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Insee Analyses Centre-Val de Loire · Mars 2022 · n° 84
Insee Analyses Centre-Val de LoireEn 2019, 61 % des entreprises classiques sont encore actives cinq ans après leur création

Caroline Chalot, Maxime Simonovici (Insee)

En Centre-Val de Loire, 61 % des entreprises classiques (hors régime de l’auto-entrepreneur) créées en 2014, sont encore actives en 2019. Ce taux de pérennité à 5 ans est en progrès depuis 2002. Parmi ces entreprises classiques les sociétés sont les plus pérennes cinq ans après (70 %) et davantage que celles créées en 2010 (66 %). Elles sont aussi plus nombreuses parmi les créations que les entreprises individuelles classiques, dont une sur deux est toujours en activité au bout de cinq ans. Ces dernières sont plus pérennes dans le secteur de l’enseignement, de la santé humaine et de l’action sociale (74 %). La pérennité à cinq ans des entreprises reprises (70 %) dépasse celle des entreprises créées. Les caractéristiques du créateur, comme le sexe ou le niveau d’études, ont peu d’incidence sur le maintien en activité des entreprises, même si les chances de continuer leur activité cinq années plus tard sont un peu plus grandes lorsque le créateur a plus d’expérience dans le métier principal. Par ailleurs, mobiliser des moyens financiers importants au démarrage en 2014 favorise la pérennité des projets.

La pérennité à cinq ans des auto-entrepreneurs, régime apparu en 2009, est moins élevée (35 % des entreprises créées en 2014) et suit une évolution moins favorable (- 3 points par rapport aux créations en 2010). Comme pour les entreprises classiques, leur pérennité est plus forte dans le secteur de l’enseignement, de la santé humaine et de l’action sociale.

Insee Analyses Centre-Val de Loire
No 84
Paru le :Paru le17/03/2022

Une pérennité à cinq ans des entreprises classiques stable entre 2010 et 2014

Au premier semestre 2014, hors régime de l’auto-entrepreneur, 3 500 ont été créées en Centre-Val de Loire et 61 % d’entre elles sont encore actives en 2019. Ce taux de pérennité à cinq ans est stable par rapport à celui des entreprises créées en 2010.

Sur les quatre générations étudiées (source), deux groupes de générations d’entreprises classiques se différencient au regard de leur pérennité. Dans le premier, les entreprises créées en 2002 et 2006 enregistrent des taux de pérennité à cinq ans relativement proches, 55 % et 56 % (figure 1). La génération 2006 est singulière du fait de l’effet négatif sur la pérennité à trois ans et plus de la crise bancaire et financière de 2008. Le taux de pérennité à un an était pourtant particulièrement élevé (93 %). Le deuxième groupe réunit les générations 2010 et 2014 d’entreprises plus pérennes à cinq ans (61 %), créées après la loi de modernisation de l’économie (encadré 3). Elles résistent notamment mieux entre leur deuxième et troisième année. Cette distinction entre ces deux groupes de générations est également observée à l’échelle nationale, avec des taux de pérennité à cinq ans peu différents de ceux de la région : 54 % et 55 %, 60 % et 62 %.

Figure 1Taux de pérennité par génération d’entreprises classiques et par année

en %
Taux de pérennité par génération d’entreprises classiques et par année (en %)
Entreprises classiques 2002 Entreprises classiques 2006 Entreprises classiques 2010 Entreprises classiques 2014 Auto-entrepreneurs 2010 Auto-entrepreneurs 2014
1 an 88 93 92 91 78 76
2 ans 78 81 81 82 60 60
3 ans 68 70 73 73 47 49
4 ans 61 63 65 67 40 41
5 ans 55 56 61 61 38 35
  • Champ : Centre-Val de Loire, entreprises classiques et auto-entrepreneurs ayant réellement démarré leur activité des secteurs marchands non agricoles immatriculées au premier semestre des années considérées.
  • Sources : Insee, enquêtes Sine 2002, 2006, 2010 et 2014 et auto-entrepreneurs 2010 et 2014

Figure 1Taux de pérennité par génération d’entreprises classiques et par année

  • Champ : Centre-Val de Loire, entreprises classiques et auto-entrepreneurs ayant réellement démarré leur activité des secteurs marchands non agricoles immatriculées au premier semestre des années considérées.
  • Sources : Insee, enquêtes Sine 2002, 2006, 2010 et 2014 et auto-entrepreneurs 2010 et 2014

