Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine · Septembre 2022 · n° 126

La centrale nucléaire du Blayais emploie 1 500 salariés et contribue à faire vivre 9 400 personnes

Deux centres nucléaires de production d’électricité (CNPE) sont implantés en Nouvelle-Aquitaine : celui du Blayais au nord de la Gironde, et celui de Civaux au sud de la Vienne. Ils représentent, à eux deux, 12 % de la production nucléaire française.

Dans la région, 81 % de la production d’électricité est issue de l’énergie nucléaire. Les 4 réacteurs du CNPE du Blayais, d’une puissance de 900 mégawatts chacun, ont été mis en service entre 1981 et 1985. Leur production est en moyenne de 26 milliards de kilowattheures par an, équivalant aux deux tiers de la consommation en électricité de la région. La centrale est le deuxième établissement industriel de la Gironde.

Le CNPE est implanté au nord du département, à proximité de la Charente-Maritime et à 66 kilomètres du centre de Bordeaux. Son territoire d’inscription s’étire au nord de la zone d’emploi de Bordeaux, à la jonction de plusieurs intercommunalités. Avec 103 000 habitants, il se compose de 74 communes dont la majorité sont peu denses (figure 1). Les personnes liées à la centrale constituent 5 % des habitants, soit plus de 6 000 personnes. Avec 66 emplois pour 100 actifs, le territoire est tourné vers une activité économique plutôt présentielle ; 8 % des emplois dépendent de la centrale.

Dans la commune de Saint-André-de-Cubzac, la plus peuplée, 137 actifs occupés sont liés à la centrale, soit 3,8 % de ceux de la commune. À Blaye, les emplois liés au CNPE sont les plus nombreux avec 327 actifs occupés (12 %). Saint-Ciers-sur-Gironde suit avec 148 actifs occupés (16 %). Braud-Saint-Louis, qui accueille le CNPE, est en cinquième position, avec 92 actifs occupés (3 %) .

Depuis 1962, la population du territoire d’inscription a augmenté de 38 000 habitants, soit une croissance annuelle moyenne de 0,8 %, contre 1 % dans le département et 0,5 % dans la région.

Une accélération marque la période de 1975 à 1982, parallèlement à la première étape de la mise en service du CNPE, avec une croissance annuelle moyenne de 2 %. Suit un ralentissement, et, depuis 2012, la population croît de 1 % par an contre 1,3 % en Gironde.

Le site nucléaire du Blayais est le premier employeur d’un territoire offrant au total 28 000 emplois. Les évolutions de l’emploi sont relativement similaires à celles de la population. Depuis 2012, le ralentissement est plus fort que pour la population passant d’une croissance de 1,1 % par an entre 2007 et 2012 à 0,4 % entre 2012 et 2017.

En dépit de la prépondérance d’activités destinées à la satisfaction de besoins de la population résidente, l’emploi agricole prévaut dans le territoire comparativement au département (10,5 % contre 4,1 %). Les exploitations, essentiellement viticoles, occupent des surfaces proportionnellement plus étendues qu’en Gironde.

De même, à contre-courant de son déclin sur le territoire français, l’emploi industriel progresse sur le territoire d’inscription depuis 1975 : la présence de la centrale et des sous-traitants locaux y explique une part supérieure de 5 points à celle du département en 2017 (14,4 % des emplois contre 9,2 %). Ainsi, le secteur de la « production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné » représente 46 % de l’emploi industriel du territoire.

En 2017, le CNPE du Blayais emploie 1 470 salariés EDF (figure 2). La centrale dispose d’une main-d’œuvre très qualifiée avec 62 % de professions intermédiaires (techniciens, chargés d’affaires et de projets, etc.) et 32 % de cadres. Les métiers à dominante technique caractérisent le secteur d’activité : ingénieurs et techniciens de la production et distribution d’énergie ou techniciens d’exploitation et de maintenance. Les emplois sont presque exclusivement en contrats à durée indéterminée et à temps plein.

Les salariés sont relativement jeunes : 40 % ont moins de 35 ans contre 31 % dans le département. 73 % d’entre eux sont en couple, 22 points de plus qu’en Gironde. Deux tiers ont au moins un enfant à charge (pour un total de 1 440 enfants). Les propriétaires de leur logement sont, en proportion, plus nombreux qu’en Gironde et 23 % des salariés locataires occupent un logement associé à un dispositif proposé par l’entreprise, essentiellement à Braud-Saint-Louis et dans des communes à proximité, telles Blaye, Étauliers ou Saint-Ciers-sur-Gironde.

