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Insee Analyses Martinique · Novembre 2022 · n° 57
Insee Analyses MartiniqueLa Martinique est la région française où le taux de pérennité à cinq ans est le plus élevé

Ali Benhaddouche (Insee)

En 2019, près de 73 % des entreprises créées en 2014 sont encore actives. La Martinique est la région française où le taux de pérennité à cinq ans est le plus élevé. Le statut de l’entreprise et l’expérience du créateur sont les principaux facteurs explicatifs de la pérennité de l’entreprise. Un entourage entrepreneurial favorise à la fois la création, la pérennité et le développement. Les entreprises « dynamiques », celles qui se sont davantage développées que les autres, représentent une entreprise pérenne sur cinq. Bénéficier d’un appui à la création augmente les chances de faire prospérer son entreprise. La croissance des jeunes entreprises augmente avec les moyens financiers engagés à la création, mais aussi avec ceux investis par la suite. Les secteurs des activités immobilières, des transports, la santé humaine, l’enseignement et le commerce de détail sont les plus propices à leur essor. Le développement de ces entreprises pérennes a généré une croissance de 47 % de l’emploi salarié de l’ensemble des entreprises créées au premier semestre 2014.

Insee Analyses Martinique
No 57
Paru le :Paru le15/11/2022

Les entreprises créées en 2014 profitent d’une conjoncture régionale favorable

En 2019, cinq ans après leur création, 72,8 % des entreprises (hors auto-entreprises) créées en 2014 en Martinique sont toujours en activité. La pérennité des entreprises s’est améliorée par rapport à celle des entreprises créées en 2010 (+ 5,3 points), en particulier grâce à un contexte économique régional plus favorable. À partir de 2015 le taux de chômage tend à la baisse, passant de 19 % à 15 % en 2019. L’emploi salarié privé mis à mal depuis 2009 repart à la hausse fin 2017 (+ 3,8 % en 2018 et en 2019), signe visible du redémarrage progressif de l’économie initié en 2014. Le des sociétés non financières s’améliore et retrouve son niveau d’avant-crise soit 30 % en 2019.

La pérennité à cinq ans plus élevée de dix points qu’au niveau national

Dans ce contexte favorable, les entreprises martiniquaises créées en 2014 poursuivent plus souvent leur activité qu’au niveau national (+ 10,3 points), ce qui était également le cas pour la génération précédente (+ 7,1 points). Les entreprises martiniquaises connaissent une phase de fragilité dans la phase de lancement de leur activité (une année) comparable à celles de leurs homologues françaises, mais elles deviennent plus résistantes sur les années suivantes (figure 1). Le taux de pérennité à cinq ans de la région est le plus élevé parmi les régions françaises devant celui de Bourgogne-Franche-Comté, de Bretagne et d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Un fort taux de créations peut induire une concurrence accrue et ainsi être un frein à la pérennité. Toutefois, la Martinique fait preuve d’un faible dynamisme entreprenarial. Elle est classée parmi les trois régions les moins créatrices d’entreprise (2,5 % du stock d’entreprises) (figure 2).

Figure 1Taux de pérennité des entreprises crées en 2010 et 2014

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Taux de pérennité des entreprises crées en 2010 et 2014 (en %) - Lecture : En Martinique, 72,8 % des entreprises créées en 2014 sont encore actives après cinq ans. Elles étaient 90,0 % encore actives après un an, 84,4 % après deux ans, 80,8 % après trois ans et 76,0 % après quatre ans.
France 2010 Martinique 2010 France 2014 Martinique 2014
1 an 91,1 89,7 91,5 90,0
2 ans 81,1 83,2 83,1 84,4
3 ans 71,8 73,6 75,2 80,8
4 ans 64,6 69,7 67,7 76,0
5 ans 60,4 67,5 62,5 72,8
  • Lecture : En Martinique, 72,8 % des entreprises créées en 2014 sont encore actives après cinq ans. Elles étaient 90,0 % encore actives après un an, 84,4 % après deux ans, 80,8 % après trois ans et 76,0 % après quatre ans.
  • Champ : entreprises du secteur marchand non agricole créées au premier semestre de l’année de référence, hors micro-entrepreneurs (auto-entrepreneurs avant déc. 2014).
  • Source : Insee, enquêtes Sine 2010 et 2014 – vague 3.