Une nette amélioration de la pérennité des sociétés entre 2002 et 2014

À autres caractéristiques identiques (Pour comprendre), une société a nettement plus de chances d’être encore active à cinq ans qu’une entreprise individuelle classique (hors régime de l’auto-entrepreneur) : 70 % contre 51 % en 2014. Entre 2002 et 2014, le taux de pérennité à cinq ans des sociétés gagne 9 points, passant de 61 % à 70 %, tandis que celui des entreprises individuelles stagne autour de 52 %. Par ailleurs, l’évolution de la pérennité des sociétés créées en 2010 et 2014 est plus régulière que celle des générations 2002 et 2006 marquée par des cessations d’activité plus fréquentes entre la deuxième et la troisième année. La génération 2014 se démarque avec un taux de pérennité bien supérieur aux précédentes dès la deuxième année (+ 19  points, contre + 13 points en 2006 par exemple).

À l’échelle de la France de province (France métropolitaine hors Île-de-France), le maintien en activité des sociétés est également nettement plus élevé (69 % contre 53 % en 2014), mais sa progression depuis 2002 est similaire à celle des entreprises individuelles (entre 5 et 6 points).

À partir de la génération 2010, les sociétés sont majoritaires parmi les entreprises classiques créées, le nouveau statut d’auto-entrepreneur ayant pu être privilégié à celui des entreprises individuelles. Ainsi, en 2010, les sociétés représentent 60 % des créations, contre 43 % en 2006. Plus pérennes et plus nombreuses que les entreprises individuelles, leur surreprésentation contribue à l’amélioration du taux de pérennité global à cinq ans.

D’importants moyens financiers au démarrage favorisent la pérennité

Quelle que soit la période considérée, plus les moyens financiers investis au départ sont élevés, plus les chances d’être encore actives à cinq ans augmentent pour les entreprises du Centre-Val de Loire. Ainsi, celles qui débutent en 2014 avec des sommes de 80 000 euros ou plus restent les plus pérennes (77 %). À l’opposé, les projets aux montants investis inférieurs à 2 000 euros sont toujours nettement moins pérennes à cinq ans (53 %). Ce phénomène concerne les quatre générations d’entreprises classiques, aussi bien régionales que nationales.

Cependant, l’augmentation de la part des créations avec un faible financement initial ne se traduit pas par une baisse du taux de pérennité à cinq ans. Après avoir baissé de 20 % à 17 % entre 2002 et 2010, la part des projets réunissant moins de 2 000 euros au démarrage augmente de 11 points en 2014 pour atteindre 28 % (figure 2). Ceci entraîne un recul du poids des financements de plus de 8 000 euros (- 11 points). L’augmentation du poids des sociétés, généralement porteuses de projets aux moyens financiers investis plus conséquents (une sur cinq démarre avec un financement de plus de 80 000 €), ne s’est pas accompagnée d’une hausse générale des montants de départ investis. Le constat est identique à l’échelle de la France de province.

Figure 2aRépartition des moyens investis à la création des entreprises classiques

en %
Répartition des moyens investis à la création des entreprises classiques (en %)
Année Moins de 2 000 € 2 000 à moins de 8 000 € 8 000 à moins de 16 000 € 16 000 à moins de 40 000 € 40 000 à moins de 80 000 € 80 000 € ou plus
2002 20 27 17 16 9 11
2006 19 27 16 17 9 12
2010 16 23 16 20 10 15
2014 27 23 13 16 8 13
  • Champ : Centre-Val de Loire, entreprises classiques des secteurs marchands non agricoles immatriculées au premier semestre des années considérées.
  • Sources : Insee, enquêtes Sine 2002, 2006, 2010 et 2014

Figure 2aRépartition des moyens investis à la création des entreprises classiques

  • Champ : Centre-Val de Loire, entreprises classiques des secteurs marchands non agricoles immatriculées au premier semestre des années considérées.
  • Sources : Insee, enquêtes Sine 2002, 2006, 2010 et 2014

Les entreprises de l’enseignement, de la santé humaine et de l’action sociale restent les plus pérennes

Le secteur d’activité joue un rôle discriminant dans la pérennité des entreprises classiques créées en 2014 (figure 3). Des générations 2006 à 2014, les entreprises classiques du secteur de l’enseignement, de la santé humaine et l’action sociale restent les plus actives à cinq ans (entre 66 % et 74 %). En dépit d’une progression continue, la pérennité des entreprises du commerce de 2014 est en deçà de la moyenne régionale (57 %). Les entreprises de ce secteur figurent parmi les moins pérennes avec celles de la construction et des activités immobilières, dont 58 % et 50 % existent encore après cinq ans.

