Insee Analyses Hauts-de-France ·
Mai 2023 · n° 154Plus d’un micro-entrepreneur sur deux n’aurait pas créé son entreprise sans ce régime
En 2018, 22 500 créations de micro‑entreprises ont été enregistrées dans les Hauts-de-France, soit 57 % des créations d’entreprises de la région. Les nouveaux micro-entrepreneurs privilégient les activités scientifiques, techniques, administratives et de soutien (22 %), le commerce (18 %) et les autres activités de services – comme l’organisation d’évènements ou encore les soins de bien-être et beauté (16 %). Les femmes sont à l’origine de quatre nouvelles micro‑entreprises sur dix et les jeunes de moins de 30 ans de trois sur dix. Au moment de la création d’entreprise, 37 % des nouveaux micro-entrepreneurs sont salariés du privé tandis que près d’un tiers est au chômage.
Dans plus d’un cas sur deux, les nouveaux micro‑entrepreneurs déclarent qu’ils n’auraient pas créé d’entreprise si ce régime n’avait pas existé. Par ailleurs, si 43 % des micro‑entrepreneurs ont démarré leur activité sans moyen financier, près de six sur dix ont bénéficié d’un dispositif d’aide à la création.
Enfin, près de 15 % des nouveaux micro‑entrepreneurs travaillent via une plateforme numérique de mise en relation.
- Près de six nouvelles entreprises sur dix créées dans les Hauts-de-France en 2018 sont des micro-entreprises
- Les micro-entrepreneurs privilégient les activités de services
- Une population plus féminine, plus jeune et moins diplômée que les créateurs d’entreprises classiques
- Au moment de la création de leur entreprise, un tiers des micro-entrepreneurs est au chômage
- Plus de la moitié des micro-entrepreneurs n’aurait pas créé d’entreprise sans ce régime
- 43 % des micro-entrepreneurs démarrent sans moyens financiers
- Une forte dépendance à un nombre restreint de clients
- Encadré 1 - Près de 15 % des micro-entrepreneurs travaillent via une plateforme de mise en relation
- Encadré 2 - Les micro-entrepreneurs sans chiffre d’affaires : un profil spécifique
Près de six nouvelles entreprises sur dix créées dans les Hauts-de-France en 2018 sont des micro-entreprises
En 2018, 22 500 créateurs d’entreprises se sont immatriculés sous le régime du micro-entrepreneur dans les Hauts-de-France. Ces immatriculations représentent 57 % de l’ensemble des créations d’entreprises de la région. En France, sur la même période, plus de 400 000 micro-entreprises ont été créées (pour en savoir plus). Ainsi, entre 2014 et 2018, les créations de micro-entreprises ont augmenté de 32 % dans les Hauts-de-France contre 41 % au niveau national. Parmi les immatriculations du premier semestre 2018, six micro-entreprises créées sur dix ont effectivement démarré une activité économique, c’est-à-dire qu’elles ont déclaré un chiffre d’affaires sur l’année. À l’opposé, 97 % des nouvelles entreprises créées sous un autre régime (dites « entreprises classiques ») ont effectivement démarré leur activité en 2018. Les micro-entreprises créées au premier semestre 2018 et ayant démarré une activité constituent le champ de cette étude.
Les micro-entrepreneurs privilégient les activités de services
Les nouveaux micro-entrepreneurs, comme les créateurs classiques, privilégient les activités scientifiques, techniques, administratives et de soutien (par exemple conseil pour les affaires) ainsi que le commerce (respectivement 22 % et 18 %) (figure 1). Les autres activités de services, telles que l’organisation d’événements ou les soins de bien-être et beauté, sont également bien représentées chez les micro-entrepreneurs (16 %), trois fois plus en proportion que chez les créateurs classiques. Au niveau national, il s’agit également des trois secteurs les plus importants.
tableauFigure 1 – Répartition des créateurs d’entreprises par secteur d’activité dans les Hauts-de-France en 2018
Secteurs d'activité | Micro-entrepreneurs | Créateurs classiques |
---|---|---|
Activités scientifiques, techniques, administratives et de soutien | 22,0 | 18,9 |
Commerce | 18,1 | 20,0 |
Autres activités de services | 15,5 | 5,4 |
Construction | 12,4 | 12,7 |
Enseignement, santé humaine et action sociale | 9,5 | 14,2 |
Industrie | 6,8 | 4,3 |
Transports | 6,5 | 4,4 |
Information et communication | 4,8 | 4,0 |
Hébergement et restauration | 2,6 | 10,1 |
Activités financières et immobilières | 1,7 | 5,9 |
- Lecture : parmi les nouveaux micro-entrepreneurs immatriculés dans les Hauts-de-France au 1er semestre 2018 et ayant démarré une activité dans l’année, 18 % exercent dans le secteur du commerce.
