Insee Flash Ile-de-France · Mai 2022 · n° 67

En Île-de-France, 13 % des habitants vivent dans un QPV, deux fois plus qu’en province Quartiers prioritaires de la politique de la ville

L’Île-de-France compte 272 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Dans ces quartiers, caractérisés par une concentration de bas revenus, vivent 1 570 300 Franciliens en 2018. Cela représente 13 % de la population totale de la région. Cette proportion, deux fois plus élevée qu’en province, est la plus forte de toutes les régions de France métropolitaine. Elle est stable entre 2013 et 2018. En effet, la population des QPV a progressé au même rythme que la population totale, soit + 0,3 % en moyenne par an (+ 24 000 habitants dans les QPV au total en cinq ans).

Les QPV de la région sont parmi les plus peuplés de France : ils comptent en moyenne 5 800 habitants, à comparer à 3 300 dans les autres régions. Cette moyenne masque de grandes disparités. Dans 80 QPV, la population est inférieure à 2 000 habitants. À l’opposé, certains sont très peuplés : 38 QPV regroupent la moitié de la population totale des QPV de la région, avec plus de 10 000 habitants chacun. Le plus peuplé, à l’échelle régionale comme nationale, s’étend sur les communes d’Aubervilliers, de La Courneuve et de Saint-Denis. Il s’agit du QPV Franc Moisin − Cosmonautes − Cristino Garcia – Landy qui compte un peu plus de 126 000 habitants, soit environ la population d’une commune comme Boulogne-Billancourt ou Annecy. Avec un peu plus de 45 000 habitants, le deuxième QPV le plus peuplé est celui des Beaudottes : il est également situé en Seine-Saint-Denis, à cheval sur les communes d’Aulnay-sous-Bois et de Sevran.

Entre 2013 et 2018, la population des QPV a globalement suivi la même évolution que celle des départements dans lesquels ils sont situés. Ainsi, elle est stable dans les Hauts-de-Seine et a très peu évolué dans les Yvelines, la Seine-et-Marne et l’Essonne (± 0,1 % par an). Elle a davantage progressé dans le Val-de-Marne et le Val-d’Oise (+ 0,5 % par an). En Seine-Saint-Denis, la croissance de la population vivant dans un QPV, de 0,6 % par an en moyenne, est cependant moindre que celle de la population départementale (+ 1,0 % par an). La part des personnes vivant en QPV y a donc légèrement diminué, passant de 39 % à 38 %.

Paris est le seul département de la région où la population vivant en QPV diminue significativement (- 0,5 % par an). Cette évolution est identique à celle de l’ensemble de la population parisienne, si bien que la proportion de Parisiens habitant dans un QPV est stable (7 %).

Dans la métropole du Grand Paris (MGP), un peu plus de 1 060 000 habitants vivent dans un QPV, soit 15 % de sa population. Avec 158 QPV, cette intercommunalité regroupe à elle seule plus des deux tiers des habitants de tous les QPV franciliens.

Au sein de la MGP, globalement, c’est dans les établissements publics territoriaux (EPT) de Seine-Saint-Denis que la part de la population vivant en QPV est la plus élevée. Dans l’EPT Plaine Commune, cette part est maximale : deux habitants sur trois vivent dans un QPV, soit 291 000 habitants (figure 1a et figure 1b). Dans les communes d’Aubervilliers et de La Courneuve, 87 % de la population vivent en QPV. Ce constat s’explique par les revenus relativement faibles de leurs habitants : dans ces deux communes, le taux de pauvreté monétaire est respectivement de 44 % et 41 %. Hors de la MGP, les communes de Grigny dans l’Essonne (85 %) et de Villiers-le-Bel dans le Val-d’Oise (77 %) comptent également une grande majorité d’habitants résidant au sein d’un QPV.

L’Île-de-France est la région la plus jeune de France métropolitaine. Cette caractéristique est encore plus prononcée dans les QPV de la MGP où un résident sur quatre a moins de 15 ans, contre en moyenne un sur cinq dans la population totale de la MGP. Dans les QPV de Paris, cette part est la plus faible (17 % sont âgés de moins de 15 ans). À l’opposé, dans l’EPT Grand Paris Grand Est, elle est la plus élevée de la MGP : 28 % des habitants des QPV ont moins de 15 ans.

En lien avec la forte présence d’enfants, la part des ménages de six personnes ou plus est près de trois fois plus élevée dans les QPV : elle s’élève à 6 %, alors qu’elle est de 2 % dans l’ensemble de la MGP. En outre, au sein des QPV, plus d’une famille sur trois est monoparentale (figure 2) ; cette proportion atteint près de 36 % dans l’EPT Paris Ouest La Défense.

Du fait de la forte concentration de logements sociaux dans les QPV, les habitants sont rarement propriétaires de leur logement : plus de huit ménages sur dix sont locataires de leur logement principal contre 50 % dans la région. Dans les QPV de l’EPT Paris Ouest La Défense, cette part atteint même 97 %.

Les personnes vivant dans les QPV sont plus souvent immigrées que dans l’ensemble de la population de la MGP (36 % contre 23 %). Dans l’EPT Plaine Commune, quatre résidents de QPV sur dix sont immigrés, soit près de deux fois plus que dans la MGP.

Au sein des QPV, le taux de chômage (au sens du recensement de la population), à 23 %, est nettement plus haut que dans l’ensemble de la MGP, où il s’élève à 13 %. Dans les QPV de l’EPT Paris Terres d’Envol, il atteint son niveau maximal (26 %). Toutefois, le taux de chômage dans les QPV de la MGP est plus faible que dans l’ensemble des QPV de France métropolitaine. En Île-de-France, et notamment dans la MGP, le marché du travail est particulièrement difficile pour les jeunes de 15 à 24 ans. Le taux d’emploi (qui rapporte le nombre de personnes en emploi à l’ensemble de la population d’une même classe d’âge) pour cette tranche d’âge est de 24 %, soit trois points au-dessous de celui observé dans l’ensemble de la MGP. Dans les QPV, la proportion de jeunes de 16 à 25 ans ni scolarisés ni en emploi est ainsi près du double de celle observée dans l’ensemble de la MGP (22 % contre 12 %).