Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes · Octobre 2023 · n° 168

Importance de l’emploi ouvrier en couronne et dans près d’un pôle sur deux Pôles d’emplois de l’aire d’attraction de la ville de Lyon

Fin 2019, l’aire d’attraction de la ville (AAV) de Lyon regroupe 918 000 salariés, hors secteur de la défense et particuliers-employeurs (sources), travaillant de manière permanente dans près de 70 000 établissements. Ils ne se répartissent pas de manière uniforme sur ce territoire : près de 70 % (soit 636 000 salariés) exercent dans une des trente-neuf « zones de concentration de salariés » (ZCS), qui couvrent seulement 10 % de sa superficie. Les densités de salariés et les spécificités sectorielles y sont très diverses et dépendent principalement de la nature des activités des entreprises implantées.

Cette publication, la deuxième dédiée aux pôles d’emplois lyonnais [Debouzy I., Sénigout É., 2022 ; pour en savoir plus (1)] s’intéresse aux caractéristiques des salariés et de leur poste de travail au sein de ces ZCS. L’étude des profils de ces salariés constitue ainsi une nouvelle étape dans l’élaboration d’un état des lieux de l’emploi dans la Métropole de Lyon et sa périphérie. Les conclusions de cette étude doivent permettre d’aider à la mise en œuvre de politiques d’aménagement du territoire, visant entre autres à réduire la portée des déplacements pendulaires émetteurs de gaz à effet de serre.

Six profils de salariés (encadré 1), présents dans l’ensemble des trente-neuf ZCS mais répartis de manière non homogène, se distinguent.

En fonction de la présence plus ou moins marquée de certains profils, ces ZCS peuvent se répartir en six groupes (figure 1). Dans cinq d’entre eux, un profil principal de salariés ressort, parfois accompagné d’un profil secondaire. À l’inverse, un groupe se compose de ZCS multiprofils, reflétant ainsi la variété des postes offerts.

Ce premier groupe rassemble trois ZCS, situées à Lyon : le centre-ville de Lyon, de loin la plus fournie avec plus de 150 000 salariés, Confluence avec 8 900 salariés et Gorge de Loup avec 7 700. Elles attirent des profils variés, dont aucun ne ressort particulièrement. Dans chacune, le profil n^o 1 des « cadres des services à haute valeur ajoutée (SHVA), plutôt jeunes » (autour de 25 %) est accompagné de près par d’autres profils (figure 2).

Dans le centre-ville de Lyon, les profils n^o 4 « employés, majoritairement des femmes » et n^o 5 « salariés du secteur public » regroupent chacun 22 % de la main d’œuvre, traduisant une grande diversité des secteurs, des postes et des qualifications. Cette ZCS réunit à elle seule un quart des salariés des trente-neuf zones. En volume, on y trouve le plus grand nombre de salariés de chacun des profils.

À Gorge de Loup, les profils n^o 2 « cadres et professions intermédiaires plus âgés de l’industrie et du commerce » et n^o 4 complètent le profil n^o 1 chacun à hauteur de 21 %.

À Confluence, le profil n^o 5 est lui aussi bien représenté en raison de la présence du siège du Conseil régional.

Dans ce groupe, le profil n^o 6 « jeunes, en poste depuis moins d’un an » (15 %) est plus fréquent que dans les autres groupes. Dans ces trois zones, géographiquement proches de lieux de formation, les entreprises peuvent en effet embaucher des étudiants et des sortants de formation. À l’inverse, le profil n^o 3 « ouvriers, en CDI et à temps plein » est très peu présent au sein de ce groupe (6 %, soit le taux le plus faible de l’ensemble des groupes).

Ce deuxième groupe rassemble six ZCS de taille moyenne (entre 5 500 et 20 000 salariés) situées à Lyon ou à proximité, pour un effectif total proche de 70 000 salariés. Plus d’un tiers d’entre eux appartient au profil n^o 1 « cadres des SHVA, plutôt jeunes », soit deux fois plus que dans l’ensemble des ZCS (17 %). Dans la zone de Vaise, quartier considéré comme le pôle numérique de Lyon avec des entreprises comme CGI France ou Altran Technologies, la part du profil n^o 1 atteint 57 %.