Alors que l’industrie est le secteur où les entreprises de 2010 maintiennent le plus leur activité à cinq ans (77 %), la pérennité des créations de 2014 y est un peu moindre (68 %). Dans le secteur des services aux particuliers, de l’hébergement et de la restauration le taux de pérennité n’a pas réellement évolué au fil des trois générations 2006, 2010 et 2014. S’il était supérieur au taux tous secteurs confondus pour la génération 2006, il y est égal pour les suivantes. La pérennité des créations de 2014 dans les services aux entreprises, l’information et la communication est en recul, mais reste supérieure à celle tous secteurs confondus (+ 2 points).

Entre 2006 et 2014, la répartition des créations dans les différents secteurs n’a pas connu de grands changements. Seul le commerce se démarque avec une perte de 8 points en termes de poids dans les créations sur toute la période. Les évolutions à l’échelle nationale sont similaires et les secteurs les plus pérennes restent ceux qui pèsent le moins dans les créations en 2014.

Figure 3Taux de pérennité à cinq ans selon leur secteur d’activité

en %
Taux de pérennité à cinq ans selon leur secteur d’activité (en %)
Secteurs d’activités 2006 2010 2014
Activités immobilières 41 47 50
Commerce, réparation d’automobiles et de motocycles 51 53 57
Construction 54 57 58
Enseignement, santé humaine et action sociale 66 72 74
Activités financières et d’assurance 64 69 64
Industrie 63 77 68
Services aux entreprises, information et communication 62 66 63
Services aux particuliers, hébergement et restauration 59 61 60
Transport et entreposage 63 62 70
Ensemble 56 61 61
  • Note : Ces « secteurs d’activités » ont été constitués pour les besoins de l’étude à partir de la nomenclature d'activités française révision 2
  • Champ : Centre-Val de Loire, entreprises classiques des secteurs marchands non agricoles immatriculées au premier semestre des années considérées.
  • Sources : Insee, enquêtes Sine 2006, 2010 et 2014

Les reprises sont plus pérennes que les nouvelles entreprises

Les reprises représentent 13 % des créations dans la région, en 2014 comme en 2010. Reprendre une entreprise plutôt qu’en créer une en 2014 accroît les chances de la voir passer le cap des cinq années d’existence (70 % contre 60 %). Ce constat est fait pour les quatre générations considérées avec un écart de 8 à 16 points de pérennité à cinq ans entre les entreprises classiques reprises et celles créées. L’écart de pérennité est faible (2 points) lors de la première année d’existence ou de reprise pour la génération 2014, et se creuse jusqu’à la quatrième année (10 points) pour se stabiliser à la cinquième. En France de province, les écarts de pérennité entre ces deux types de projets, ainsi que ces différences entre les générations, s’observent également. La capacité des reprises à se maintenir en activité diffère en fonction de leur statut juridique. Les sociétés reprises en 2014 en Centre-Val de Loire sont particulièrement nombreuses à atteindre leur cinquième anniversaire (74 %), en comparaison des entreprises individuelles (63 %) dont la pérennité décline depuis la génération 2006 (- 6 points contre + 4 points pour les sociétés).

Une pérennité qui croît avec l’âge et l’expérience du créateur

Les entreprises créées en 2014 par des entrepreneurs ayant entre 40 et 49 ans sont plus pérennes à cinq ans (65 %) que celles créées par ceux de moins de 30 ans (56 %) ou ceux de plus de 50 ans (62 %). Néanmoins, depuis la génération 2010, les écarts observés entre classes d’âge se resserrent. Les entreprises de 2002 et 2006 aux créateurs les plus jeunes et qui comprenaient également les projets aujourd’hui portés par des auto-entrepreneurs, étaient nettement moins actives à cinq ans que les autres (respectivement - 16 points et - 11 points). Ainsi, le taux de pérennité des entreprises créées par les moins de 30 ans, hors auto-entreprenariat, a davantage progressé que celui des entreprises créées par des personnes de 50 ans ou plus (+ 12 points contre + 9 points). La pérennité à cinq ans des entreprises de France de province créées en 2014 est également plus élevée pour les entrepreneurs âgés de 40 à 49 ans, à un niveau proche de celles des créateurs âgés de 30 à 39 ans (65 % et 63 %).