Figure 1Taux de pérennité des entreprises crées en 2010 et 2014

  • Lecture : En Martinique, 72,8 % des entreprises créées en 2014 sont encore actives après cinq ans. Elles étaient 90,0 % encore actives après un an, 84,4 % après deux ans, 80,8 % après trois ans et 76,0 % après quatre ans.
  • Champ : entreprises du secteur marchand non agricole créées au premier semestre de l’année de référence, hors micro-entrepreneurs (auto-entrepreneurs avant déc. 2014).
  • Source : Insee, enquêtes Sine 2010 et 2014 – vague 3.

Figure 2Taux de création et de pérennité dans les régions

en %
Taux de création et de pérennité dans les régions (en %)
Région Taux de création Taux de survie à 5 ans
France entière 2,8 62,5
Guadeloupe 2,5 64,5
Martinique 2,5 72,8
Guyane 3,8 62,0
Réunion 3,9 58,1
Île-de-France 3,0 60,5
Centre-Val de Loire 2,7 61,2
Bourgogne-Franche-Comté 2,2 69,3
Normandie 2,6 62,3
Hauts-de-France 3,0 59,0
Grand Est 2,7 61,4
Pays de la Loire 2,5 65,6
Bretagne 2,4 67,7
Nouvelle-Aquitaine 2,8 64,8
Occitanie 2,8 61,3
Auvergne-Rhône-Alpes 2,9 66,7
Provence-Alpes-Côte d'Azur 2,9 62,1
Corse 2,8 63,6
  • Champ : entreprises du secteur marchand non agricole créées au premier semestre de l’année de référence, hors micro-entrepreneurs (auto-entrepreneurs avant déc. 2014).
  • Source : Insee, Sine 2014 vague 3.

Figure 2Taux de création et de pérennité dans les régions

  • Champ : entreprises du secteur marchand non agricole créées au premier semestre de l’année de référence, hors micro-entrepreneurs (auto-entrepreneurs avant déc. 2014).
  • Source : Insee, Sine 2014 vague 3.

Le statut de l’entreprise et l’expérience du créateur sont facteurs de réussite

La pérennité d’une entreprise est largement influencée par les conditions de sa création et son statut juridique. Ainsi, les sociétés, qui représentent la moitié des créations, ont un taux de survie de 86 % contre 54 % pour les entreprises individuelles. Elles cumulent en effet plusieurs facteurs favorables à une meilleure pérennité : elles démarrent avec davantage de moyens financiers et humains et leur statut, jugé plus solide par le monde bancaire, leur facilite l’accès aux financements. Pour s’inscrire dans la durée, l’insertion dans un réseau de clients ou de fournisseurs ayant encouragé et appuyé la création de l’entreprise est un facteur de réussite, tout comme l’expérience du créateur. Le taux de survie pour les entreprises créées par des entrepreneurs expérimentés (plus de trois ans) atteint ainsi 75 % contre 68 % pour les moins expérimentés. En revanche, l’âge du créateur ne semble pas être un gage de pérennité. L’ampleur du projet au démarrage ne garantit pas non plus la poursuite de l’activité au-delà des 5 premières années sauf pour les très gros projets (au-delà de 160 000 euros) où le taux de pérennité atteint 83 %.

Quatre entreprises pérennes sur dix sont devenus dynamiques

Parmi les entreprises pérennes, celles qui se sont davantage développées en matière de chiffre d’affaires ou d’emploi au cours des premières années de leur existence sont considérées « dynamiques ». En Martinique, quatre entreprises pérennes sur dix peuvent être classées dans cette catégorie (méthodologie). Si leur croissance dépend de la motivation et du profil du créateur, ce sont surtout les moyens financiers investis qui apparaissent déterminants. Certains de ces facteurs agissent dès le montage du projet, d’autres interviennent plus tard.

Parmi les principales motivations évoquées par les porteurs de projets, assurer son propre emploi constitue l’objectif le plus fréquemment cité pour six créateurs sur dix. Les autres créateurs visent davantage le développement d’un projet au travers d’emplois ou d’investissements et dans ce cas, leur entreprise a 1,3 fois plus de chances que les précédentes d’entrer dans la catégorie des dynamiques.

