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Insee Analyses Hauts-de-France · Novembre 2023 · n° 162
Insee Analyses Hauts-de-FranceLa zone d’emploi de Lille, principal moteur de la création de richesses en Hauts-de-France

Mickaël Bréfort (Insee)

Les zones d’emploi des Hauts-de-France dépendent économiquement les unes des autres par les échanges de masses salariales qui les irriguent. Dans la région, deux espaces se caractérisent par un important transfert de revenus en provenance de territoires très dynamiques. Dans le nord, une partie des zones d’emploi du bassin minier (Lens, Béthune, Douai) est en effet sous l’influence de la métropole lilloise, principale productrice de richesse de la région, tandis que celles situées dans le sud de l’Oise (Creil, Soissons, Château-Thierry) bénéficient du rayonnement de la métropole parisienne. À Berck et à Abbeville, les richesses proviennent davantage des activités liées au tourisme et à la présence de retraités alors qu’à Amiens, Arras et Laon, les ressources issues de l’emploi public sont prépondérantes. Dans les zones de Boulogne-sur-Mer et Dunkerque sur le littoral, ou de Valenciennes, Maubeuge et Saint-Quentin à l’est de la région, les salaires versés dépendent relativement plus qu’ailleurs des établissements qui y sont implantés.

Insee Analyses Hauts-de-France
No 162
Paru le :Paru le23/11/2023

Activité économique, salaires, redistribution : les sources de la richesse dans les territoires

La richesse d’un territoire peut être appréhendée à partir de l’activité économique de ses établissements employeurs (), mais elle peut aussi être mesurée par . Les territoires sont, en effet, des lieux de création mais également de redistribution de la richesse produite via les salaires versés. Dans la région comme au niveau national, ces derniers constituent en moyenne les deux tiers du revenu des ménages. Ils sont complétés par d’éventuels revenus de transferts (allocations chômage, minima sociaux), prestations de retraite ou encore revenus du patrimoine.

Les 24 zones d’emploi de la région entretiennent ainsi d’importants liens économiques entre elles. Selon l’approche retenue pour mesurer la richesse des territoires, huit profils de zones d’emploi se distinguent, chacun d’entre eux présentant des caractéristiques communes en matière de sources principales venant alimenter les revenus des ménages.

Lille, un espace métropolitain producteur de richesses

Principal moteur de création de richesses des Hauts-de-France, la zone d’emploi de Lille qui ne rassemble que 15 % de la population régionale (933 500 habitants) concentre le quart de la richesse régionale dégagée, soit environ 30 milliards d’euros en 2019 (figure 1). Offrant en moyenne 114 emplois pour 100 actifs occupés résidents, le pôle d’emploi lillois, le plus grand de la région, exerce une influence très structurante sur les territoires voisins. Ce rayonnement se traduit par un important transfert de revenus depuis la métropole de Lille vers d’autres zones d’emploi de la région, via les salaires versés aux navetteurs qui travaillent dans la zone d’emploi de Lille tout en résidant en périphérie de celle-ci. Ainsi, en 2019, les établissements lillois ont versé plus de 11 milliards d’euros de salaires, soit le quart du total régional. Un peu plus de 40 % de cette concerne des actifs résidant à l’extérieur de la zone (4,7 milliards). À l’inverse, ce sont 30 % des salaires des résidents de la zone d’emploi de Lille qui proviennent de l’extérieur (2,9 millards) (figure 2). In fine, la métropole lilloise est un émetteur net de richesse en matière de masse salariale.

Signe que la dynamique économique de cette zone profite à ses résidents, le revenu des ménages dépend nettement plus qu’ailleurs des revenus du travail. Ces derniers y représentent en effet 71 % du revenu disponible contre 64 % pour l’ensemble des Hauts-de-France. À l’inverse, le poids des retraites (23 %) et celui des revenus issus de la redistribution (6 %) sont respectivement inférieurs de 5 et 2 points aux moyennes régionales.

