Insee Analyses Normandie ·
Avril 2023 · n° 111
Environ 420 000 emplois sont compatibles avec le télétravail en Normandie
En 2019, la Normandie regroupe près de 420 000 emplois pouvant être considérés comme compatibles avec le télétravail, soit environ un tiers des emplois de la région. La Normandie se situe au deuxième rang des régions présentant les plus faibles proportions d’emplois susceptibles d’être télétravaillés, après la Bourgogne-Franche-Comté. Les intercommunalités qui intègrent un chef-lieu de département ou de région présentent une plus forte proportion d’emplois pouvant être télétravaillés. De par la nature de leurs emplois, les femmes sont plus souvent susceptibles de télétravailler que les hommes (41,5 % contre 25 %). La part des emplois occupés par des femmes est en effet plus importante dans les activités de services non marchands, principaux pourvoyeurs d’emplois pouvant être télétravaillés, que dans les secteurs industriels ou agricoles, moins concernés par le télétravail. Les personnes ayant un niveau de diplôme équivalent ou supérieur à bac+3 occupent plus souvent un emploi compatible avec le télétravail que les personnes dont le niveau de diplôme est inférieur au bac. Néanmoins, la possibilité de télétravailler augmente aussi avec l’âge et la progression de carrière professionnelle.
- Le secteur tertiaire est la principale source d’emplois susceptibles d’être télétravaillés
- En Normandie, davantage d’emplois peuvent être télétravaillés dans les intercommunalités qui intègrent un chef-lieu de département ou de région
- Les emplois administratifs, d’encadrement et de direction sont souvent compatibles avec le télétravail
- La possibilité de télétravailler augmente avec l’âge et le niveau de diplôme
- Encadré - Résultat national
La Normandie regroupe 420 000 emplois pouvant être considérés comme compatibles avec le télétravail (Pour comprendre) en 2019, soit environ un tiers des emplois de la région. Avec 33,1 % des emplois concernés par cette possibilité, la Normandie se situe au deuxième rang des régions présentant les plus faibles proportions d’emplois susceptibles d’être télétravaillés, après la Bourgogne-Franche-Comté (32,5 %).
En termes de localisation, les emplois pouvant donner lieu à du télétravail sont davantage présents dans les territoires plutôt urbanisés et qui concentrent un grand nombre d’habitants et d’emplois qualifiés. À l’inverse, dans les régions au sein desquelles les emplois industriels et agricoles sont proportionnellement plus nombreux, la part d’emplois pouvant être télétravaillés est plus faible (encadré).
Le secteur tertiaire est la principale source d’emplois susceptibles d’être télétravaillés
Les activités du secteur tertiaire offrent un environnement plus propice à ce mode d’organisation du travail, lequel ne convient pas nécessairement à tous les emplois et nécessite un équipement approprié en technologies de l’information et de la communication (TIC). Ainsi, les emplois du secteur tertiaire non marchand (administration publique, professionnels de santé, action sociale, etc.) peuvent souvent être télétravaillés (43,1 % en Normandie), notamment dans l’administration publique (45,5 %) mais à l’exception des activités pour la santé humaine (19,4 %) et d’hébergement social et médico-social (31,7 %).
Dans le secteur tertiaire marchand (commerce, transports et services), 35,7 % des emplois normands peuvent être télétravaillés. Plus précisément, la pratique du télétravail est particulièrement compatible avec les emplois des secteurs de l’information et de la communication (70,2 %), des activités financières et d’assurance (59,3 %), des activités immobilières (55,4 %) et des activités scientifiques et techniques (38,9 %). Elle l’est en revanche beaucoup moins dans le secteur de l’hébergement et la restauration (9,8 %), ou avec les activités de la construction (14,8 % des emplois de ce secteur peuvent être télétravaillés) et de l’industrie (19,7 %). Les emplois susceptibles d’être télétravaillés dans ces derniers secteurs économiques sont essentiellement de nature administrative.
