Insee Flash Nouvelle-Aquitaine ·
Septembre 2022 · n° 77
Les saisonniers : trois ans après, six sur dix ont un emploi salarié L’emploi saisonnier en Nouvelle-Aquitaine
En analysant le devenir de salariés trois ans après qu’ils ont occupé un emploi de saisonnier, six trajectoires se dégagent. Pour la moitié, il s’agit de jeunes occupant régulièrement des jobs étudiants, et majoritairement sans emploi salarié trois ans après. L’obtention d’un emploi pérenne rapidement pour certains, plus progressivement pour d’autres caractérise deux autres trajectoires. Enfin, les trois derniers profils se caractérisent par la permanence de la forme d’emploi : CDD pour l’un, intérim pour l’autre ou contrats spécifiques comme l’apprentissage ou le contrat aidé pour le dernier.
- Trois ans après, 61 % des saisonniers de Nouvelle-Aquitaine occupent un emploi salarié
- Des saisonniers qui n’ont pas d’emploi salarié trois ans après (profil 1)
- Des saisonniers qui basculent vers un emploi pérenne (profils 2 et 3)
- Des saisonniers qui restent en CDD (profil 4)
- Des saisonniers plus installés dans l’intérim (profil 5)
- Des saisonniers avec un parcours stable dans les contrats spécifiques (profil 6)
Trois ans après, 61 % des saisonniers de Nouvelle-Aquitaine occupent un emploi salarié
Les travailleurs saisonniers néo-aquitains sont majoritairement jeunes : un peu plus de la moitié sont âgés de moins de 26 ans. En Nouvelle-Aquitaine, comme globalement en France, trois ans après la fin de leur emploi saisonnier, 39 % des anciens saisonniers n’occupent pas un emploi salarié (méthode). Néanmoins, cette trajectoire n’est pas spécifique aux saisonniers, c’est aussi le cas pour les travailleurs non saisonniers (42 %). Les trajectoires professionnelles des travailleurs saisonniers sont différenciées : six profils se distinguent.
Des saisonniers qui n’ont pas d’emploi salarié trois ans après (profil 1)
Réunissant 46 % des saisonniers (figure 1), ce profil est caractérisé par une part majoritaire de personnes sans emploi salarié trois ans après (65 %). Il s’agit très souvent de jeunes ayant occupé ponctuellement un emploi saisonnier. Tous les ans, à la même période, une petite partie retrouve un emploi salarié, essentiellement en CDD. Ce profil correspond à des jeunes toujours en étude et occupant un job étudiant.
tableauFigure 1 – Trajectoire des saisonniers vis-à-vis de l’emploi sur trois ansProfil 1 : des saisonniers qui n’ont pas d’emploi salarié trois ans après
| Nombre de mois après la situation de départ | Forme d’emploi | ||||
|---|---|---|---|---|---|
| CDI | CDD | Intérim | Contrats aidés, d’apprentis, etc. | Hors emploi salarié | |
| 0 | 0 | 56 | 27 | 17 | 0 |
| + 1 | 1 | 7 | 4 | 2 | 86 |
| + 2 | 1 | 7 | 3 | 2 | 87 |
| + 3 | 2 | 7 | 3 | 2 | 87 |
| + 4 | 2 | 6 | 3 | 2 | 87 |
| + 5 | 2 | 6 | 3 | 2 | 86 |
| + 6 | 2 | 6 | 3 | 3 | 86 |
| + 7 | 2 | 7 | 3 | 3 | 85 |
| + 8 | 2 | 8 | 3 | 4 | 83 |
| + 9 | 2 | 10 | 3 | 4 | 81 |
| + 10 | 2 | 14 | 3 | 5 | 76 |
| + 11 | 2 | 21 | 4 | 6 | 67 |
| + 12 | 2 | 19 | 4 | 5 | 70 |
| + 13 | 2 | 10 | 3 | 3 | 82 |
| + 14 | 2 | 7 | 2 | 4 | 86 |
| + 15 | 2 | 6 | 2 | 3 | 88 |
| + 16 | 2 | 5 | 2 | 3 | 89 |
