Insee Flash Grand Est · Juin 2023 · n° 69

Projections démographiques pour les Ardennes Le département perdrait trois habitants sur dix à l’horizon 2070

Si les tendances démographiques récentes se prolongeaient, la population des Ardennes baisserait de 81 000 habitants en un demi-siècle. Elle passerait de 272 000 habitants en 2018 à 191 000 en 2070. Cela correspondrait à une diminution de 29,9 %, soit -0,68 % en moyenne par an. Cette déprise serait deux fois plus importante que celle du Grand Est, mais serait similaire à celle de la Haute-Marne, de la Meuse et des Vosges.

L’évolution du nombre d’habitants à l’horizon 2070 dépend des hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations. Dans l’hypothèse d’évolutions plus favorables de ces composantes (scénario population haute), la déprise démographique des Ardennes serait moins prononcée, avec une baisse de la population de −0,40 % par an en moyenne, soit 51 000 habitants de moins en 2070 (figure 1).

À l’inverse, une combinaison défavorable (scénario population basse) entraînerait une perte de quatre habitants sur dix dans le département. La population diminuerait de 0,99 % par an, soit une baisse de 110 000 habitants en cinquante ans.

La déprise démographique du département démarre au milieu des années 70, mais elle s’accentue fortement au début des années 2010. Entre 2013 et 2018, la population baisse ainsi de 0,64 % par an en moyenne, soit plus de deux fois plus vite qu’auparavant.

Selon le scénario central, la baisse de population entre 2018 et 2070 serait en grande partie due au solde naturel négatif, contribuant pour 0,49 point de pourcentage par an en moyenne au recul du nombre d’habitants. L’ampleur du déficit des naissances par rapport aux décès ne cesserait de croître jusqu’en 2070 (figure 2).

Le nombre annuel de naissances diminuerait quasiment sur toute la période : à l’horizon 2070, on en compterait 46 % de moins qu’en 2018. Le nombre de décès, augmenterait jusqu’en 2042 puis diminuerait jusqu’en 2070, pour une baisse totale de 8 % sur l’ensemble de la période. Malgré cette légère diminution, il y aurait près de deux fois plus de décès que de naissances en 2070 dans le département.

Le déficit du solde migratoire solde migratoire contribuerait à la baisse de la population à hauteur de 0,19 point de pourcentage en moyenne par an. Il devrait se résorber tout au long de la période, pour devenir presque nul au cours des deux dernières décennies.

La population des Ardennes serait très vieillissante à l’horizon 2070. L’âge moyen passerait de 42,3 ans en 2018 à 48,5 ans en 2070, soit six ans de plus. Dans le département, 32 % de la population aurait 65 ans ou plus, contre 21 % en 2018 (figure 3). En particulier, la part des personnes de 75 ans ou plus devrait doubler à l’horizon 2070 (20 %, contre 10 % en 2018).

L’espérance de vie à la naissance gagnerait plus de huit ans pour les hommes (de 77 à 86 ans), et cinq ans pour les femmes (de 83 à 88 ans).

L’indicateur conjoncturel de fécondité diminuerait sur la période : 1,79 en 2018 contre 1,68 en 2070. Le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants (15-50 ans) baisserait de 42 % en un demi-siècle. Par conséquent, le nombre de naissances et de jeunes de moins de 20 ans se réduirait.

Ainsi, si en 2018 le département compte 89 personnes âgées de 65 ans ou plus, pour 100 jeunes de moins de 20 ans, ce rapport s’inverse fortement à l’horizon 2070 avec 169 personnes de 65 ans ou plus, pour 100 de moins de 20 ans.

Les projections départementales 2018-2070 présentées dans cette étude représentent une déclinaison locale des projections pour la France entière diffusées par l’Insee en novembre 2021 [Algava, Blanpain, 2021 ; pour en savoir plus (4)]. Le modèle Omphale permet de réaliser des projections infranationales en projetant d’année en année les pyramides des âges des différents territoires.

L’évolution de la population par sexe et âge repose sur des hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations (flux internes à la France et solde migratoire avec l’étranger). Ces évolutions sont appliquées aux comportements observés sur la zone d’intérêt. Le point de départ des projections est la population 2018 issue du recensement de la population.

Différents scénarios sont élaborés selon les hypothèses retenues. Le scénario central décline localement les évolutions nationales basées sur l’observation du passé récent (hors pandémie de Covid-19) : un solde migratoire avec l’étranger de + 70 000 personnes par an à compter de 2021, une fécondité stable à 1,8 enfant par femme à partir de 2023 et des gains d’espérance de vie de 8,1 ans pour les femmes et de 11,5 ans pour les hommes. Les autres scénarios se conçoivent comme des modulations appliquées aux dernières tendances observées, en modifiant l’hypothèse d’évolution d’une ou de plusieurs composantes. Les projections ne doivent pas être assimilées à des prévisions : il est impossible de prédire comment évolueront exactement les différentes composantes démographiques dans le futur. Les projections de population permettent d’illustrer et d’objectiver l’impact d’évolutions possibles des comportements démographiques sur la structure et la taille de la population à moyen et long terme.