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Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté · Juillet 2022 · n° 102
Insee Analyses Bourgogne-Franche-ComtéAu-delà de la crise sanitaire, le recul de la natalité se poursuit

Fabrice Loones, Philippe Rossignol (Insee)

La population régionale diminue depuis 2015. Le déficit naturel poursuit sa dégradation et figure parmi les plus élevés de France métropolitaine. Il n'est plus compensé par le solde migratoire devenu nul depuis quelques années. En 2021, le nombre de naissances continue de décroître en raison d’un net recul en début d’année. Les baisses conjuguées du nombre de femmes en âge de procréer et du nombre moyen d’enfants par femme pèsent fortement sur l'évolution des naissances. Comme en 2020, le nombre de décès en 2021 est supérieur à celui de 2019. Il reste élevé en raison du vieillissement de la population. La crise sanitaire aurait généré 4 400 décès de plus qu’attendus entre janvier 2020 et décembre 2021. Dans la région, seul le Doubs poursuivrait sa croissance démographique grâce un excédent des naissances sur les décès.

Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté
No 102
Paru le :Paru le04/07/2022

À partir de mars 2020, les vagues successives de la Covid-19 ont des répercussions immédiates sur l’évolution démographique de la Bourgogne-Franche-Comté. La crise sanitaire n'a toutefois fait qu'accentuer la baisse tendancielle de la population. L’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité, le déficit de naissances et un nul font diminuer la population régionale.

Un déficit naturel parmi les plus élevés de France

Au 1er janvier 2022, la population de la région est estimée à 2 785 400 habitants, en baisse depuis 2015. Elle perd en moyenne 5 100 habitants par an, soit - 0,2 % entre 2015 et 2022 (source). La Bourgogne-Franche-Comté est la région de métropole qui perd le plus d’habitants. En France métropolitaine, le nombre d’habitants augmente encore, + 0,3 % en moyenne par an.

La baisse de population régionale est principalement due à un déficit naturel de plus en plus important. En 2021, 25 390 enfants sont nés et 31 600 résidents sont décédés, soit un de - 6 210 (figure 1). En Bourgogne-Franche-Comté, le est en 2021 de - 2,2  pour mille habitants. Il est de + 0,9 ‰ pour la France métropolitaine et de - 0,5 ‰ pour la France de province. La région se situe devant Nouvelle-Aquitaine et Corse (- 2,4 ‰) mais loin derrière Île-de-France (+ 6,8 ‰). Ce taux est positif dans les départements des grandes agglomérations, dans ceux de l’est d’Auvergne-Rhône-Alpes et dans certains du pourtour parisien. Il est plutôt négatif dans les départements ruraux.

Figure 1Naissances, décès, solde naturel en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2000

Naissances, décès, solde naturel en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2000
Années Décès Naissances
2000 27 431 32 981
2001 27 287 32 188
2002 27 515 31 601
2003 28 319 31 693
2004 26 020 32 140
2005 27 175 31 939
2006 26 728 32 805
2007 26 578 32 428
2008 27 143 32 629
2009 27 587 32 085
2010 27 348 32 185
2011 27 812 31 436
2012 28 392 31 219
2013 28 203 30 505
2014 27 696 30 214
2015 29 481 29 349
2016 29 499 28 300
2017 30 195 27 409
2018 30 092 26 840
2019 30 190 26 114
2020 33 660 25 660
2021 31 596 25 389
  • Source : Insee, statistiques de l’état civil (données provisoires pour 2021).

Figure 1Naissances, décès, solde naturel en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2000

  • Source : Insee, statistiques de l’état civil (données provisoires pour 2021).