Les commandes passées par la centrale à des fournisseurs et sous-traitants génèrent indirectement 1 040 emplois, dans 460 établissements répartis en France métropolitaine. Le caractère non permanent ou spécifique de certaines opérations explique ce recours accru à la sous-traitance. Les activités des prestataires concernent le soutien et la logistique (41 % des emplois indirects), la réparation et installation de machines et d’équipements (15 %) et les travaux de construction spécialisés (10 %). Ces activités sont le reflet des activités principales déclarées des établissements (seule information disponible). Elles peuvent donc être différentes des prestations fournies. En effet, les établissements peuvent avoir des activités assez diversifiées ou évolutives.

En outre, la consommation de produits et de services, des salariés (directs et indirects) et de leurs familles, induit 1 030 autres emplois à proximité de leur domicile concernant d’abord l’administration publique (19 %), puis le commerce de détail (12 %) et les activités pour la santé humaine (11 %).

Ainsi, avec 3 500 emplois au total en France métropolitaine, près de 9 400 personnes sont liées directement, indirectement ou de façon induite à la centrale du Blayais, dont 6 700 en Gironde. Le département regroupe 41 % de l’emploi indirect généré par les commandes passées par le CNPE (430 emplois). De plus, 700 emplois sont liés à la consommation des familles des salariés directs et indirects dans le département soit 68 % de l’emploi induit total.

Les emplois d’ouvriers et employés sont fortement représentés (53 % des emplois contre 46 % en Gironde) au sein du territoire d’inscription dans lequel prédominent les activités présentielles et celles des secteurs viticoles et industriels. Les plus de 50 ans sont moins souvent en activité qu’en Gironde à l’inverse des 18-24 ans. Cependant, ces derniers se déclarent davantage au chômage que dans le département avec 3 points de plus, écart porté à 7 points lorsqu’il s’agit de jeunes femmes.

Une part plus importante de personnes que dans le département est en difficulté économique et sociale et certains signes de fragilités se manifestent dans le territoire. La précarité monétaire est plus fréquente avec un taux de pauvreté de 14,2 % (14 600 personnes), soit 1,6 point au-dessus de celui du département. 45,5 % des personnes qui se déclarent au chômage le sont depuis plus d’un an, soit 4 points au-dessus de celui du département. Les 18-24 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études représentent 31,4 % contre 19,4 % en Gironde.

Les salaires horaires nets moyens sont également inférieurs à ceux du département, en particulier pour les emplois d’ouvrier ou d’employé, signe de la présence d’activités moins rémunératrices que dans le département. L’écart de salaire femmes/hommes y est également plus grand.

Le CNPE est le premier employeur du périmètre, loin devant les autres établissements. Parmi les 1 470 salariés EDF, 1 260 habitent dans le territoire d’inscription. Les emplois concernés sont très spécifiques et généralement plus rémunérateurs que dans les autres secteurs.

Les retombées de l’activité de la centrale se retrouvent aussi dans les finances locales. Le potentiel fiscal local lié aux entreprises du territoire est deux fois plus élevé que dans le département. Les richesses dégagées par le secteur de la « production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné » représentent un cinquième de celles produites par les établissements du territoire. Néanmoins, les contributions collectées soutiennent les finances des collectivités, au-delà de la commune d’implantation et du territoire d’inscription.

Une centaine de sous-traitants est répartie dans le département de la Gironde. Cependant, les commandes ou demandes de prestations du CNPE sont adressées à des établissements implantés pour les trois quarts hors du département (figure 3). Une partie des salariés de ces prestataires réside à proximité de la centrale de par la nécessité du travail récurrent. Les activités principales des établissements les plus représentées sont les « activités d’ingénierie, contrôle et analyses techniques », la « réparation et installation de machines et d’équipements », et enfin les « travaux de construction spécialisés » (figure 4). Néanmoins, la plupart des établissements sous-traitants classée en « activités d’ingénierie, contrôle et analyses techniques » exercent, dans les faits, des activités de soutien et de logistique auprès du CNPE du Blayais. Cela recouvre aussi bien le montage d’échafaudages destinés aux travaux de maintenance, le nettoyage des bâtiments industriels, l’assistance radioprotection des interventions, activités propres au secteur nucléaire.

Parmi les 460 établissements prestataires, 36 réalisent des commandes dont le montant représente au moins 10 % de leur chiffre d’affaires. La moitié d’entre eux est située dans le département de la Gironde. L’établissement le plus important en termes d’emplois destinés à la centrale (180) s’est spécialement implanté à proximité.