- Champ : micro-entrepreneurs immatriculés dans les Hauts-de-France au 1er semestre 2018 et ayant démarré une activité dans l’année.
- Source : Insee, enquêtes Sine et Micro-entrepreneurs 2018.
graphiqueFigure 1 – Répartition des créateurs d’entreprises par secteur d’activité dans les Hauts-de-France en 2018
Une population plus féminine, plus jeune et moins diplômée que les créateurs d’entreprises classiques
Environ quatre micro-entreprises sur dix sont créées par des femmes contre trois entreprises classiques sur dix. Les femmes sont surreprésentées dans les secteurs de l’industrie (fabrication de bijoux ou vêtements par exemple), de l’enseignement, de la santé humaine et de l’action sociale, ainsi que dans les autres activités de services. Dans chacun de ces secteurs, elles sont à l’origine de six micro-entreprises sur dix. En revanche, elles sont quasiment absentes des secteurs de la construction et des transports.
Les micro-entrepreneurs sont aussi plus jeunes et moins diplômés que les créateurs classiques. Environ trois sur dix ont moins de 30 ans, près de deux fois plus que chez les créateurs classiques. En parallèle, seuls 44 % des micro-entrepreneurs sont titulaires d’un diplôme du supérieur, une proportion inférieure de 12 points à celle observée parmi les créateurs classiques.
Au moment de la création de leur entreprise, un tiers des micro-entrepreneurs est au chômage
Au moment de la création de leur entreprise, les micro-entrepreneurs sont le plus souvent salariés du privé (37 %) comme les créateurs classiques (figure 2). Si le chômage concerne 32 % des nouveaux micro-entrepreneurs, c’est le cas pour seulement 18 % des créateurs classiques. A contrario, seuls 6 % des nouveaux micro-entrepreneurs ont le statut d’indépendant avant leur immatriculation contre près de 30 % des créateurs classiques.
Les étudiants sont quant à eux plus souvent à l’origine d’une micro-entreprise que d’une entreprise classique. Ils représentent 9 % des immatriculations chez les micro-entrepreneurs. Ils commencent fréquemment une activité dans le secteur des transports, par exemple dans la livraison de repas à domicile.
tableauFigure 2 – Répartition des créateurs d’entreprises selon leur situation professionnelle au moment de l’immatriculation dans les Hauts-de-France
Situation professionelle | Part des micro-entrepreneurs | Part des créateurs classiques |
---|---|---|
Indépendant, chef d’entreprise salarié | 6 | 29 |
Agent de la fonction publique | 5 | 5 |
Salarié du secteur privé | 37 | 40 |
Chômeur | 32 | 18 |
Étudiant ou scolaire | 9 | 4 |
Sans activité professionnelle | 11 | 4 |
Ensemble | 100 | 100 |
- Lecture : parmi les micro-entrepreneurs immatriculés dans les Hauts-de-France au 1er semestre 2018 et ayant démarré une activité dans l’année, 6 % sont indépendants ou chefs d’entreprise au moment de l’inscription.
- Champ : micro-entrepreneurs immatriculés dans les Hauts-de-France au 1er semestre 2018 et ayant démarré une activité dans l’année.
- Source : Insee, enquêtes Sine et Micro-entrepreneurs 2018.
Plus de la moitié des micro-entrepreneurs n’aurait pas créé d’entreprise sans ce régime
Environ 56 % des micro-entrepreneurs déclarent qu’ils n’auraient pas créé d’entreprise si ce régime n’avait pas existé. La moitié d’entre eux souhaite en effet se lancer dans une activité de complément et 42 % exercent de manière ponctuelle. Pour les autres, c’est-à dire ceux qui auraient créé leur entreprise quel que soit le régime, les proportions chutent à 33 % et 25 % respectivement.
Ainsi, la micro-entreprise constitue l’activité principale de près de 60 % des créateurs. C’est encore plus souvent le cas dans le secteur de la construction (82 %) et pour les anciens chômeurs (77 %).
Un micro-entrepreneur sur deux déclare avoir choisi ce régime pour créer son propre emploi.
Les créateurs sont en particulier attirés par la simplification des démarches pour la mise en œuvre de leur micro-entreprise par rapport au régime classique. En effet, l’inscription, le paiement des charges et la gestion comptable s’avèrent plus faciles et rapides à réaliser. De fait, les micro-entrepreneurs sont moins accompagnés que les créateurs classiques : près de 30 % d’entre eux n’ont reçu aucun appui pour monter leur projet (12 points de plus que les créateurs classiques). En parallèle, seuls 22 % des micro-entrepreneurs ont été sensibilisés ou formés à la création d’entreprise durant leurs études. C’est 6 points de moins que les créateurs classiques.