Si quatre entreprises pérennes sur dix ont trouvé les ressources nécessaires à leur développement, pour la grande majorité, les premières années d’activité ont surtout servi à installer l’activité pour assurer leur pérennité. Parmi les créateurs pérennes qui souhaitaient voir leur entreprise se développer, une large part n’a pas encore atteint cet objectif. Un peu plus de six créateurs d’entreprises pérennes sur 10 font état de difficultés pour développer leur entreprise. Les obstacles les plus fréquemment rencontrés renvoient principalement à des problèmes financiers et, à un niveau moindre, à des questions commerciales.

Formation et expérience dans le métier sont des atouts

Le développement des entreprises peut nécessiter d’investir dans des domaines stratégiques dont les retombées ne sont visibles qu’à moyen terme. C’est le cas de la formation, par exemple : 37 % de celles au sein desquelles au moins une formation a été suivie depuis la création se sont développées contre 32 % pour les autres. Les formations « métiers » sont les plus répandues (75 %). D’autres aptitudes personnelles, plus techniques, apparaissent comme déterminantes. Ainsi, lorsque le secteur d’activité de l’entreprise coïncide avec le métier de son créateur, la mobilisation de son savoir-faire est immédiate et se révèle favorable au développement : 42 % des entreprises avec ce profil sont dynamiques, soit quatre points de plus que les autres. Toutefois le secteur d’activité semble prépondérant. Les secteurs où la part des entreprises dynamiques est les plus élevée sont ceux où la concurrence entre les entreprises pérennes est moins forte (figure 3) : les activités immobilières (69 %), les transports (64 %), la santé humaine (59 %), l’enseignement (56 %) et le commerce de détail (50 %).

Figure 3Part des entreprises florissantes selon le secteur en Martinique

en %
Part des entreprises florissantes selon le secteur en Martinique (en %)
Secteur d’activité Part de florissantes Poids du secteur
Industrie 43,3 10,0
Construction 30,5 17,4
Commerce, réparation d’automobiles et de motocycles 43,6 15,6
Transports et entreposage 64,3 4,6
Hébergement et restauration 36,6 11,8
Information et communication 33,3 3,0
Banques et assurances 33,3 2,0
Immobilier 69,2 2,2
Activités spécialisées, scientifiques et techniques, administratives et de soutien 36,8 18,8
Administration, enseignement, santé et action sociale 57,4 9,0
Autres services 32,4 5,6
Ensemble 40,8 100,0
  • Champ : entreprises du secteur marchand non agricole créées au premier semestre de l’année de référence, hors micro-entrepreneurs (auto-entrepreneurs avant déc. 2014).
  • Source : Insee, Sine 2014 vague 3.

Figure 3Part des entreprises florissantes selon le secteur en Martinique

  • Champ : entreprises du secteur marchand non agricole créées au premier semestre de l’année de référence, hors micro-entrepreneurs (auto-entrepreneurs avant déc. 2014).
  • Source : Insee, Sine 2014 vague 3.

Investir pour se développer

L’avenir de l’entreprise passe par son développement et dépend des moyens engagés dans les trois premières années pour ajuster les capacités productives à la demande. Parmi les entreprises pérennes à 5 ans, près de 60 % des « dynamiques » investissent au moins 15 000 € sur la période, contre 45 % des autres entreprises. Ces capacités à investir et à embaucher sont liées à la propension de l’entreprise à générer des bénéfices durant les premières années d’activité, que ce soit pour en réinvestir une partie ou pour convaincre les créanciers de la rentabilité du projet. La capacité des entreprises « dynamiques » à investir se traduit également par une progression de leur chiffre d’affaires. Un peu plus de la moitié d’entre elles ont un chiffre d’affaires de 150 000 € ou plus contre à peine une sur cinq pour les autres (figure 4).

Figure 4Répartition des entreprises dynamiques selon leur développement et le montant de leurs investissements

en %
Répartition des entreprises dynamiques selon leur développement et le montant de leurs investissements (en %)
Part des dynamiques Autres
moins de 1 500 € 19,0 81,0
de 1 500 € à < 3 000 € 39,2 60,8
de 3 000 € à < 7 500 € 39,3 60,7
de 7 500 € à < 15 000 € 42,6 57,4
de 15 000 € à < 30 000 € 52,5 47,5
de 30 000 € à < 75 000 € 42,5 57,5
75 000 € et plus 43,4 56,6
  • Champ : entreprises dynamiques ayant réalisé des investissements.
  • Source : Insee, Sine 2014 vague 3.

