Insee Analyses Centre-Val de Loire · Avril 2023 · n° 94

Santé : une offre moins diversifiée et des médecins généralistes moins accessibles dans les bassins de vie du Centre-Val de Loire

Le bassin de vie est le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants. Chaque bassin de vie est composé d’au moins une commune pôle de services et de sa zone de chalandise. En 2022, 1 707 bassins de vie ont été définis en France hors Mayotte, 95 d’entre eux sont situés en Centre-Val de Loire. Avec en moyenne 27 300 habitants sur une superficie de 412 km², les bassins de vie de la région sont moins peuplés mais plus étendus qu’en France hors Mayotte (39 400 habitants, 374 km²).

Le Centre-Val de Loire compte 3 bassins de vie urbains denses parmi les 65 existants en France hors Mayotte : ceux de Chartres, Orléans et Tours. Ces 3 bassins de vie concentrent 31 % de la population. Ce sont aussi les bassins de vie les plus étendus (figure 1).

Les 11 bassins de vie urbains intermédiaires sont organisés autour des villes moyennes ou plus petites : Bourges, Blois, Châteauroux, Dreux, Vierzon, Châteaudun, Montargis, Gien, Amboise, Monts et le Malesherbois. Ils sont moins étendus et environ 5 fois moins peuplés en moyenne que les bassins de vie urbains denses.

Avec en moyenne 14 400 habitants par bassin, les 81 bassins de vie ruraux concentrent 77 % des communes de la région et 45 % de sa population (contre 30 % de la population dans l’ensemble des bassins de vie ruraux nationaux). Ces bassins de vie ruraux sont soit situés à la périphérie des villes en territoires périurbains, soit situés autour de petits bourgs ruraux en milieu rural moins sous l’influence des villes (rural non périurbain). Les bassins de vie ruraux périurbains sont peu étendus et beaucoup moins denses que les bassins urbains. Les bassins de vie ruraux non périurbains, les plus éloignés des grandes agglomérations, sont en moyenne aussi peuplés que les bassins périurbains mais sont plus vastes.

Les bassins de vie de Chartres, d’Orléans et de Tours concentrent 28 % des équipements disponibles en région dans la gamme de proximité (médecins généralistes, principaux commerces, écoles élémentaires) et 35 % dans la gamme intermédiaire (supermarchés, banques, collèges, police, gendarmerie). Au contraire, l’offre d’équipements courants est moins fournie dans les bassins de vie ruraux périurbains avec 22 % de l’offre régionale dans la gamme de proximité et seulement 16 % dans la gamme intermédiaire (données complémentaires).

La moitié des habitants du Centre-Val de Loire accèdent dans leur bassin de vie à au moins 14 types d’équipements de commerce et à au moins 20 types d’équipements en santé et action sociale, soit respectivement 64 % et 34 % de l’ensemble des types d’équipements recensés dans ces domaines. Sur l’ensemble du territoire national, la moitié des habitants accèdent à au moins 16 types d’équipements dans le domaine du commerce et 22 dans celui de la santé et de l’action sociale, soit respectivement 73 % et 38 % des types d’équipements recensés dans ces domaines.

Les temps d’accès aux équipements sont plus longs en Centre-Val de Loire. Les habitants mettent en moyenne 11 minutes pour accéder à un équipement de la gamme intermédiaire et 21 minutes pour un équipement de la gamme supérieure, contre respectivement 10 et 19 minutes en moyenne au niveau national.