Figure 1Répartition par zone d’emploi de la richesse dégagée en Hauts-de-France en 2019

(en %)
Répartition par zone d’emploi de la richesse dégagée en Hauts-de-France en 2019 ((en %)) - Lecture : la zone d’emploi de Lille concentre 24,7 % de la richesse régionale dégagée en 2019.
Zone d’emploi Poids de la zone d’emploi dans la richesse régionale dégagée
Lille 24,7
Amiens 6,8
Roubaix-Tourcoing 6,0
Valenciennes 5,8
Lens 5,4
Dunkerque 5,0
Beauvais 4,4
Creil 4,3
Arras 3,7
Saint-Quentin 3,6
Compiègne 3,6
Béthune 3,4
Douai 3,3
Maubeuge 2,7
Saint-Omer 2,5
Boulogne-sur-Mer 2,5
Calais 2,1
Soissons 2,0
Cambrai 1,9
Berck 1,7
Laon 1,4
La Vallée de la Bresle-Vimeu 1,2
Abbeville 1,1
Château-Thierry 0,8
  • Lecture : la zone d’emploi de Lille concentre 24,7 % de la richesse régionale dégagée en 2019.
  • Source : Fichier Économique Enrichi (FEE) 2019.

Figure 1Répartition par zone d’emploi de la richesse dégagée en Hauts-de-France en 2019

  • Lecture : la zone d’emploi de Lille concentre 24,7 % de la richesse régionale dégagée en 2019.
  • Source : Fichier Économique Enrichi (FEE) 2019.

Figure 2Part des masses salariales entrantes et sortantes par zone d’emploi des Hauts-de-France en 2019

Part des masses salariales entrantes et sortantes par zone d’emploi des Hauts-de-France en 2019 - Lecture : dans la zone d’emploi de Roubaix-Tourcoing, 55 % des salaires perçus par les résidents proviennent de navetteurs travaillant dans une autre zone d’emploi (masses salariales entrantes). À l’inverse, 50 % des salaires générés par les établissement de Roubaix-Tourcoing sont perçus par des salariés qui ne résident pas dans cette zone (masses salariales sortantes).
Zone d’emploi Part des masses salariales entrantes (en %) Part des masses salariales sortantes (en %) Masse salariale (en €)
Lille 28,7 40,4 11 623 878
Amiens 22,1 19,7 3 252 675
Roubaix-Tourcoing 55,5 49,0 2 747 950
Valenciennes 33,9 29,9 2 790 013
Lens 50,8 43,7 2 539 522
Dunkerque 23,7 21,8 2 244 765
Beauvais 47,2 31,1 2 083 862
Creil 60,3 37,6 2 012 832
Arras 43,1 47,0 1 778 343
Saint-Quentin 30,8 22,4 1 681 182
Compiègne 42,2 30,1 1 658 252
Béthune 50,5 30,6 1 579 090
Douai 52,5 41,9 1 579 333
Maubeuge 27,6 19,7 1 363 903
Saint-Omer 41,7 32,6 1 202 548
Boulogne-sur-Mer 30,4 23,2 1 172 707
Calais 39,9 27,6 952 286
Soissons 58,6 32,5 983 205
Cambrai 42,7 29,7 959 669
Berck 33,7 26,2 848 433
Laon 41,5 34,5 731 631
La Vallée de la Bresle-Vimeu 31,9 31,7 596 160
Abbeville 44,4 28,7 534 850
Château-Thierry 51,8 24,2 398 744
  • Note : le rond est proportionnel à la masse salariale totale générée par les établissements implantés dans la zone d’emploi.
  • Lecture : dans la zone d’emploi de Roubaix-Tourcoing, 55 % des salaires perçus par les résidents proviennent de navetteurs travaillant dans une autre zone d’emploi (masses salariales entrantes). À l’inverse, 50 % des salaires générés par les établissement de Roubaix-Tourcoing sont perçus par des salariés qui ne résident pas dans cette zone (masses salariales sortantes).
  • Source : Insee, Base Tous Salariés 2019.

