Mayotte que dans l’Hexagone (3,2 contre 9,8 pour 1 000 habitants).

Par ailleurs, la mortalité infantile demeure à un niveau élevé à Mayotte : 8,9 décès pour 1 000 enfants nés vivants, soit bien plus que dans l’Hexagone (3,9 ‰).