Chute des naissances neuf mois après le premier confinement

Début 2021, en Bourgogne-Franche-Comté comme en France métropolitaine, le nombre de naissances chute neuf mois après le confinement de mars-avril 2020. Le contexte de crise sanitaire et de fortes incertitudes économiques ont pu décourager les couples de procréer pendant cette période et les inciter à reporter ou annuler leurs projets de parentalité. La crainte de complications pendant la grossesse avec la Covid-19 et la fermeture des centres de procréation médicalement assistée pendant le premier confinement ont également pu jouer. À partir de mars et avril 2021, le nombre de naissances repart à la hausse, bénéficiant de l’amélioration sanitaire et économique à partir de l’été 2020. Toutefois et contrairement à la tendance nationale, ce rebond ne dure pas et ne permet pas de compenser la nette baisse de début d’année.

En 2021, 270 bébés de moins sont nés par rapport à 2020 (-1,1%). Cette baisse est moins forte qu’entre 2019 et 2020 (- 1,7 %). En France métropolitaine, le nombre de naissances repart légèrement à la hausse en 2021 après dix années de baisse : 1 570 naissances de plus qu’en 2020, soit + 0,2 %. La diminution des naissances concerne principalement les régions du nord-est de la France mais aussi la Corse. À l’inverse, le nombre de naissances est particulièrement dynamique à l’ouest (Bretagne et Pays de la Loire) et au sud (Occitanie et Nouvelle Aquitaine).

Des maternités de plus en plus tardives

Le nombre de naissances dépend du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants et de leur fécondité. De 2011 à 2021, la population féminine de 15 à 49 ans diminue de 8,0 % dans la région contre - 2,5 % pour la France métropolitaine. Les femmes ont des enfants de plus en plus tard (figure 2). Les causes sont multiples : études plus longues et plus fréquentes, recherches d'emploi plus difficiles, etc. En 2021, 57,2 % des enfants nés en Bourgogne-Franche-Comté ont une mère âgée d’au moins 30 ans contre 50,6 % en 2011 et 47,1 % en 2001.

De 2011 à 2021, le nombre moyen d’enfants par femme est passé de 1,97 à 1,75 dans la région et de 2,00 à 1,80 pour la France métropolitaine. L' des femmes âgées de 25 à 34 ans, qui sont les plus fécondes, diminue fortement ces dernières années passant de 1,30 en 2011 à 1,17 en 2021. Il est en revanche stable pour celles de plus de 35 ans (0,36).

Figure 2Nombre de naissances suivant l’âge de la mère en 1991, 2001, 2011 et 2021

Nombre de naissances suivant l’âge de la mère en 1991, 2001, 2011 et 2021
Âge de la mère (ans) 1991 2001 2011 2021
14 1 3 2 2
15 17 10 8 3
16 36 36 32 11
17 108 92 78 49
18 248 198 148 85
19 562 433 314 184
20 794 621 482 302
21 1 074 765 639 393
22 1 468 891 830 575
23 2 005 1 119 1 098 701
24 2 203 1 350 1 336 930
25 2 647 1 704 1 724 1 138
26 2 786 1 971 2 041 1 385
27 2 773 2 452 2 122 1 507
28 2 678 2 697 2 179 1 749
29 2 245 2 686 2 499 1 855
30 2 129 2 622 2 427 1 880
31 1 906 2 286 2 331 1 977
32 1 641 1 985 1 983 1 819
33 1 314 1 713 1 710 1 625
34 1 087 1 464 1 557 1 443
35 918 1 231 1 247 1 305
36 801 1 027 1 101 1 113
37 585 839 920 863
38 442 618 773 751
39 323 477 633 570
40 207 339 453 436
41 158 211 311 294
42 113 163 214 201
43 62 102 102 109
44 35 44 73 71
45 15 23 39 35
46 13 13 15 11
47 3 0 9 8
48 4 1 2 5
49 4 2 4 4
  • Source : Insee, statistiques de l’état civil (données provisoires pour 2021).

Figure 2Nombre de naissances suivant l’âge de la mère en 1991, 2001, 2011 et 2021

  • Source : Insee, statistiques de l’état civil (données provisoires pour 2021).