43 % des micro-entrepreneurs démarrent sans moyens financiers
Les micro-entrepreneurs engagent souvent très peu de moyens financiers au démarrage de leur activité : près de 43 % d’entre eux n’ont ainsi mobilisé aucun moyen (contre 12 % des créateurs classiques), et 22 % ont mobilisé moins de 1 000 € (figure 3). À l’inverse, seuls 3 % des micro-entrepreneurs ont investi 16 000 € ou plus, ce qui est le cas de 42 % des créateurs classiques. En revanche, les créateurs qui font de leur micro-entreprise leur activité principale engagent plus de moyens financiers que les autres : 44 % démarrent avec 1 000 € ou plus contre 23 % de ceux exerçant en activité de complément.
Dans ce contexte, 57 % des micro-entrepreneurs ont bénéficié d’au moins un dispositif d’aide à la création (contre 43 % des créateurs classiques). En particulier, 55 % des créateurs ont bénéficié de l’ACCRE (aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise). De plus, quatre micro-entrepreneurs sur dix perçoivent des prestations sociales parallèlement à leur activité, les indemnités de chômage étant la prestation la plus fréquemment perçue (pour un quart d’entre eux).
tableauFigure 3 – Répartition des créateurs d’entreprises selon les moyens financiers mobilisés au démarrage de l’activité
Moyen financier | Part des micro-entrepreneurs | Part des créateurs classiques |
---|---|---|
Aucun investissement | 43 | 12 |
Moins de 1 000 € | 22 | 7 |
De 1 000 à moins de 8 000 € | 27 | 28 |
De 8 000 à moins de 16 000 € | 5 | 11 |
16 000 € et plus | 3 | 42 |
Total | 100 | 100 |
- Lecture : parmi les micro-entrepreneurs immatriculés dans les Hauts-de-France au 1er semestre 2018 et ayant démarré une activité dans l’année, 43 % n’ont mobilisé aucun moyen financier.
- Champ : micro-entrepreneurs immatriculés dans les Hauts-de-France au 1er semestre 2018 et ayant démarré une activité dans l’année.
- Source : Insee, enquêtes Sine et Micro-entrepreneurs 2018.
graphiqueFigure 3 – Répartition des créateurs d’entreprises selon les moyens financiers mobilisés au démarrage de l’activité
Une forte dépendance à un nombre restreint de clients
Comme pour les créateurs classiques, les particuliers constituent la clientèle principale de trois micro-entrepreneurs sur cinq. Les micro-entrepreneurs ont généralement des projets moins ambitieux, investissant des moyens financiers plus faibles. Ils ont également moins de clients que les créateurs classiques : 27 % d’entre eux ont moins de trois clients, contre 15 % des créateurs classiques.
Cette dépendance à un nombre restreint de clients est davantage marquée dans le secteur de l’information et de la communication : dans ce secteur, 59 % des micro-entrepreneurs ont moins de trois clients. À l’inverse, les micro-entrepreneurs des secteurs de l’hébergement-restauration et du commerce comptent un plus grand nombre de clients. En effet, dans chacun de ces secteurs, ils sont 60 % à compter plus de dix clients, contre 40 % tous secteurs confondus.
Encadré 1 - Près de 15 % des micro-entrepreneurs travaillent via une plateforme de mise en relation
Près de 15 % des micro-entrepreneurs travaillent par l’intermédiaire d’une plateforme numérique de mise en relation avec leur clientèle, comme les livreurs à domicile, les chauffeurs VTC… C’est 6 points de plus que les créateurs classiques (figure 4). Pour 80 % d’entre eux, la plateforme constitue la principale source de chiffres d’affaires.
Les micro-entrepreneurs du secteur des transports sont ceux qui ont le plus recours aux plateformes : six sur dix travaillent via une plateforme numérique. La part du transport dans les créations de micro-entreprises est passée de 1 à 6 % entre 2014 et 2018, principalement grâce au développement de l’ubérisation. Les étudiants, très représentés dans ce secteur, sont de loin ceux qui utilisent le plus fréquemment les plateformes de mise en relation (44 % des micro-entrepreneurs).
