Insee Flash Ile-de-France ·
Février 2022 · n° 65En Île-de-France, près de 10 000 ménages déclarent un revenu provenant d’une activité
agricole
Quatre fois moins nombreux qu’il y a 50 ans, 5 700 agriculteurs exploitent des terres en Île-de-France en 2017. La population agricole est peu féminisée, de plus en plus diplômée et vieillissante. Plus de 60 % des agriculteurs ont 50 ans ou plus. Dès lors, le renouvellement des générations et la transmission des exploitations constituent un enjeu fort pour la profession.
Au sens fiscal, 9 500 ménages déclarent un revenu agricole. En moyenne, seulement 12 % de leurs revenus proviennent d’une activité agricole. Cette faible part de revenu agricole dans leur revenu global témoigne d’une activité agricole très secondaire pour une partie de ces ménages.
Depuis 1968, le nombre d’agriculteurs a baissé de 76 %
En 2017, en Île-de-France, l’agriculture mobilise 5 700 agriculteurs exploitants. Ils représentent 0,1 % des personnes en emploi de la région et 1,4 % des agriculteurs de France. Les trois quarts des agriculteurs résident en Seine-et-Marne, dans les Yvelines et en Essonne (figure 1). Bien qu’ils soient peu nombreux, les exploitations agricoles occupent 47 % de la surface de l’Île-de-France, soit 564 000 hectares. Leur superficie est en moyenne plus grande que celle des autres exploitations françaises : 217 hectares en Île-de-France contre 69 hectares en France métropolitaine. Plus des deux tiers (70 %) des terres agricoles franciliennes sont exploitées pour des grandes cultures, notamment céréalières.
En Île-de-France, le nombre d’agriculteurs n’a cessé de diminuer entre 1968 et 2017 (- 76 %) : ils étaient 23 600 en 1968, 12 400 en 1990 et 5 700 en 2017. Cette tendance est identique en France où les agriculteurs sont passés de 2 475 200 en 1968 à 411 900 en 2017.
tableauFigure 1 – Indicateurs socio-démographiques sur les agriculteurs exploitants et les actifs en emploi, en 2017
Agriculteurs exploitants | Ensemble des actifs d’Île-de-France | ||
---|---|---|---|
Île-de-France | France métropolitaine | ||
Sexe | |||
Femme | 28 | 26 | 49 |
Homme | 72 | 74 | 51 |
Ensemble | 100 | 100 | 100 |
Âge | |||
Moins de 30 ans | 5 | 6 | 20 |
De 30 à 49 ans | 34 | 42 | 51 |
50 ans ou plus | 61 | 52 | 29 |
Ensemble | 100 | 100 | 100 |
Diplôme | |||
Non diplômé | 16 | 15 | 15 |
BEP-CAP | 25 | 34 | 15 |
Baccalauréat | 23 | 29 | 17 |
Études supérieures | 36 | 22 | 53 |
Ensemble | 100 | 100 | 100 |
Type de ménage | |||
Couple | 75 | 75 | 61 |
Dont conjoint actif | 77 | 79 | 68 |
salarié | 55 | 68 | 89 |
non salarié | 45 | 32 | 11 |
Dont conjoint inactif | 23 | 21 | 32 |
Famille monoparentale | 4 | 3 | 7 |
Célibataire | 12 | 12 | 18 |
Autre | 9 | 10 | 14 |
Ensemble | 100 | 100 | 100 |
Département | |||
Seine-et-Marne | 45 | /// | 11 |
Yvelines | 16 | /// | 12 |
Essonne | 14 | /// | 10 |
Val-d’Oise | 10 | /// | 10 |
Paris et petite couronne | 15 | /// | 57 |
Ensemble | 100 | /// | 100 |
Effectif total | 5 700 | 411 900 | 5 442 300 |
- Lecture : en 2017, l’agriculture mobilise 5 700 agriculteurs exploitants en Île-de-France. Parmi eux, 72 % sont des hommes.
- Source : Insee, recensement de la population 2017.