Une moindre hausse de décès en 2021 qu’en 2020

Par rapport à 2019, le nombre de décès augmente fortement en 2020 avec la crise sanitaire inédite de + 11,5 % (soit + 3 470 décès), puis de 4,7 % en 2021 (soit + 1 410 décès).

En France métropolitaine, l’épidémie a aussi été moins marquée en 2021 (+ 6,7 %) qu’en 2020 (+ 9,3 %). Les effets de la crise sanitaire ont été funestes pour les régions de l'est de la France et l'Île-de-France en 2020 mais la situation s'est rééquilibrée en 2021.

Le nombre de décès reste élevé à cause du vieillissement de la population

Dans la région, de 2011 à 2021, le nombre de décès progresse fortement : + 1,3 % en moyenne par an contre + 0,2 % entre 2001 et 2011. Avec une population âgée de plus en plus importante et l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité, le nombre de décès devrait continuer de croître dans les prochaines années (figure 3). En 2021, la part des personnes âgées de 65 ans ou plus parmi l’ensemble de la population est de 23,9 % pour la région contre 20,9 % en France métropolitaine. Le atteint 11,3 pour mille habitants dans la région contre 9,8 ‰ pour la France métropolitaine.

En 2021, en Bourgogne-Franche-Comté, l’ est de 79,2 ans pour les hommes et de 85,2 ans pour les femmes. Après une forte baisse en 2020 due à la pandémie, ces espérances de vie retrouvent leur niveau de 2019. Elles sont légèrement plus faibles dans la région qu’en France métropolitaine. Avec l'amélioration du suivi médical des grandes causes de décès, maladies cardio-vasculaires et cancers notamment, l'espérance de vie a gagné en vingt ans 3,9 ans pour les hommes et 2,4 ans pour les femmes dans la région.

Figure 3Pyramides des âges de Bourgogne-Franche-Comté et France métropolitaine en 2022

