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Insee Flash Occitanie · Juin 2022 · n° 121
Insee Flash OccitanieJeunesse et vieillesse : les deux grandes étapes de la vie en communauté

Rémi Lardellier (Insee)

Les personnes âgées dépendantes en Ehpad et les élèves en internat sont les deux populations les plus nombreuses parmi les personnes vivant en communauté en Occitanie. Ce mode de vie est plus fréquent dans les départements les plus ruraux et la Lozère fait même figure d’exception à l’échelle nationale : 7 % des Lozériens vivent au sein d’une communauté, en raison notamment de l’importance de l’offre d’hébergement des établissements médico-sociaux. Les populations très masculines de militaires en caserne et de détenus augmentent depuis dix ans dans la région alors que les populations plus féminines des communautés religieuses diminuent.

Insee Flash Occitanie
No 121
Paru le :Paru le27/06/2022
Publication rédigée par :Rémi Lardellier (Insee)

En Occitanie en 2019, 154 000 personnes vivent dans une , principalement dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), un internat ou un établissement d’hébergement médical ou social (source). À ce titre, elles partagent un mode de vie en commun comme la prise de repas. Elles représentent 2,6 % de la population de la région, une part identique à la moyenne de France de province.

42 200 femmes vivent en Ehpad

Avec 57 400 personnes âgées hébergées, les Ehpad regroupent plus d’un tiers de la population en communauté. Trois sur quatre sont des femmes (42 200) (figure 1), principalement parce qu’elles vivent plus longtemps que les hommes. En 2019, l’espérance de vie des femmes à la naissance est de 86 ans alors que celle des hommes n’est que de 80 ans. De ce fait, les hommes dépendants sont souvent pris en charge par leur conjointe. Les femmes se retrouvent ensuite seules et lorsqu’elles perdent leur autonomie, rejoignent une structure collective.

Figure 1Population par âge et sexe vivant en Ehpad en 2019 et 2009

Population par âge et sexe vivant en Ehpad en 2019 et 2009 - Lecture : en 2019, près de 2 800 femmes de 91 ans vivent en Ehpad contre seulement 1 193 en 2009. Les effectifs inférieurs à 200 doivent être interprétés avec précaution.
Âge Hommes 2009 Femmes 2009 Hommes 2019 Femmes 2019
0 16 26 3 3
1 2 1 3 0
2 0 0 1 3
3 1 6 0 2
4 5 1 0 1
5 1 1 1 2
6 0 1 0 0
7 1 1 0 0
8 0 0 0 0
9 1 2 0 0
10 0 0 0 0
11 0 1 0 0
12 0 2 0 0
13 1 4 0 1
14 7 1 1 1
15 3 5 0 0
16 3 2 1 2
17 6 14 2 0
18 2 6 0 2
19 0 0 0 0
20 8 6 0 1
21 6 2 1 3
22 3 2 1 2
23 1 0 0 1
24 6 1 0 5
25 3 4 3 5
26 1 2 0 1
27 2 8 1 2
28 1 4 3 1
29 5 1 0 1
30 2 1 0 1
31 0 10 0 1
32 5 5 2 4
33 7 4 2 4
34 1 2 1 2
35 2 2 2 2
36 4 6 0 1
37 3 4 0 2
38 5 4 0 1
39 6 5 0 0
40 5 10 0 1
41 9 1 0 1
42 12 4 0 2
43 9 5 1 3
44 5 3 1 1
45 6 2 3 1
46 6 4 2 0
47 9 3 0 5
48 14 5 4 2
49 14 2 1 4
50 18 19 5 2
51 18 12 6 2
52 21 26 4 8
53 30 18 9 6
54 38 32 14 12
55 33 24 16 6
56 59 56 21 25
57 64 61 30 15
58 101 65 46 29
59 84 72 57 38
60 110 80 73 38
61 148 119 116 84
62 140 110 113 80
63 151 110 128 114
64 158 120 135 144
65 118 116 177 138
66 145 149 177 177
67 148 126 234 179
68 147 167 239 222
69 195 182 222 238
70 196 209 234 212
71 223 274 260 265
72 214 281 219 260
73 264 321 261 280
74 247 378 244 377
75 298 428 234 357
76 345 567 282 441
77 333 615 320 428
78 336 742 313 554
79 466 879 347 630
80 492 1 051 393 803
81 483 1 211 441 972
82 526 1 433 472 1 098
83 570 1 631 547 1 348
84 655 1 934 605 1 561
85 705 2 083 687 1 903
86 698 2 335 789 2 141
87 632 2 282 750 2 345
88 655 2 174 768 2 514
89 498 2 024 748 2 669
90 406 1 580 729 2 697
91 300 1 193 735 2 794
92 285 1 267 656 2 592
93 294 1 375 614 2 515
94 250 1 262 496 2 250
95 211 1 174 390 1 962
96 198 922 285 1 500
97 133 775 210 1 078
98 80 527 133 702
99 39 369 69 502
100 26 183 27 251
  • Lecture : en 2019, près de 2 800 femmes de 91 ans vivent en Ehpad contre seulement 1 193 en 2009. Les effectifs inférieurs à 200 doivent être interprétés avec précaution.
  • Champ : personnes vivant en communauté, Occitanie
  • Source : Insee, recensements de la population 2009 et 2019