Dans ce groupe, les profils n^o 3 et n^o 5 sont très peu présents, sauf à Gerland nord avec la présence de l’École normale supérieure. Sur l’ensemble des six ZCS, 44 % des salariés sont cadres (figure 3) et 41 % (quel que soit leur profil) dépendent du secteur des SHVA (figure 4), part qui atteint 67 % dans la zone de Vaise.

Enfin, les moins de 40 ans, majoritaires avec 53 %, sont surreprésentés dans cinq de ces six ZCS. Dans la zone de Gerland sud-est, cette part n’est que de 45 %, le profil n^o 1 étant suivi de peu par le n^o 2 « cadres et professions intermédiaires plus âgés de l’industrie et du commerce » avec, notamment, la présence de Sanofi dans le secteur de la fabrication de produits pharmaceutiques.

Ce troisième groupe compte cinq ZCS de tailles variées (entre 3 400 et 32 400 salariés) situées aussi bien à Lyon, dans le pôle de l’AAV qu’en petite couronne. Elles regroupent au total 59 000 salariés, dont un tiers appartient au profil n^o 2 des « cadres et professions intermédiaires plus âgés de l’industrie et du commerce ».

Cette part atteint près de 50 % dans la ZCS de Marcy-l’Étoile où sont localisées des entreprises comme Sanofi et Biomérieux. Dans ce groupe, les profils n^o 5 « salariés du secteur public » (6 %) et n^o 6 « jeunes, en poste depuis moins d’un an » (10 %) sont moins présents que dans les autres groupes. L’industrie manufacturière, et dans une moindre mesure le commerce y sont surreprésentés, tout comme les salariés âgés de 40 ans et plus (53 %). Les cadres et professions intermédiaires y représentent 64 % des salariés (contre 54 % pour l’ensemble des ZCS). En revanche, cette nette surreprésentation ne se vérifie pas dans les ZCS de Saint-Priest nord-est et Beynost-Miribel où un second profil, celui des « ouvriers, en CDI et à temps plein », se dégage, avec la présence des secteurs du commerce de gros et de la construction qui emploient des ouvriers.

Ce quatrième groupe comporte le plus grand nombre de ZCS (dix-huit), de taille moyenne (entre 3 500 et 20 300 salariés, pour un total de 156 000 salariés), situées en grande majorité dans la couronne de l’AAV et sinon dans le pôle. Un tiers des salariés appartient au profil n^o 3 des « ouvriers en CDI à temps plein », cette part variant de 21 % à 51 % selon les zones contre 16 % pour l’ensemble des ZCS. Dans ce groupe, les ouvriers représentent 35 % des salariés avec un taux atteignant 52 % dans la zone de Corbas. L’industrie manufacturière y emploie 21 % des salariés et le profil n^o 1 y est très peu représenté (6 %). Dans dix de ces dix-huit ZCS, le profil n^o 3 se détache nettement. Ces zones sont situées dans la couronne de l’AAV (sauf celles de Corbas et de Vénissieux). Elles hébergent des secteurs d’activités où les ouvriers sont nombreux : plus de la moitié de leurs salariés dépend de l’industrie, du transport et de l’entreposage, du commerce ou de la construction dans des établissements comme Fresenius medical care (ZCS de l’Arbresle) ou J.L. International (ZCS de Mions).