En ‰
Pyramides des âges de Bourgogne-Franche-Comté et France métropolitaine en 2022 (En ‰)
Âge (en années) Femmes – Bourgogne-Franche-Comté Femmes – France métropolitaine Hommes – Bourgogne-Franche-Comté Hommes – France métropolitaine
0 8,15 9,51 9,09 10,57
1 8,62 9,54 9,53 10,62
2 8,97 9,86 9,66 10,95
3 9,21 9,95 10,07 11,18
4 9,59 10,28 10,31 11,37
5 9,79 10,53 10,55 11,71
6 10,08 10,81 11,07 12,05
7 10,56 11,21 11,49 12,43
8 10,70 11,27 11,92 12,62
9 10,85 11,48 12,06 12,92
10 11,02 11,65 12,42 12,96
11 11,54 11,92 12,84 13,32
12 11,40 11,76 12,71 13,18
13 11,43 11,79 12,87 13,32
14 11,53 11,78 12,98 13,19
15 11,93 11,98 13,23 13,41
16 11,43 11,67 13,05 13,17
17 11,52 11,56 13,13 13,08
18 11,06 11,47 12,73 12,95
19 10,75 11,43 12,79 12,92
20 10,67 11,48 12,83 12,98
21 10,71 11,54 12,54 13,10
22 9,94 10,84 11,47 12,15
23 9,71 10,76 11,10 11,86
24 9,24 10,48 10,52 11,42
25 9,38 10,62 10,79 11,45
26 9,37 10,57 10,39 11,27
27 9,29 10,39 9,71 10,94
28 8,96 10,47 9,91 11,02
29 9,41 11,04 10,71 11,51
30 9,86 11,28 10,74 11,75
31 9,91 11,60 10,77 12,04
32 10,52 11,82 10,82 12,00
33 10,79 12,04 10,94 12,21
34 10,86 12,12 11,09 12,23
35 11,18 12,36 11,39 12,45
36 11,30 12,34 11,51 12,42
37 11,15 12,24 11,51 12,38
38 11,01 12,05 11,38 12,18
39 11,75 12,74 12,22 12,95
40 12,04 12,83 12,37 13,06
41 12,28 12,98 12,40 13,22
42 11,45 12,23 11,80 12,52
43 10,91 11,90 11,46 12,31
44 11,32 11,90 11,62 12,38
45 11,00 11,57 11,38 12,05
46 11,31 11,88 11,63 12,44
47 12,37 12,49 12,57 13,12
48 12,97 13,14 13,52 13,71
49 13,25 13,40 13,67 14,04
50 13,55 13,27 13,91 13,98
51 13,18 13,01 13,78 13,58
52 12,98 12,89 13,71 13,34
53 13,06 12,70 13,30 13,10
54 12,87 12,64 13,37 13,06
55 13,29 12,95 13,78 13,31
56 13,49 12,99 13,71 13,27
57 13,56 13,18 13,80 13,35
58 13,27 13,05 13,66 13,10
59 13,05 12,60 13,19 12,63
60 13,54 12,64 13,32 12,55
61 13,50 12,59 13,14 12,39
62 13,48 12,57 13,36 12,25
63 13,25 12,28 13,07 11,87
64 13,54 12,21 13,17 11,75
65 13,39 12,15 12,88 11,51
66 13,17 12,04 12,51 11,27
67 13,47 11,92 12,52 11,17
68 13,06 11,67 12,53 10,87
69 13,20 11,84 12,53 10,97
70 12,98 11,47 12,45 10,63
71 13,40 11,81 12,62 10,93
72 13,31 11,59 12,34 10,61
73 13,15 11,51 12,38 10,47
74 12,86 11,22 11,82 10,12
75 11,99 10,55 10,94 9,34
76 9,07 7,93 8,12 6,84
77 8,68 7,68 7,65 6,56
78 8,23 7,43 7,02 6,25
79 7,80 6,79 6,45 5,63
80 6,64 6,02 5,45 4,83
81 7,18 6,18 5,70 4,84
82 7,52 6,45 5,53 4,84
83 7,10 6,14 5,33 4,50
84 6,79 5,91 4,90 4,14
85 6,74 5,71 4,41 3,85
86 6,16 5,39 3,91 3,37
87 5,98 5,20 3,63 3,07
88 5,58 4,68 3,12 2,63
89 5,17 4,48 2,65 2,34
90 4,61 3,93 2,24 1,94
91 4,11 3,51 1,86 1,60
92 3,42 2,82 1,44 1,19
93 2,82 2,39 1,08 0,91
94 2,33 1,93 0,76 0,69
95 1,80 1,56 0,63 0,49
96 1,45 1,20 0,40 0,36
97 0,99 0,89 0,30 0,24
98 0,77 0,66 0,20 0,16
99 1,37 1,21 0,23 0,25
  • Source : Insee, estimations de population (données provisoires).

Figure 3Pyramides des âges de Bourgogne-Franche-Comté et France métropolitaine en 2022

  • 1 : déficit des naissances durant la seconde guerre mondiale (1939-1945)
  • 2 : baby-boom
  • 3 : fin du baby-boom
  • 4 : diminution des naissances liées au recul de l'âge de la maternité suivi d'un rattrapage
  • 5 : passage des classes creuses du début des années 1990 à l'âge de la fécondité
  • Source : Insee, estimations de population (données provisoires).

Le Doubs bénéficierait de naissances supérieures aux décès

En 2021, le Doubs serait le seul département de la région où le nombre de naissances est supérieur au nombre de décès (figure 4). Toutefois, l'écart se réduit depuis une dizaine d’années. Sa propension à attirer des populations jeunes (18 à 30 ans) en lien avec la proximité de la Suisse, en fait un département du nord-est de la France particulièrement dynamique. La part de femmes en âge d’avoir des enfants dans la population y est importante alors que le nombre d’enfants par femme est dans la moyenne régionale (1,73).