En Normandie, davantage d’emplois peuvent être télétravaillés dans les intercommunalités qui intègrent un chef-lieu de département ou de région
En Normandie, les emplois sont moins souvent compatibles avec le télétravail dans l’Eure (31,8 %), la Manche (29,3 %) et l’Orne (28,4 %), des départements où l’industrie et l’agriculture représentent au total plus de 20 % des emplois. L’Orne et la Manche se situent parmi les dix départements métropolitains dont la proportion d’emplois pouvant être télétravaillés est la plus faible. En revanche, dans les départements de la Seine-Maritime et du Calvados, environ 35 % des emplois peuvent être télétravaillés. Dans ces départements, les emplois découlant du secteur tertiaire sont proportionnellement plus nombreux (respectivement 76,4 % et 77,5 % contre 71,0 % dans l’Eure, 68,4 % dans la Manche et 67,5 % dans l’Orne) ; la Seine-Maritime et le Calvados se situent ainsi dans le premier tiers des départements métropolitains présentant les plus fortes proportions d’emplois susceptibles d’être télétravaillés, après le Puy-de-Dôme (35,4 % d’emplois compatibles avec le télétravail) et le Var (35,2 %).
Au niveau des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), la part des emplois compatibles avec le télétravail oscille entre 18,1 % dans la Communauté de Communes (CC) Andaine-Passais et 40,3 % dans la Communauté Urbaine (CU) de Caen la Mer (figure 1 et figure 2). À l’instar de la CU de Caen la Mer, les EPCI qui intègrent un chef-lieu de département ou de région présentent une proportion plus importante d’emplois pouvant être télétravaillés. C’est en effet le cas de la Métropole de Rouen (39,2 % d’emplois compatibles avec le télétravail), de la Communauté d’Agglomération (CA) Évreux Portes de Normandie (37,2 %) ou encore de la CU d’Alençon (36,2 %). La part des emplois pouvant être télétravaillés est également importante dans la CU du Havre (35,0 %) qui concentre plus de 110 000 emplois dont 32 % dans le secteur tertiaire non marchand.
S’agissant des EPCI situés dans des territoires proches de grandes agglomérations, la structure sectorielle locale rend davantage possible la pratique du télétravail. C’est le cas de la CC du Pays de Falaise (32,0 % des emplois peuvent y être exercés en télétravail) et de la CC Roumois Seine (32,5 %), respectivement à proximité de Caen et de Rouen, ou encore de la CA Seine Normandie Agglomération (34,2 %) et de la CC du Vexin Normand (30,7 %), qui se situent dans la zone d’influence économique de la région Île-de-France.
En revanche, on trouve moins d’emplois compatibles avec le télétravail dans les territoires plus ruraux comme les intercommunalités du sud de l’Orne (CC Andaine-Passais, CC Les Collines du Perche Normand, 20,9 %) ou du nord de la Seine-Maritime (CC Les Villes Sœurs, 24,1 % ; CC Interrégionale Aumale-Blangy-sur-Bresle, 21,7 %).