En raison d’une plus faible présence en milieu rural, ce sont pour les équipements de la gamme supérieure (comme les agences Pôle emploi, les hypermarchés, les lycées, les urgences, les maternités, les médecins spécialistes et les cinémas) que les écarts de temps d’accès sont les plus importants entre bassins de vie. En Centre-Val de Loire, près d’un habitant sur cinq est considéré comme éloigné des équipements de la gamme supérieure, c’est-à-dire localisé à 21 minutes de trajet et plus en moyenne. L’ensemble de la population est éloigné des équipements de la gamme supérieure dans 7 bassins de vie (dont 4 pour le seul département du Cher) et plus de la moitié de la population est éloignée de ces équipements dans 34 bassins (figure 2). Dans 7 bassins de vie du département de l’Indre sur 10, la population éloignée des équipements de la gamme supérieure est majoritaire, mais c’est seulement le cas dans 1 bassin sur 10 en Indre-et-Loire. Les bassins de vie où la population éloignée est majoritaire correspondent généralement aux bassins de vie ruraux qui sont davantage représentés dans le sud de la région ainsi que dans l’est du Loiret.

Dans les bassins de vie ruraux, le temps d’accès moyen à l’hypermarché ou au lycée le plus proche est toujours supérieur à 20 minutes, sans différence notable entre bassins périurbains et non périurbains (figure 3). Le temps d’accès moyen à un lycée général et technologique est même supérieur à 30 minutes dans 9 bassins de vie : Aubigny-sur-Nère, Sancoins, Janville-en-Beauce, Aigurande, Buzançais, Châtillon-sur-Indre, Valençay, Lamotte-Beuvron et Mondoubleau.

Le nombre d’équipements en santé et soins en Centre-Val de Loire a augmenté de 8,5 % entre 2013 et 2021, soit 917 équipements en plus à l’échelle de la région. Cette hausse est portée par l’augmentation du nombre d’implantations de kinésithérapeutes (+297), de psychomotriciens (+66) et d’ergothérapeutes (+60). Dans le même temps, le nombre de cabinets de gynécologie, de dentistes et de médecins généralistes a diminué, respectivement de 24 % (-36), 7 % (-75) et 11,9 % (-256).

En outre, près des deux tiers des bassins de vie de la région hébergent moins de 22 types d’équipements du domaine santé et action sociale (Sources), ce qui correspond au niveau médian observé en France hors Mayotte. Dans 9 bassins de vie, les temps d’accès moyens à un équipement de ce domaine sont supérieurs à 21 minutes (le neuvième décile des temps d’accès à un équipement de la gamme supérieure). Il s’agit des bassins d’Aubigny-sur-Nère, de Châteaumeillant, de La Guerche-sur-l'Aubois, d’Henrichemont-Menetou-Salon, de Lignières, de Sancoins, d’Aigurande, de Valençay, de Lamotte-Beuvron, de Mondoubleau, et de Beauce la Romaine (figure 4). Il s’agit de bassins de vies ruraux en moyenne plus faiblement peuplés (environ 10 000 habitants par bassin de vie).

Le temps d’accès moyen pour aller chez un médecin généraliste est de 7 minutes dans la région comme dans l’ensemble du territoire national. En revanche, le fait de disposer d’un médecin à une distance raisonnable ne garantit pas la disponibilité du médecin, notamment en raison du nombre moyen de patients par médecin. Les bassins de vie de la région sont en moyenne moins bien dotés en médecins généralistes. La question de l’accessibilité se pose donc également en termes de consultations disponibles.

En 2021, la région compte 34 bassins de vie sous-dotés en médecins généralistes (définitions) où le nombre moyen de consultations accessibles par habitant est inférieur à 2,5, soit 36 % des bassins de vie de la région contre 13 % en France hors Mayotte. Le nombre de bassins de vie sous-dotés n’était que de 16 en 2015 (figure 5). Cette dégradation est particulièrement visible dans le nord et l’est du Loiret, dans les bassins de vie entourant celui de Châteauroux d’ouest en est, ainsi qu’à l’ouest du bassin de Chartres.

Ce sont les habitants de l’Indre-et-Loire qui bénéficient en région de la meilleure accessibilité aux consultations de médecine générale. Dans ce département, les bassins de vie de Tours, d'Avoine, de Bourgueil, de Château-Renault et de Bléré sont considérés comme bien dotés puisque l’offre accessible en 2021 est supérieure à 4 consultations par habitant et par an.