Une population plus masculine et plus âgée depuis 50 ans
La profession est peu féminisée : près des trois quarts des agriculteurs franciliens sont des hommes, contre la moitié de l’ensemble des actifs en emploi de la région. Elle est également plus âgée : plus de la moitié des agriculteurs ont 50 ans ou plus, contre une personne sur quatre en emploi. En 1968, 37 % des agriculteurs avaient 50 ans ou plus. La population vieillissant, l’enjeu pour la profession est de renouveler les générations et d’assurer la transmission des exploitations.
Plus âgés, les agriculteurs sont aussi plus souvent mariés que l’ensemble des personnes en emploi : 65 % contre 43 %. Du fait du mode de transmission des exploitations (généralement familiale), les agriculteurs conservent un fort ancrage territorial. La moitié d’entre eux habitent dans le département où ils sont nés, contre une personne sur cinq en emploi. Ils travaillent également plus souvent dans la commune dans laquelle ils résident : 75 % contre 30 %.
Les agriculteurs ont un niveau de formation moins élevé que l’ensemble des Franciliens en emploi. Cependant, le niveau de formation des agriculteurs progresse au fil des générations, notamment depuis qu’il est nécessaire de détenir un baccalauréat professionnel ou une équivalence pour obtenir des aides à l’installation. Ainsi, près des trois quarts des agriculteurs de moins de 40 ans ont un baccalauréat ou effectué des études supérieures, contre 58 % pour ceux âgés de 40 ans ou plus.
En Île-de-France, 4 300 agriculteurs vivent en couple. Parmi eux, 1 100 ont un conjoint également agriculteur, correspondant ainsi à 550 couples. De manière générale, les conjoints des agriculteurs sont majoritairement des actifs en emploi (77 %), dont un peu plus de la moitié sont des salariés. Parmi les conjoints actifs, ceux des agriculteurs sont plus souvent salariés (66 %) que ceux des agricultrices (30 %).
La part des revenus agricoles dans l’ensemble des revenus du ménage est très variable
En 2018, 9 500 ménages agricoles, au sens fiscal, résident en Île-de-France, soit 3 % des ménages agricoles de France. Ces ménages couvrent un champ plus large que celui des seuls agriculteurs décrits précédemment (sources).
Pour l’ensemble des ménages agricoles franciliens, seuls 12 % du revenu disponible moyen proviennent de l’activité agricole, contre un tiers pour les ménages agricoles français. Les ressources des ménages fiscaux agricoles reposent en effet principalement sur les salaires et les revenus du patrimoine. Les ménages ayant le revenu disponible le plus élevé sont ceux qui ont les revenus agricoles les plus faibles. Ainsi, près d’un tiers des ménages agricoles déclarent un revenu agricole très bas (quelques centaines d’euros), alors que leur revenu disponible moyen atteint 169 500 euros (figure 2). Cette contribution quasi nulle du revenu agricole à leur revenu global témoigne d’une activité agricole très secondaire. À l’opposé, près de 10 % des ménages agricoles tirent l’essentiel de leurs ressources d’une activité agricole, à hauteur de 88 500 euros par an en moyenne. Un millier de ménages ont un revenu agricole négatif (en moyenne de 20 000 euros), il s’agit généralement d’agriculteurs exploitants ayant des charges élevées de remboursement d’emprunt, que le ménage supporte grâce au salaire du conjoint (69 900 euros en moyenne).
De manière générale, le niveau de vie médian des ménages agricoles franciliens est nettement supérieur à celui de l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activité (40 200 € contre 24 200 €). Cependant, les disparités au sein des ménages agricoles sont plus fortes : le niveau de vie des 10 % des ménages les plus modestes est 6,1 fois inférieur à celui des 10 % les plus aisés. Ce rapport n’est que de 4,2 parmi l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activité.