tableauFigure 1 – Part des emplois pouvant être télétravaillés par EPCI
code_epci | lib_epci | Part des emplois pouvant être télétravaillés |
---|---|---|
200006971 | Le Perche | 28,0 |
200010700 | Caux Seine Agglo | 28,0 |
200023414 | Rouen Normandie | 39,2 |
200033181 | Chartres Métropole | 38,6 |
200033298 | Les Coëvrons | 20,1 |
200034130 | Gally Mauldre | 42,6 |
200035103 | La Vallée de la Haute-Sarthe | 25,3 |
200035111 | Les Sources de l'Orne | 29,2 |
200035814 | Flers Agglo | 28,3 |
200035970 | Vexin Centre | 36,4 |
200036069 | Le Pays de Mortagne-au-Perche | 25,3 |
200038990 | Saint-Méen Montauban | 29,0 |
200039022 | Vitré Communauté | 29,2 |
200040277 | Le Pays de Dreux | 32,7 |
200042182 | Le Mont des Avaloirs | 20,5 |
200042604 | Granville, Terre et Mer | 28,3 |
200042729 | La Baie du Cotentin | 25,4 |
200043354 | Villedieu Intercom | 23,2 |
200055887 | Mayenne Communauté | 26,8 |
200058360 | Entre Beauce et Perche | 28,1 |
200059889 | Grand Paris Seine et Oise | 37,5 |
200065563 | Normandie-Cabourg-Pays d'Auge | 27,8 |
200065589 | Val ès Dunes | 29,5 |
200065597 | Caen la Mer | 40,3 |
200065787 | Pont-Audemer / Val de Risle | 32,4 |
200066017 | Lieuvin Pays d'Auge | 30,2 |
200066389 | Saint-Lô Agglo | 34,3 |
200066405 | Roumois Seine | 32,5 |
200066413 | Intercom Bernay Terres de Normandie | 29,4 |
200066462 | Interco Normandie Sud Eure | 27,0 |
200066710 | Cingal-Suisse Normande | 29,8 |
200066728 | Vallées de l'Orne et de l'Odon | 35,7 |
200066801 | Isigny-Omaha Intercom | 25,0 |
200066827 | Le Pays de Honfleur-Beuzeville | 27,4 |
200067023 | Coutances Mer et Bocage | 30,0 |
200067031 | Côte Ouest Centre Manche | 22,5 |
200067205 | Le Cotentin | 30,2 |
200068435 | Coeur du Perche | 24,5 |
200068443 | Andaine - Passais | 18,1 |
200068450 | Argentan Intercom | 28,8 |
200068468 | Les Pays de L'Aigle | 27,1 |
200068534 | Terroir de Caux | 27,3 |
200068799 | Intercom de la Vire au Noireau | 26,7 |
200068856 | Les Hauts du Perche | 23,4 |
200068963 | Maine Coeur de Sarthe | 32,8 |
200068989 | Dinan Agglomération | 30,7 |
200069425 | Mont-Saint-Michel-Normandie | 26,4 |
200069458 | Les Vallées d'Auge et du Merlerault | 20,6 |
200069516 | Seulles Terre et Mer | 30,7 |
200069524 | Pré-Bocage Intercom | 24,6 |
200069532 | Lisieux Normandie | 29,8 |
200069722 | Interrégionale Aumale - Blangy-sur-Bresle | 21,7 |
200069730 | Les Quatre Rivières | 27,5 |
200069821 | Fécamp Caux Littoral Agglomération | 31,0 |
200069839 | La Côte d'Albâtre | 27,6 |
200069847 | Plateau de Caux-Doudeville-Yerville | 31,7 |
200069912 | Les Forêts du Perche | 26,3 |
200069953 | Les Portes Euréliennes d'Ile-de-France | 32,7 |
200069961 | Le Grand Châteaudun | 28,4 |
200070068 | Communauté Bray-Eawy | 28,3 |
200070142 | Lyons Andelle | 25,2 |
200070159 | Coeur de Beauce | 27,1 |
200070167 | Terres de Perche | 28,5 |
200070449 | Inter-Caux-Vexin | 30,4 |
200070670 | Le Pays de Dol et de la Baie du Mont Saint-Michel | 26,7 |
200070688 | Couesnon Marches de Bretagne | 20,9 |
200070936 | Ponthieu-Marquenterre | 24,7 |
200070944 | Le Vimeu | 25,9 |
200070993 | La Baie de Somme | 30,3 |
200071074 | Les Portes de l'Ile de France | 37,6 |
200071181 | Somme Sud-Ouest | 27,9 |
200071454 | Evreux Portes de Normandie | 37,2 |
200071504 | Les Collines du Perche Normand | 20,9 |
200071520 | Domfront Tinchebray Interco | 25,7 |
200071652 | Le Pays Fertois et du Bocage Carrougien | 23,0 |
200071843 | Le Vexin Normand | 30,7 |
200072312 | Seine Normandie Agglomération | 34,2 |