Au 1er janvier 2022, le Doubs, qui gagne encore significativement des habitants, deviendrait le département le plus peuplé de la région dépassant ainsi la Saône-et-Loire. La population de Côte-d’Or serait stable et les autres départements perdraient des habitants et plus particulièrement le Territoire de Belfort (- 0,9 % en moyenne annuelle depuis trois ans), la Nièvre (- 0,8 %), et l’Yonne (- 0,6 %).

Depuis dix ans, les naissances suivent une tendance à la baisse dans tous les départements de la région. Toutefois, en 2021, elles rebondissent dans la Nièvre, la Saône-et-Loire et, dans une moindre mesure, en Haute-Saône.

Dans la Nièvre, le vieillissement de population entraîne une poursuite de la tendance à la hausse du nombre de décès en 2021 (+ 2,2 %). Dans ce département, le taux de mortalité est le plus élevé, 16,2 décès pour mille habitants. À l’inverse, il est plus faible dans le Doubs, la Côte-d’Or et le Territoire de Belfort. Ces trois départements sont les seuls où il y a davantage de personnes de moins de 20 ans que de personnes de 65 ans ou plus.

Figure 4Principaux indicateurs démographiques par département

Principaux indicateurs démographiques par département
Territoire Estimation de population au 1er janvier 2022 Naissances Domiciliées Décès Domiciliés Solde Naturel Taux de natalité Taux de mortalité brut Taux d’accroissement naturel
2021 Évolution 2021/2020 (en %) 2021 Évolution 2021/2020 (en %) 2021 En 2021 pour mille habitants
Côte-d’Or 534 400 5 010 - 3,0 5 100 - 8,8 - 90 9,4 9,6 - 0,2
Doubs 547 600 5 610 - 1,1 4 900 - 9,7 + 710 10,3 9,0 + 1,3
Jura 257 100 2 190 - 2,3 3 030 - 3,9 - 840 8,5 11,8 - 3,3
Nièvre 199 400 1 570 + 6,1 3 250 + 2,2 - 1 680 7,9 16,2 - 8,3
Haute-Saône 232 500 1 960 + 0,1 2 710 - 5,5 - 750 8,4 11,6 - 3,2
Saône-et-Loire 546 600 4 800 + 3,2 6 810 - 8,0 - 2 010 8,8 12,4 - 3,6
Yonne 330 100 2 940 - 5,4 4 370 - 1,9 - 1 430 8,9 13,2 - 4,3
Territoire de Belfort 137 700 1 310 - 5,3 1 430 - 10,1 - 120 9,5 10,3 - 0,8
Bourgogne-Franche-Comté 2 785 400 25 390 - 1,1 31 600 - 6,1 - 6 210 9,1 11,3 - 2,2
France métropolitaine 65 627 500 696 900 + 0,2 637 200 - 2,4 + 59 700 10,7 9,8 + 0,9
  • Source : Insee, statistiques de l’état civil (données provisoires pour 2021).

Encadré 1 - 4 400 décès de plus qu’attendus de janvier 2020 à décembre 2021 en raison de la crise sanitaire

Pour mesurer les effets de la crise sanitaire sur les décès, on peut supposer qu’en l’absence d’épidémie, la mortalité aurait évolué en suivant la tendance de la période récente : augmentation des décès avec l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité, freinée toutefois par le gain d’espérance de vie obtenu grâce à l'amélioration des conditions de vie et aux progrès médicaux.

Sous cette hypothèse, en 2020 et 2021, respectivement 30 400 et 30 500 habitants de Bourgogne-Franche-Comté seraient décédés. En comparaison avec les 33 700 décès observés en 2020 et 31 600 en 2021, la surmortalité imputée à la crise sanitaire pourrait être de 3 300 en 2020 et de 1 100 en 2021, soit au total 4 400 sur les deux ans. [Cette mesure de l’impact de la crise est une déclinaison pour la région de la méthode présentée par Nathalie Blanpain sur le blog de l’Insee en juillet 2021 pour en savoir plus.]