Dans la région comme au niveau national, les créateurs d’entreprises classiques sont un peu plus âgés en 2014 qu’en 2002. Au fil des générations, la part des entrepreneurs de moins de 40 ans diminue (- 7 points, soit 50 %), avant tout au bénéfice de ceux de plus de 50 ans (+ 6 points, soit 22 %). Néanmoins, ceux âgés de 30 à 39 ans restent les plus nombreux (30 %).

Figure 4Taux de pérennité à cinq ans des entreprises classiques créées en 2010 et en 2014 selon l’expérience du créateur dans le métier principal

en %
Taux de pérennité à cinq ans des entreprises classiques créées en 2010 et en 2014 selon l’expérience du créateur dans le métier principal (en %)
Durée de l’expérience 2010 2014
Aucune expérience 55 56
Moins de 3 ans 58 56
De 3 à 10 ans 58 60
Plus de 10 ans 65 65
  • Champ : Centre-Val de Loire, entreprises classiques des secteurs marchands non agricoles immatriculées au premier semestre des années considérées.
  • Sources : Insee, enquêtes Sine 2010 et 2014

Figure 4Taux de pérennité à cinq ans des entreprises classiques créées en 2010 et en 2014 selon l’expérience du créateur dans le métier principal

  • Champ : Centre-Val de Loire, entreprises classiques des secteurs marchands non agricoles immatriculées au premier semestre des années considérées.
  • Sources : Insee, enquêtes Sine 2010 et 2014

Par ailleurs, pour la génération 2014 (comme 2010), l’expérience professionnelle du créateur joue un rôle important dans la pérennité des entreprises : les projets des personnes ayant plus de dix ans d’expérience dans le métier principal (figure 4) sont significativement plus pérennes que ceux des créateurs qui n’ont aucune expérience (65 % contre 56 %).

Peu de liens entre la pérennité et les autres caractéristiques du créateur

Si les entreprises classiques dont les créateurs sont au chômage ou inactifs sont moins pérennes à cinq ans que celles des salariés, les autres caractéristiques socio-démographiques du créateur ne jouent pas un rôle déterminant dans le risque de cessation des entreprises.

En Centre-Val de Loire, les entreprises créées en 2014 par les hommes ont un taux de pérennité proche de celles créées par les femmes (62 % contre 59 %). Néanmoins, ceci masque des disparités sectorielles : les entreprises portées par des femmes dans l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale résistent mieux à cinq ans (76 % contre 71 %). Les projets portés par des hommes sont plus pérennes dans le secteur des services aux entreprises, de l’information et la communication (66 % contre 55 %). Sur toute la période, la répartition des créateurs par sexe varie peu : les nouveaux créateurs restent en majorité des hommes (72 % en 2014).

Par ailleurs, comme celui de l’ensemble de la population, le niveau de diplôme des nouveaux entrepreneurs augmente : 39 % des créateurs d’entreprises classiques sont diplômés de l’enseignement supérieur en 2014, contre 26 % en 2002. Cependant, à autres caractéristiques identiques, être détenteur d’un diplôme supérieur au baccalauréat ne favorise pas la pérennité de son entreprise.

Les auto-entrepreneurs : des projets plus fragiles

En simplifiant les démarches, le statut d’auto-entrepreneur donne l’opportunité aux créateurs d’entreprise de tester leur projet. En 2010 comme en 2014, seulement deux sur trois démarrent réellement leur activité (au sens où ils déclarent avoir réalisé un chiffre d’affaires), et pour seulement la moitié d’entre eux en tant qu’activité principale.

Les entreprises créées sous ce régime ont une pérennité moindre : 35 % de la génération 2014 ayant réellement démarré une activité économique reste active cinq ans après sa création, soit 26 points de moins que les entreprises classiques. De plus, cette pérennité se dégrade entre les générations 2010 et 2014 (- 3 points).