200072452 | Fougères Agglomération | 29,7 |
200072676 | Maine Saosnois | 24,3 |
200072684 | Le Gesnois Bilurien | 27,4 |
200072700 | Haute Sarthe Alpes Mancelles | 25,9 |
200072718 | La Champagne Conlinoise et du Pays de Sillé | 29,8 |
200073344 | Rambouillet Territoires | 40,7 |
200083392 | Laval Agglomération | 38,0 |
200084952 | Le Havre Seine Métropole | 35,0 |
200089456 | Seine-Eure | 29,1 |
241400415 | Coeur Côte Fleurie | 30,3 |
241400514 | Le Pays de Falaise | 32,0 |
241400555 | Bayeux Intercom | 30,2 |
241400860 | Coeur de Nacre | 33,9 |
241400878 | Terre d'Auge | 29,4 |
242700276 | Le Pays de Conches | 29,7 |
242700607 | Le Pays du Neubourg | 26,8 |
242852465 | Le Bonnevalais | 26,3 |
243500139 | Rennes Métropole | 46,6 |
243500550 | Montfort Communauté | 29,7 |
243500618 | Brocéliande | 30,0 |
243500659 | Pays de Châteaugiron Communauté | 35,4 |
243500667 | Le Val d'Ille-Aubigné | 33,8 |
243500725 | Côte d'Émeraude | 32,9 |
243500733 | Bretagne Romantique | 28,4 |
243500774 | Liffré-Cormier Communauté | 33,7 |
243500782 | Le Pays de Saint Malo Agglomération | 32,6 |
245300355 | L'Ernée | 23,4 |
245300389 | Le Bocage Mayennais | 19,9 |
246000707 | Le Vexin-Thelle | 26,9 |
246000848 | La Picardie Verte | 25,1 |
246000913 | Le Pays de Bray | 25,2 |
246100390 | Le Val d'Orne | 27,8 |
246100663 | Alençon | 36,2 |
247200686 | Le Pays de l'Huisne Sarthoise | 27,5 |
247600505 | Campagne-de-Caux | 33,3 |
247600588 | Les Villes Soeurs | 24,1 |
247600604 | Londinières | 24,3 |
247600620 | Yvetot Normandie | 34,0 |
247600646 | Caux - Austreberthe | 29,7 |
247600729 | Falaises du Talou | 27,2 |
247600786 | La Région Dieppoise | 32,7 |
247800550 | Le Pays Houdanais (C.C.P.H.) | 34,5 |
247800618 | Coeur d'Yvelines | 43,3 |
249500513 | Le Vexin-Val de Seine | 32,8 |
- Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
- Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.
graphiqueFigure 1 – Part des emplois pouvant être télétravaillés par EPCI

- Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
- Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.
tableauFigure 2 – Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés par EPCI et structure de l’appareil productif
EPCI | Taux d’emplois susceptibles d'être télétravaillés (en %) | Emplois susceptibles d'être télétravaillés | Structure de l’appareil productif (en %) | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Agriculture et industrie | Construction | Commerce, transports et services divers | Administration publique, enseignement, santé et action sociale | Total | |||
Les 10 EPCI dont la part d’emplois susceptibles d’être télétravaillés est la plus forte | |||||||
CU Caen la Mer | 40,3 | 57 900 | 10,7 | 6,1 | 48,2 | 35,0 | 100 |
Métropole Rouen Normandie | 39,2 | 88 400 | 12,1 | 6,5 | 46,1 | 35,3 | 100 |
CA Évreux Portes de Normandie | 37,2 | 17 200 | 12,5 | 5,6 | 39,2 | 42,7 | 100 |
CU d'Alençon | 36,2 | 9 200 | 12,2 | 6,5 | 38,4 | 42,9 | 100 |
CC Vallées de l'Orne et de l'Odon | 35,7 | 1 200 | 10,8 | 12,7 | 36,3 | 40,2 | 100 |
CU Le Havre Seine Métropole | 35,0 | 39 200 | 15,5 | 5,6 | 47,1 | 31,8 | 100 |
CA Saint-Lô Agglo | 34,3 | 11 200 | 16,9 | 8,5 | 38,3 | 36,3 | 100 |
CA Seine Normandie Agglomération | 34,2 | 8 800 | 23,3 | 6,3 | 39,9 | 30,5 | 100 |
CC Yvetot Normandie | 34,0 | 3 500 | 12,0 | 10,1 | 44,0 | 33,9 | 100 |
CC Coeur de Nacre | 33,9 | 1 800 | 14,3 | 10,1 | 42,9 | 32,7 | 100 |
Les 10 EPCI dont la part d’emplois susceptibles d’être télétravaillés est la plus faible | |||||||