Figure 2Part des masses salariales entrantes et sortantes par zone d’emploi des Hauts-de-France en 2019

  • Note : le rond est proportionnel à la masse salariale totale générée par les établissements implantés dans la zone d’emploi.
  • Lecture : dans la zone d’emploi de Roubaix-Tourcoing, 55 % des salaires perçus par les résidents proviennent de navetteurs travaillant dans une autre zone d’emploi (masses salariales entrantes). À l’inverse, 50 % des salaires générés par les établissement de Roubaix-Tourcoing sont perçus par des salariés qui ne résident pas dans cette zone (masses salariales sortantes).
  • Source : Insee, Base Tous Salariés 2019.

Des flux de richesse importants et davantage de redistribution autour de la zone de Lille ainsi qu’à Calais et Cambrai

Un deuxième groupe se compose en partie de zones d’emploi du bassin minier (Béthune, Lens, Douai) et de celle de Roubaix-Tourcoing. Il se caractérise par l’importance des échanges de salaires avec Lille (figure 3). S’y ajoutent les zones de Cambrai et Calais, également relativement ouvertes : la première échange certes avec Lille mais davantage encore avec la zone de Valenciennes tandis que la seconde échange majoritairement avec la zone de Dunkerque.

Au sein de ce profil, la zone d’emploi de Roubaix-Tourcoing se distingue nettement des autres zones d’emploi par ses échanges conséquents avec celle de Lille : 45 % des salaires de ses résidents proviennent en effet de la zone lilloise. Dans l’autre sens, environ un tiers de la masse salariale versée par les établissements de la zone d’emploi de Roubaix-Tourcoing rémunère des résidents de la métropole lilloise. Ce territoire capte ainsi beaucoup plus de salaires qu’il n’en laisse s’échapper. Le constat est le même à Lens, Douai et Béthune où respectivement 22 %, 20 % et 16 % des salaires des résidents proviennent de Lille. Les zones du bassin minier échangent également entre elles des flux de salaires non négligeables, mais de moindre importance, notamment entre Béthune et Lens ou entre Lens et Douai.

Figure 3Huits profils de zones d’emploi pour décrire les sources de la richesse des territoires en Hauts-de-France

Huits profils de zones d’emploi pour décrire les sources de la richesse des territoires en Hauts-de-France
Code zone d’emploi Libellé zone d’emploi Classe de la typologie
3201 Abbeville Une sphère présentielle orientée par les retraités
3202 Amiens Une sphère présentielle orientée vers l’emploi public
3203 Arras Une sphère présentielle orientée vers l’emploi public
3254 Beauvais (partie Hauts-de-France ) Sphère productive assez développée
3204 Berck Une sphère présentielle orientée par les retraités
3205 Béthune Une captation de richesse importante et davantage de redistribution
3206 Boulogne-sur-Mer Des flux de richesse moins importants et davantage de redistribution
3207 Calais Une captation de richesse importante et davantage de redistribution
3208 Cambrai Une captation de richesse importante et davantage de redistribution
3209 Château-Thierry Une captation de richesse importante via les navetteurs
3210 Compiègne Sphère productive assez développée
3211 Creil Une captation de richesse importante via les navetteurs
3212 Douai Une captation de richesse importante et davantage de redistribution
3213 Dunkerque Des flux de richesse moins importants et davantage de redistribution
3258 La Vallée de la Bresle-Vimeu (partie Hauts-de-France ) Une sphère productive dominante
3214 Laon Une sphère présentielle orientée vers l’emploi public
3215 Lens Une captation de richesse importante et davantage de redistribution
3216 Lille Un espace métropolitain producteur de richesse
3217 Maubeuge Des flux de richesse moins importants et davantage de redistribution
3218 Roubaix-Tourcoing Une captation de richesse importante et davantage de redistribution
3219 Saint-Omer Sphère productive assez développée
3220 Saint-Quentin Des flux de richesse moins importants et davantage de redistribution
3221 Soissons Une captation de richesse importante via les navetteurs
3222 Valenciennes Des flux de richesse moins importants et davantage de redistribution
  • Source : Insee, recensement de la population 2020, Base Tous Salariés 2019 , Filosofi 2019, Fichier Économique Enrichi (FEE) 2019.

