Insee Analyses Pays de la Loire · Janvier 2022 · n° 102

Le tourisme ligérien retrouve son dynamisme d’avant-crise à partir de juillet

Après une saison touristique 2020 lourdement impactée par les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, l’activité touristique reste affectée par la crise sanitaire en 2021. En effet, la pandémie et les mesures sanitaires perdurent, rendant le contexte incertain en début de saison touristique estivale. Les activités touristiques sont de nouveau frappées par les restrictions sanitaires : couvre-feu, confinement en avril, jauges dans les restaurants, mise en place du passe sanitaire fin juillet, etc. En outre, les touristes résidant à l’étranger subissent des restrictions de déplacements et certains pays imposent des quarantaines à leurs résidents revenant de France. Dans les Pays de la Loire, la saison touristique démarre plus tardivement qu’en 2019, à partir de mai, avec le déconfinement progressif et la fin des restrictions de déplacements. Par ailleurs, la météo estivale plutôt maussade a pu constituer un frein à la reprise de l’activité touristique.

Avec 16,5 millions de nuitées dans les hébergements touristiques ligériens entre mai et septembre 2021, la région conserve son septième rang en nombre de nuitées. La fréquentation (sources) baisse de 8 % par rapport à la même période de 2019, recul comparable à la Bretagne et à la Nouvelle-Aquitaine, mais nettement moindre que la moyenne métropolitaine (– 17 %).

Comparer les activités touristiques durant la saison d’été 2021 à celles de 2019 permet de mesurer la capacité du secteur du tourisme dans les Pays de la Loire à faire face à cette deuxième saison estivale compliquée par la crise sanitaire et de voir dans quelle mesure l’activité retrouve un niveau d’avant-crise.

Dans les Pays de la Loire, les campings enregistrent 10,9 millions de nuitées entre mai et septembre 2021, soit une fréquentation inférieure à son niveau de 2019 durant la même période (– 6 %). Cette baisse est similaire à la moyenne métropolitaine, mais elle est légèrement plus marquée qu'en Bretagne et Nouvelle-Aquitaine (– 4 %).

Les résidents sont plus nombreux dans les campings ligériens qu’en 2019 (+ 4 %), même si cette hausse est plus modérée qu’au niveau national (+ 9 %). La fréquentation de la clientèle résidant à l’étranger, quant à elle, reste loin de son niveau d’avant-crise (– 55 %) et chute plus fortement dans la région qu’en France métropolitaine (– 39 %). Bien que les touristes étrangers reviennent progressivement au fil des mois (de – 90 % en mai à – 25 % en septembre), ce retour est moins marqué que dans les autres régions littorales. La part des nuitées étrangères dans les campings ligériens passe de 17 % durant la saison 2019 à 8 % lors de la saison 2021. Cette évolution est similaire en Bretagne (23 % sur la saison 2019 contre 12 % sur la saison 2021) et en Nouvelle-Aquitaine (27 % contre 19 %).

Comme dans les autres régions, les Britanniques sont particulièrement absents dans les Pays de la Loire (– 91 % au troisième trimestre par rapport à la même période de 2019), en lien à la fois avec le Brexit et la quarantaine obligatoire mise en place successivement par les deux pays face à la progression du variant Delta. S’ils étaient la première clientèle étrangère de la région avant la crise, ils sont en quatrième position en 2021. Les Néerlandais prennent la première place et représentent la moitié des nuitées des non-résidents durant l’été 2021. Néanmoins, ils ne compensent pas l'absence des Britanniques. Les Belges arrivent en deuxième position. Les Allemands, troisième clientèle étrangère pendant l’été 2021, retrouvent leur niveau de fréquentation de 2019.

Si en mai, les campings ont une fréquentation légèrement supérieure à 2019 (+ 2 %), ils perdent près d’un tiers de leurs nuitées en juin (figure 1). La fréquentation redémarre lentement durant l’été (− 5 % en juillet et en août par rapport à 2019), avec une météo peu propice à l’hébergement de plein air. Cependant, l’arrière-saison est plus favorable qu’avant la crise (+ 12 % en septembre), la météo plus clémente ayant attiré la clientèle résidant en France dans les campings ligériens du littoral.

Pendant la saison, les touristes délaissent les emplacements nus (– 14 %), en lien probablement avec le temps pluvieux au cœur de la saison estivale. Les emplacements équipés, quant à eux, retrouvent leur niveau de fréquentation de 2019.

