Insee Analyses Occitanie · Avril 2023 · n° 135

213 bassins de vie en Occitanie

Le bassin de vie est le plus petit territoire au sein duquel les habitants ont accès aux équipements et aux services les plus courants. Chaque bassin de vie est composé d’une ou plusieurs communes pôles de services qui offrent un large éventail d‘équipements nécessaires à une bonne qualité de vie. On compte 1 707 bassins de vie en France en 2022, dont 213 situés en Occitanie (figure 1). Leur taille est très variable : le bassin de vie de Castelnau Montratier-Sainte Alauzie au sud du Lot comporte deux communes et compte moins de 2 000 habitants ; celui de Toulouse, fort de 116 communes, dépasse largement le million d’habitants.

Sur les 65 bassins de vie urbains denses existant en France, l’Occitanie en compte quatre : ceux de Toulouse, Montpellier, Nîmes et Perpignan (figure 2). Ils concentrent 33 % des habitants d’Occitanie. Ils sont très étendus car ils comptent un nombre important de communes assurant le rôle de pôle de services : 37 communes pôles dans le bassin de vie de Toulouse, 16 dans celui de Montpellier, 7 dans celui de Perpignan et 3 dans celui de Nîmes.

Les bassins de vie urbains de densité intermédiaire sont trois fois plus petits et 15 fois moins peuplés. Ils sont 53 au total et regroupent 31 % des habitants de la région. Il s’agit en grande partie des bassins organisés autour des villes moyennes comme Tarbes, Auch, Montauban... Mais aussi de petits bassins de vie accolés à ceux des grandes agglomérations comme les bassins de Saint-Lys ou Pins-Justaret près de Toulouse ou ceux de Baillargues, Castries ou Pignan près de Montpellier. Enfin, les bassins de vie urbains de densité intermédiaire se retrouvent aussi sur le littoral méditerranéen autour des principales stations balnéaires comme Saint-Cyprien et Canet-en-Roussillon dans les Pyrénées-Orientales.

Parmi les 213 bassins de vie d’Occitanie, trois sur quatre sont ruraux, comme en France. Ces bassins concentrent 77 % des communes mais seulement 36 % de la population. On distingue des bassins de vie ruraux périurbains et non périurbains. Les premiers sont principalement localisés à la périphérie des bassins urbains. En particulier, plus d’un sur trois est situé dans l’aire d’attraction de Toulouse. Les bassins de vie de Castres et de Cahors sont également classés dans cette catégorie car leur population vit en majorité dans des zones peu denses en périphérie de la ville-centre.

Les bassins de vie ruraux non périurbains sont moins denses et plus éloignés des grandes agglomérations. En moyenne, ils sont aussi peuplés que les bassins ruraux périurbains mais deux fois plus vastes. En effet, les communes disposant de l’équipement nécessaire pour être pôle de services y sont nettement moins nombreuses et donc plus espacées. Parmi eux, les bassins de vie de montagne de Saint-Girons (1 480 km²), Tarascon-sur-Ariège (1 240 km²) et Font-Romeu-Odeillo-Via (780 km²) sont parmi les plus étendus de la région.

Au sein de la région, les implantations des équipements les plus courants (gammes de proximité et intermédiaire) sont proportionnelles à la population (figure 3).

Ainsi, les bassins de vie urbains denses qui comptent 34 % de la population regroupent 31 % des équipements de la gamme de proximité (définitions) et 36 % de ceux de la gamme intermédiaire.

En revanche, les équipements de la gamme supérieure, moins courants, sont concentrés dans les bassins de vie urbains denses (42 %). Les habitants de certains bassins de vie qui en sont dépourvus doivent donc se déplacer dans d’autres bassins pour y accéder. Les bassins de vie ruraux n’en possèdent que 28 % pour 36 % de la population. Les équipements de la gamme supérieure sont moins nombreux à la fois dans les bassins de vie ruraux périurbains et dans ceux non périurbains.

Les bassins de vie urbains denses de Toulouse, de Montpellier, de Perpignan et de Nîmes disposent de tous les équipements quelle que soit leur gamme d’appartenance (figure 4). Les autres bassins de vie sont dotés de la quasi-totalité des équipements de proximité (boulangerie, supérette, médecin…) et de plus de trois équipements sur quatre de la gamme intermédiaire (supermarché, collège, banque…). Mais pour la gamme supérieure, qui comprend notamment les lycées, les hypermarchés, les services médicaux spécialisés, les différences sont plus marquées : 50 % des équipements de cette gamme sont présents dans les bassins de vie urbains de densité intermédiaire mais seulement 35 % dans les bassins ruraux non périurbains et 26 % dans les bassins ruraux périurbains.

Les bassins de vie ruraux disposent de la plupart des équipements de la gamme de proximité. Tous ont au moins une école élémentaire, une pharmacie ou un salon de coiffure et seulement quelques-uns ne disposent pas de fleuriste ou de taxi. En revanche, les équipements de la gamme intermédiaire manquent plus fréquemment. Une poignée de bassins de vie ruraux ne possède pas de collège ou de station-service. Un quart n’ont pas de sage-femme. Deux bassins de vie ruraux sur cinq n’ont pas de laboratoire d’analyses et de biologie médicale, de magasins de chaussures, de meubles ou d’électroménager.