Par ailleurs, les créations de 2014 les plus pérennes à cinq ans sont toujours celles constituant l’activité principale de l’auto-entrepreneur, dont le taux de pérennité est plus élevé que lorsqu’il s’agit d’une activité de complément (37 % contre 33 %).

Les nouveaux auto-entrepreneurs de 2014 sont moins nombreux que ceux de 2010 à passer le cap de la première année d’activité (- 3 points). Si la pérennité baisse moins rapidement que pour la génération 2010 au cours des deuxième et troisième années, elle se replie davantage lors de la cinquième année (- 6 points, contre - 2 points pour 2010). En France de province, la pérennité à cinq ans des deux générations d’auto-entrepreneurs est similaire à celle de la région.

Certains facteurs de pérennités similaires à ceux des entreprises classiques

Comme pour les entreprises classiques, le secteur d’activité conditionne les chances de rester actifs à cinq ans des auto-entrepreneurs qui ont réellement démarré (figure 5). Les projets engagés en 2014 dans l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale sont également les plus pérennes (47 %). Si leur pérennité à cinq ans baisse légèrement entre les deux générations, le poids du secteur s’accroît parmi les créations (+ 4 points). Dans la région, la pérennité dans l’industrie s’améliore nettement pour la génération 2014 (+ 13 points, 46 %), mais pas en France de province (- 3 points, 38 %). Par ailleurs, ces deux secteurs ont la particularité d’avoir les taux de démarrage les plus élevés en 2014. La pérennité dans le secteur de la construction se replie nettement en 2014 (- 17 points, 29 %). Il rejoint celui des services aux entreprises, information et communication - premier secteur en termes de créations avec un quart des immatriculations - parmi les moins pérennes (25 %).

Comme pour les entreprises classiques, les auto-entrepreneurs de plus de 40 ans atteignent davantage les cinq ans d’activité. Les projets des auto-entrepreneurs âgés de plus de 50 ans en 2014 restent nettement plus pérennes (44 %), suivis de ceux des 40-49 ans (40 %), puis de ceux des moins de 40 ans (29 %).

Avoir un niveau de diplôme élevé n’est pas déterminant pour assurer la pérennité de l’activité. Les auto-entrepreneurs diplômés du supérieur ont les mêmes chances de rester actifs à cinq ans (38 %) que ceux sans diplôme.

Figure 5Taux de démarrage et pérennité à cinq ans des auto-entrepreneurs selon leur secteur d’activité en 2014, et leur évolution depuis 2010

en %
Taux de démarrage et pérennité à cinq ans des auto-entrepreneurs selon leur secteur d’activité en 2014, et leur évolution depuis 2010 (en %) - Lecture : en 2014, 69 % des créations en tant qu’auto-entrepreneurs au 1er semestre 2014 ont réellement démarré leur activité et parmi elles 35 % sont toujours pérennes au bout de 5 ans, en 2019. Comparé à 2010, leur taux de démarrage a augmenté de 3 points et leur taux de pérennité a baissé de 3 points.
Secteurs d’activités Taux de pérennité à cinq ans Taux de démarrage Évolution taux de pérennité 2010-2014 Évolution taux de démarrage 2010-2014
Construction 29 62 -17 3
Commerce, réparation d’automobiles et de motocycles 37 64 1 7
Services aux particuliers, hébergement et restauration 40 68 3 -3
Ensemble 35 69 -3 3
Services aux entreprises, information et communication 25 71 -10 5
Industrie 46 79 13 0
Enseignement, santé humaine et action sociale 47 81 -1 -6
  • Note : Les secteurs des activités immobilières, des activités financières et d’assurance, du transport et entreposage ont été écartés car moins de 20 unités étaient concernées.
  • Lecture : en 2014, 69 % des créations en tant qu’auto-entrepreneurs au 1er semestre 2014 ont réellement démarré leur activité et parmi elles 35 % sont toujours pérennes au bout de 5 ans, en 2019. Comparé à 2010, leur taux de démarrage a augmenté de 3 points et leur taux de pérennité a baissé de 3 points.
  • Champ : Centre-Val de Loire, auto-entreprises des secteurs marchands non agricoles immatriculées au premier semestre des années considérées.
  • Source : Insee, enquêtes Auto-entrepreneurs 2010 et 2014

