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Insee Flash Ile-de-France · Février 2022 · n° 64
Insee Flash Ile-de-FranceÉté 2021 en Île-de-France : le tourisme n’a pas retrouvé son niveau d’avant la pandémie

Sylvie Druelle (Insee)

En Île-de-France, le nombre de nuitées pour la saison d’été 2021 s’élève à 17,5 millions, soit moitié moins qu’en 2019. Les hébergements touristiques, en particulier les hôtels haut de gamme, souffrent de l’absence de la clientèle étrangère, dont les nuitées ne représentent plus que 31,5 % des nuitées totales franciliennes (contre plus de 50 % en 2019). Tous les départements de l’Île-de-France sont affectés mais la Seine-et-Marne l’est plus particulièrement. Néanmoins, la clientèle en provenance des États-Unis confirme son attrait pour la région alors que celle du Royaume-Uni, du fait de la crise sanitaire mais aussi du Brexit, diminue de 80 %.

Insee Flash Ile-de-France
No 64
Paru le :Paru le22/02/2022

L’Île-de-France passe de la première région touristique à la cinquième place

De mai à septembre 2021, les hébergements touristiques franciliens enregistrent 17,5 millions de , soit 55 % de moins qu’avant le début de la crise sanitaire (39 millions de nuitées au cours de la saison d’été 2019). Alors qu’elle était jusqu’en 2019, y compris durant la saison estivale, la première région touristique de France métropolitaine tous hébergements confondus, l’Île-de-France se situe, entre mai et septembre 2021, à la cinquième place derrière la Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Ces territoires profitent de l’engouement pour les hébergements de plein air, déjà plébiscités avant la crise, et très peu nombreux en Île-de-France (figure 1). En Île-de-France, les campings et les autres hébergements touristiques n’accueillent qu’un touriste sur cinq. Le nombre des nuitées dans ces deux types de structure diminue aussi dans la région mais moins fortement (- 48 % par rapport à l’été 2019).

Dans les hôtels, la fréquentation touristique chute de 57 % par rapport à l’été 2019 mais la région conserve sa première place au niveau des nuitées hôtelières, devant la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ce sont particulièrement les hôtels haut de gamme (4 ou 5 étoiles) qui subissent de plein fouet l’impact de la crise sanitaire avec une baisse des nuitées de 62 %. Ils souffrent de la défection de la clientèle en provenance des pays étrangers.

Début mai, la fin des restrictions de déplacements inter-régionaux, l’assouplissement des conditions d’accueil dans les lieux culturels et de loisirs et la reprise d’événements sportifs comme le tournoi international de tennis de Roland-Garros, n’ont pas empêché un début de saison estivale difficile : - 75 % de nuitées entre mai 2019 et mai 2021 et près de - 67 % entre juin 2019 et juin 2021. La diminution se poursuit durant les autres mois de la saison mais ralentit : - 50 % en juillet, - 46 % en août par rapport aux mêmes mois de 2019. Elle atteint - 39 % en septembre 2021. Ce repli moins fort à la rentrée est pour partie lié au retour de la clientèle d’affaires du fait de la reprise de nombreux salons professionnels. Ainsi, la part de la clientèle d’affaires s’élève à 55 % du total des nuitées, soit le même niveau qu’en septembre 2019.

Figure 1Nombre de nuitées de la saison d’été 2021 et évolution par rapport à 2019, par département et type d’hébergement

en %
Nombre de nuitées de la saison d’été 2021 et évolution par rapport à 2019, par département et type d’hébergement (en %)
Nuitées de la saison d’été 2021 Évolution des nuitées 2021/2019
Total (en milliers) Part de la clientèle non résidente Total Clientèle résidente Clientèle non résidente
Ensemble des hébergements collectifs touristiques
Paris 8 398 43,4 -56,3 -26,2 -71,5
Hauts-de-Seine 1 569 16,9 -56,6 -35,2 -83,5
Seine-St-Denis 1 065 17,3 -56,3 -36,5 -82,4
Val-de-Marne 1 043 15,0 -50,4 -33,8 -79,5
Seine-et-Marne 2 615 31,4 -59,2 -27,0 -79,2
Yvelines 955 17,1 -43,8 -29,3 -71,8
Essonne 884 13,5 -30,7 -19,7 -63,0
Val-d’Oise 951 16,1 -57,7 -46,0 -80,2
Île-de-France 17 480 31,5 -55,2 -30,4 -74,8
France métropolitaine 232 178 17,7 -17,7 -0,9 -54,0
Hôtels en Île-de-France 13 880 34,3 -56,7 -30,3 -74,9
Non classés 1 492 19,1 -59,2 -45,7 -80,1
1 ou 2 étoiles 2 219 21,0 -54,8 -30,0 -80,7
3 étoiles 5 421 33,6 -50,9 -22,1 -71,6
4 ou 5 étoiles 4 748 46,0 -61,8 -31,3 -74,9
Campings en Île-de-France 829 41,4 -48,4 -14,9 -66,9
AHCT* en Île-de-France 2 771 14,7 -48,5 -33,2 -77,8
  • * Autres hébergements collectifs touristiques.
  • Source : Insee, en partenariat avec les Comités régionaux et départementaux de tourisme, enquête sur la fréquentation des hébergements collectifs de tourisme.

La clientèle étrangère n’est pas complètement de retour en Île-de-France

La fréquentation touristique des est en chute de 75 % par rapport à la saison d’été 2019. La clientèle venant des pays étrangers n’assure plus que 32 % du total des nuitées, contrairement à la saison d’été 2019 où elle en représentait plus de la moitié. Néanmoins, la part des touristes non résidents dans la fréquentation des hébergements se redresse à la fin de l’été : 39 % en août et 40 % en septembre 2021 contre 18 % en juin et 33 % en juillet. Malgré une baisse du nombre des nuitées de 30 %, la clientèle est majoritaire en 2021.