Figure 1Population par âge et sexe vivant en Ehpad en 2019 et 2009

  • Lecture : en 2019, près de 2 800 femmes de 91 ans vivent en Ehpad contre seulement 1 193 en 2009. Les effectifs inférieurs à 200 doivent être interprétés avec précaution.
  • Champ : personnes vivant en communauté, Occitanie
  • Source : Insee, recensements de la population 2009 et 2019

L’entrée en Ehpad reste rare avant 75 ans (moins de 1 % des 65-74 ans) puis se développe au-delà (8 % des 75 ans ou plus). Les seniors de 75 ans ou plus résident plus souvent en Ehpad dans les départements ruraux : 14,5 % en Lozère et 12,0 % dans l’Aveyron contre seulement 6,5 % dans le Gard et 5,7 % dans les Pyrénées-Orientales. Cette différence s’explique par la difficulté à les maintenir à domicile lorsqu’ils sont plus isolés mais aussi par un grand nombre de places dans ces départements [Montcoudiol et al., 2019].

Depuis 2009, le nombre de personnes de 75 ans ou plus en Ehpad a augmenté en moyenne de 1,9 % chaque année dans la région. La hausse est portée uniquement par les personnes âgées d’au moins 90 ans. Les personnes âgées de 75 à 89 ans sont moins nombreuses à résider dans ces établissements d’une part grâce à une amélioration de leur santé et d’autre part grâce au développement de solutions alternatives telles que le maintien à domicile et les résidences seniors.

Collégiens et lycéens sont plus souvent internes dans les départements les plus ruraux

Les adolescents en internat constituent la deuxième population la plus importante vivant en communauté : 38 000 jeunes vivent dans ces structures, dont 32 000 de moins de 19 ans. La part des élèves internes augmente au cours de la scolarité, passant de 1,6 % parmi les 11-14 ans (collégiens) à 9,7 % parmi les 15-18 ans (lycéens).

Du fait de l’éloignement aux établissements scolaires [Flachère, Frénois, 2022], les collégiens et lycéens des territoires ruraux sont plus souvent internes. En Lozère, 9,3 % des collégiens et 42,9 % des lycéens sont internes, contre 0,6 % des collégiens et 5,3 % des lycéens héraultais.

Les jeunes hommes sont plus souvent internes que les jeunes femmes, notamment parce qu’ils sont plus nombreux à suivre une filière professionnelle. Ces filières étant moins nombreuses que les filières générales, la part d’élèves internes y est aussi plus élevée en raison de l’éloignement du lieu d’étude.

Enfin, certains établissements renforcent leur attractivité au-delà des seuls jeunes de leur secteur académique en créant des filières avec des internats dits d’excellence qui proposent aux jeunes un accompagnement pédagogique personnalisé ainsi que des activités sportives et culturelles. La Lozère compte par exemple 4 des 14 collèges avec internat d’excellence d’Occitanie.

La Lozère, terre de communautés

À l’échelle nationale, la Lozère fait figure d’exception : 7,5 % des habitants du département vivent en communauté, bien plus que dans les départements voisins et ruraux du Massif central où leurs parts sont également élevées (environ 4,5 % en Corrèze, en Aveyron, dans la Creuse et le Cantal). L’importance des communautés dans ce département s’explique par la présence de nombreux Ehpad et internats mais aussi par le poids du secteur médico-social : 2,6 % des Lozériens (soit 2 000 personnes) vivent dans un établissement sanitaire ou social de moyen ou long séjour, contre 0,6 % à l’échelle de l’Occitanie comme de la France métropolitaine.

