Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur · Février 2022 · n° 78

« Cities » européennes – Nice conjugue rayonnement touristique et stagnation démographique

Créée en décembre 2011, la Métropole Nice Côte d’Azur est la première intercommunalité de ce type mise en place en France suite à la loi de réforme des collectivités territoriales en 2010. Dans leur définition administrative, les métropoles françaises ne sont pas comparables avec les métropoles européennes de taille équivalente. La notion harmonisée de city , qui correspond à la principale zone urbaine densément peuplée d’une métropole, permet une telle comparaison, notamment avec les villes de taille équivalente. La city de Nice comprend 11 communes : Nice, Cannes, Antibes, Villeneuve-Loubet, Villefranche-sur-Mer, Vallauris, La Trinité, Saint-Laurent-du-Var, Saint-André-de-la-Roche, Le Cannet et Cagnes-sur-Mer (figure 1). Avec 672 780 habitants en 2018, la city de Nice, qui s’étend sur le littoral jusqu’à la baie de Cannes (encadré 1), se place ainsi au 35^e rang des 1 075 cities européennes pour sa population et au 5^e rang français.

Nice se distingue des 25 autres cities européennes de taille équivalente par un vieillissement plus prononcé : 25 % des habitants y sont âgés de 65 ans ou plus, tandis que ces derniers représentent 18 % de la population dans les cities comparables en 2018. Nice se situe au 2^e rang des cities sur ce critère après Lisbonne. De plus, cette part de seniors tend à y augmenter plus rapidement (+ 2 points entre 2010 et 2018 contre + 0,7 point dans les cities comparables). La city attire en particulier de jeunes retraités (64-74 ans) venant du reste de la France. La part des moins de 20 ans dépasse légèrement celle des cities de taille équivalente (20,6 % contre 19,6 %).

La croissance de la population y est quasi nulle entre 2013 et 2018, seules les cities de Séville et Riga ont une croissance plus faible dans les cities comparables (figure 2). L’excédent naturel est similaire (+ 0,1 %), mais le solde migratoire apparent est en léger déficit depuis une dizaine d’années (- 0,1 % par an), contre un excédent dans les cities de comparaison (+ 0,5 %).

L’emploi recule légèrement sur la période 2013-2018 (- 0,1 % par an) alors qu’il croît de 1,4 % par an dans les cities comparables. Le taux d’emploi des 20 à 64 ans est proche de celui des autres cities de même taille (67,4 % contre 68,1 %).

L’orientation touristique de la city se retrouve dans la répartition sectorielle de l’emploi marchand : quatre emplois sur dix sont dans le commerce, les transports et l’hébergement-restauration, contre trois sur dix dans les cities comparables. Les cities du sud de l’Europe de même taille, telles que Malaga et Palerme, ont une composition de l’emploi assez similaire. Dans une moindre mesure, la part dans l’emploi total de l’administration publique, de la défense, de la santé humaine, de l’éducation et de l’action sociale est également supérieure (+ 5,6 points). La part des emplois de cadres des fonctions métropolitaines – conception-recherche, culture, prestations intellectuelles... – y est modeste (9,9 % en 2018) mais en augmentation (+ 1,0 point par rapport à 2008).

Nice est connue de longue date pour son tourisme haut de gamme, très tourné vers la clientèle étrangère, mais aussi vers la clientèle d’affaires. La ville détient le 1^er aéroport de province en nombre de passagers. La city enregistre 9,5 millions de nuitées de touristes dans des établissements agréés, soit un ratio de 14 nuitées par habitants et par an, presque trois fois plus que pour les cities européennes de taille comparable : elle est au 2ᵉ rang après Lisbonne sur ce critère. À cela, s’ajoutent les nuitées dans des hébergements loués par des particuliers via internet : cela représente 5,4 millions de nuitées en 2019. La ville occupe le 9^e rang européen en termes de nuitées via les plateformes, et le 2^e rang parmi les villes de taille comparable, après Lisbonne également.

Sa situation en bord de Méditerranée en fait un lieu où les résidences secondaires sont nombreuses : elles représentent plus d’un logement sur cinq en 2018 et leur proportion s’accroît sur 20 ans (+ 4 points depuis 1999).

Deux tiers des espaces de la city de Nice sont artificialisés, contre la moitié pour le référentiel. Sa situation entre mer et montagne, qui est un atout pour le tourisme, limite son extension et les possibilités de bâti neuf. Ces contraintes, associées à une forte demande, entraînent une tension sur le foncier : la surface moyenne des logements est de 28 m² par personne, soit 10 m² de moins que pour les cities du référentiel. En conséquence, 13 % des logements hors studios occupés par une personne sont en situation de suroccupation. La city est au 1^er rang sur ce critère parmi les cities françaises de province.

Des prix élevés entretiennent un déficit migratoire pour les familles avec enfants qui ont besoin de grands logements. Le prix médian au m² des appartements s’élève à 3 670 euros/m² dans la city, nettement supérieur à ceux des cities de Bordeaux (+ 25 %) et Toulouse (+ 44 %).

Seule une personne sur cinq travaillant dans la city emprunte les transports publics pour se rendre à son travail, proportion assez basse comparée aux villes du référentiel (18 % contre 30 %). Le recours à un véhicule individuel motorisé est majoritaire : deux personnes sur trois qui y travaillent utilisent la voiture ou la moto, contre la moitié dans les cities comparables.

Cela rejaillit sur le niveau de pollution. Favorisée par la circulation automobile et l’ensoleillement, la concentration d'ozone dépasse le seuil recommandé de 120 µg/m³ 50 jours par an sur la période 2010-2018, contre 9 jours pour les cities de taille similaire. La concentration annuelle moyenne de particules PM10, néfastes pour l’environnement et la santé, y est également plus élevée, à l’instar des cities comparables du sud (figure 3).

Inserer Figure 3