Insee Conjoncture Normandie · Juillet 2022 · n° 33

En Normandie, malgré un contexte peu favorable, l’activité reste dynamique au cours du 1^er trimestre 2022 Note de conjoncture régionale - 1^er trimestre 2022

L’activité économique, mesurée par le nombre d’heures rémunérées, est restée à un niveau élevé au 1^er trimestre 2022 (figure 1), malgré le contexte géopolitique (guerre en Ukraine fin février). L’activité en Normandie est supérieure de 2,0 % à celle du 1^er trimestre 2019 (+ 2,8 % au niveau national). En dehors de l’industrie en retrait (- 1,1 %), l’activité progresse dans tous les autres secteurs, services marchands et non marchands (respectivement + 2,4 % et + 5,1 %) ainsi que la construction (+ 4,5 %). Le mois d’avril 2022 laisse toutefois poindre un net ralentissement, en Normandie comme au niveau national. Dans la région, le Calvados bénéficie du plus grand dynamisme (+ 4,5 % par rapport au 1^er trimestre 2019) suivie par l’Eure (+ 2,9 %) et la Manche (+ 2,5 %). Une quasi-stabilité prévaut en Seine-Maritime (+ 0,5 %) et dans l’Orne (- 0,3 %).

Le montant des transactions par cartes bancaires est un bon indicateur de la consommation des ménages. Depuis le début de l’année, de janvier à début juin 2022, il se situe à un niveau nettement supérieur à celui de la même période de 2019 (+ 14 % en moyenne hebdomadaire), soit une progression encore plus forte qu’au niveau national (+ 10 % ; figure 2). Le montant des transactions a fléchi dans un premier temps en mars 2022 après le début de la guerre en Ukraine, puis, malgré le contexte géopolitique et une inflation croissante, s’est redressé par la suite (+ 17 % en Normandie depuis début avril en moyenne hebdomadaire par rapport à la même période de 2019). Cette progression est toutefois à nuancer de l’augmentation du recours à la carte bancaire depuis la pandémie.

Au 1^er trimestre 2022, le cumul sur 12 mois des logements commencés diminue (- 2 %) en Normandie tandis qu’il augmente au niveau national (+ 1 % ; figure 3). C’est le troisième trimestre consécutif de baisse en Seine-Maritime (- 2 %) et le deuxième dans l’Eure (- 5 %). Les mises en chantier de logement baissent aussi ce trimestre dans le Calvados (- 3 %) mais progressent dans les deux autres départements normands (+ 4 % dans la Manche et + 5 % dans l’Orne).

Le nombre de logements autorisés à la construction, au cours des douze derniers mois, repart à la hausse. Au 1^er trimestre, il progresse de 5 % dans la région (+ 6 % au niveau national). Ce nombre augmente dans tous les départements normands (entre + 2 % en Seine-Maritime et + 25 % dans l’Orne) sauf dans le Calvados (- 4 %).

La surface des locaux commencés sur un an progresse au niveau régional (+ 3 %) et au niveau national (+ 5 %). L’augmentation régionale masque des évolutions très différentes selon les départements (entre - 9 % dans le Calvados et + 14 % dans l’Eure) mais aussi d’un trimestre à l’autre dans la plupart des départements. Ainsi, seule la Seine-Maritime affiche une nette progression de ces surfaces deux trimestres consécutifs : + 13 % après + 27 %.

En Normandie, la fréquentation dans les hôtels n’a pas encore retrouvé au 1^er trimestre 2022 son niveau d’avant-crise. Le nombre de nuitées est inférieur de 12 % à celui du 1^er trimestre 2019, un recul moins prononcé qu’au niveau métropolitain (- 16 %). Concernant les chiffres d’affaires, après un mois de janvier 2022 très en retrait dans les hôtels par rapport au même mois de 2019 (- 22 % ; figure 4), la situation s’est ensuite nettement améliorée (- 4 % en février puis + 17 % en mars).

Dans la restauration, les évolutions sont de même nature que dans l’hôtellerie mais avec des amplitudes moins fortes. Le recul du chiffre d’affaires n’est ainsi que de 7 % en janvier 2022 par rapport à janvier 2019 et la reprise atteint + 6 % en mars, après - 3 % en février.

Les départements normands suivent la tendance régionale, que ce soit dans l’hôtellerie ou la restauration. La reprise est cependant moins forte en Seine-Maritime avec un chiffre d’affaires en mars 2022 supérieur de seulement 3 % à celui de mars 2019 dans l’hôtellerie et de 2 % dans la restauration. La situation est contrastée dans l’Eure avec une hausse marquée dans l’hôtellerie (+ 31 % en mars) et modérée dans la restauration (+ 4 %). Le Calvados bénéficie de la meilleure reprise avec un chiffre d’affaires en mars 2022 supérieur de 22 % à celui de mars 2019 dans l’hôtellerie et de 10 % dans la restauration.

Au 1^er trimestre 2022, l’emploi salarié progresse de 0,2 % en Normandie (après + 0,3 % au précédent trimestre), soit quasiment comme en France hors Mayotte (+ 0,3 % ; figure 5). Dans la région, l’emploi salarié ralentit dans le secteur privé (+ 0,2 % après + 0,6 %) mais se stabilise dans le secteur public (- 0,1 % après - 0,7 %). Sur un an, il augmente globalement de 2,1 %, soit un peu moins qu’au niveau national (+ 2,9 %).

Comme au niveau national, l’intérim normand diminue ce trimestre (- 2,2 % ; figure 6) après une nette hausse au précédent (+ 5,1 %). Sur un an, il progresse toujours vivement (+ 5,1 %).