Figure 3Huits profils de zones d’emploi pour décrire les sources de la richesse des territoires en Hauts-de-France

  • Source : Insee, recensement de la population 2020, Base Tous Salariés 2019 , Filosofi 2019, Fichier Économique Enrichi (FEE) 2019.

Même si ces territoires captent davantage de qu’ils n’en perdent, les navetteurs venant y travailler et ceux faisant le chemin inverse sont relativement différents. En effet, les actifs qui résident dans les territoires du bassin minier et travaillent en dehors ont des salaires plus faibles que ceux effectuant le trajet inverse depuis Lille. Ce constat met en lumière le manque d’attractivité résidentielle dont souffrent ces territoires notamment vis-à-vis des plus qualifiés qui viennent y travailler mais habitent en dehors.

Outre leur ouverture aux territoires avoisinants, en particulier, leur interconnexion avec la métropole lilloise, les zones d’emploi de ce groupe ont en commun de dépendre assez fortement des revenus issus du système de redistribution. Les prestations et minima sociaux représentent ainsi 8,5 % des revenus à Cambrai, et jusqu’à 11,2 % à Lens (contre 8 % en moyenne régionale).

Influence de la métropole parisienne sur le sud de la région

Les zones d’emploi de Creil, Soissons (sud de l’Oise) et Château-Thierry (sud de l’Aisne) composent un troisième groupe. Sous influence de la métropole parisienne, ces territoires peuvent être qualifiés de « résidentiels » puisqu’ils offrent moins de 70 emplois pour 100 actifs occupés résidents. Plus de la moitié des revenus salariaux sont ainsi captés depuis l’extérieur : 60 % à Creil et Soissons, 50 % à Château-Thierry).

Si ces 3 zones d’emploi ont, comme pour le profil précédent (bassin minier…), un lien très fort avec une métropole, le de leurs habitants est nettement supérieur. Il atteint, par exemple, 22 370 € dans la zone de Creil, qui se situe en 2e position après Lille (22 550 €) et bien loin devant Roubaix-Tourcoing (19 190 €).

Dans ces territoires, riches de leur attractivité résidentielle pour des salariés d’Île-de-France, la composition du revenu global diffère sensiblement de celle des autres zones d’emploi avec une plus forte proportion de revenus du travail : 71 % à Creil, part la plus élevée des zones d’emplois de la région, comme pour Lille. À l’inverse, la proportion de revenus issus de la redistribution y est moindre avec un maximum de 6,8 % à Château-Thierry contre 8 % en Hauts-de-France.

Des revenus davantage issus du travail et une sphère productive assez développée dans les zones de Beauvais, Compiègne et Saint-Omer

Avec une proportion relativement élevée de salaires captée depuis l’extérieur, de la métropole parisienne en particulier, Beauvais et Compiègne ressemblent aux autres zones d’emploi de l’Oise. De même, la part des salaires dans le revenu y est parmi les plus élevées de la région : plus des deux tiers des revenus sont issus du travail à Compiègne (68 %) et Beauvais (67 %). En corollaire, le revenu des ménages dépend moins qu’ailleurs de la redistribution.

Ces territoires se singularisent en revanche par le type d’établissements implantés, plus orientés vers la , à savoir l’ensemble des activités produisant des biens majoritairement consommés hors de la zone. La zone de Saint-Omer se distingue néanmoins de celles de Beauvais et Compiègne par une proportion plus importante de revenus issus de la redistribution (7,6 %) mais tout de même nettement moindre qu’à Lens et Maubeuge (11 %) ou encore qu’à Béthune (9 %), zone voisine.

