Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté · Avril 2023 · n° 108

111 bassins de vie polarisent les habitudes de vie des habitants

En Bourgogne-Franche-Comté, 111 bassins de vie polarisent les habitudes de vie des habitants (encadré 1). La population trouve dans ces espaces, les commerces et services nécessaires à la vie courante, boulangeries, pharmacies, médecins généralistes, coiffeurs, etc. Ces services dits de la gamme de proximité sont essentiellement implantés dans les espaces les plus peuplés, dans les agglomérations, les villes, les petites villes mais aussi dans les bourgs ruraux. Parmi ces communes, 130 pôles de services proposent aussi des équipements moins fréquents, comme un collège, une station-service ou encore un laboratoire d’analyses médicales (figure 1). La présence de ces équipements de la gamme intermédiaire rayonne sur les communes voisines et facilite l’accès aux services. Elle maintient une économie présentielle au sein du pôle, mais aussi pour l’ensemble des communes du bassin de vie.

L’attractivité de certains pôles de services dépasse les limites de leur bassin de vie. Ceux-ci disposent d’équipements plus rares dits de la gamme supérieure comme les hypermarchés, les services d’urgence, les maternités ou encore les cinémas.

La majorité des bassins de vie sont ruraux : 95 sur 111. Ils concentrent 80 % des communes et de la superficie régionale, et plus de la moitié des habitants de Bourgogne-Franche-Comté y résident. Leur densité de population est quatre fois plus faible que celle des 16 bassins urbains (figure 2). Deux types de bassins ruraux peuvent être identifiés, les périurbains (pour comprendre) et les non périurbains (pour comprendre). Les premiers sont sous influence de grands pôles d’emploi. Ils sont situés en périphérie des villes les plus peuplées de la région, sur les axes reliant Mâcon à Dijon et Dijon à Belfort, mais aussi le long de la vallée de l’Yonne et en périphérie de Nevers. Ils sont moins nombreux que les bassins de vie non périurbains et s’étendent sur un territoire en moyenne moins vaste que ce soit en superficie ou en nombre de communes.

L’architecture urbaine et le relief influent également sur la taille des bassins de vie qu’ils soient urbains ou ruraux. Ils sont peu étendus lorsque le maillage des villes est serré comme en Saône-et-Loire et dans le nord-est de la Franche-Comté mais aussi dans les zones de montagne. Les plus petits, ceux de Giromagny et des Rousses ont une superficie de moins de 80 km². Les plus étendus, ceux d’Is-sur-Tille, Châtillon-sur-Seine, Dijon et Nevers s’étalent sur plus de 1 400 km².

Dans la région, la répartition des équipements de la gamme de proximité et de la gamme intermédiaire correspond à la population présente. Ainsi, les bassins de vie ruraux regroupent 53 % de la population, 56 % des équipements de la gamme de proximité et 52 % de ceux de la gamme intermédiaire.

La qualité de vie des habitants dépend toutefois de la palette de commerces et services disponibles à proximité de leur commune. Tous les bassins de vie de la région qu’ils soient urbains ou ruraux disposent de l’éventail complet des 28 équipements de la gamme de proximité (figure 3). Mais les temps d’accès à ces commerces et services sont d’autant plus importants que la population est éloignée d’un pôle urbain. 1 habitant sur 3 des bassins de vie ruraux non périurbains sont à plus de 6 minutes des commerces et services de proximité. Ils ne sont que 1 habitant sur 14 dans les bassins de vie urbains.

Les écarts se creusent avec la montée en gamme des équipements. Le choix est alors plus restreint dans les bassins de vie ruraux. Ceux-ci disposent en moyenne de 29 équipements différents de la gamme intermédiaire, quand la palette complète des 35 équipements est présente dans les bassins de vie urbains denses. Plus on s’écarte des centres urbains, plus la part des habitants éloignés des commerces et services de cette gamme est élevée. Ainsi, plus d’1 habitant sur 3 des bassins ruraux non périurbains est à plus de 12 minutes en moyenne de ce type d’équipements. C’est six fois plus que dans les bassins de vie urbains.