tableauFigure 2 – Décomposition du revenu disponible annuel moyen des ménages agricoles franciliens selon la part des revenus agricoles en 2018
Part des revenus agricoles dans l’ensemble des revenus annuels moyens | Revenus agricoles (en €) | Revenus du patrimoine (en €) | Salaires, traitements, chômage (en €) | Autres revenus (activités non salariées, prestations sociales, pensions et retraite) (en €) | Impôts directs (en €) | Revenu disponible (en €) | Effectifs |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Inférieure à - 7 % | -20 000 | 31 200 | 69 900 | 12 100 | -28 400 | 64 800 | 1 000 |
Entre - 7 % et 0 % | -2 800 | 64 000 | 134 300 | 34 800 | -64 800 | 165 500 | 1 100 |
Entre 0 % et 2 % | 500 | 82 100 | 127 700 | 25 000 | -65 800 | 169 500 | 3 000 |
Entre 2 % et 25 % | 7 600 | 23 100 | 65 700 | 10 700 | -23 400 | 83 700 | 2 000 |
Entre 25 % et 70 % | 40 500 | 21 800 | 31 300 | 9 900 | -18 500 | 85 000 | 1 500 |
Supérieure à 70 % | 88 500 | 13 500 | 9 600 | 6 500 | -27 700 | 90 400 | 900 |
Ensemble | 14 100 | 46 700 | 83 600 | 17 800 | -42 100 | 120 100 | 9 500 |
- Lecture : en 2018, 900 ménages (parmi 9 500) ont des revenus agricoles qui représentent au moins 70 % de leur revenu disponible. Leur revenu disponible moyen est de 90 400 € (ensemble des revenus 118 100 € moins les impôts directs 27 700 €).
- Source : Insee, Filosofi 2018.
graphiqueFigure 2 – Décomposition du revenu disponible annuel moyen des ménages agricoles franciliens selon la part des revenus agricoles en 2018
Sources
Les données sont issues du Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) de 2018. Le champ couvert est celui de l’ensemble des ménages fiscaux ordinaires résidant en Île-de-France dont le revenu disponible est positif ou nul et dont le référent fiscal a moins de 65 ans.
Les caractéristiques des agriculteurs exploitants sont issues du recensement de la population de 2017.
Définitions
Un agriculteur exploitant est une personne qui, d’après le recensement de la population, exerce à titre professionnel une activité agricole, en qualité de chef d’exploitation, d’associé exploitant ou d’aide familial non salarié, hors ouvrier agricole.
Un ménage agricole au sens fiscal est un ménage dont la déclaration de revenus comporte un montant non nul de revenus agricoles. Ce champ comprend :
- les ménages composés d’au moins un agriculteur exploitant (propriétaire, fermier ou métayer) ;
- les ménages dont l’un des membres au moins exerce une activité agricole à titre secondaire, et dans ce cas, le revenu agricole est d’un montant généralement faible et complémentaire des autres revenus du ménage ;
- des cas plus marginaux : ménages comprenant un propriétaire non exploitant mais tirant des revenus du métayage ou chefs d’entreprise à la tête de grandes exploitations.
Les données disponibles ne permettent pas de distinguer ces différents cas de figure.
Le revenu disponible d’un ménage comprend les revenus d’activité (nets des cotisations sociales), les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d’autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs.
Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation. Il est donc le même pour tous les individus d’un ménage. Le niveau de vie médian est celui au-dessus duquel se situe la moitié de la population, l’autre moitié se situant en dessous.
Pour en savoir plus
Pignard G., « Ouvrir dans un nouvel ongletRecensement agricole 2020 – 1ers résultats », Direction régionale et interdépartementale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt - Service régional de l’information statistique et économique (DRIAAF - SRISE), Agreste Île-de-France, Études n° 1, décembre 2021.
Bordet-Gaudin R., Logeais C., Ulrich A., « Le niveau de vie des ménages agricoles est plus faible dans les territoires d’élevage », Insee Première n° 1876, octobre 2021.
Darly S., Melot R., Torre A., Traversac J.-B., « Ouvrir dans un nouvel ongletParis, métropole agricole ? Quelles productions agricoles pour quels modes d’occupation des sols », in Revue d’Économie Régionale & Urbaine (3/2013), août 2013.