Cette estimation est inférieure au nombre de morts directement attribués à l’épidémie de la Covid-19 par les services de santé : près de 5 300 décès en établissement de santé ainsi que 2 300 décès dans les établissements médico-sociaux selon Santé publique France (SpF). Les décès attribués à la Covid-19 incluent ceux de personnes fragiles qui auraient été reliés à une autre cause en l’absence d’épidémie. De plus, des personnes porteuses de la Covid-19 sont décédées sans que l’on puisse déterminer la cause réelle. Enfin, les difficultés pour se déplacer et la crainte de sortir ont pu empêcher de soigner ou d'identifier d'autres pathologies. À l’inverse, des décès ont été évités notamment grâce aux confinements (moins de déplacements et d'accidents), aux gestes de protection et à la réduction des contacts.

Figure encadré 1Décès observés et décès attendus

Décès observés et décès attendus
Années Décès observés Décès attendus
2015 29 481
2016 29 499
2017 30 195
2018 30 092
2019 30 190 30 204
2020 33 660 30 429
2021 31 596 30 529
  • Source : Insee, statistiques de l’état civil (données provisoires pour 2021).

Figure encadré 1Décès observés et décès attendus

  • Source : Insee, statistiques de l’état civil (données provisoires pour 2021).

Encadré 2 - Baisse de la population en âge de travailler

Le recul du nombre de personnes en âge de travailler est un phénomène national. Dans la région, le nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans décline depuis 2011 alors que celui des 65 ans ou plus progresse. La baisse de la population en âge de travailler s’explique d’une part, par l’arrivée des premières générations de baby-boomers aux âges de la retraite. D’autre part, les jeunes adultes sont de moins en moins nombreux, en lien avec les changements de comportement : le recul de l’âge de la maternité, la quasi-disparition des grandes familles, le développement du travail des femmes, etc. L'accès aux études supérieures repousse également l'entrée sur le marché du travail.

L’écart entre les régions du nord de l’Hexagone (Grand Est, Hauts-de-France, Normandie et Centre-Val de Loire) et celles de l’ouest, du sud et l’Île-de-France s’explique par l’attractivité de ces territoires auprès des étudiants et des jeunes actifs. Dans la Nièvre, la baisse est nettement plus importante que dans les autres départements de la région alors qu’en Côte-d’Or, elle est plus faible. Dans le Doubs, la population en âge de travailler se stabilise depuis les cinq dernières années. L’évolution asymétrique du nombre d’actifs et de retraités peut rendre problématique l’ajustement en main-d’œuvre dans les métiers en tension de la santé et des services à la personne.

Figure encadré 2Évolution de la population totale et de 15 à 64 ans en Bourgogne-Franche-Comté et en France métropolitaine depuis 2000

Indice 100 en 2000
Évolution de la population totale et de 15 à 64 ans en Bourgogne-Franche-Comté et en France métropolitaine depuis 2000 (Indice 100 en 2000)
Années Bourgogne-Franche-Comté : 15-64 ans France métropolitaine : 15-64 ans Bourgogne-Franche-Comté : population totale France métropolitaine : population totale
2000 100,0 100,0 100,0 100,0
2001 100,2 100,6 100,3 100,7
2002 100,4 101,3 100,6 101,4
2003 100,6 102,0 100,8 102,1
2004 100,9 102,7 101,0 102,8
2005 101,1 103,5 101,4 103,6
2006 101,5 104,3 101,7 104,3
2007 102,0 105,1 102,1 105,0
2008 102,3 105,6 102,5 105,6
2009 102,3 105,9 102,8 106,1
2010 102,2 106,2 102,9 106,6
2011 102,0 106,5 103,0 107,2
2012 101,3 106,3 103,0 107,7
2013 100,5 106,1 103,1 108,2
2014 99,7 106,0 103,2 108,8
2015 98,9 105,7 103,2 109,2
2016 98,2 105,5 103,1 109,5
2017 97,3 105,3 102,8 109,8
2018 96,7 105,2 102,7 110,2
2019 96,3 105,3 102,6 110,6
2020 95,8 105,2 102,4 110,9
2021 95,3 105,3 102,1 111,2
2022 94,8 105,4 101,9 111,5
  • Source : Insee, estimations de population (données provisoires pour 2020, 2021 et 2022).