Figure 5Taux de démarrage et pérennité à cinq ans des auto-entrepreneurs selon leur secteur d’activité en 2014, et leur évolution depuis 2010

  • Note : Les secteurs des activités immobilières, des activités financières et d’assurance, du transport et entreposage ont été écartés car moins de 20 unités étaient concernées.
  • Lecture : en 2014, 69 % des créations en tant qu’auto-entrepreneurs au 1er semestre 2014 ont réellement démarré leur activité et parmi elles 35 % sont toujours pérennes au bout de 5 ans, en 2019. Comparé à 2010, leur taux de démarrage a augmenté de 3 points et leur taux de pérennité a baissé de 3 points.
  • Champ : Centre-Val de Loire, auto-entreprises des secteurs marchands non agricoles immatriculées au premier semestre des années considérées.
  • Source : Insee, enquêtes Auto-entrepreneurs 2010 et 2014

Les projets des auto-entrepreneuses et des anciens indépendants plus pérennes

Si les hommes sont majoritaires (58 %) parmi les auto-entrepreneurs, les femmes sont davantage présentes qu’à la tête des entreprises classiques (42 % contre 28 % en 2014). Leurs projets sont plus pérennes que ceux de leurs homologues masculins (38 % contre 33 %), comme en France de province (37 %, contre 32 % pour les hommes).

Par ailleurs, les anciens indépendants réussissent mieux que les autres à rester en activité sous ce régime pour les générations 2010 (46 %) et 2014 (47 %).

Les projets d’auto-entrepreneurs se démarquent également au niveau des sommes engagées qui sont nettement moins conséquentes. En 2014, 43 % démarrent sans apport et 34 % avec de faibles moyens financiers (moins de 2 000 euros). À l’inverse des entreprises classiques, d’importants moyens initiaux n’apparaissent pas comme déterminants. Au contraire, les projets mobilisant de petits financements en 2010 sont nettement plus pérennes que les autres (42 %). Ceux dotés de moyens financiers plus importants au démarrage en 2014 (8 000 euros ou plus) sont minoritaires (5 %) et restent nettement moins pérennes (23 %), à l’inverse de ceux de France de province dont le taux de pérennité est proche de celui tous niveaux de financement confondus (33 %).

Encadré 1 : Des créateurs moins accompagnés, mais bénéficiant davantage d’aides financières en 2014

Les créateurs d’entreprises classiques ne sont plus que 62 % à déclarer avoir été accompagnés dans leur projet, alors qu’ils étaient 76 % en 2010 et 71 % en 2006. Ils sont ainsi de moins en moins à avoir bénéficié d’un soutien extérieur : 32 % en 2014, alors qu’ils étaient 43 % en 2006.

Par ailleurs, les bénéficiaires d’aides financières (y compris exonérations de charges sociales et d’impôts) à la création d’entreprise sont de plus en plus nombreux. Ils étaient deux sur cinq en 2006, et un sur deux en 2010 et 2014.

Enfin, que ce soit en 2006 ou en 2014, une majorité de nouveaux entrepreneurs n’a suivi aucune formation préalable à leur projet (de 63 % à 66 %).

Si l’appui d’un spécialiste dans le domaine, d’une personne dans l’entourage professionnel ou même d’un conjoint, favorise la pérennité, en revanche les dispositifs d’aides, de formations avant le projet ou d’appui de structures dédiées ne se traduisent pas par des taux différenciés de pérennité des projets. Ceci ne signifie pas que ces dispositifs ne sont pas efficaces et qu’il n’existe pas un apport marginal de ces dispositifs. Ceci peut provenir du fait que ces dispositifs sont ciblés et s’adressent davantage à des projets pour lesquels le besoin est avéré et qui sans dispositif d’aides ou d’accompagnement ne verraient pas le jour ou seraient moins pérennes. Ces dispositifs permettent de compenser les inégalités de chances initiales de ces projets (non complètement observées dans l'analyse).

Encadré 2 : Quelles perspectives pour les créateurs ?