Hors intérim, l’emploi salarié progresse de 0,2 % en Normandie ce trimestre (après + 0,1 % au précédent trimestre). Le tertiaire non marchand repart légèrement (+ 0,2 % après - 0,1 % ; figure 7) et le tertiaire marchand progresse toujours (+ 0,5 % après + 0,3 %). L’hébergement-restauration diminue de 0,5 % (après + 1,9 %), mais les services aux entreprises et les services aux ménages augmentent de 1,0 %. L’industrie reste quasiment stable (- 0,1 %), bien que la détérioration perdure dans les matériels de transport (- 1,2 %). La construction se stabilise après sept trimestres consécutifs de hausse. Sur un an, l’emploi salarié normand hors intérim progresse de 2,0 % (+ 2,8 % en France hors Mayotte), en particulier dans le tertiaire marchand (+ 4,0 %) et la construction (+ 2,2 %).

Au 1^er trimestre 2022, l’emploi salarié progresse de 0,2 à 0,3 % dans l’Eure, le Calvados et la Seine-Maritime ; il est stable dans la Manche et diminue de 0,2 % dans l’Orne (figure 8). Les secteurs tertiaires marchand et non marchand progressent tous deux dans le Calvados et surtout en Seine-Maritime. Le tertiaire marchand augmente aussi dans l’Eure (+ 0,6 %). L’industrie recule de 0,4 % dans l’Eure et l’Orne mais progresse dans la Manche (+ 0,2 %), seul département de la région où la construction diminue (- 0,7 %). En Seine-Maritime, l’intérim recule nettement ce trimestre (- 5,5 %). Sur un an l’emploi salarié est en hausse dans tous les départements, de 0,9 % dans l’Orne à 2,7 % dans le Calvados.

Au 1^er trimestre 2022, le taux de chômage est stable en Normandie, comme en France hors Mayotte (- 0,1 point), à 6,9 % de la population active (7,3 % au niveau national ; figure 9). Cette stabilité succède à une forte baisse au précédent trimestre (- 0,8 point). Sur un an, le taux de chômage diminue de quasiment 1 point dans la région.

Dans les départements normands, le taux de chômage s’établit entre 5,0 % dans la Manche, département le moins marqué par le chômage, et 7,9 % en Seine-Maritime, département le plus marqué par le chômage. Il est stable ou quasi stable (- 0,1 point) dans tous les départements normands, à l’exception de l’Eure qui enregistre une légère baisse (- 0,2 point). Sur un an, le taux de chômage recule de près de 1 point dans tous les départements normands.

Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories A, B, C (tenus de rechercher un emploi) recule à nouveau en Normandie au 1^er trimestre 2022 (- 3 % par rapport au trimestre précédent ; figure 10). Sur un an, il diminue de 9 % dans la région (- 8 % au niveau France entière). La baisse est accentuée pour les demandeurs d’emploi de catégorie A (sans activité) : - 6 % par rapport au trimestre précédent et - 18 % sur un an.

Les demandeurs d’emploi des catégories A, B, C de moins de 25 ans sont en forte diminution : - 5 % au 1^er trimestre 2022 et - 16 % sur un an. Les demandeurs d’emploi « seniors » (50 ans ou plus) sont également moins nombreux (- 2 % au 1^er trimestre 2022 et - 6 % sur un an). Le nombre de personnes inscrites depuis plus d’un an sur les listes de Pôle emploi recule de 6 % par rapport au trimestre précédent et de 15 % sur un an.

Au 1^er trimestre 2022, la baisse des demandeurs d’emploi de catégories A, B, C est de même ampleur dans tous les départements normands : de - 3,0 % dans le Calvados à - 3,5 % dans l’Orne. Sur un an, elle approche ou dépasse les 10 % (entre - 8,8 % en Seine-Maritime et - 10,6 % dans la Manche). Pour les seuls demandeurs d’emploi de catégorie A (sans activité), le recul est encore plus important : de - 17 % en Seine-Maritime à - 20 % dans le Calvados sur un an.

Au 1^er trimestre 2022, les créations d’entreprises sont en hausse en Normandie (+ 6 %) après deux trimestres consécutifs de baisse (figure 11). Elles progressent plus qu’au niveau national (+ 2 %). Les créations augmentent dans tous les secteurs (+ 5 % dans la construction, + 20 % dans les services et + 28 % pour l’industrie), à l’exclusion du regroupement commerce, transports et hébergement-restauration (- 20 %). Au cours du 1^er trimestre 2022, plus de la moitié des créations d’entreprises (56 %) se sont effectuées dans le secteur des services.

Sur un an, les créations de micro-entreprises augmentent de 6 % en Normandie, un peu plus fortement que France entière (+ 2 %). Les créations d’entreprises dites « classiques » progressent de 2 % dans la région alors qu’elles baissent légèrement au niveau national (- 1 %)

Après avoir atteint un niveau historiquement bas au 3^e trimestre 2021, le nombre de défaillances d’entreprises cumulé sur 12 mois est reparti à la hausse au 4^e trimestre 2021 (+ 2 % en Normandie), hausse qui s’intensifie au 1^er trimestre 2022 dans la région (+ 12 %) comme au niveau national (+ 9 %). Les défaillances d’entreprises augmentent dans tous les départements normands, entre + 3 % dans la Manche et + 17 % dans Ie Calvados. La progression des défaillances d’entreprises est forte dans le commerce de gros et de détail (+ 23 %) ainsi que dans l’hébergement et la restauration (+ 18 %), tandis que le nombre de défaillances baisse à nouveau dans les activités immobilières (- 11 %).