Figure 4Répartition des entreprises dynamiques selon leur développement et le montant de leurs investissements

  • Champ : entreprises dynamiques ayant réalisé des investissements.
  • Source : Insee, Sine 2014 vague 3.

Après cinq ans, l’emploi salarié progresse de 47 %

Fin 2019, les entreprises créées 5 ans auparavant rassemblent environ 1 % de l’emploi privé total régional. La pérennité des entreprises de la région a un effet direct sur le niveau de l’emploi. Au premier semestre 2014, au démarrage de leur activité, les entreprises emploient un peu plus de 700 salariés (et dirigeants salariés). Cinq ans plus tard, les entreprises toujours en activité comptent environ 1 050 salariés. Au sein de ces créations d’entreprises de 2014, la hausse de l’emploi salarié généré par les entreprises pérennes au bout de 5 ans l’emporte ainsi sur la baisse de l’emploi salarié induite par les cessations d’activité : les entreprises pérennes ont ainsi créé un peu plus de 500 emplois ; les cessations d’entreprises en ont détruit 170 (figure 5).

Sur leurs cinq premières années de vie de ces jeunes entreprises, l’emploi augmente significativement dans les secteurs où la pérennité des entreprises est la plus forte : boulangeries, travaux de finition et de maçonnerie, transports routier de fret de proximité, services d’ingénierie, accueil des jeunes enfants. Cependant, le nombre d’emploi progresse également dans les secteurs du commerce et des activités spécialisées, scientifiques et techniques, où la pérennité des entreprises est faible.

C’est dans le commerce que la création d’emplois salariés est la plus nombreuse : ce secteur, qui concentre près d’un cinquième des entreprises créées en 2014, regroupe près d’un tiers de l’emploi salarié créé dans l’ensemble des entreprises pérennes.

Tous secteurs confondus, les embauches ont été plus nombreuses sur les trois premières années (72 %).

Figure 5Évolution de l'emploi salarié sur cinq ans des entreprises créées en 2014 en Martinique

Évolution de l'emploi salarié sur cinq ans des entreprises créées en 2014 en Martinique - Lecture : dans les entreprises nouvelles de 2014 encore active en 2019, 52 % de l'emploi est issu de l'emploi de 2014, 48 % provient de l'emploi créé par les dynamiques entre 2014 et 2019.
Nombre d'emplois Emploi salarié à la création Emploi créé par les non dynamiques en 2017 Emploi créé par les dynamiques en 2017 Emploi créé par les dynamiques en 2019
2019 550 0 366 139
2017 687 -101 366 0
2014 717 0 0 0
  • Lecture : dans les entreprises nouvelles de 2014 encore active en 2019, 52 % de l'emploi est issu de l'emploi de 2014, 48 % provient de l'emploi créé par les dynamiques entre 2014 et 2019.
  • Source : Insee, Enquête Sine 2014 vague 3.

Figure 5Évolution de l'emploi salarié sur cinq ans des entreprises créées en 2014 en Martinique

  • Lecture : dans les entreprises nouvelles de 2014 encore active en 2019, 52 % de l'emploi est issu de l'emploi de 2014, 48 % provient de l'emploi créé par les dynamiques entre 2014 et 2019.
  • Source : Insee, Enquête Sine 2014 vague 3.

Encadré 1 - Les entreprises aidées ne sont pas toujours les plus pérennes

Des aides financières publiques peuvent être accordées pour encourager la prise de risque et développer l’entrepreneuriat. Elles ont été accordées à une entreprise sur cinq créée en Martinique au 1er semestre 2014, soit deux fois moins souvent qu’au niveau national (45 %). Dans près de la moitié des dossiers, le financement est accordé à une personne au chômage, l’entreprise servant de vecteur pour créer son propre travail. Près de la moitié des chômeurs aidés ont choisi de créer leur entreprise dans le commerce et 15 % dans les activités de services.

L’aide publique la plus répandue dans la région (44 % des aides), est l’Accre (aide au chômeur créant ou reprenant une entreprise) (figure 6). Elle vise explicitement les demandeurs d’emploi.