| + 17 | 2 | 4 | 2 | 3 | 89 |
| + 18 | 2 | 4 | 2 | 3 | 89 |
| + 19 | 2 | 5 | 2 | 4 | 87 |
| + 20 | 2 | 6 | 3 | 4 | 86 |
| + 21 | 2 | 8 | 3 | 4 | 84 |
| + 22 | 2 | 11 | 3 | 5 | 79 |
| + 23 | 2 | 17 | 4 | 5 | 73 |
| + 24 | 1 | 16 | 3 | 6 | 73 |
| + 25 | 2 | 9 | 3 | 5 | 82 |
| + 26 | 2 | 7 | 2 | 5 | 84 |
| + 27 | 2 | 7 | 2 | 5 | 84 |
| + 28 | 2 | 6 | 2 | 5 | 85 |
| + 29 | 2 | 6 | 2 | 6 | 84 |
| + 30 | 3 | 7 | 3 | 6 | 82 |
| + 31 | 3 | 8 | 3 | 6 | 80 |
| + 32 | 4 | 10 | 3 | 7 | 77 |
| + 33 | 4 | 12 | 4 | 7 | 73 |
| + 34 | 5 | 15 | 4 | 7 | 69 |
| + 35 | 5 | 20 | 5 | 7 | 64 |
| + 36 | 5 | 19 | 5 | 7 | 65 |
- Note : l’ensemble des données ont été arrondies à l’unité près.
- Lecture : au départ (mois 0), tous les saisonniers sont en emploi et arrivés au terme de leur contrat de travail. Dans le profil 1, 56 % des saisonniers étudiés occupaient un poste en CDD, 27 % un poste intérimaire et 17 % un autre emploi salarié (y compris apprentis et emplois aidés). Seule une partie d’entre eux signe un autre contrat de travail le mois suivant (mois + 1). 36 mois plus tard, 65 % sont hors de l’emploi salarié, 19 % occupent un poste en CDD, 5 % un CDI, 5 % un poste intérimaire et 7 % un autre poste salarié.
- Source : Insee, Panel « Tous salariés », 2013-2017.
graphiqueFigure 1 – Trajectoire des saisonniers vis-à-vis de l’emploi sur trois ansProfil 1 : des saisonniers qui n’ont pas d’emploi salarié trois ans après
- Note : l’ensemble des données ont été arrondies à l’unité près.
- Lecture : au départ (mois 0), tous les saisonniers sont en emploi et arrivés au terme de leur contrat de travail. Dans le profil 1, 56 % des saisonniers étudiés occupaient un poste en CDD, 27 % un poste intérimaire et 17 % un autre emploi salarié (y compris apprentis et emplois aidés). Seule une partie d’entre eux signe un autre contrat de travail le mois suivant (mois + 1). 36 mois plus tard, 65 % sont hors de l’emploi salarié, 19 % occupent un poste en CDD, 5 % un CDI, 5 % un poste intérimaire et 7 % un autre poste salarié.
- Source : Insee, Panel « Tous salariés », 2013-2017.
Des saisonniers qui basculent vers un emploi pérenne (profils 2 et 3)
Regroupant 9 % et 12 % des saisonniers, pour les deux profils suivants, l’insertion sur le marché du travail est davantage au rendez-vous à l’issue des trois ans. Une large majorité sont alors en CDI : 71 % de ceux du deuxième profil et 84 % de ceux du troisième profil contre 22 % de l’ensemble des saisonniers. Lors de leur contrat saisonnier initial, ils travaillaient plus souvent en tant qu’employés et dans les services administratifs et de soutien. Trois ans plus tard, ils se sont stabilisés plus fréquemment dans le commerce et les transports.
La multi-activité est plus fréquente pour ces saisonniers. Ils travaillaient davantage en tant qu’intérimaires, ce qui va souvent de pair avec le cumul d’emplois.
Le rythme avec lequel ces saisonniers basculent vers un CDI différencie ces deux profils. Pour ceux du deuxième profil, 49 % sont en CDI deux mois après leur emploi saisonnier et la quasi-totalité sont en CDI dix mois après. Ils sont un peu plus nombreux à être âgés de 26 à 49 ans.