Les commerces et services de la gamme supérieure ne participent pas à la construction du zonage en bassin de vie. De fait, leur accessibilité différencie davantage les conditions de vie des habitants des bassins ruraux de celles des bassins urbains. Ces équipements comme les maternités, les services d’urgence, les lycées nécessitent des moyens humains et logistiques importants. Ils sont donc plutôt implantés dans les espaces très denses. Ainsi, près de six sur dix de ces équipements sont localisés dans les bassins de vie urbains qui rassemblent pourtant moins de la moitié de la population (figure 4).

Dans les bassins urbains, la diversité des équipements est assurée. Ainsi, sur les 47 équipements distincts de la gamme supérieure, les bassins de vie urbains denses en proposent 44 en moyenne et 33 parmi ceux de densité intermédiaire. Les temps d’accès sont d’autant plus limités que le pôle de services concentre équipements et population. C’est le cas dans les bassins de vie urbains denses de la région. Ainsi, moins de 4 % des habitants sont à plus de 21 minutes des équipements de la gamme supérieure dans le bassin de vie de Dijon, pourtant très étendu et moins de 2 % dans celui de Besançon. Sur Belfort, les temps sont encore plus courts. Ce bassin de vie est de faible superficie et propose la gamme complète des 45 équipements.

En revanche, les bassins ruraux abritent moins d’équipements de la gamme supérieure. Cela tient notamment à la moindre présence en proportion de médecins spécialistes. Il y a trois fois moins de pneumologues, ORL, dermatologues ou encore de gastro-entérologues. De plus, les bassins de vie ruraux les plus proches des agglomérations offrent la palette d’équipements de la gamme supérieure la moins variée de tous les bassins de vie. Les services d’urgence, les cinémas, les lycées ou encore les supermarchés y sont moins présents qu’ailleurs. La proximité des grands centres urbains leur permet de bénéficier d’infrastructures routières, rocades et voies rapides, pour y accéder. De ce fait, la part des habitants distants de cette gamme est deux fois plus faible que dans les bassins ruraux plus éloignés.

Dans 12 bassins de vie ruraux du Châtillonnais et du Morvan, plus de la moitié des habitants sont à plus de 6 minutes en voiture des commerces et services de proximité (figure 5). Ces bassins perdent des habitants. Ils perdent aussi des équipements de la vie courante, quand l’ensemble des bassins de vie ruraux en gagnent (encadré 2).

En outre, dans ces 12 bassins de vie, les habitants sont très éloignés des équipements particulièrement utiles aux personnes âgées, comme les médecins généralistes et spécialistes, les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes, les magasins d’optique, etc. Pourtant, près d’un tiers des habitants ont 65 ans ou plus contre près d’un quart dans l’ensemble des bassins de vie ruraux. Cet éloignement peut d’autant plus poser problème que la population âgée est moins mobile. Plus de la moitié des personnes âgées de 65 ans ou plus résident à plus de 11 minutes en voiture du « panier senior » et la totalité d’entre eux dans les bassins de Prémery et Saint-Sauveur-en-Puisaye. En outre, les personnes de 85 ans ou plus, encore moins mobiles, sont aussi davantage présentes.

Le dynamisme en termes d’équipements du bassin de vie de Pontarlier fait figure d’exception. Avec 62 400 habitants en 2020, il est l’un des bassins de vie ruraux les plus peuplés de la région. Entre 2013 et 2020, sa population et ses équipements d’« utilisation fréquente » ont progressé dans les mêmes proportions, respectivement de 9 % et 6 %. Ce territoire bénéficie de sa proximité avec la Suisse. Les commerces et services se sont développés, stimulés par la hausse du nombre d’habitants, le pouvoir d’achat des frontaliers et la clientèle suisse. Ses habitants disposent ainsi de la gamme complète des équipements de la gamme intermédiaire et de 40 des équipements de la gamme supérieure. Son niveau d’équipement s’apparente ainsi à celui des bassins urbains denses. Les temps d’accès pour rejoindre ceux de la gamme intermédiaire sont relativement courts dans ce vaste bassin de vie, composé de 77 communes et de surcroît en zone montagneuse. La moitié des habitants mettent en voiture moins de 12 minutes pour accéder aux commerces et services de cette gamme, 19 minutes pour ceux de la gamme supérieure.