CC Coeur du Perche | 24,5 | 600 | 33,5 | 8,7 | 33,7 | 24,1 | 100 |
CC Londinières | 24,3 | 300 | 37,0 | 13,6 | 28,3 | 21,1 | 100 |
CC Les Villes Soeurs | 24,1 | 3 100 | 34,6 | 4,5 | 37,8 | 23,1 | 100 |
CC des Hauts du Perche | 23,4 | 400 | 36,0 | 8,3 | 25,0 | 30,7 | 100 |
CC de Villedieu Intercom | 23,2 | 1 300 | 35,2 | 9,3 | 33,3 | 22,2 | 100 |
CC Côte Ouest Centre Manche | 22,5 | 1 700 | 33,5 | 10,4 | 33,8 | 22,3 | 100 |
CC Interrégionale Aumale - Blangy-sur-Bresle | 21,7 | 1 900 | 47,4 | 5,6 | 27,9 | 19,1 | 100 |
CC des Collines du Perche Normand | 20,9 | 1 000 | 45,1 | 5,7 | 29,4 | 19,8 | 100 |
CC des Vallées d'Auge et du Merlerault | 20,6 | 1 100 | 37,9 | 6,0 | 28,7 | 27,4 | 100 |
CC Andaine - Passais | 18,1 | 1 000 | 41,1 | 6,3 | 30,5 | 22,1 | 100 |
Moyenne régionale | 33,1 | 417 300 | 19,5 | 6,8 | 41,1 | 32,6 | 100 |
- Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
- Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.
Les emplois administratifs, d’encadrement et de direction sont souvent compatibles avec le télétravail
Le recours au télétravail apparaît très lié au secteur d’activité. Il dépend également du niveau de qualification des emplois. Les emplois pour lesquels la possibilité de télétravailler est plus fréquente sont les emplois qualifiés, particulièrement ceux des cadres et des professions intellectuelles supérieures (70,1 % en Normandie), ainsi que les professions intermédiaires (45,7 % ; figure 3). L’utilisation de l’informatique, des messageries et des outils de partage de l’information y est plus courante et continue de se développer depuis la crise sanitaire.
De fortes disparités existent néanmoins selon les professions au sein de chaque catégorie socioprofessionnelle. Les personnes exerçant une profession intermédiaire administrative ont plus souvent la possibilité d’avoir recours au télétravail (83,8 % en Normandie) que celles exerçant une profession intermédiaire dans le domaine de la santé (6,1 %) comme les infirmiers, les préparateurs en pharmacie ou les animateurs socioculturels. Les employés administratifs d’entreprise (secrétaires, employés comptables ou financiers, etc.) ont davantage la possibilité de télétravailler que les employés de commerce (respectivement 79,9 % et 6,7 %). De même, les fonctions de chef d’entreprise peuvent plus facilement s’accomplir à distance (62,0 %) que celles des artisans (5,9 %). Les emplois des agriculteurs et des ouvriers sont en revanche beaucoup moins compatibles avec le télétravail (respectivement 2,4 % et 1,8 % en Normandie). Quelle que soit la catégorie socio-professionnelle concernée, la part d’emplois susceptibles d’être télétravaillés est très comparable entre la Normandie et la France métropolitaine hors Île-de-France.
tableauFigure 3 – Taux d'emplois susceptibles d'être télétravaillés par catégorie socio-professionnelle
Catégorie socio-professionnelle | Normandie | France métropolitaine hors Île-de-France |
---|---|---|
Agriculteurs | 2,4 | 4,1 |
Artisans, commerçants, chefs d’entreprise | 33,6 | 33,3 |
Cadres et professions intellectuelles supérieures | 70,1 | 71,7 |
Professions intermédiaires | 45,7 | 46,7 |
Employés | 35,1 | 35,3 |
Ouvriers | 1,8 | 2,1 |
- Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
- Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.
graphiqueFigure 3 – Taux d'emplois susceptibles d'être télétravaillés par catégorie socio-professionnelle

- Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
- Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.