La baisse de la fréquentation régionale durant la saison est principalement constatée dans les campings vendéens qui représentent 70 % des nuitées des campings ligériens. Malgré l’embellie en septembre (+ 12 %), la fréquentation ne retrouve pas son niveau d’avant-crise pendant la saison (– 7 %). Les établissements 4 et 5 étoiles, nombreux en Vendée, pâtissent particulièrement de la chute de fréquentation de la clientèle en provenance de l’étranger (– 58 %), celle-ci n’étant pas compensée par la hausse de fréquentation de la clientèle résidant en France dans les établissements haut de gamme (+ 6 %). La baisse de fréquentation est également notable dans les campings 3 étoiles de Vendée, due à la fois à un recul des résidents et des non-résidents.

A contrario, la saison dans les campings de Loire-Atlantique est plus favorable qu’en 2019 (+ 3 %). La fréquentation est en hausse dès le mois de juillet (+ 5 %) et de façon notoire en septembre (+ 24 %). Cette hausse est notamment portée par les campings haut de gamme (+ 6 % pendant la saison) et la clientèle française (+ 10 %).

L’évolution des chiffres d’affaires (sources) dans les campings de la région confirme que l’activité retrouve progressivement son niveau d’avant-crise, mais que la reprise est plus modérée qu’au niveau national. Fin septembre, le chiffre d’affaires des douze derniers mois des campings ligériens augmente de 4 % par rapport à l’année 2019, contre + 5 % en France et + 6 % en Nouvelle-Aquitaine. Dans les Pays de la Loire, les campings ne retrouvent que tardivement une activité proche d’avant-crise pendant la saison estivale : leurs chiffres d’affaires atteignent un niveau supérieur à 2019 uniquement à partir d’août.

Mais leur activité étant plus saisonnière, les restrictions sanitaires les impactent sur une période plus courte que les hôtels.

Dans les Pays de la Loire, entre mai et septembre 2021, les hôtels enregistrent 3,3 millions de nuitées. Même s’ils peinent à retrouver leur niveau de fréquentation d’avant-crise (– 15 % par rapport à la même période de 2019), la baisse de fréquentation est nettement plus faible qu’en France métropolitaine (– 31 %), comme en Bretagne et en Nouvelle-Aquitaine. Si la baisse de fréquentation est particulièrement forte en début de saison, les hôtels ligériens retrouvent une fréquentation similaire à 2019 à partir de juillet (figure 2).

Le recul de la fréquentation pendant la saison est en partie lié à une clientèle résidente moins présente qu’en 2019 (– 10 %, comme au niveau national), essentiellement en avant-saison (– 41 % en mai et – 26 % en juin), en lien notamment avec la baisse du tourisme d’affaires en juin. En revanche, la fréquentation de la clientèle française dans les hôtels dépasse son niveau de 2019 entre juillet et septembre (+ 3 %). La météo mitigée en juillet et août a pu bénéficier aux hôtels au détriment des campings.

Malgré le retour progressif de la clientèle étrangère au fil des mois, la fréquentation des non-résidents chute entre mai et septembre (– 45 %). Cette baisse est cependant moins importante que dans les régions voisines du littoral ou qu’en France métropolitaine (– 64 %). Durant la saison, dans les Pays de la Loire, la part des nuitées étrangères passe de 12 % en 2019 à 8 % en 2021.

Les Belges deviennent la première clientèle étrangère dans les hôtels ligériens, avec un nombre de nuitées proche de 2019. Ils sont suivis des Allemands, bien que moins présents qu’à l’été 2019 (– 18 %). Les Britanniques passent de la première à la troisième place en matière de clientèle étrangère (– 66 % au troisième trimestre par rapport à la même période de 2019). En revanche, la fréquentation des Néerlandais, en quatrième position, est en hausse (+ 36 %).

L’évolution est contrastée selon les départements. Pendant la saison, la baisse de fréquentation est moins élevée dans les hôtels vendéens (– 7 %) et la fréquentation est supérieure à 2019 durant l’été (+ 8 % au troisième trimestre), portée par les résidents. A contrario, la baisse de fréquentation est plus importante dans les hôtels sarthois (– 22 % durant la saison) qui peinent à retrouver leur niveau d’avant-crise. Ces derniers ont pu être impactés par le décalage de la course automobile des 24 Heures du Mans en août et par la mise en place d’une jauge réduite lors de cet événement.