Les hébergements seine-et-marnais les plus touchés par la crise

Deuxième département de la région, avant la crise sanitaire, pour la fréquentation touristique, la Seine-et-Marne enregistre le plus fort déclin régional du nombre total de nuitées (- 59 % entre la saison d’été 2019 et celle de 2021) et une forte baisse du nombre des nuitées des non-résidents (- 79 %). Avec près de la moitié des nuitées totales de l’Île-de-France, Paris reste le département le plus touristique de la région. Pourtant, les baisses de la fréquentation de la clientèle résidente (- 26 %) et non résidente (- 72 %) y sont soutenues. Dans les départements de la petite couronne, le nombre de nuitées de la clientèle non résidente diminue encore plus fortement (- 82 %), soit 7,5 points en dessous de la moyenne régionale. Dans les Yvelines et l’Essonne, le fléchissement du nombre total des nuitées (- 38 %) est plus faible que dans l’ensemble de la région.

Les ressortissants des États-Unis restent en tête de la clientèle non résidente

Avec 600 000 nuitées de juillet à septembre 2021, les États-Unis restent le principal pays d’origine de la clientèle non résidente séjournant en Île-de-France, malgré une baisse de 70 % des nuitées par rapport à la même période de 2019 (figure 2). Avec une plongée de 80 % du nombre de nuitées, le Royaume-Uni passe de la deuxième à la huitième place des provenances des touristes étrangers. Cela pourrait s’expliquer par la conjonction en 2021 de la crise sanitaire et du Brexit.

Les nuitées des touristes en provenance d’Allemagne (- 25 %), de la Belgique (- 22 %) et des Pays-Bas (- 16 %) décroissent modérément, contrairement à celles de la clientèle venant d’Espagne (- 70 %) et d’Italie (- 48 %).

La clientèle du Proche et Moyen-Orient reste relativement importante, avec 6 % des nuitées totales de la clientèle étrangère de 2021. En revanche, les touristes venant de Chine et du Japon n’ont pas encore fait leur retour dans la région. Le nombre de leurs nuitées s’effondre de 95 % entre 2019 et 2021.

Figure 2Évolution du nombre de nuitées de la clientèle non résidente selon les principaux pays

Évolution du nombre de nuitées de la clientèle non résidente selon les principaux pays
Nombre total de nuitées de juillet à septembre (en milliers) Évolution 2021/2019 (en %)
2019 2021
États-Unis 2 042 617 -70
Royaume-Uni 1 175 235 -80
Espagne 954 284 -70
Allemagne 740 554 -25
Chine 649 33 -95
Proche et Moyen-Orient 588 254 -57
Italie 556 289 -48
Belgique 403 314 -22
Pays-Bas 370 311 -16
Japon 353 14 -96
  • Source : Insee, en partenariat avec les Comités régionaux et départementaux de tourisme, enquête sur la fréquentation des hébergements collectifs de tourisme.

Figure 2Évolution du nombre de nuitées de la clientèle non résidente selon les principaux pays

  • Source : Insee, en partenariat avec les Comités régionaux et départementaux de tourisme, enquête sur la fréquentation des hébergements collectifs de tourisme.
Publication rédigée par :Sylvie Druelle (Insee)

Sources

L’Insee réalise mensuellement une enquête sur la fréquentation touristique des hébergements collectifs de tourisme : hôtels, campings et autres hébergements collectifs touristiques (AHCT) regroupant les résidences de tourisme, villages de vacances et auberges de jeunesse. Ils n’incluent pas les hébergements proposés par des particuliers.

La saison d’été porte sur les mois de mai à septembre 2021, les données d’avril n’étant pas significatives en raison de la fin du deuxième confinement. La période de référence pour les comparaisons est la saison d’été 2019, considérée comme plus proche d’une situation « normale » que 2020, car non concernée par les restrictions sanitaires.

Les données par pays de provenance des touristes non résidents ne sont disponibles que pour la période juillet à septembre 2021, les hébergements n’ayant pas eu l’obligation de déclarer en détail le pays de provenance pour la collecte des mois de mai et juin 2021.

Définitions

La fréquentation en nuitées correspond au nombre total de nuits passées par les clients dans un établissement touristique. Un couple séjournant trois nuits dans un établissement compte pour six nuitées, de même que six personnes ne séjournant qu’une nuit.

Les non-résidents sont les personnes, quelle que soit leur nationalité, qui ont leur domicile principal à l’étranger.

Les résidents sont les personnes, quelle que soit leur nationalité, qui ont leur domicile principal en France.

Pour en savoir plus

Insee, « Activité touristique : impact de la crise sanitaire Covid-19 », Chiffres détaillés, décembre 2021.

Insee, « Saison touristique estivale 2021 : indicateurs régionaux issus des enquêtes de fréquentation touristique », Chiffres détaillés, décembre 2021.

Dangerfield O., Mainguené A., « Été 2021 : la fréquentation touristique retrouve des couleurs grâce aux résidents », Insee Première n° 1880, novembre 2021.

Dangerfield O., Mainguené A., « Bilan touristique 2020 – Chute de fréquentation en 2020, rebond à l’été notamment dans les campings », Insee Focus n° 235, mai 2021.

Catana A., Druelle S., « Saison d’été 2019 : une fréquentation touristique au niveau de l’été 2018 », Insee Flash Île-de-France n° 44, novembre 2019.