La possibilité de télétravailler augmente avec l’âge et le niveau de diplôme
De par la nature des emplois qu’elles occupent, les femmes sont plus souvent susceptibles de télétravailler que les hommes. Ainsi, en Normandie, 41,5 % des emplois occupés par des femmes sont compatibles avec le télétravail, contre 25,0 % des emplois occupés par des hommes. En France métropolitaine hors Île-de-France, ces proportions atteignent 43,1 % pour les femmes et 28,6 % pour les hommes (figure 4). La part des emplois occupés par des femmes est en effet plus élevée dans les activités de services non-marchands (administration publique, enseignement, action sociale, etc.), en Normandie (70,8 %) comme en France métropolitaine hors Île-de-France (68,7 %). Cette part est en revanche moins importante dans les secteurs industriels (respectivement 28,4 % et 29,2 %) et agricoles (28,9 % dans la région et en France métropolitaine hors Île-de-France).
Parce que ce mode d’organisation du travail concerne surtout les emplois les plus qualifiés, le télétravail est plus fréquemment possible pour les personnes âgées de 30 ans et plus. En effet, parmi les jeunes de moins de 30 ans, une part importante des personnes susceptibles d’occuper à terme des emplois qualifiés se trouve encore en poursuite d’études ou se situe à un stade moins avancé de leur carrière que leurs aînés. Ainsi, en Normandie, seuls 8 % des moins de 30 ans occupent un emploi de cadre contre 14 % des personnes âgées de plus de 30 ans.
La pratique du télétravail s’adresse aussi davantage aux personnes les plus diplômées. Quel que soit leur âge, les personnes titulaires d’un niveau de diplôme équivalent ou supérieur à bac+3 occupent plus souvent un emploi compatible avec le télétravail que les personnes ayant un niveau de diplôme inférieur au bac (58,1 % contre 18,8 % ; figure 5). Néanmoins, pour ces dernières, la possibilité de télétravailler augmente malgré tout avec l’âge et la progression de carrière professionnelle. Ainsi, 24 % des personnes âgées de 50 ans et plus sans le bac en Normandie occupent un emploi pouvant être télétravaillé, ils ne sont que 10 % des moins de 30 ans à condition de diplôme équivalente.
tableauFigure 4 – Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés par sexe et par âge en Normandie et en France hors Île-de-France
Normandie | France hors Île-de-France | ||
---|---|---|---|
Sexe | Hommes | 25,0 | 28,6 |
Femmes | 41,5 | 43,1 | |
Âge | Moins de 30 ans | 24,2 | 27,0 |
Entre 30 et 49 ans | 35,0 | 37,8 | |
50 ans et plus | 35,6 | 37,5 | |
Moyenne régionale | 33,1 | 35,7 |
- Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
- Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.
tableauFigure 5 – Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés selon l’âge et le niveau de diplôme
Âge | Taux d'emplois télétravaillables |
---|---|
Moins de 30 ans, sans le bac | 9,8 |
Moins de 30 ans, bac jusque bac +2 | 24,3 |
Moins de 30 ans, bac +3 ou plus | 47,2 |
30-49 ans, sans le bac | 16,5 |
30-49 ans, bac jusque bac +2 | 37,9 |
30-49 ans, bac +3 ou plus | 61,0 |
50 ans et plus, sans le bac | 24,2 |
50 ans et plus, bac jusque bac +2 | 48,9 |
50 ans et plus, bac +3 ou plus | 60,6 |
- Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
- Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.
graphiqueFigure 5 – Taux d’emplois susceptibles d’être télétravaillés selon l’âge et le niveau de diplôme

- Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
- Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.
Encadré - Résultat national
En 2019, 10 069 000 emplois sont susceptibles d’être télétravaillés en France métropolitaine, soit 38,9 % des emplois. Il existe de fortes disparités sur le territoire national qui sont souvent le reflet de la prévalence locale de certains secteurs d’activités économiques.