Plus généralement, les jeunes sont ceux qui utilisent le plus les plateformes. C’est le cas de 27 % des micro-entrepreneurs de moins de 30 ans contre seulement 9 % des 30 ans ou plus.
tableauFigure 4 – Part des créateurs travaillant via une plateforme de mise en relation selon leur profil
Profils | Utilisation de plateforme |
---|---|
Micro-entrepreneurs du secteur des transports | 58,9 |
Micro-entrepreneurs étudiants | 44,1 |
Micro-entrepreneurs de moins de 30 ans | 26,8 |
Ensemble des micro-entrepreneurs | 14,7 |
Ensemble des créateurs classiques | 8,8 |
- Lecture : parmi les micro-entrepreneurs immatriculés dans les Hauts-de-France au 1er semestre 2018, ayant démarré une activité dans l’année et étant étudiant au moment de s’inscrire, 44 % travaillent via une plateforme numérique de mise en relation.
- Champ : micro-entrepreneurs immatriculés dans les Hauts-de-France au 1er semestre 2018 et ayant démarré une activité dans l’année.
- Source : Insee, enquêtes Sine et Micro-entrepreneurs 2018.
graphiqueFigure 4 – Part des créateurs travaillant via une plateforme de mise en relation selon leur profil
Encadré 2 - Les micro-entrepreneurs sans chiffre d’affaires : un profil spécifique
Parmi les micro-entrepreneurs immatriculés au premier semestre 2018 dans les Hauts-de-France, quatre sur dix n’ont pas réellement démarré leur activité, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas déclaré de chiffre d’affaires sur l’année.
Environ 50 % des jeunes de moins de 30 ans n’ont pas réussi à démarrer leur activité. Les micro-entrepreneurs des secteurs des transports et des activités financières et immobilières ont également plus de difficultés à démarrer. Dans chacun de ces secteurs, six créateurs sur dix n’ont pas réussi à lancer leur activité.
L’expérience dans le métier principal et les moyens investis à la création jouent sur le démarrage effectif de l’activité. En effet, près d’un micro-entrepreneur sur deux n’ayant aucune expérience n’a pas réussi à lancer son projet. Cette proportion est identique pour ceux qui n’ont pas investi de moyen financier à la création.
L’existence d’appuis pour mettre en place le projet influe également sur le démarrage de l’activité. La moitié des créateurs ayant monté leur projet seuls n’ont pas réussi à démarrer leur activité. À l’inverse, chez les créateurs ayant reçu l’aide d’une structure dédiée, seulement trois sur dix n’ont pas pu lancer leur projet.
Sources
Les statistiques de créations d’entreprises proviennent du Répertoire des Entreprises et des Établissements (REE) issu de Sirene. En 2018, il a répertorié 22 500 créations de micro-entreprises dans les Hauts-de-France et près de 17 000 entreprises classiques.
Le Système d’information sur les nouvelles entreprises (SINE) est un dispositif permanent d’observation et de suivi d’une génération de nouvelles entreprises tous les quatre ans. L’enquête SINE couvre l’ensemble des créations d’entreprises du premier semestre d’une année donnée, qui ont vécu plus d’un mois dans l’ensemble des activités économiques marchandes non agricoles.
L’échantillon dans les Hauts-de-France est composé de 4 200 micro-entrepreneurs et de 1 300 créateurs classiques immatriculés au premier semestre 2018. Au niveau national, ce sont près de 56 000 micro-entreprises et 24 000 entreprises classiques qui ont été interrogées. Toutes ces entités ont été enquêtées fin 2018, et le seront de nouveau en 2021 et 2023.
Définitions
Un micro-entrepreneur (appelé auto-entrepreneur jusque 2014) bénéficie du régime de même nom, qui offre des formalités de création d’entreprise allégées et un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l’impôt sur le revenu. Il s’applique aux entrepreneurs individuels qui en font la demande, sous certaines conditions. En 2018, le micro-entrepreneur devait réaliser moins de 170 000 € de chiffre d’affaires annuel pour une activité commerciale et moins de 70 000 € pour une activité de services.
Une création d’entreprise correspond à la mise en œuvre de nouveaux moyens de production. Ce concept, harmonisé au niveau européen, inclut la réactivation d’entreprise après une interruption de plus d’un an et la reprise d’entreprise s’il n’y a pas continuité du point de vue de l’activité et de la localisation.
Les entreprises classiques désignent les entreprises hors micro-entrepreneurs regroupant les sociétés et les entreprises individuelles.
Pour en savoir plus
(1) « Quatre entrepreneurs sur dix étaient salariés avant la création de leur entreprise », Insee Première no 1922, septembre 2022.
(2) « Micro‑entrepreneurs immatriculés en 2018 : dans les transports, deux sur trois travaillent via une plateforme numérique », Insee Première no 1821, octobre 2020.
(3) « Six entreprises sur dix encore actives cinq ans après leur création », Insee Analyses Hauts-de-France no 127, octobre 2021.