Insee Analyses Occitanie · Septembre 2022 · n° 121

L’emploi saisonnier : une ressource importante pour l’économie d’Occitanie

Avant l’été, de nombreuses entreprises ont fait part de leurs préoccupations en matière de recrutement de saisonniers, allant jusqu’à s’inquiéter du maintien de leur activité au niveau prévu faute de pouvoir recruter la main-d’œuvre nécessaire. Mais que représente l’emploi saisonnier en Occitanie ? quels sont les secteurs économiques les plus dépendants de cette main-d’œuvre ? quels emplois sont occupés par des saisonniers ? L’objectif de cette étude est de répondre à ces questions alors que peu d’études régionales sont disponibles sur le travail saisonnier, qui fait pourtant l’objet de différentes politiques publiques visant à sécuriser le parcours des saisonniers ou à améliorer leurs conditions de travail ou de vie.

En Occitanie en 2017, les entreprises ont eu recours à 192 400 postes de saisonniers pour répondre à des besoins ponctuels en main-d’œuvre. D’une durée limitée, ces embauches visent à combler un surcroît d’activité appelé à se répéter chaque année à la même période (Pour comprendre). L’emploi saisonnier représente 7,7 % des postes salariés du secteur privé hors contrats d’intérim. Avec près de 23 millions d’heures saisonnières, le taux de recours, c’est-à-dire la part des heures saisonnières dans l’ensemble des heures salariées, est supérieur à la moyenne française (1,3 % en Occitanie contre 0,8 % en France). La région se classe ainsi au troisième rang, derrière la Corse et Provence-Alpes-Côtes d’Azur et devant Auvergne-Rhône-Alpes et la Nouvelle-Aquitaine.

Si tous les territoires d’Occitanie ont recours à des emplois saisonniers, leur poids varie sensiblement d’un endroit à l’autre (figure 1). Un quart des emplois sont saisonniers dans la zone d’emploi d’Agde-Pézenas alors qu’il n’y en a quasiment pas dans celle de Castres-Mazamet.

Le secteur de l’hébergement et de la restauration fait massivement appel à l’emploi saisonnier, particulièrement en Occitanie. Avec 53 400 recrutements en 2017, il représente près de trois embauches sur dix et 38 % des heures de travail des saisonniers de la région (figure 2).

La saison dans l’hébergement et dans la restauration s’étale de début avril à fin septembre, avec un pic particulièrement marqué en juillet et en août. En moyenne, durant le mois d’août plus de 28 200 postes saisonniers sont occupés chaque jour dans ce secteur (figure 3). Au total, 8,3 % des heures travaillées dans l’année sont saisonnières dans l’hébergement et la restauration. Les métiers sont variés : plus de la moitié des postes sont proposés dans les restaurants et les bars (cuisiniers, serveurs, commis de cuisine…). Viennent ensuite les emplois dans l’hôtellerie, les résidences de vacances et les campings (veilleurs de nuits, réceptionnistes, agents polyvalents de villages de vacances…).

Face à la forte fréquentation touristique, les départements du littoral ont particulièrement besoin de main-d’œuvre saisonnière dans ce secteur : 33 % des postes saisonniers sont localisés dans l’Hérault, 19 % dans les Pyrénées-Orientales et 12 % dans le Gard.

La zone d’emploi de Perpignan est celle qui compte le plus de saisonniers dans l’hébergement et la restauration (10 500 postes), suivie par celle de Montpellier (8 600 postes) et celle d’Agde-Pézenas (5 300 postes), beaucoup plus petite. Les zones d’emplois touristiques de Nîmes et de Carcassonne offrent respectivement 2 800 et 1 500 postes saisonniers. Celle de Tarbes-Lourdes en compte près de 3 500, en très grande majorité dans les hôtels lourdais.

Un contrat saisonnier dans l’hébergement-restauration dure en moyenne un mois et demi. Sur le littoral, la durée est plus longue : deux mois en moyenne dans la zone d’Agde-Pézenas.

En Occitanie comme au niveau national, l’agriculture est un des secteurs où l’emploi saisonnier pèse le plus dans l’emploi salarié total. En Occitanie, 20 000 postes saisonniers relèvent du secteur agricole, représentant 17 % des heures de travail des saisonniers recrutés dans la région (figure 2).

Ces emplois sont très présents dans les départements de productions fruitières : 38 % sont localisés dans le Gard, 26 % dans le Tarn-et-Garonne et 14 % dans les Pyrénées-Orientales. Les zones d’emploi qui embauchent le plus de saisonniers sont celles de Castelsarrasin-Moissac, Montauban, Perpignan et Nîmes. Elles représentent 65 % des embauches de saisonniers agricoles. La main-d’œuvre saisonnière agricole est nécessaire tout au long de l’année mais le besoin est particulièrement important l’été de juin à août (figure 3).

Près des deux tiers des embauches de saisonniers agricoles concernent des travaux de récolte, d’éclaircissage et de taille dans les vergers, les serres ou les champs (pommes, fraises, melons…). Ils s’étalent d’avril à novembre selon les cultures.

Les vignobles, notamment ceux du Languedoc et du Roussillon, et dans une moindre mesure du Tarn-et-Garonne, de l’Albigeois, du Quercy, du Rouergue et de l’Aveyron, nécessitent également de la main-d’œuvre saisonnière tout au long de l’année et plus particulièrement durant la période des vendanges. Un quart des postes saisonniers agricoles sont ainsi proposés dans les exploitations viticoles. S’y ajoutent, hors du secteur de l’agriculture, 2 000 emplois saisonniers dans les coopératives viticoles et autres établissements de vinification, de septembre à décembre.