Au niveau régional, un emploi sur deux est compatible avec le télétravail en Île-de-France (figure 6). Cette région compte 30,9 % de cadres et professions intellectuelles supérieures, contre 11 à 17 % dans les autres régions. De même, la part d’emplois susceptibles d’être télétravaillés dans les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie est plus forte que dans les autres régions, notamment grâce à la présence de grandes métropoles qui concentrent à elles seules un grand nombre d’emplois qualifiés et d’emplois publics. Dans les métropoles de Lyon et Toulouse, plus de 45 % des emplois sont ainsi compatibles avec le télétravail.
La Corse se démarque parmi les régions dont les emplois sont les moins compatibles avec le télétravail : bien que le secteur tertiaire non marchand soit plus important dans cette région, la part d’emplois susceptibles d’être télétravaillés est parmi les plus faibles en raison d’une proportion moins importante d’emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures.
tableauFigure 6 – Part des emplois pouvant être télétravaillés par région
région | Part des emplois pouvant être télétravaillés |
---|---|
Normandie | 33,1 |
Île-de-France | 50,1 |
Centre-Val-de-Loire | 34,6 |
Bourgogne-Franche-Comté | 32,5 |
Hauts-de-France | 35,3 |
Grand Est | 34,3 |
Pays de la Loire | 35,7 |
Bretagne | 34,6 |
Nouvelle Aquitaine | 35,0 |
Occitanie | 37,1 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 37,8 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 38,4 |
Corse | 33,6 |
France métropolitaine | 38,9 |
France métropolitaine hors Île-de-France | 35,7 |
- Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
- Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.
graphiqueFigure 6 – Part des emplois pouvant être télétravaillés par région

- Champ : emplois salariés et non salariés, hors armée.
- Source : RP 2019, exploitation complémentaire au lieu de travail.
Au niveau départemental, la part des emplois susceptibles d’être télétravaillés varie de 27,1 % dans les départements du Cantal et de la Creuse à 61,6 % dans celui des Hauts-de-Seine où se situe le quartier d’affaires de la Défense. À l’instar de ce dernier, d’autres départements d’Île-de-France présentent également de forts taux d’emplois pouvant être télétravaillés, au premier rang desquels se trouvent Paris (54,9 %), la Seine-Saint-Denis (46,3 %) et les Yvelines (46,2 %). Hors Île-de-France, la part d’emplois pouvant être télétravaillés dépasse 40 % dans les départements où se situent les plus grandes métropoles comme les départements du Rhône (45,4 %), de Haute-Garonne (43,4 %), des Bouches-du-Rhône (40,5 %) et de Gironde (40,1 %). Le secteur tertiaire (marchand et non-marchand) rassemble plus de 80 % des emplois de ces départements, et les emplois dans les secteurs comportant des activités scientifiques et techniques y sont plus nombreux.
Dans les départements métropolitains moins urbanisés, où l’activité est davantage tournée vers l’agriculture ou l’industrie, la part d’emplois pouvant être télétravaillés se situe en deçà de 30 %. C’est le cas des départements de la Haute-Loire (29,0 %), de la Haute-Marne (28,9 %), de l’Orne (28,4 %), de la Creuse (27,1 %), ou du Cantal (27,1 %).
Pour comprendre
Selon le ministère du Travail, le télétravail se définit comme suit :
« Le télétravail désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l'employeur, est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire, en utilisant les technologies de l'information et de la communication. »
Estimer la part des emplois susceptibles d’être télétravaillés revient à estimer la part des emplois qui peuvent être exercés selon ces modalités. La démarche retenue pour réaliser cette estimation s’inspire d’une publication de J. Dingel et B. Neiman, chercheurs à l’université de Chicago (Pour en savoir plus).