Figure 6Écart de la part de florissantes selon le profil du créateur par rapport à l'ensemble

Écart de la part de florissantes selon le profil du créateur par rapport à l'ensemble - Lecture : en Martinique, la part de florissantes est 1,27 fois plus élevée que dans l’ensemble des jeunes pousses lorsque le créateur est un ancien dirigeant salarié ; elle est 0,94 fois moins élevée lorsque le créateur avait pour objectif d’assurer son propre emploi.
Caractéristiques du créateur Ensemble (valeur moyenne de référence) Écart de la part de florissantes par rapport à l’ensemble
Activité avant la création : indépendant 1 0,87
Activité avant la création : dirigeant salarié 1 1,09
Activité avant la création : salarié hors dirigeant 1 1,19
Activité avant la création : chômeur 1 1,05
Activité avant la création : sans activité professionnelle 1 1,19
Ancien cadre, profession intellectuelle supérieure 1 1,10
Déjà créateur 1 1,07
Activité de l’entreprise=métier du créateur 1 1,11
Autre activité : de dirigeant 1 0,96
Autre activité : rémunérée 1 1,04
Objectif du créateur : développement de l’entreprise 1 1,06
Objectif du créateur : assurer son propre emploi 1 1,08
Situation familiale : en couple avec enfant(s) 1 0,99
Situation familiale : autre 1 1,13
  • Note : La part de florissantes est plus élevée que la moyenne lorsque la valeur est supérieure à 1 et inversement pour les valeurs inférieures à 1.
  • Lecture : en Martinique, la part de florissantes est 1,27 fois plus élevée que dans l’ensemble des jeunes pousses lorsque le créateur est un ancien dirigeant salarié ; elle est 0,94 fois moins élevée lorsque le créateur avait pour objectif d’assurer son propre emploi.
  • Source : Insee, Sine 2014 vague 3.

Figure 6Écart de la part de florissantes selon le profil du créateur par rapport à l'ensemble

  • Note : La part de florissantes est plus élevée que la moyenne lorsque la valeur est supérieure à 1 et inversement pour les valeurs inférieures à 1.
  • Lecture : en Martinique, la part de florissantes est 1,27 fois plus élevée que dans l’ensemble des jeunes pousses lorsque le créateur est un ancien dirigeant salarié ; elle est 0,94 fois moins élevée lorsque le créateur avait pour objectif d’assurer son propre emploi.
  • Source : Insee, Sine 2014 vague 3.

Encadré 2 - Un entrepreneur sur cinq est une femme, à la tête de structures moins pérennes mais plus souvent dynamiques que celles des hommes

Les femmes se lancent moins souvent que les hommes dans l’aventure de l’entreprenariat : deux entreprises créées sur cinq sont dirigées par des femmes. Près de la moitié des créatrices ont choisi d’exercer leur activité dans les secteurs du commerce, de l’hébergement et la restauration, la santé humaine et l’action sociale. Elles sont souvent plus diplômées que leurs homologues masculins. La moitié d’entre elles possèdent au moins un diplôme du 1er cycle universitaire, soit 8 points de plus que les hommes. En effet, les professions réglementées, médicales et paramédicales (dans lesquelles les femmes sont plus nombreuses), requièrent plus que le baccalauréat alors que les métiers de la construction concernent souvent des hommes sans diplôme ou avec un diplôme de niveau BEP ou CAP.

Le taux de survie à cinq ans des entreprises créées par des femmes est plus faible que celui des hommes (66 % contre 77 %). Cette pérennité plus faible trouve principalement son origine dans la forme juridique choisi (la moitié seulement sont des sociétés contre près des deux tiers pour les hommes) et la plus faible proportion des créatrices avec une expérience dans le métier supérieure à trois ans (64 % contre 74 % pour les hommes). En revanche, elles réussissent mieux que les hommes dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques et la construction (+ 12 points). Par ailleurs, pour les entreprises qui ont survécu après cinq ans, elles sont plus nombreuses à déclarer avoir développé leur activité (44 %) que les hommes (39 %).

Pour y parvenir, elles ont pu s’appuyer sur l’aide du conjoint ou bénéficier d’un entourage professionnel pour 29 % d’entre elles (17 % pour les hommes). Leurs motivations portent moins fréquemment sur le désir de développer leur entreprise en termes d’emploi ou d’investissement (38 %) que les hommes (45 %). Les problèmes rencontrés durant les trois premières années sont essentiellement d’ordre financier pour les chefs d’entreprise féminins (33 %) tandis que leur homologue masculin font face plus souvent des difficultés de débouchés et de concurrence (30 %).