Pour leur part, les saisonniers du troisième profil obtiennent un CDI de façon plus progressive avec une augmentation des personnes en CDI à partir du huitième mois. Ils sont plus jeunes qu’en moyenne régionale avec une surreprésentation des moins de 26 ans.
Des saisonniers qui restent en CDD (profil 4)
Le quatrième profil regroupe 16 % des saisonniers de Nouvelle-Aquitaine. Ils occupaient majoritairement un CDD lors de leur emploi saisonnier, de même que trois ans plus tard (64 % contre 22 % des saisonniers). Au cours des trois années, ils sont d’ailleurs régulièrement en CDD, avec des pics d’embauche à intervalle régulier traduisant un maintien dans des activités saisonnières.
Ce profil est plus féminin et plus âgé que les autres (davantage de 30-49 ans). Lors de leur emploi saisonnier initial, ils travaillaient d’abord dans l’hébergement-restauration, les arts-spectacles et les activités récréatives.
La multi-activité distingue ces saisonniers. Au moment de leur contrat saisonnier, 69 % cumulaient plusieurs emplois : cette situation caractérise les postes exercés dans les métiers des sports et de l’animation souvent complétés par d’autres postes dans un métier différent, tel qu’employé de maison, aide à domicile ou agent de collectivité territoriale.
Des saisonniers plus installés dans l’intérim (profil 5)
Ce cinquième profil concentre 9 % des saisonniers. Lors de leur premier emploi saisonnier, 74 % étaient intérimaires. Trois ans plus tard, ils le sont encore à 49 %. Certains alternent toutefois intérim et sortie de l’emploi salarié, avec notamment des pics d’intérim aux 11e, 22e et 33e mois traduisant un retour à des emplois de nature saisonnière.
C’est dans ce profil que la multi-activité est la plus présente (76 %), en lien avec des emplois intérimaires plus fréquents. Par ailleurs, ces saisonniers sont essentiellement des hommes, et ont, plus souvent que dans les autres profils, entre 30 et 49 ans. Ils sont très fréquemment ouvriers ou agriculteurs.
Des saisonniers avec un parcours stable dans les contrats spécifiques (profil 6)
Ce profil regroupe 8 % des saisonniers. Les femmes, les plus jeunes ainsi que les professions intermédiaires sont plus présents que dans l’ensemble.
La majorité ont travaillé en CDD lors de leur emploi saisonnier mais très peu en occupent un, trois ans après. En effet, les deux tiers ont été embauchés avec un contrat spécifique, c’est sept fois plus qu’en moyenne régionale. Près de la moitié occupent un emploi dans le tertiaire non marchand, secteur recourant beaucoup aux contrats aidés.
Pour comprendre
11 750 individus ayant occupé un emploi saisonnier en Nouvelle-Aquitaine entre septembre 2013 et décembre 2014 ont été suivis pendant trois ans après la fin de ce contrat saisonnier. Les intérimaires sont pris en compte, dans le secteur « activité des agences de travail temporaire » et pas dans le secteur qui les a employés.
Six parcours sont définis sur la base de leur situation mensuelle par rapport à l’emploi en cinq « états » : en CDD, en CDI, en intérim, avec un contrat spécifique (notamment apprentis et contrats aidés) et hors emploi salarié (études, chômage indemnisé ou non, emploi non salarié, inactivité, décès).
Afin d’avoir des effectifs suffisants, sept secteurs d’activité sont retenus : agriculture, arts-spectacles-activités récréatives, hébergement-restauration, commerce-transports, information-communication, services administratifs et de soutien (y compris intérim) et autres (industrie, construction, reste du tertiaire…).
Pour en savoir plus
Genebes L., Pinol O., Levasseur S., « L’emploi saisonnier, près d’un contrat salarié sur dix dans la région », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 123, juillet 2022 ;
Dumartin, S., Mouhali K., « Les métiers du sport et de l’animation davantage présents dans les zones touristiques et les grandes agglomérations », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 79, septembre 2019 ;
Dumartin, S., Mouhali K., « L’emploi dans les métiers du sport et de l’animation : entre instabilité et tremplin », Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine n° 75, juin 2019.