Les données sur lesquelles s’appuie cet article de recherche sont issues d’une enquête menée auprès de travailleurs américains, permettant ainsi l’étude de près de 1 000 professions différentes. Pour chacune de ces professions, une liste d’activités ou de situations de travail leur est soumise, telles que :
- Utilisation d’e-mails moins d’une fois par mois
- Travail à l’extérieur chaque jour
- Exposition à des maladies ou infections chaque jour
- Course ou marche la majorité du temps
- Port d’équipements de sécurité ou de protection la majorité du temps
- Travail directement avec le public
Si au moins l’une de ces activités ou situations de travail fait partie des éléments caractéristiques de la profession exercée, alors l’emploi est classé comme ne pouvant pas être télétravaillé. L’hypothèse retenue est que les tâches associées à un emploi donné caractérisent mieux le fait de pouvoir télétravailler que le seul intitulé de cet emploi.
Cette enquête permet ainsi in fine d’établir la possibilité de télétravailler pour chaque catégorie de la nomenclature américaine des professions. Toutefois, la nomenclature américaine des professions ne possède pas de correspondance directe avec la nomenclature française des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS 2003). L’adaptation de la méthode de l’université de Chicago, pour permettre son application à la nomenclature française, nécessite donc de recourir à une classification intermédiaire (ISCO, International Standard Classification of Occupations).
Du fait de la correspondance imparfaite entre les différentes classifications et des hypothèses sur lesquelles repose cette démarche, la part d’emplois pouvant être télétravaillés, sur un territoire donné, indiquée dans cette publication constitue seulement une estimation et non une valeur absolue. De même, l’approche retenue ne permet pas de distinguer les emplois dont une partie seulement des tâches associées peut être télétravaillée.
Exemple illustratif n°1 :
La PCS 211E désigne les « Artisans électriciens du bâtiment ». Ces emplois sont ventilés comme suit dans la classification internationale ISCO :
- 12 % sont inclus dans la catégorie 3123 « Construction supervisors »
- 88 % sont inclus dans la catégorie 7411 « Building and related electricians »
La catégorie ISCO 3123 possède une correspondance dans la classification américaine :
- 47-1011 « First-Line Supervisors of Construction Trades and Extraction workers »
La catégorie ISCO 7411 possède deux correspondances dans la classification américaine :
- 47-2111 « Electricians »
- 47-2231 « Solar Photovoltaic Installers »
Au final, cette catégorie PCS correspond à deux catégories ISCO, elles-mêmes correspondant à trois catégories de professions américaines. Les emplois associés à ces dernières ayant été classés dans les travaux de Dingel et Neiman comme ne pouvant être télétravaillés, on répertorie donc l’ensemble des travailleurs « Artisans électriciens du bâtiment » comme occupant des emplois ne pouvant pas être télétravaillés, soit 1 936 emplois en Normandie et 46 720 emplois en France métropolitaine (source : RP 2019).
Exemple illustratif n°2 :
La PCS 312F désigne les « Architectes libéraux ». Ces emplois correspondent à une unique catégorie dans la classification internationale ISCO :
- 2161 « Building architects »
La catégorie ISCO 2161 possède une correspondance dans la classification américaine :
- 17-1011 « Architects, except landscape and naval »
Au final, cette catégorie PCS correspond à une catégorie ISCO, elle-même correspondant à une catégorie de professions américaines. Les emplois associés à cette dernière étant classés dans les travaux de Dingel et Neiman comme susceptibles d’être télétravaillés, on répertorie donc l’ensemble des travailleurs « Architectes libéraux » comme occupant des emplois pouvant être télétravaillés, soit 954 emplois en Normandie et 34 005 emplois en France métropolitaine (source : RP 2019).
Pour en savoir plus
(1) Bergeaud A., Ray S., « Ouvrir dans un nouvel ongletThe economic transformations linked to teleworking », Post no 199, décembre 2021.
(2) Jauneau Y., Vidalenc J., « Durée travaillée et travail à domicile pendant le confinement : des différences marquées selon les professions », Insee Focus no 207, Octobre 2020.
(3) Dingel J.I, Neiman B, « Ouvrir dans un nouvel ongletHow many jobs can be done at home ? », Becker Friedman Institute for economics at Uchicago, Juin 2020.