Insee Flash Martinique · Janvier 2023 · n° 178

En 2021, forte hausse des décès en Martinique

Au 1^er janvier 2022, la population de la Martinique est estimée à 352 205 habitants, soit 1,4 % de moins que l’année précédente. Le recul démographique amorcé depuis 2009 se poursuit et la région continue de perdre des habitants. En dix ans, l’île a perdu 1,0 % de sa population en moyenne par an (- 36 200 habitants, soit l’équivalent des communes du Robert et de Sainte-Marie réunies). En Guadeloupe cette baisse s’installe aussi (- 0,6 % en moyenne par an). À l’inverse la population continue d’augmenter en Guyane (+2,1 % en moyenne par an) et en France métropolitaine (+0,4 %).

En 2021, 3 627 enfants sont nés en Martinique, soit 98 naissances de plus qu’en 2020 (+ 2,8 %). Après une année de recul, le regain des naissances observé entre 2018 et 2019 reprend. Le taux de natalité progresse en conséquence de 0,4 point pour atteindre 10,2 naissances pour mille habitants. Ce taux, inférieur à celui de France métropolitaine (10,7 ‰), est le plus faible des départements et régions d’outre-mer (Drom).

Les femmes en Martinique ont cependant plus d’enfants qu’en France métropolitaine. L’indicateur conjoncturel de fécondité est ainsi de 1,9 enfants par femme en Martinique contre 1,8 en France métropolitaine en 2021 (figure 1). Il s’éloigne néanmoins de plus en plus du seuil de renouvellement des générations, estimé à 2,1 enfants dans les pays développés.

En Martinique comme en Guadeloupe, l’âge moyen des mères à l’accouchement est de 30 ans en 2021. Les femmes accouchent en moyenne plus tôt en Guyane (29 ans) et plus tard en France métropolitaine (31 ans). En 2021, 24 bébés sont nés de mères mineures en Martinique contre 33 en 2020, soit moins de 1 % des naissances. Les naissances issues de mères mineures sont plus fréquentes en Guyane (4,0 %) et à la Réunion (1,6 %) mais beaucoup moins en France métropolitaine (0,3 %).

En 2021, 2 095 interruptions volontaires de grossesse (IVG) sont réalisées en Martinique, soit 117 de plus qu’en 2020. Avec 29,3 interruptions pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans, le taux de recours à l’IVG progresse légèrement par rapport à 2020. En France métropolitaine, ce taux est deux fois plus faible (14,9 ‰). Le taux varie beaucoup selon les départements et régions d’outre-mer. En Guadeloupe et en Guyane il y est plus élevé avec respectivement 43,3 ‰ et 43,1 ‰ (Drees, 2022).

En 2021, 4 642 personnes sont décédées en Martinique, soit 1 056 de plus que l’année précédente (+ 29,4 %). Cette hausse s’explique en partie par la poursuite du vieillissement de la population martiniquaise, mais la pandémie de Covid-19 entraîne une surmortalité notamment durant le mois d’août 2021. Ainsi, le taux de mortalité continue sa progression pour atteindre 13,1 %. En France métropolitaine il diminue légèrement passant de 10,0 ‰ en 2020 à 9,8 ‰ en 2021, après avoir fortement augmenté en 2020 (+ 0,8 point) au plus fort de la crise de la Covid en Métropole.

Par ailleurs, la mortalité infantile reste élevée : en 2021, 33 nourrissons sont décédés avant leur premier anniversaire en Martinique soit 7,2 décès pour 1000 enfants nés vivants. Ce taux est plus de deux fois supérieur à celui de la France métropolitaine (3,5 ‰).

La forte progression du nombre de décès et la hausse modérée des naissances conduisent à un solde naturel historiquement bas (- 1 015). Ainsi, cet indicateur s’établit en déficit pour la deuxième année consécutive après n’avoir cessé de chuter depuis plus de vingt ans (figure 2). La Martinique est la région d’outre-mer qui enregistre le plus fort déficit naturel devant la Guadeloupe (- 244).

Parallèlement, l’espérance de vie à la naissance diminue en Martinique. En 2021, elle s’établit à 74,0 ans chez les hommes et 81,4 ans chez les femmes soit une perte de 4,4 ans pour les hommes et de 3,2 ans pour les femmes par rapport à 2019. En France métropolitaine l’espérance de vie passe de 79,8 ans en 2019 à 79,4 ans chez les hommes en 2021 et de 85,6 ans à 85,5 ans chez les femmes pour les mêmes périodes.

La deuxième composante de la dynamique démographique est le solde migratoire, c’est-à-dire la différence entre le nombre d’arrivées et le nombre de départs du territoire. Il reste fortement déficitaire en Martinique en 2021 (- 3 971 habitants), comme il l’est depuis 15 ans. Les départs du territoire des jeunes adultes à la recherche d’un emploi ou pour continuer leurs études restent importants, fragilisant un peu plus chaque année la structure démographique de l’île. La part des jeunes dans la population poursuit sa diminution. La Martinique se classe au deuxième rang des régions françaises avec la plus faible part de jeunes de moins de 25 ans (26 %), derrière la Corse (25 %). Ils représentaient 32 % de la population en 2011.

À l’inverse, les seniors sont de plus en plus nombreux (figure 3). L’île fait ainsi partie des deux régions françaises avec la part la plus élevée de personnes de 60 ans et plus (31 %), avec la Nouvelle-Aquitaine. Elles constituaient 22 % de la population en 2011. Les personnes âgées de 75 ans et plus représentent 11 % de l’ensemble des habitants de la région, alors qu’une décennie plus tôt, cette part était de 8 %. Le vieillissement de la population se poursuit, à un rythme plus marqué qu’en France métropolitaine. En effet, l’indice de vieillissement martiniquais est de 1,11 (111 personnes âgées de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans), contre 0,91 pour la France métropolitaine.