Des flux de richesse moins importants et davantage de redistribution à Dunkerque, Boulogne-sur-Mer et dans l’Avesnois

Un cinquième groupe est constitué de deux zones d’emplois du littoral (Boulogne-sur-Mer et Dunkerque) et de trois autres situées dans l’est de la région (Valenciennes, Maubeuge et Saint-Quentin). Dunkerque et Valenciennes se rapprochent des zones du groupe précédent par les activités de leurs établissements, plutôt dirigées vers la sphère productive qui représente respectivement 50 % et 43 % de la richesse dégagée (40 % dans l’ensemble de la région).

Ce profil de territoires se caractérise surtout par une relative « autonomie ». En effet, les revenus des ménages y dépendent davantage des salaires versés par les établissements implantés dans ces zones et donc moins des salaires captés de l’extérieur. Par exemple, les trois-quarts des salaires perçus par les résidents de Dunkerque proviennent d’établissements localisés au sein de la zone d’emploi (76 %). Cette proportion est également importante à Maubeuge, Saint-Quentin et Boulogne (respectivement 72 %, 69 % et 70 %).

Les zones d’emploi de ce groupe se distinguent également par une plus forte dépendance à la redistribution qu’ailleurs dans la région (11 % des revenus à Maubeuge, 10 % à Valenciennes, 9 % à Saint-Quentin).

Une sphère présentielle portée par l’emploi public dans les zones d’Arras, Amiens et Laon ou par les retraités et le tourisme à Berck et Abbeville

Les zones d’emplois d’Arras, Amiens, Laon, Berck et Abbeville se caractérisent par une économie fortement orientée vers la , c’est-à-dire les activités visant la satisfaction des besoins des personnes présentes dans la zone, qu’elles soient résidentes ou touristes. Dans la zone de Laon, 76 % de la masse salariale versée par les établissements provient ainsi de la sphère présentielle (60 % en moyenne régionale). Cette part s’élève à 68 % à Berck ou Arras et à 65 % à Amiens.

À Arras, Amiens et Laon, cette surreprésentation de la sphère présentielle s’explique par une forte concentration de l’emploi public, en lien avec le statut d’ancienne capitale régionale (pour Amiens) et de préfecture de département (pour Arras et Laon). Ainsi, plus que partout ailleurs dans la région, les revenus générés par l’emploi public concourent fortement à la création de richesses dans ces trois territoires. C’est particulièrement le cas dans la zone d’emploi de Laon où 45 % de la masse salariale provient d’établissements publics contre 26 % dans les Hauts-de-France. Dans une moindre mesure, ressortent les zones d’Arras (34%) et Amiens (32%). Arras est par ailleurs, avec Lille, la seule zone d’emploi de la région où le volume des masses salariales sortantes dépasse celui des masses entrantes.

À Berck et Abbeville, la surreprésentation de la sphère présentielle s’explique plutôt par la plus forte présence des retraités qui stimule le développement de l’économie présentielle. Les prestations de retraite représentent en effet 36 % du revenu disponible à Berck et 34 % à Abbeville, des parts plus élevées que dans l’ensemble de la région (27,5 %). Du fait de la localisation de ces zones sur le littoral, l’économie repose également fortement sur le tourisme. L’ représente 12 % à 13 % de l’emploi offert dans ces territoires, soit trois fois plus qu’en moyenne régionale.

Une sphère productive dominante dans la Vallée de la Bresle-Vimeu

La Vallée de la Bresle‑Vimeu, zone d’emploi à cheval sur les Hauts-de-France et la Normandie qui regroupe moins de 1 % de la population régionale, se singularise par sa très forte spécialisation industrielle (plus d’un emploi sur trois de la zone). La serrurerie et la robinetterie (Delabie, Thirard, Abloy) ainsi que le flaconnage de luxe (Pochet du Courval, Verescence France et Albéa) y sont particulièrement représentés. Près des deux tiers des salaires versés dans cette zone d’emploi le sont par des établissements de la sphère productive, proportion la plus forte dans la région (40 % en moyenne dans les Hauts-de-France).