Publication rédigée par :Ali Benhaddouche (Insee)

Pour comprendre

Des créations aux « dynamiques » en passant par les « pérennes »

Parmi les 830 entreprises (hors auto-entreprises) créées au cours du premier semestre 2014 en Martinique, près de 600 sont encore actives fin 2019 et sont dénommées, dans cette étude, « les pérennes ». Pour repérer « les dynamiques » c’est-à-dire les pérennes qui se sont davantage développées que les autres, quatre critères sont retenus : l’évolution de leur chiffre d’affaires, l’évolution de leur effectif, la tranche de leur chiffre d’affaires et leur effectif. Sont sélectionnées celles dont : le chiffre d’affaires et le nombre d’emplois ont augmenté ; le chiffre d’affaires a augmenté et le nombre d’emplois est stable ; le chiffre d’affaires est stable et le nombre d’emplois a augmenté ; soit près de 300 entreprises. Parmi ces dernières, ne sont retenues que les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur ou égal à 32 900 € au bout de cinq ans, soit 270 entreprises « dynamiques ».

Sources

Le système d’information sur les nouvelles entreprises (Sine) est un dispositif qui suit, tous les quatre ans, une génération de nouvelles entreprises (au sens unités légales), sur les cinq premières années de leur existence. Le champ de cette enquête couvre les créations d’entreprises du 1er semestre 2014, exerçant des activités économiques marchandes non agricoles, ayant vécu au moins un mois. Les entreprises sont enquêtées quelques mois après leur création (interrogation 1), puis 3 ans (interrogation 2) et 5 ans après (interrogation 3). Depuis l’entrée en vigueur du régime de l’autoentrepreneur en 2009 (remplacé en 2015 par le régime du microentrepreneur), le dispositif est composé de deux enquêtes : l’une auprès des autoentrepreneurs et l’autre auprès des autres entreprises, dites classiques. Le champ de cette étude porte sur la cohorte des entreprises « classiques » dont l’échantillon contient 45 000 entreprises en France dont 830 en Martinique.

Définitions

Le taux de marge est le rapport de l’EBE sur la valeur ajoutée aux coûts des facteurs de production (VACF).

Une création d’entreprise correspond à la mise en œuvre de nouveaux moyens de production. Ce concept, harmonisé au niveau européen, inclut aussi la réactivation d’entreprise après une interruption de plus d’un an et la reprise d’entreprise s’il n’y a pas continuité entre la situation du cédant et celle du repreneur, en termes d’activité et de localisation. La notion de création d’entreprise dans les enquêtes Sine est un peu plus restrictive. En effet, sont exclues les entreprises ayant vécu moins d’un mois et les « activations économiques » correspondant à des immatriculations dans Sirene (système informatisé du répertoire national des entreprises et des établissements) avant le 1er janvier de l’année de la génération considérée.

Taux de création : dans cette étude, le taux de création est le rapport entre le nombre d’entreprises (hors auto-entrepreneurs) créées au premier semestre 2014 et le stock d’entreprises au 1er janvier 2015.

Une « personne morale » est un groupement doté de la personnalité juridique, dont la responsabilité principale incombe à l’entreprise et non au créateur. Les principales formes sont les sociétés anonymes (SA), les sociétés à responsabilité limitée (SARL), les sociétés civiles immobilières (SCI), les groupements d’intérêt économique (GIE), les entreprises unipersonnelles à responsabilité limitée (EURL).

Les entreprises « individuelles » n’ont pas de personnalité juridique propre et il n’y a pas de séparation entre le patrimoine de l’entreprise et celui de l’entrepreneur. L’entreprise « personne physique » regroupe les entreprises individuelles, dont les entreprises individuelles à responsabilité limitée (EIRL).

Le taux de pérennité à cinq ans est le rapport entre le nombre d’entreprises créées au cours du premier semestre 2014 ayant atteint leur cinquième anniversaire et l’ensemble des entreprises créées au premier semestre 2014. Les entreprises cessées puis reprises avec continuité d’activité et d’adresse sont considérées comme pérennes.