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Insee Flash Grand Est · Mars 2022 · n° 57
Insee Flash Grand EstParité en politique : le Grand Est en retrait

Sylvain Moreau, Mireille Salomon, (Insee)

Toutes élections confondues, les femmes ne représentent que 38,5 % des élus du Grand Est fin 2021, une proportion moindre qu’au plan national. La parité n’est respectée que dans les scrutins où la loi est contraignante. Les femmes élues sont généralement absentes des plus hautes responsabilités exécutives. Dans la région, seuls 17,5 % des maires sont des femmes. Les nouvelles générations d’élus sont plus féminisées.

Insee Flash Grand Est
No 57
Paru le :Paru le08/03/2022

En France, plus de 75 ans après avoir obtenu le droit de vote, aucune femme n’a été élue à la présidence de la République. Ce constat illustre la lente progression de la parité en politique, tant aux élections nationales que locales. Cela a conduit le législateur à adopter des dispositions favorisant une meilleure accession des femmes au pouvoir politique (Pour comprendre). Fin 2021, les femmes ne représentent cependant que 38,5 % des élus du Grand Est, alors qu’elles sont majoritaires dans la population en âge de voter (52 %).

La loi est un moteur puissant de la féminisation en politique

Introduire de fortes contraintes dans le code électoral a permis de largement féminiser plusieurs assemblées locales (figure 1). C’est le cas dans les conseils départementaux, pour lesquels on élit des binômes composés d’une femme et d’un homme. La parité est presque atteinte au conseil régional du Grand Est (47,9 % de femmes) et dans les conseils municipaux des communes de plus de 1 000 habitants (48,2 %), où les listes doivent alterner femmes et hommes. Ces deux instances restent un peu en dessous de l’équilibre, car les têtes de listes sont plus souvent des hommes.

À l’opposé, la féminisation est particulièrement faible en l’absence de contraintes légales. Il n’y a ainsi qu’un tiers de femmes dans les conseils municipaux des communes de moins de 1 000 habitants du Grand Est (34,0 %).

Figure 1 Part des femmes parmi les élus dans les assemblées locales et nationales fin 2021

en %
Part des femmes parmi les élus dans les assemblées locales et nationales fin 2021 (en %) - Lecture : 34,0 % des conseillers municipaux des communes de moins de 1 000 habitants sont des femmes dans le Grand Est et 37,6 % en France métropolitaine.
France métropolitaine Grand Est
Députés 41,8 24,5
Sénateurs 34,6 35,5
Conseillers régionaux 48,8 47,9
Conseillers départementaux 50,0 50,0
Conseillers municipaux (1 000 habitants ou plus) 48,3 48,2
Conseillers municipaux (moins de 1 000 habitants) 37,6 34,0
  • Lecture : 34,0 % des conseillers municipaux des communes de moins de 1 000 habitants sont des femmes dans le Grand Est et 37,6 % en France métropolitaine.
  • Champ : élus en France métropolitaine.
  • Source : Ministère de l’Intérieur, Répertoire National des Élus, extraction au 15 décembre 2021.

Figure 1 Part des femmes parmi les élus dans les assemblées locales et nationales fin 2021

  • Lecture : 34,0 % des conseillers municipaux des communes de moins de 1 000 habitants sont des femmes dans le Grand Est et 37,6 % en France métropolitaine.
  • Champ : élus en France métropolitaine.
  • Source : Ministère de l’Intérieur, Répertoire National des Élus, extraction au 15 décembre 2021.

La parité est davantage en retrait dans le Grand Est

Les élus de la région sont moins souvent des femmes qu’en moyenne en France métropolitaine. L’écart le plus important est à l’Assemblée nationale : malgré les pénalités financières, seuls 25 % des députés du Grand Est sont des femmes, soit 17 points de moins qu’en moyenne dans l’hémicycle. Au Sénat, 35 % des élus du Grand Est sont des sénatrices, une proportion identique à l’ensemble des régions.

Dans le Grand Est, les conseils municipaux sont également moins féminisés qu’en moyenne en France métropolitaine (38,4 % contre 42,2 %) ; la région figure à l’avant-dernier rang, juste devant la Corse. Cette différence s’explique en partie par le poids très élevé de communes de moins 1 000 habitants : ces dernières représentent en effet plus de 80 % des communes de la région, avec un maximum de 94 % dans la Meuse, le plus fort taux des départements français. De surcroît, la part des conseillères municipales élues dans les petites communes est plus faible dans la région qu’ailleurs, Corse exceptée. Dans tous les départements du Grand Est, cette proportion est inférieure de plus de 2 points au niveau de la France métropolitaine (37,6 %), sauf dans le Haut-Rhin où le taux en est très proche.