Figure encadré 2Évolution de la population totale et de 15 à 64 ans en Bourgogne-Franche-Comté et en France métropolitaine depuis 2000

  • Source : Insee, estimations de population (données provisoires pour 2020, 2021 et 2022).
Publication rédigée par :Fabrice Loones, Philippe Rossignol (Insee)

Sources

Les statistiques d’état civil sur les naissances et les décès sont issues d’une exploitation des informations transmises par les mairies à l’Insee conformément au décret n° 82-103 du 22 janvier 1982. Les naissances sont comptabilisées au lieu d’habitation de la mère et les décès le sont au lieu de résidence du défunt et non au lieu de décès. Ces données couvrent toutes les causes de décès. L’Insee ne dispose pas des causes médicales du décès.

Le recensement de la population sert de base aux estimations annuelles de population. Il en fixe les niveaux de référence pour les années où il est disponible. Pour les années 2020 et suivantes, les estimations de population sont provisoires. Elles sont réalisées en actualisant la population du dernier recensement de 2019 grâce à des estimations, d’une part, du solde naturel et, d’autre part, du solde migratoire et d’un ajustement, introduit pour tenir compte de la rénovation du questionnaire du recensement en 2018 et rendre comparables les niveaux de population annuels successifs. Le nouveau questionnaire permet de mieux appréhender les liens familiaux qui unissent les personnes habitant un même logement et d’améliorer la connaissance des lieux d’habitation des personnes ayant plusieurs résidences, notamment des enfants de parents séparés. Une explication détaillée est disponible sur insee.fr.

Définitions

Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours d’une période.

Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période.

Le taux d’accroissement naturel correspond à la différence entre les naissances et les décès enregistrés au cours de l’année, rapportée à la population totale moyenne de l’année. Il est exprimé pour mille habitants.

L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) est la somme des taux de fécondité par âge observés une année donnée. Cet indicateur peut être interprété comme le nombre moyen d’enfants qu’aurait une génération fictive de femmes qui connaîtrait, tout au long de leur vie féconde, les taux de fécondité par âge observés cette année-là. Il est exprimé en nombre d’enfants par femme. C’est un indicateur synthétique des taux de fécondité par âge de l’année considérée.

Le taux de mortalité (brut) correspond au nombre de décès enregistrés au cours de l’année rapporté à la population totale moyenne de l’année. Il est exprimé pour mille habitants.

L’espérance de vie à la naissance est égale à la durée de vie moyenne d’une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de l’année considérée. C’est un indicateur synthétique des taux de mortalité par âge de l’année considérée.

Le taux de fécondité à un âge donné (ou pour une tranche d’âges) est le nombre d’enfants nés vivants des femmes de cet âge au cours de l’année, rapporté à la population moyenne de l’année des femmes de même âge.

Le taux de natalité correspond au nombre de naissances enregistrées au cours de l’année, rapporté à la population totale moyenne de l’année. Il est exprimé pour mille habitants.

Pour en savoir plus

Blanpain N., « Impact de l’épidémie de Covid-19 : 95 000 décès de plus qu’attendus de mars 2020 à décembre 2021 », Insee Première n° 1902, mai 2022.

Papon S., « Bilan démographique 2021 - La fécondité se maintient malgré la pandémie de Covid-19 », Insee Première n° 1889, janvier 2022.

Daguet F., « La fécondité après 40 ans ne cesse d’augmenter depuis 1980 », Insee Première n° 1885, janvier 2022.

Branche-Seigeot A., Loones F., Rossignol P., « En Bourgogne-Franche-Comté, une population encore en baisse au 1er janvier 2021 », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n° 125, mai 2021.