Insee Flash Normandie · Novembre 2022 · n° 125

Moins de trois millions de Normands à l’horizon 2070

Si les tendances démographiques récentes se poursuivaient (Méthode), la population normande chuterait de 460 000 personnes entre 2018 et 2070 (figure 1), soit une diminution moyenne de 8 850 habitants chaque année sur la période. En 2070, la région ne compterait plus que 2,9 millions d’habitants. Dans le scénario envisagé, cette baisse de la population apparue en 2016 en Normandie se poursuivrait selon un rythme de plus en plus rapide jusqu’en 2060 (de - 0,19 % par an entre 2018 et 2030 à - 0,37 % entre 2050 et 2060) avant de ralentir jusqu’en 2070 (- 0,33 % entre 2060 et 2070). Dans le même temps, la population de la France métropolitaine dans son ensemble poursuivrait sa croissance jusqu’en 2043, puis déclinerait sensiblement jusqu’en 2070 (figure 2), mais en restant à un niveau supérieur à celui de 2018 (Pour en savoir plus). Avec une baisse moyenne de sa population de 0,29 % par an, la trajectoire démographique de la Normandie est, derrière la Bourgogne-Franche-Comté, la plus défavorable des régions de France métropolitaine.

A contrario de la période récente (2013-2018), la baisse de population normande entre 2018 et 2070 reposerait sur un déficit naturel important, lequel ne serait pas compensé par l’excédent migratoire. L’impact de ce déficit naturel sur la baisse de la population interviendrait dès le début de la période. Dès la décennie 2020, les décès seraient plus nombreux que les naissances dans la région, conséquence d’une arrivée progressive aux âges de forte mortalité (75 ans ou plus) des générations du baby-boom (1942-1973), conjuguée au prolongement de la baisse du nombre de naissances depuis 2011, en Normandie comme au niveau national. À l’horizon 2070, le nombre de femmes âgées de 25 à 39 ans, tranche d’âge la plus féconde, poursuivrait sa baisse dans la région. De plus, entre 2018 et 2070, l’excédent migratoire serait très majoritairement porté par les 65 ans ou plus (89 %).

En Normandie comme au niveau national, le vieillissement de la population s’amplifierait nettement à l’horizon 2070 avec l’arrivée aux âges avancés de la génération du baby-boom (figure 3). Selon le scénario central, la part des personnes âgées de 65 ans ou plus dans la population normande atteindrait 32 % en 2070 (29 % pour la France métropolitaine) contre 21 % en 2018 (20 % pour la France métropolitaine ; figure 4). Dans tous les départements normands sauf l’Orne et la Seine-Maritime, la part des seniors augmenterait de plus de la moitié pour atteindre 39 % dans la Manche et 33 % dans l’Eure et le Calvados en 2070. Avec le vieillissement des baby-boomers et la progression de l’espérance de vie, le nombre de seniors devrait progresser rapidement jusqu’en 2040 (+ 34 % entre 2018 et 2040) dans un contexte de diminution de la population totale (- 4,5 %). Ce phénomène serait accentué par la hausse continue de l’excédent migratoire des personnes âgées de 65 ans ou plus dans la région (+ 4,34 % par an en moyenne entre 2018 et 2040). Après 2040, le nombre de seniors diminuerait légèrement dans la région jusqu’en 2070. À cette date, la Normandie compterait ainsi 922 000 habitants âgés de 65 ans ou plus, soit une augmentation de 221 000 personnes par rapport à 2018, avec une croissance particulièrement importante des 85 ans ou plus dont le nombre ferait plus que doubler entre 2018 et 2070 (+ 123 %). Les hommes normands de 85 ans ou plus seraient trois fois plus nombreux en 2070 qu’en 2018.

À l’inverse, la population des moins de 65 ans diminuerait plus de deux fois plus dans la région qu’en France métropolitaine. À l’horizon 2070, le nombre de jeunes de moins de 20 ans baisserait de 262 000 personnes en Normandie (soit - 32,5 % contre - 17,3 % pour la France métropolitaine). Cette diminution serait particulièrement forte au cours de la période 2018-2030 (- 104 100 personnes, soit - 12,9 %). En 2070, en Normandie comme en France métropolitaine, moins d’un individu sur cinq aurait moins de 20 ans alors qu’ils étaient près d’un sur quatre en 2018. À ce même horizon, le nombre d’habitants âgés de 20 à 64 ans connaîtrait une baisse beaucoup plus marquée en Normandie qu’au niveau national (- 23,1 % contre - 8,4 %).

Tous les départements normands connaîtraient une diminution de leur population à l’horizon 2070, avec toutefois des situations très contrastées (figure 5). Cette baisse serait particulièrement forte pour l’Orne (- 0,49 % en moyenne par an, soit - 1 230 habitants par an), l’Eure (- 0,46 %, soit - 2 440 habitants par an) et la Manche (- 0,35 %, soit - 1 580 habitants par an). L’Orne et l’Eure figureraient même parmi les dix départements de France métropolitaine touchés par la plus forte baisse de leur population. Contrairement aux autres départements normands, le Calvados verrait, quant à lui, sa population augmenter encore faiblement jusqu’en 2030 (+ 0,02 % par an) avant une baisse sensible à partir de 2040 (- 0,27 % par an). L’Eure, le Calvados, et dans une moindre mesure la Seine-Maritime, seraient ainsi confrontés à un retournement de tendance par rapport au passé récent (2013-2018). Ce retournement serait plus conséquent pour l’Eure (- 0,46 % par an entre 2018 et 2070 après + 0,16 % par an entre 2013 et 2018).

Pour les cinq départements normands, la baisse de la population à l’horizon 2070 résulterait principalement du déficit naturel. La contribution de ce déficit serait particulièrement marquée pour la Manche (- 0,72 % en moyenne par an, soit - 3 260 habitants par an) et l’Orne (- 0,64 %, soit - 1 580 habitants par an). Mais la baisse de la population reposerait également sur un déficit migratoire pour la Seine-Maritime (- 0,10 % par an) et l’Eure (- 0,04 % par an). Les trois autres départements normands connaîtraient un excédent migratoire entre 2018 et 2070 (à partir de 2031 pour l’Orne) sans pour autant que celui-ci ne compense le déficit naturel.