Les femmes, à l’écart des hautes responsabilités locales

Dans le Grand Est, la présence d’une femme à la tête d’une grande collectivité locale est rare. Ainsi, le conseil régional est dirigé par un homme, tout comme la Communauté européenne d’Alsace et les huit conseils départementaux, à l’exception de la Meurthe-et-Moselle. À cet égard, la région fait figure de mauvais élève, avec la Bretagne, la Normandie et Centre-Val de Loire qui ne comptent aucune présidence féminine. En France métropolitaine, seuls 4 conseils régionaux et 19 conseils départementaux sont dirigés par des femmes.

Les femmes sont également peu nombreuses à administrer les communes : 17,5 % des maires sont des femmes dans le Grand Est, en retrait de 2,5 points par rapport à la moyenne métropolitaine (figure 2). Bien que Strasbourg et Mulhouse, deux des cinq communes les plus peuplées de la région, soient dirigées par des femmes, la féminisation de la fonction de maire de communes de plus de 10 000 habitants demeure faible dans l’ensemble (17,6 %). La proportion est encore plus réduite pour les communes de 5 000 à 10 000 habitants, avec seulement 11,0 % de femmes maires. Leur part est plus élevée mais reste très limitée dans les communes plus petites : 16,4 % dans les communes de 1 000 à 5 000 habitants et 17,8 % dans celles de moins de 1 000 habitants.

Au sein des conseils municipaux, la part des femmes diminue à mesure que les responsabilités augmentent : elle est plus faible chez les maires que parmi les premiers adjoints et les deuxièmes adjoints, et ce, quelle que soit la taille des communes, dans le Grand Est comme en France métropolitaine. Les écarts sont très marqués dans les communes soumises à une obligation de parité (plus de 1 000 habitants) : la proportion de femmes est de 15,9 % pour les maires, plus du double pour les premiers adjoints (38,4 %) et elle dépasse la majorité pour les deuxièmes adjoints (61,8 %). Dans les communes plus petites, cette progression est plus mesurée.

Figure 2Part des femmes selon leurs fonctions dans les conseils municipaux du Grand Est fin 2021

en %
Part des femmes selon leurs fonctions dans les conseils municipaux du Grand Est fin 2021 (en %) - Lecture : 17,5 % des maires sont des femmes dans le Grand Est et 20,1 % en France métropolitaine.
France métropolitaine Grand Est
Maires 20,1 17,5
Premiers adjoints 33,4 28,6
Deuxièmes adjoints 42,1 36,4
Autres conseillers municipaux 44,9 41,7
Ensemble des conseillers municipaux 42,2 38,4
  • Lecture : 17,5 % des maires sont des femmes dans le Grand Est et 20,1 % en France métropolitaine.
  • Champ : élus en France métropolitaine.
  • Source : Ministère de l’Intérieur, Répertoire National des Élus, extraction au 15 décembre 2021.

Figure 2Part des femmes selon leurs fonctions dans les conseils municipaux du Grand Est fin 2021

  • Lecture : 17,5 % des maires sont des femmes dans le Grand Est et 20,1 % en France métropolitaine.
  • Champ : élus en France métropolitaine.
  • Source : Ministère de l’Intérieur, Répertoire National des Élus, extraction au 15 décembre 2021.

La parité est plus affirmée parmi les jeunes générations

Les élues sont en moyenne plus jeunes que leurs homologues masculins (figure 3), de deux ans pour les conseillers municipaux et de trois ans pour les maires. C’est la conséquence de l’arrivée de nouvelles générations d’élus nettement plus féminisées que les générations précédentes. Les femmes représentent 42 % des conseillers municipaux de moins de 50 ans, près de 7 points de plus que parmi les élus de plus de 50 ans. La féminisation des jeunes élus est plus marquée dans les communes de plus de 1 000 habitants, avec davantage de femmes que d’hommes dans tous les départements. Dans les petites communes, la jeune génération d’élus municipaux est également plus féminisée, mais la parité est loin d’être d’atteinte : 37,3 % des élus de moins de 50 ans sont des femmes. La plus grande proportion est atteinte dans le Haut-Rhin, où les femmes représentent 43,9 % des élus de moins de 50 ans.

Les femmes de moins de 50 ans occupent également davantage de postes à responsabilité que leurs aînées : ainsi, 24,6 % des maires de moins de 50 ans sont des femmes, pour seulement 15,8 % des plus de 50 ans.