Du fait de sa façade maritime, elle dispose également de quelques atouts touristiques et attire une partie des retraités de la région. Les richesses perçues par les résidents sont en effet un peu plus souvent issues des pensions et retraites. Ces dernières représentent 36 % du revenu disponible, comme à Berck.

Publication rédigée par :Mickaël Bréfort (Insee)

Pour comprendre

Une Analyse en Composantes Principales (ACP) a été réalisée à partir des valeurs des 9 variables suivantes :

  • la richesse dégagée (RD) (milliers d’€) ;
  • la part de sphère productive dans la RD (en %) ;
  • la part des masses salariales entrantes (en %) ;
  • l’écart entre les parts de masses salariales entrantes et sortantes (en points) ;
  • la part de l’emploi public dans la masse salariale au lieu de travail (en %) ;
  • la part de l’emploi touristique dans l’emploi total (en %) ;
  • la part des pensions et retraites dans le revenu disponible des ménages (en %) ;
  • la part des allocations chômage dans le revenu disponible des ménages (en %) ;
  • la part des prestations et minima sociaux dans le revenu disponible des ménages (en %).

Cette méthode statistique permet de synthétiser l’information contenue dans les différents indicateurs et de donner du sens au positionnement des zones d’emploi. Dans une seconde étape, une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) a permis de regrouper les zones d’emploi selon des caractéristiques communes. Huit profils de zones d’emploi ont ainsi été déterminés.

Sources

La Base Tous Salariés est constituée à partir des déclarations sociales nominatives (DSN) des employeurs. Elle permet dans cette étude le calcul des masses salariales versées par les établissements employeurs.

Le Fichier localisé social et fiscal (FiLoSoFi) fournit de l'information sur le revenu déclaré des ménages fiscaux (avant redistribution) ainsi que sur leur revenu disponible (après redistribution et imputation des revenus financiers non déclarés).

Le Fichier Économique Enrichi (FEE) décrit la population des établissements à partir des données comptables propres à leurs entreprises. Il permet de calculer l’indicateur « richesse dégagée » qui fournit, à l’échelle des territoires et des secteurs une information quantitative sur le poids de l’activité économique.

Définitions

La richesse dégagée par les établissements est assimilée aux rémunérations totales versées (brutes + cotisations employeurs) lorsque l’entreprise est non marchande, et est égale, en cas d’entreprises multi-établissements, à la ventilation de la valeur ajoutée entre ses établissements, au prorata des masses salariales. Le concept de richesse dégagée ne correspond toutefois pas à un PIB local. En effet, le champ de cet indicateur n'intègre pas la totalité des activités économiques, au contraire du PIB.

Le revenu disponible d’un ménage comprend les revenus d’activité (nets des cotisations sociales), les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d’autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs.

Les masses salariales (entrantes et sortantes) sont mesurées « nettes » des prélèvements sociaux.

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie médian partage la population en deux sous-ensembles : la moitié des personnes appartiennent à un ménage déclarant un revenu disponible par UC inférieur et l’autre moitié un revenu disponible par UC supérieur.

Sphère présentielle et sphère productive : les activités présentielles sont les activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu'elles soient résidentes ou touristes. Les activités productives sont déterminées par différence. Il s'agit des activités qui produisent des biens majoritairement consommés hors de la zone et des activités de services tournées principalement vers les entreprises correspondantes.

L’emploi touristique estimé correspond aux emplois générés par la fréquentation touristique, c’est-à-dire à l’emploi directement imputable à la présence de touristes sur la zone.

Pour en savoir plus

(1) « La richesse des territoires en Nord-Pas-de-Calais-Picardie », Insee Dossier Nord-Pas-de-Calais-Picardie, juillet 2016.

(2) « De quoi vivent les territoires ? Des fonctionnements similaires de part et d’autre de l’ancienne frontière régionale », Insee Analyses Hauts-de-France no 15, mai 2016.