La présence de nombreuses structures médico-sociales en Lozère, notamment des maisons d’accueil spécialisées et des foyers d’accueil médicalisés, s’inscrit dans le renouvellement d’une tradition ancienne d’accueil des populations. Dans ce département, certains établissements ou leurs gestionnaires sont les héritiers d’anciens dispensaires, préventoriums anti-tuberculeux ou orphelinats. La reconversion de ces établissements et le développement de nouvelles structures d’hébergement, notamment pour adultes handicapés, au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle résulte de l’implication de communautés religieuses et d’élus locaux qui ont facilité la création d’établissements et de services au-delà du seul besoin de la population locale [Rapegno, 2014].

Militaires et détenus : des communautés très masculines

Parmi les autres communautés, les militaires constituent des populations quasi exclusivement masculines (97 % d’hommes). Plus encore que dans les autres régions, la faible part des femmes dans les casernes d’Occitanie s’explique par la présence de régiments de la Légion étrangère qui ne comptent aucune femme dans leurs rangs (à La Cavalerie dans l’Aveyron, à Castelnaudary dans l’Aude, à Laudun-l’Ardoise dans le Gard). La moitié des 7 200 militaires vivant en caserne dans la région ont moins de 25 ans et sont plus souvent implantés dans une ville-centre (70 %). Depuis 2009, ces militaires sont de plus en plus nombreux (+ 3,6 % en moyenne chaque année), notamment dans l’Aveyron, le Gard et l’Ariège.

Les établissements pénitentiaires regroupent également une population principalement masculine (à 97 %). Les personnes mises en causes dans les cas de crimes et délits étant très majoritairement des hommes, ces derniers sont plus susceptibles d’être condamnés à des peines de détention. En Occitanie, seuls les établissements de Nîmes (Gard), Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), Perpignan (Pyrénées-Orientales), Lavaur (Tarn) et Seysses (Haute-Garonne) disposent de quartiers pour femmes. Parmi les 5 700 détenus d’Occitanie, la moitié d’entre eux a moins de 33 ans. Les établissements pénitentiaires sont implantés aussi bien en ville-centre qu’en banlieue (respectivement 50 % et 45 % des détenus). Le nombre de détenus augmente fortement (+ 2,7 % par an depuis 2009).

À l’inverse, les communautés religieuses sont très largement féminines (73 %) et âgées : la moitié de leurs 2 600 membres ont plus de 67 ans. Cette population résidant en ville-centre (46 %) ou hors unité urbaine (38 %) diminue rapidement (- 3,3 % par an depuis 2009).

Enfin, 7 600 étudiants résident dans une cité universitaire avec un mode de vie communautaire. Ces hébergements étant à proximité d’établissements universitaires, la majeure partie de ces jeunes sont dans l’Hérault et en Haute-Garonne (6 000 personnes).

Publication rédigée par :Rémi Lardellier (Insee)
Publication rédigée par :Rémi Lardellier (Insee)

Sources

Les résultats sont issus des millésimes 2009 et 2019 du recensement de la population. Les habitants sont ici répartis en trois catégories : les personnes vivant en ménages ordinaires (97,2 %), celles qui vivent en communauté (2,6 %) et les personnes vivant dans des habitations mobiles, les mariniers et les personnes sans abri (0,2 %). La population vivant en communauté est recensée de manière exhaustive tous les 5 ans, à raison d’environ un cinquième par an.

Définitions

Une communauté est un ensemble de locaux d'habitation relevant d'une même autorité gestionnaire et dont les habitants partagent à titre habituel un mode de vie commun. La population de la communauté comprend les personnes qui résident dans la communauté, à l'exception de celles qui résident dans des logements de fonction.

Pour en savoir plus

Brutel C., « En 2019, 1,6 million de personnes vivent en communauté : Ehpad, internat, foyer de travailleurs, … », Insee Première n° 1906, juin 2022

Montcoudiol N., de la Rochère B., Escrouzailles R., « L’Occitanie face aux enjeux du grand âge : 115 000 seniors dépendants de plus en 2040 », Insee Analyses Occitanie n° 86, novembre 2019

Flachère M., Frénois L., « Scolarité en milieu rural : des élèves souvent plus éloignés de leur établissement, des études plus courtes », Insee Flash Occitanie n° 115, janvier 2022

Rapegno N., « Étude de cas : la Lozère et la Corrèze ou des départements ruraux aux forts taux d’équipement » dans « Ouvrir dans un nouvel ongletÉtablissements d’hébergement pour adultes handicapés en France : enjeux territoriaux et impacts sur la participation sociale des usagers », pp.152-158, Thèse de doctorat en géographie, EHESS, novembre 2014