Les saisonniers agricoles sont embauchés pour des volumes de travail plus importants que dans les autres secteurs : les postes sont plus souvent à temps complet et la durée moyenne d’un contrat saisonnier agricole est d’un mois et demi.

Le secteur des arts, des spectacles et des activités récréatives recrute 30 300 saisonniers en 2017 en Occitanie, souvent sur des contrats très courts. La saison débute en avril et se poursuit jusqu’en décembre, avec un pic marqué durant l’été. En juillet et en août, près de 4 500 postes sont occupés chaque jour en moyenne (figure 3).

Les arts et les spectacles, qui représentent les trois quarts des emplois saisonniers de ce secteur, recrutent des saisonniers sur des contrats courts, pour six jours en moyenne. Ce sont des emplois liés aux spectacles vivants et à la gestion des salles de spectacles, situés principalement dans les zones d’emploi de Toulouse et de Montpellier.

Les activités sportives, récréatives et de loisirs recrutent 6 800 saisonniers en 2017 pour assurer l’animation des parcs d’attractions, des clubs de sport, des services de plages et de plaisance… Ces emplois sont disséminés sur l’ensemble de la région. Cependant, la zone d’emploi de Perpignan en concentre un quart. Les durées de contrat sont plus longues (35 jours en moyenne).

Les autres secteurs économiques recrutent également des saisonniers pour répondre à une surcharge d’activité ou pour remplacer les salariés en congés.

Les services administratifs et de soutien représentent ainsi une part importante des embauches saisonnières en France comme en Occitanie (37 000 postes dans la région). C’est le cas particulièrement en Haute-Garonne, dans le Gers et dans l’Aveyron (figure 4), départements où l’industrie, fortement utilisatrice de ces services, est importante. Ces emplois saisonniers consistent notamment à assurer le nettoyage des bureaux et des bâtiments, la sécurité privée ou à mettre à disposition des ressources humaines pour remplacer des salariés en congés ainsi qu’à renforcer les agences de voyages ou les organisateurs des foires qui font face à un pic d’activité.

Les commerces emploient également de nombreux saisonniers (17 200 postes). L’activité se concentre l’été, particulièrement dans les commerces de fruits et légumes et dans les magasins de vêtements sur le littoral, mais aussi dans les hypermarchés et supermarchés un peu partout sur le territoire. Les commerces recrutent également pendant les périodes de soldes ou pour les fêtes de fin d’année. Dans les industries agro-alimentaires (confiseurs, transformateurs de fruits et de viande…), l’activité saisonnière s’étale de septembre à décembre (4 300 postes).

Enfin, en hiver, les stations de ski embauchent également des saisonniers dans le secteur des transports, notamment pour assurer le fonctionnement des remontées mécaniques : 1 350 postes, principalement dans les Hautes-Pyrénées.

Les salariés saisonniers occupent souvent des postes peu qualifiés. Ainsi en 2017, 31 % des 143 000 saisonniers qui résident dans la région occupent un emploi d’ouvrier non qualifié, contre 13 % pour l’ensemble des salariés. Ils sont aussi plus jeunes : 42 % ont moins de 25 ans et seulement 16 % ont plus de 50 ans. Ils sont particulièrement jeunes dans le secteur de l’hébergement et de la restauration, où plus de la moitié des saisonniers ont moins de 25 ans. Pour ces jeunes, les emplois saisonniers sont souvent synonymes de « jobs d’été ».

Si une grande majorité des saisonniers sont rémunérés au SMIC, 30 % d’entre eux ont une rémunération horaire dépassant d’au moins 30 % le salaire minimum.

Plus de la moitié des saisonniers résidant dans la région n’occupent pas d’emploi salarié (saisonnier ou non) dans les huit mois suivant la fin de leur contrat. En effet, beaucoup d’étudiants occupant un job saisonnier d’été se consacrent à leurs études le reste de l’année. Par ailleurs, certains travailleurs indépendants peuvent cumuler leur activité avec un emploi saisonnier salarié. C’est par exemple le cas d’un agriculteur embauché dans les remontées mécaniques sur sa commune.

Les saisons sont déterminées à partir du volume quotidien des postes pour chaque croisement « zone d’emploi x activité détaillée », observé sur une période s’étalant du 1^er janvier 2013 au 31 décembre 2017 afin de s’assurer de la récurrence des saisons.

Une saison est alors repérée par un dépassement significatif pendant au moins 15 jours consécutifs, et récurrent chaque année, du volume d’emplois d’un croisement « zone d’emploi x activité ». Les décalages légers de chronicité d’une année sur l’autre (liés à la météo, aux dates d’événements…) sont traités. Les dépassements de très courte durée ne sont pas retenus.

Plus précisément, une saison est repérée si :

Un poste est qualifié de saisonnier si les dates de début et de fin sont incluses dans les bornes d’une saison, quel que soit le type de contrat signé. En raison de la méthode de repérage des saisons, des embauches pour quelques jours chaque année, à des dates variant significativement d’une année sur l’autre, peuvent ne pas être considérées comme saisonnières. Une personne sera considérée comme saisonnière si elle a occupé au moins un poste saisonnier dans l’année.