Dans les huit autres zones, au contraire, le profil n^o 3 est associé à un second profil. Pour cinq d’entre elles, il s’agit du n^o 2 « cadres et professions intermédiaires plus âgés de l’industrie et du commerce ». Ce sont des ZCS où au moins un quart des salariés travaillent dans l’industrie manufacturière dont dépendent trois des quatre plus gros établissements de ces cinq zones : Carrier (ZCS de Dagneux-Montluel), Total raffinage (ZCS de Feyzin) et Gambro industries (ZCS de Meyzieu). Elles sont localisées en bordure externe du pôle de l’AAV ou dans la couronne, et dans l’est de Lyon, sauf celle de Feyzin située au sud. Dans la ZCS de Rillieux-la-Pape, le profil n^o 3 côtoie le n^o 4, en raison notamment de la présence de la polyclinique Lyon nord. Dans la zone de Saint-Exupéry – aéroport, même si le profil n^o 3 est surreprésenté, les ouvriers sont moins nombreux et côtoient surtout des employés (spécificité de la zone aéroportuaire). Enfin, dans la ZCS de Vaulx-en-Velin, le profil n^o 3 est associé aux salariés du secteur public, en grande partie en raison des effectifs de la mairie, de l’École nationale des travaux publics de l’État et de l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon.

Ce cinquième groupe comprend quatre ZCS, à Lyon ou à proximité, de tailles très différentes (de 4 800 à 75 200 salariés). Parmi ses 111 000 salariés, 31 % appartiennent au profil n^o 5 des « salariés du secteur public ». Ce taux atteint 64 % dans la ZCS de la Croix-Rousse et 56 % dans celle de Grange Blanche, deux zones lyonnaises centrées sur de grands centres hospitaliers. Dans les ZCS de Pierre-Bénite-Oullins et Villeurbanne-Bron, les parts sont respectivement de 31 % et 26 %, avec également la présence d’importants centres hospitaliers. Dans ces deux zones, un second profil ressort : pour la première, le profil n^o 3 avec en particulier JTEKT Automotive et pour la seconde, le profil n^o 1 avec notamment le CNRS. Dans ce groupe, le profil n^o 2 est très peu représenté (13 %).

Le secteur public y occupe naturellement une place importante avec 35 % des salariés (contre 19 % pour les 39 ZCS) et, selon les zones, des parts allant de 30 % à 68 % (à la Croix-Rousse). La proportion des salariés ni en CDD ni en CDI y est très élevée (33 %). Elle atteint 69 % à la Croix-Rousse et 58 % à Grange Blanche qui comptent de nombreux médecins (ni en CDD ni en CDI la plupart du temps). Dans ce groupe, le secteur de la santé humaine et de l’action sociale est prépondérant : très important dans les ZCS de la Croix-Rousse et de Grange blanche (72 %), il l’est un peu moins dans la ZCS de Pierre-Bénite-Oullins, mais reste majoritaire. Enfin, dans celle de Villeurbanne-Bron, tout en étant assez important, il est un peu devancé par le secteur des SHVA.

Ce dernier groupe rassemble trois ZCS, de tailles assez importantes (entre 17 000 et 26 000 salariés pour un total de 63 000) et centrées sur des villes de taille moyenne situées en grande couronne. Le profil n^o 4 des « employés, très majoritairement des femmes » est prépondérant avec 28 % des salariés. À l’inverse, les deux profils de cadres y sont très peu présents (7 % pour le profil n^o 1 et 12 % pour le n^o 2). Dans les zones de Bourgoin-Jallieu et de Vienne, le secteur de la santé est bien représenté (20 %) avec de grands centres hospitaliers. Dans la zone de Villefranche-sur-Saône, les employés (35 %) côtoient les ouvriers (27 %) au sein d’établissements de l’industrie (comme Bayer) et du transport (comme Kéolis Autocars Planche) requérants de la main d’œuvre ouvrière.

Afin d’offrir une lecture synthétique des profils des salariés des zones de concentration de salariés, une analyse en composantes multiples a été réalisée suivie d’une classification par la méthode des k-moyennes. Le champ couvert par la typologie exclut les individus sans type de contrat de travail et sans catégorie socio-professionnelle (CS). De plus, afin de diminuer le nombre de modalités de quelques variables, certaines ont été regroupées et deux ont été écartées car concernant trop peu d’individus : CS « d’agriculteurs » et « d’artisans, commerçants et chefs d’entreprise ».

Les variables de l’analyse des correspondances multiples sont :