Figure 3Part de femmes par tranche d’âge et âge moyen par sexe des élus municipaux du Grand Est fin 2021

Part de femmes par tranche d’âge et âge moyen par sexe des élus municipaux du Grand Est fin 2021 - Lecture : dans le Grand Est, l’âge moyen des maires est de 56,2 ans pour les femmes et de 59,5 ans pour les hommes. Les femmes représentent 24,6 % des maires de moins de 50 ans et 15,8 % des maires de 50 ans ou plus.
Part des femmes (en %) Âge moyen des hommes Âge moyen des femmes
Élus de moins de 50 ans Élus de 50 ans ou plus
Maires 24,6 15,8 59,5 56,2
Premiers adjoints 31,7 27,4 56,6 55,3
Deuxièmes adjoints 39,7 34,7 54,5 53,1
Autres conseillers municipaux 43,5 39,8 49,9 49,0
Ensemble 42,1 35,3 51,8 49,9
  • Lecture : dans le Grand Est, l’âge moyen des maires est de 56,2 ans pour les femmes et de 59,5 ans pour les hommes. Les femmes représentent 24,6 % des maires de moins de 50 ans et 15,8 % des maires de 50 ans ou plus.
  • Champ : élus des conseils municipaux du Grand Est fin 2021.
  • Source : Ministère de l’Intérieur, Répertoire National des Élus, extraction au 15 décembre 2021.

Figure 3Part de femmes par tranche d’âge et âge moyen par sexe des élus municipaux du Grand Est fin 2021

  • Lecture : dans le Grand Est, l’âge moyen des maires est de 56,2 ans pour les femmes et de 59,5 ans pour les hommes. Les femmes représentent 24,6 % des maires de moins de 50 ans et 15,8 % des maires de 50 ans ou plus.
  • Champ : élus des conseils municipaux du Grand Est fin 2021.
  • Source : Ministère de l’Intérieur, Répertoire National des Élus, extraction au 15 décembre 2021.
Publication rédigée par :Sylvain Moreau, Mireille Salomon, (Insee)

Pour comprendre

Les principales mesures législatives adoptées pour améliorer la représentation des femmes en politique au cours de la dernière décennie sont les suivantes :

  • Juillet 1999 : réforme constitutionnelle consacrant le principe d’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives.
  • Juin 2000 : première « loi parité » obligeant les partis politiques à présenter un nombre égal de femmes et d’hommes pour les scrutins de liste. Elle prévoit aussi des retenues financières pour les partis qui ne respectent pas le principe de parité lors de la désignation des candidats aux élections législatives.
  • Avril 2003 : loi imposant l’alternance stricte sur les listes aux élections régionales.
  • Janvier 2007 : loi imposant l’alternance stricte dans la composition des listes municipales (3 500 habitants et plus) et la parité au sein des exécutifs municipaux et régionaux.
  • Mai 2013 : extension aux communes de plus de 1 000 habitants de l'exigence paritaire jusque-là réservée à celles de plus de 3 500 habitants.
  • Mai 2013 : les électeurs de chaque canton doivent élire deux membres de sexe opposé présentés en binôme.
  • Août 2013 : loi relative à l’élection des sénateurs rétablissant le scrutin de liste, plus favorable aux femmes, dans les départements qui élisent au moins trois sénateurs.
  • Août 2014 : loi Vallaud-Belkacem pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui double les pénalités financières pour les partis qui ne respectent pas la parité pour les candidatures aux élections législatives.

Sources

Cette étude porte sur les titulaires d’un mandat électoral en décembre 2021, issus du Répertoire National des Élus (RNE). Ce répertoire est renseigné et tenu à jour par les préfectures et hauts commissariats et par les services du ministère de l'Intérieur, notamment sur la base des éléments fournis par les élus lors de la phase d’enregistrement des candidatures. Les données du RNE mobilisées dans l’étude portent sur l’ensemble des mandats (conseillers municipaux, départementaux, régionaux, sénateurs, députés, maires) hormis ceux de parlementaires européens et de conseillers communautaires.

Pour en savoir plus

« Femmes et hommes, l’égalité en question », Insee Références, édition 2022.

Meunier J., Villaume S. « Les femmes de mieux en mieux représentées dans la vie politique locale, mais minoritaires aux postes à responsabilités », Insee Analyses Grand Est n° 68, mars 2018.

« Ouvrir dans un nouvel ongletLa part des femmes parmi les élus locaux augmente, celle des jeunes diminue », Bulletin d’information statistique de la DGCL n° 157, Août 2021.