Bien que la fréquentation hôtelière retrouve quasiment son niveau d’avant-crise durant l’été, la chute du chiffre d’affaires pour les hôtels reste marquée en 2021, aussi bien dans la région qu’au niveau national. En effet, l’embellie durant l’été ne compense pas le premier semestre difficile pour les hôtels. Fin septembre, le chiffre d’affaires des 12 derniers mois des hôtels ligériens baisse de 32 % par rapport à l’année 2019 (contre – 47 % en France) et reste inférieur à l’année 2020 (– 6 %). Avant juillet, l’activité hôtelière est nettement inférieure à 2019 dans tous les départements de la région. Dès juillet, tous les départements retrouvent un chiffre d’affaires proche ou supérieur à 2019. L’activité hôtelière est particulièrement favorable aux hôtels vendéens en septembre : ils enregistrent une nette augmentation de leur chiffre d’affaires par rapport à septembre 2019 (+ 11 %).

Les restrictions sanitaires ont contraint les restaurants à fermer jusqu’à la mi-mai. Fin septembre, le chiffre d’affaires des 12 derniers mois des restaurants ligériens baisse de 36 % par rapport à l’année 2019 (contre – 31 % en France) et reste inférieur à l’année 2020 (– 19 %).

Si l’activité augmente en juillet par rapport à 2019 (+ 7 %), elle baisse en août (– 4 %) et en septembre (– 2 %), le secteur ayant pu être affecté par la mise en place du passe sanitaire.

Dans la région, les autres hébergements collectifs touristiques (AHCT) représentent 14 % des nuitées totales. Avec 2,3 millions de nuitées dans les AHCT entre mai et septembre, la baisse de fréquentation est la plus faible des régions métropolitaines (– 7 % par rapport à la même période de 2019, contre – 15 % en France métropolitaine). Celle de la clientèle résidente (– 4 %) est plus modérée que celle des non-résidents (– 33 %). Toutefois, dans les Pays de la Loire, la fréquentation est supérieure à 2019 dès le mois de juillet, alors qu’elle peine à retrouver son niveau d’avant-crise au niveau national.

Fin septembre 2021, dans les Pays de la Loire, le secteur de l’hébergement et de la restauration compte 47 230 emplois salariés (sources), soit un niveau d’emplois en deçà de son niveau de fin septembre 2019 (– 0,8 %), alors qu’il le dépasse en France métropolitaine (+ 1,9 %). Si la Loire-Atlantique et la Vendée ne retrouvent pas leur niveau d’emploi salarié de 2019 (respectivement – 3,2 % et – 2,9 %), le nombre d’emplois salariés est néanmoins en hausse en Maine-et-Loire (+ 3,2 %), en Mayenne (+ 3,0 %) et dans la Sarthe (+ 3,8 %) par rapport à l’avant-crise.

Entre fin mars et fin septembre 2021, avec 3 350 créations d’emplois dans l’hébergement et la restauration dans les Pays de la Loire, l’emploi salarié repart à la hausse (+ 7,6 %), mais de manière moins forte qu’au niveau national (+ 14,5 %). Cette reprise est consécutive à un premier trimestre très incertain pour le secteur, du fait des restrictions sanitaires. Tous les départements ligériens enregistrent une hausse de l’emploi salarié dans l’hébergement et la restauration sur la saison estivale.

Cependant, la reprise effective de l’activité salariée dans les hébergements ligériens n’a lieu qu’à partir de juillet. À cet égard, les heures rémunérées (sources), telles qu’estimées à partir de la déclaration sociale nominative des entreprises, reflètent mieux que l’emploi le travail effectif et l’évolution réelle de l’activité. En effet, elles ne prennent pas en compte les salariés en activité partielle, nombreux en début de saison. Au printemps 2021, le volume d’heures rémunérées dans les hébergements ligériens est nettement au-dessous de son niveau de 2019. Il se rapproche de son niveau d’avant-crise dès juillet (– 4 %) (figure 3), alors que la reprise est plus lente en France métropolitaine (– 14 %).

Durant l’été, les heures rémunérées retrouvent un niveau équivalent à 2019 dans les départements du littoral et particulièrement dans les hébergements de Vendée, où elles sont supérieures à 2019 en juillet et en septembre (+ 2 % et + 3 %). Elles restent toutefois en deçà de leur niveau d’avant-crise dans les autres départements, particulièrement dans les hébergements sarthois (– 18 % en juillet et – 14 % en août et septembre).

Les restaurants, fermés les cinq premiers mois de l’année, retrouvent dès juillet leur niveau d’heures rémunérées de 2019, alors qu’elles sont inférieures en France métropolitaine (– 3 %).