Enfin, les équipements de la gamme supérieure sont peu présents dans les bassins de vie ruraux. Seulement 11 % ont un pédiatre et 15 % un gynécologue. Parmi les bassins de vie ruraux, les non périurbains sont parfois mieux équipés. Ainsi, la moitié des bassins de vie ruraux non périurbains disposent d’un lycée contre un quart pour les ruraux périurbains. Ils ont également une plus grande diversité de commerces ou d’équipements de sports ou de loisirs. Par exemple, 77 % des bassins de vie non périurbains possèdent un cinéma contre 42 % des périurbains.

Dans le domaine de la santé, les taux d’équipement par habitant en pharmacies et infirmiers sont plus fréquents dans le rural que dans l’urbain. De même, ils sont plus importants pour la prise en charge du handicap et de la vieillesse, notamment pour les soins à domicile. En revanche, les médecins généralistes, les masseurs-kinésithérapeutes et les chirurgiens-dentistes sont un peu plus présents dans les bassins de vie urbains denses et moins présents dans les bassins de vie ruraux périurbains. Les pédiatres, psychiatres, pneumologues, gynécologues sont très concentrés dans l’urbain.

Dans le domaine des commerces, en lien avec un usage quasi-impératif de la voiture dans les bassins de vie ruraux non périurbains, les stations-services y sont 2,5 fois plus présentes que dans les bassins urbains denses. Les boulangeries et les boucheries sont également plus présentes en proportion dans les bassins de vie ruraux. En revanche, certains commerces sont plus implantés dans l‘urbain : les magasins d’habillement ou de meubles dans l’urbain intermédiaire et les commerces d’horlogerie-bijouterie ou de parfumerie dans l’urbain dense.

Enfin, dans les domaines des sports, des loisirs et de la culture, le taux d’équipement par habitant est plus important dans les bassins de vie ruraux, notamment pour les bibliothèques, les terrains de tennis, les boulodromes et les bassins de natation. Mais les salles de sport spécialisées et les lieux de spectacles sont plus fréquents dans les bassins de vie urbains.

Pour les équipements de la gamme de proximité, les temps d’accès médians varient du simple au double selon que le bassin de vie est urbain dense ou rural non périurbain (figure 5). Les temps d’accès médians les plus longs concernent des bassins de vie ruraux non périurbains comme ceux de Langogne (Lozère), Trie-sur-Baïse (Hautes-Pyrénées), Lacaune (Tarn) et Laguiole (Aveyron). Ce sont des bassins de vie avec une seule commune pôle et parfois assez étendus.

Pour la gamme intermédiaire, les temps d’accès sont légèrement plus importants que pour la gamme de proximité. Dans l’urbain dense, le temps d’accès médian à ces équipements se limite à 3 minutes alors qu’il atteint 9 minutes pour le rural non périurbain. Les habitants des bassins de vie de Perpignan, d’Agde et de Toulouse bénéficient des temps d’accès les plus courts. Rares sont les bassins de vie ruraux à faire partie de ceux où les temps sont les plus réduits, hormis quelques exceptions comme ceux de Vias à côté d’Agde, de Fronton et de Rabastens dans la couronne nord de Toulouse.

Enfin, c’est pour les équipements de la gamme supérieure que les écarts de temps d’accès selon le profil des bassins de vie sont les plus importants. En raison d’une plus faible présence de ces équipements en milieu rural, les temps d’accès s’allongent de façon importante et varient du simple au quadruple entre l’urbain dense (5,2 minutes) et le rural non périurbain (19,7 minutes). Les temps d’accès aux équipements de la gamme supérieure sont les plus courts pour les bassins de vie des plus grandes villes de la région, ceux de Nîmes, de Montpellier et de Béziers en tête. Ils sont cependant un peu plus longs dans les bassins de vie de Foix et de Cahors que dans ceux des autres préfectures de département d’Occitanie. Quelques bassins de vie des Pyrénées (Font-Romeu-Odeillo-Via, Arreau, Bourg-Madame, Bagnères-de-Luchon), des contreforts du Massif Central (Laguiole, Langogne), ou des Cévennes (Lacaune, Saint-Jean-du-Gard) enregistrent les temps d’accès aux équipements de la gamme supérieure les plus élevés du fait d’équipements moins présents et de réseaux routiers moins favorables.

Entre 2013 et 2021, de nouveaux équipements se sont implantés aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural, y compris dans les zones les plus rurales dans lesquelles la population n’a pas augmenté.

Dans le commerce, le nombre d’hypermarchés progresse partout mais, en proportion, deux fois plus fortement dans les bassins ruraux. Le nombre de boulangeries recule légèrement, assez peu autour des grandes agglomérations et dans les zones rurales mais davantage dans les bassins urbains de densité intermédiaire. Le repli est plus important pour les commerces de livres et de journaux. Leur nombre, rapporté au nombre d’habitants, diminue en milieu urbain comme en milieu rural.

Dans le domaine de la santé, les médecins généralistes sont moins nombreux qu’en 2013, sauf dans les bassins urbains denses où leur nombre progresse légèrement, sans pour autant que la densité de médecins généralistes par habitant progresse. À l’inverse, de nombreux infirmiers se sont installés sur la période, le gain allant de 10 % dans les zones urbaines denses à 27 % dans les zones les plus rurales.

D’autres professions paramédicales, consultées moins fréquemment, se sont aussi nettement développées. C’est le cas des masseurs-kinésithérapeutes, des sages-femmes, des orthophonistes, des orthoptistes et des psychomotriciens. Ces derniers sont trois fois plus nombreux qu'en 2013, et même quatre fois plus nombreux dans les bassins de vie ruraux. Dans les zones les plus rurales, le nombre de sages-femmes a plus que doublé en huit ans.