La part de créateurs d’entreprises classiques encore en activité au bout de cinq ans qui se considèrent en difficulté reste faible. Parmi la génération 2014, seulement 3 % envisagent une fermeture lors de leur interrogation à cinq ans en 2019 (comme pour la génération 2010), et 6 % (- 3 points) disent devoir redresser une situation difficile. Dans le même temps, la part de ceux qui pensent développer leur entreprise évolue de 24 % à 27 %, tandis que celle des entrepreneurs qui espèrent maintenir l’équilibre de leur entreprise se replie, de 48 % à 44 %. Par ailleurs, pour la génération 2014 comme 2010, très peu de sociétés envisagent de licencier (1 à 2 %), tandis que la part de celles qui envisagent d’embaucher pour créer de nouveaux postes progresse de 12 % à 15 %.

Ainsi, entre ces deux générations, les entrepreneurs jugent leurs perspectives plus favorables, marque d’une meilleure situation à cinq ans des entreprises.

Encadré 3 : Changements législatifs et évolution des créations d’entreprises

Entre 2002 et 2014, le nombre total de créations d’entreprises en Centre-Val de Loire a été multiplié par trois, passant de 5 400 à 15 600 (figure 6). Cette croissance forte est avant tout la conséquence de la mise en œuvre de plusieurs dispositifs législatifs. Tout d’abord, la loi Dutreil de 2003 qui facilite la création en allégeant les démarches administratives et fiscales.

La loi de modernisation de l’économie (LME) d’août 2008 accélère cette tendance par la mise en place du statut d’auto-entrepreneur au 1er janvier 2009. L’instauration de ce nouveau régime moins contraignant a participé à la forte hausse de la création globale d’entreprises, avec trois créations sur cinq dès sa mise en œuvre. Entre 2008 et 2009, le volume de créations d’entreprises classiques a fortement baissé (- 27 %). En 2010, un quart des auto-entrepreneurs déclarent qu’ils auraient monté leur projet même sans la création de ce statut. Ils sont un tiers à faire cette déclaration en 2014. Le 19 décembre 2014, de nouvelles dispositions définies par la loi Pinel s’appliquent à ce régime renommé micro-entrepreneur. Cette loi vise à soutenir une offre commerciale et artisanale diversifiée sur le territoire français en favorisant le développement d‘entreprises de très petite taille, notamment en les exonérant de certaines cotisations ou taxes.

En 2016, l’élévation des plafonds de chiffre d’affaires pour les activités artisanales, commerciales et prestations de services ou libérales a participé à la relance des créations sous ce régime, qui avaient tendance à fléchir. En mai 2019, la loi PACTE (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) constitue une nouvelle étape pour favoriser le développement des entreprises.

Figure 6Créations d’entreprises en Centre-Val de Loire de 2000 à 2020

Créations d’entreprises en Centre-Val de Loire de 2000 à 2020
années Entreprises individuelles Sociétés Auto-entrepreneurs
2000 3 596 2 037 0
2001 3 469 2 092 0
2002 3 375 2 069 0
2003 3 921 2 469 0
2004 4 260 3 067 0
2005 4 432 3 277 0
2006 4 587 3 653 0
2007 5 009 4 217 0
2008 5 092 4 364 0
2009 3 009 3 854 10 792
2010 2 735 4 130 11 438
2011 2 699 4 309 9 119
2012 2 465 4 147 9 220
2013 3 245 3 982 7 939
2014 3 287 3 998 8 318
2015 2 022 4 354 8 114
2016 2 173 4 568 7 671
2017 2 192 4 712 8 009
2018 2 611 4 756 10 092
2019 2 372 5 259 13 220
2020 2 416 5 202 14 540
  • Champ : Centre-Val de Loire, entreprises des secteurs marchands non agricoles.
  • Source : Insee, REE (Répertoire des Entreprises et Établissements – Sirene)

Figure 6Créations d’entreprises en Centre-Val de Loire de 2000 à 2020

  • Champ : Centre-Val de Loire, entreprises des secteurs marchands non agricoles.
  • Source : Insee, REE (Répertoire des Entreprises et Établissements – Sirene)
Publication rédigée par :Caroline Chalot, Maxime Simonovici (Insee)

Pour comprendre

Mesure de l’effet spécifique de chaque facteur de pérennité : les nombreux facteurs influant sur la durée de vie des entreprises ne sont pas indépendants les uns des autres. La régression logistique permet de mesurer l’effet spécifique de chaque facteur sur la pérennité des entreprises, les autres facteurs étant inchangés (« toutes choses égales par ailleurs » ou « à autres caractéristiques identiques »). Cette approche permet de gommer les effets de structures masqués par les statistiques descriptives.

Sources

Sine : Le système d’information sur les nouvelles entreprises est un dispositif permanent d’observation d’une génération de nouvelles entreprises tous les quatre ans. Il a pour objectif de suivre une génération d’entreprises pendant cinq ans afin d’analyser les conditions de développement et les problèmes rencontrés par les nouvelles entreprises. La première enquête intervient dès les premiers mois suivant la création de l’entreprise, la deuxième est réalisée au cours de sa troisième année d’existence et la troisième cinq ans après la naissance de l’entreprise. Le champ de l’enquête Sine couvre l’ensemble des entreprises créées au cours du premier semestre, ayant vécu plus d’un mois et ayant une activité marchande, à l’exclusion des activités agricoles et des auto-entrepreneurs.

Le Centre-Val de Loire fait partie des régions concernées par une extension de l’échantillon, complétant l’enquête nationale.

Cette étude porte sur les différentes cohortes : millésimes 2002, 2006, 2010, 2014 pour les entreprises dites « classiques ». Les entreprises créées sous le régime de l’auto-entrepreneur font l’objet d’une enquête spécifique, dont les données sont disponibles à partir de la cohorte 2010.

Sirene : Les statistiques sur les créations d’entreprises proviennent du répertoire des entreprises et des établissements (REE, issu de Sirene) géré par l’Insee.

Activité : Des secteurs d’activité ont été constitués pour les besoins de l’étude à partir de la nomenclature d'activités française révision 2 (NAF révision 2, 2008) au niveau A21 pour les enquêtes 2006, 2010 et 2014. Le secteur libellé « Services aux particuliers, hébergement et restauration » regroupe les sections suivantes : arts, spectacles et activités récréatives (R), autres activités de services (S), ainsi que l’hébergement et restauration (I). Ce secteur comporte des services majoritairement délivrés aux particuliers mais pas exclusivement. De façon similaire, le secteur « Services aux entreprises, information et communication », composé des sections suivantes : activités spécialisées, scientifiques et techniques (M), activités de services administratifs et de soutien (N) et information et communication (J), ne regroupe pas que des services aux entreprises.

Définitions

Entreprises classiques : les entreprises individuelles (hors auto-entrepreneurs) dont la personnalité morale n’est pas différente de la personnalité physique et les sociétés dotées d’une personnalité morale.

Auto-entrepreneur – Micro-entrepreneur : entré en vigueur au 1er janvier 2009, le régime de l'auto-entrepreneur offre des formalités de création d'entreprise allégées et un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l'impôt sur le revenu. Depuis le 19 décembre 2014, le régime a été remplacé par celui du micro-entrepreneur. En 2015, le micro-entrepreneur devait réaliser moins de 82 200 euros de chiffre d’affaires annuel pour une activité commerciale et moins de 32 900 euros pour les prestations de services et activités libérales.

Taux de pérennité à N années : rapport entre le nombre d’entreprises créées au cours du premier semestre de l’année considérée ayant atteint leur Ne anniversaire et l’ensemble des entreprises créées au cours du premier semestre de l’année considérée. Pour les auto-entrepreneurs, le taux de pérennité après N années se rapporte aux seuls auto-entrepreneurs ayant démarré une activité économique.

Pour en savoir plus

Juliachs S., « Le chiffre d’affaires des auto-entrepreneurs immatriculés en 2014 croissait continûment avant la crise sanitaire », Insee Première n°1873, septembre 2021.

Dorolle A., « En 2019, 61 % des entreprises classiques créées cinq ans plus tôt sont toujours actives », Insee Première n°1852, avril 2021.

Goupil S., Leconte E., « Entreprises créées en 2014 : une pérennité à trois ans moins élevée en Centre-Val de Loire », Insee Analyses Centre-Val de Loire n°67, novembre 2020.

Caudron C., « Les entreprises créées en 2010 : cinq ans après, un bilan contrasté », Insee Analyses Centre-Val de Loire n°38, décembre 2017.

Métois C., « La création d'entreprise en 2014 : des projets modestes », Insee Analyses Centre-Val de Loire n°25, juillet 2016.